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Amérique du Nord / North America Bloc / Bouldering Interviews

Interview : Isabelle Faus, en dehors des radars – Interview: Isabelle Faus, under the radar

  • 18/02/2019

En fin de semaine dernière, dans le quasi anonymat, Isabelle Faus réalisait son 3ème 8B+ bloc avec “Memory is parralax” à Rocky Mountain National Park, chez elle dans le Colorado. Une performance de premier ordre pour une grimpeuse très discrète, évoluant loin du feu des projecteurs. Nous sommes allés à la rencontre de cette spécialiste du bloc naturel aux USA complètement méconnue. 

– Où vis-tu ? Quel est ton boulot ?
– Je vis au Colorado. Je fais plein de petits boulots comme du ménage, du jardinage l’été, un peu de tout…

– Raconte-nous tes débuts en escalade.
– J’ai toujours voulu grimper. Je ne sais pas vraiment pourquoi, mais la grimpe m’obsède depuis aussi longtemps que je me souvienne. Ma mère m’a inscrite dans une équipe d’escalade quand j’avais 10 ans.

– A quoi ressemble ta semaine typique ?
– Normalement je grimpe 2-3 jours et je prends un jour de repos. Si je me sens vraiment fatiguée, je prends de nouveau un jour off. Je grimpe en majeure partie dehors car c’est très facile ici. J’évite les salles privées et ses coûts mais je dois faire 1 à 2 sessions par mois en indoor. Les jours de salle je choisis entre force et volume… selon comment je me sens corporellement. Mais la plupart de mes séances se font dehors et j’essaie simplement de mettre des essais et de grimper dans des blocs le plus durs que je peux pendant quelques heures.

– Quel est ton style préféré ? Les choses que tu aimes dans la grimpe ? Tes endroits favoris ?
– J’adore le bloc, c’est le plus intéressant pour moi. J’adore trouver des solutions dans des séquences dures, essayer des choses moins dans mon style et les réaliser. J’aime bien affiner mes méthodes pour les rendre parfaites et réaliser le passage proprement. C’est tellement bon quand tout coule de source. Tout ne se déroule pas facilement à chaque fois. Mais j’essaie de m’y efforcer… Me remettre en question a toujours été au cœur de mon escalade, le sentiment de faire quelque chose que tu ne pensais pas pouvoir réaliser est particulièrement excitant. J’aime le Colorado, Bleau, la Suisse, l’Afrique Du Sud, tous les bons endroits, mais il y a plein de spots où je n’ai jamais été, j’aimerai voir un maximum de choses dans la mesure du possible !

The Wheel of chaos, 8B+, RMNP – Photo : Caroline Treadway

– Penses-tu que le Colorado est une destination bloc majeure ?
– Oui ! Je n’y habiterais pas si ce n’était pas le cas. On a de belles choses à grimper quelle que soit la saison. En ce moment il fait extrêmement froid (les maximales sont autour des 5°) et tu dois être bien habitué au froid pour pouvoir grimper. Mais je reste super motivée et j’aime de plus en plus l’hiver ici. Il y a un paquet de blocs durs que je veux essayer et ils sont en conditions maintenant. Tu dois être déterminé et courageux si tu veux les faire, j’aime bien ce type de challenge !

– Tu sors souvent pour chercher des nouveaux blocs. Pourquoi penses-tu que peu de filles se consacrent comme toi à l’ouverture de blocs ou des voies ?
– Je ne sais pas pourquoi… Je connais quelques filles qui sont intéressées par l’ouverture, mais c’est vrai assez peu. Il faut absolument le faire par passion…En ce moment il y a une pression pour performer en compétition. Alors peut-être que toutes n’ont pas le temps. Mais les femmes semblent définitivement un peu moins enclines à explorer et à développer… Ce qui semble aller au-delà de l’escalade. Je ne sais pas exactement pourquoi, elles devraient essayer si elles sont motivées pour !

– Tu as une impressionnante liste de croix avec 3 8B+ et plus de 100 blocs dans le 8ème degré, te considères-tu comme une collectionneuse ?
– Haha ! J’essaie ! Me coller des projets est vraiment fun pour moi, j’essaie d’en plier le plus que je peux !

– Est-ce que réaliser du 8C bloc est un but pour toi ?
– Oui, carrément !

– Comment expliques-tu ton relatif anonymat, en dépit d’être très active sur le terrain ? C’est car tu ne te mets pas en avant ?
– Je ne sais pas vraiment pourquoi mais cela n’a jamais marché. Je pense que c’est un mélange d’erreurs quand j’ai tenté de me promouvoir et de ne pas correspondre au profil que les sponsors recherchent. Beaucoup de monde m’a déjà posé cette question. J’ai toujours pensé être présente dans les médias, mais je suppose que ce n’est pas comme les autres. J’ai toujours préféré utiliser les médias sociaux pour montrer le monde à travers mes yeux plutôt que comme une vitrine de moi-même. Ce qui peut être considéré comme une erreur, mais j’ai tout de même un certain nombre de suiveurs, réalise des interviews comme celle-ci, suis présente dans les vidéos et les news assez régulièrement. Cela n’a jamais fonctionné mais cela me va. J’arrive à avoir des pads grâce à Organic, et aussi des chaussons gratos. Je suis super reconnaissante de ces choses car c’est essentiellement de ce type de matos dont j’ai besoin. Mais ce serait bien d’obtenir une corde pour essayer quelques voies. Je suis heureuse de la vie que je mène, donc je ne suis pas trop dégoûtée par le fait de ne pas être grimpeuse pro.

– Et ta bande ? Tu as des personnes avec qui tu aimes grimper particulièrement ?
– Je fais peut-être partie d’une bande, mais je grimpe avec plein de gens. Les personnes avec lesquelles je grimpe le plus sont celles qui sont motivées pour repousser leurs limites, ouvrir et prendre du plaisir. J’adore quand chacun est dehors, en train d’apprécier la journée et de profiter de ce privilège. Quand des personnes se prennent trop au sérieux, c’est un peu nul, et si ils ne sont pas capables d’en encourager d’autres c’est dur pour moi.

– Quelle est la clé du succès en bloc pour toi ?
– Ne jamais abandonner.

Photo : Caroline Treadway

– Tu as fait de la compétition et même participé à une coupe du Monde à Vail. Tu as perdu ton intérêt pour les compétitions ou on te retrouvera sur des compétitions dans le futur ?
– Oui, j’ai perdu la motivation. Le style a changé. Et la fédération américaine ne donne jamais d’argent pour voyager et je n’avais pas les moyens… Alors cela ne semblait pas être la peine… J’ai plein de réussites et d’expériences en grimpe en milieu naturel, donc je suis heureuse que ça n’ait pas fonctionné. De temps à autre je m’aligne sur des compétitions locales pour le fun. Mais maintenant avec l’Olympisme les choses sont en train de changer aux USA et c’est génial pour le sport, mais personnellement les compétitions fédérales ne m’intéressent plus.

– Tu as fait un peu de voies dans le passé. Y a-t-il des voies de rêve que tu aimerais tenter un jour ?
– Oui ! Il y a des voies classiques aux USA que j’aimerai faire, j’aimerai aller à Céüse, Flatanger, au Frankenjura aussi. Je n’ai pas de projets spécifiques à l’esprit mais je serai motivée pour essayer plus de voies, et surtout des voies dures. Après l’escalade de voies devient vraiment ennuyeuse pour moi après un moment. Mais j’aimerais essayer des voies pour être une grimpeuse plus complète. Je pense que cela serait moins ennuyeux si j’étais en meilleure forme et si je pouvais faire les voies plus vite ! Je suis pas très douée pour trouver les bonnes méthodes quand les mouvements sont faciles par rapport à mon niveau de force, donc je pense que si je m’améliore à ce niveau là je m’y prendrai mieux et j’aurai plus de fun à faire des voies.

– Le harcèlement sexuel, sous quelque forme que ce soit, a suscité peu d’attention dans la communauté des grimpeurs. Quelle est ton opinion sur le sujet ?
– Ne cherche pas à avoir des relations sexuelles sans consentement. Je pense qu’on devrait être davantage éduqué au consentement. C’est comme si les gens ne comprenaient pas comment cela marche. Ridicule. Si tu es un gars qui ne grimpe que pour parer des culs et des seins. Arrête, t’es vraiment cinglé !

– Parle-nous un petit peu de ton entraînement. Tu suis un programme, ou tu bosses tes points faibles régulièrement ? Ou est-ce que l’entraînement, c’est le mal ?
– Je ne suis pas de programme particulier, mais j’essaye de grimper dur le plus que je peux. Je bosse mes points faibles en essayant des blocs qui ne sont pas dans mon style… j’ai passé presque toute l’année passée à essayer justement des trucs dans mon antistyle donc je pense que je me suis beaucoup entraînée. C’est sûrement différent de ce que la plupart des gens considèrent comme un entraînement, mais ça marche pour moi. Le seul truc dont j’ai besoin c’est de grimper et de récupérer (repos, stretching, massage). Si j’en fais trop ou pas assez je commence à être plus faible. Être stable est la clé pour moi.

– Parle-nous de ton échauffement habituel quand tu essaies des blocs durs. 
– Je m’échauffe assez lentement. Je fais des exercices de mobilité sur tous le corps et des exercices pour les doigts. Puis j’essaie des mouvements faciles et commence à bosser les plus durs. Si c’est un bloc long j’essaie de me mettre les bouteilles avant les essais pour être sûre d’être assez échauffée en rési. Cela me prend généralement entre 30 et 45 minutes pour être totalement échauffée.

– Quelle est ta stratégie quand tu essais un bloc dur pour la première fois ?
– J’y vais et j’essaie les mouvements. J’essaie tout de suite d’identifier les parties dures pour moi. Tant que je bataille, j’essaie jusqu’à ce que je fasse des progrès et que je sois mieux dans les mouvements.

– Quelle est ton approche mentale, si tu en as une, notamment pour appréhender des mouvements frustrants qui te semblaient impossibles au premier abord ?
– J’essaie et je garde confiance pendant le processus. Il y a un bloc que j’ai fait il y a quelques semaines qui me semblait 100% impossible la première fois. Cela m’a pris 12 séances pour réaliser les mouvements. Mais maintenant ces mouvements me semblent faciles. C’est assez fou de maîtriser totalement quelque chose que tu pensais insurmontable. Patience, confiance en soi et état d’esprit positif sont les clés dans ces moments où tu penses qu’un truc est trop dur.

– Tu aimes regarder des vidéos pour les méthodes ou tu préfères résoudre les problèmes et les séquences par toi-même ?
– J’aime bien les vidéos qui montrent les méthodes. Pour moi, c’est vraiment dur de comprendre quel mouvement est dur et lequel ne l’est pas quand je ne fais que regarder la vidéo. Après avoir essayé je peux rentrer, regarder et là ça peut aider. Dans les blocs durs, je suis souvent la personne la plus petite en taille à avoir essayé donc la plupart du temps ma méthode ne marche pas pour un grimpeur quelconque et les vidéos ne m’aident pas réellement non plus.

– Tu as des idées de trips cette année ?
– Oui un trip Suisse dans environ un mois ! Je ne sais pas ce que je vais essayer, cela dépendra du temps. Puis Afrique du Sud cet été, je suis vraiment motivée pour finir « Mirta » où j’avais été proche il y a deux ans. Mais les circonstances ont fait que je n’ai pas pu y retourner. Mais cette année je ne partirai pas de Cape Town tant que ce n’est pas fait !

– Des grimpeurs qui t’inspirent ?
– Il y a beaucoup de grimpeurs qui m’inspirent. Mais Charles Albert est peut-être celui qui m’envoûte le plus. Il est extrêmement doué et créatif. C’est fou de le regarder évoluer. C’est un visionnaire. Mais Jimmy Webb m’inspire aussi. J’ai commencé à grimper avec lui quand j’avais 15 ans. Cela a été la première personne très forte avec qui j’ai grimpé. Il m’a montré comment était la grimpe extrême. Puis je suis venue au Colorado et j’ai rencontré mon petit ami Chad Greedy et Dave Graham. Ce sont les premières personnes que j’ai vu ouvrir et j’ai été emballée assez rapidement. C’est fun de grimper avec la nouvelle génération, comme Shawn Raboutou et Giuliano Cameroni. C’est génial de grimper avec eux et ils sont super forts, je suis super motivée quand je suis avec eux.

– Que fais-tu en dehors de la grimpe ?
– J’adore faire du snowboard, et j’ai récemment commencé à fabriquer des vêtements. J’aime cuisiner, faire de la pâtisserie. Je ne suis pas très douée mais j’y prends du plaisir. Je fais du yoga et j’aime danser aussi. La plupart de mes hobbies ne sont pas très énergétiques car l’escalade me prend beaucoup physiquement et mentalement, c’est bien de bosser sur des choses sans se préoccuper d’aller bien ou de repousser ses limites.

– Quelque chose à rajouter ?
– Merci d’avoir pensé à moi ! Je suis honoré d’avoir été interviewée ! Check Mellow et Hardclimbs sur YouTube pour des vidéos cool sur moi ou d’autres réalisateurs !

Photo de couverture : Chad Greedy

Last week, Isabelle Faus did her third boulder in the 8B+ range with “memory is parralax” in RMNP, Colorado. A very nice tick for this discreet climber, climbing under the radar. We get an interview with this unknown US bouldering talent. 

– Where do you live? What’s your job?
– I live in Colorado, I do random things for work, clean houses, yard work in the summer… whatever’s around.

– Tell us about your beginnings in climbing.
– I always wanted to climb, not really sure why, but I have been obsessed for as long as I can remember. My mom finally put me on a climbing team when I was ten.

– What does your typical climbing week look like?
– Normally I climb for 2-3 days and take a day off. If I feel really tired, I’ll rest another day. I mostly climb outside, because it’s pretty easy to do that here. I avoid the gym at all costs, haha, but I probably do like 1-2 sessions per month in the gym. Gym days I normally choose between power and volume… whatever my body seems like it needs. But most of my sessions are outside and I basically just try as hard as I can for a few hours.

– What’s your favourite style of climbing? Things you like the most in climbing? What are your favourite climbing areas?
– I really enjoy bouldering. It’s just more interesting for me, but I love sport climbing too. The things I like most are figuring out hard sequences, trying things out of my style and getting them done. I really like trying to make my beta perfect and do it nicely. I like it when things feel smooth. I don’t always make things look easy… but I like to try. Challenging myself has always been what keeps me climbing though, the feeling of doing something that you never thought you could do is pretty amazing. I love Colorado, Font, Swiss, SA, all the good places, but there are many places I’ve never been, I want to see everything I can!

– Do you think Colorado is a prime bouldering destination?
– Yes! I wouldn’t live here if not. We have great climbing for every season… right now it’s bitter cold (the warmest days are in the low 40s) and you have to be okay with that to climb. But I’m psyched and I’m actually loving winter here more and more. A lot of the harder boulders I want to try are only in season now. You have to be tough and committed if you want to climb them, and I like the added challenge, haha.

Trice 8A+

– You go out searching for new boulders in Colorado quite often. Why do you think there are not as many female climbers developing boulder problems or routes?
– I am not really sure… I know a few women who are interested in developing, but definitely not a lot of them. You definitely have to just do it out of passion… These days there is so much pressure to do well in competition. So maybe they just don’t have time. But women definitely seem slightly less inclined to explore and develop, which seems to go beyond climbing. I don’t know exactly why, but they should try if they’re psyched!

– You have an impressive ticklist with 3 8B+ and 100+ 8A boulder problems, do you consider yourself a hard-climbs-collector?
– Haha! I’m trying! Projecting is really fun for me, so yes I’m trying to do as many as I can!

Is reaching the 8C grade a goal for you?
– Yes, for sure.

-How would you explain that you are still relatively under the radar, despite being very active in bouldering? Is it because you don’t like to promote yourself?
I’m not exactly sure why it never worked out. I think it’s a mix of making “mistakes” in promoting myself and just not being exactly what sponsors are looking for. I get this question, a lot, from basically everyone. I have always thought I’ve been active with media, but I guess just not in the way other people are active. I always preferred to use my social media to show the world through my eyes, instead of a showcase of myself. Which I guess could be considered a mistake, but I have a decent amount of followers, do interviews like this, I am in videos, and in the news pretty regularly. It has never worked out, but I am okay with that. I do get pads from Organic, and free shoes. I am super grateful for those things because it’s basically all the gear I need. Although it would be nice to get a rope set up so I can try some routes–haha. I’m happy with where I am in life, so I’m not really too bummed about the pro climber thing.

– What about your crew? Do you have people you enjoy climbing with particularly and why?
I guess I have a crew, but I climb with a bunch of people. I guess the people I enjoy climbing with the most are the ones who are interested in trying hard outside, developing, and having fun. I love it when everyone is out just climbing and enjoying the day, and taking advantage of that privilege. When people take themselves too seriously it’s pretty lame, or if they can’t support others it’s hard for me to be around.

-What is for you the key to success in outdoor bouldering?
Never give up.

Amandla 8B+

– You used to compete and have done the World Cup in Vail in the past. Did you lose interest in comps? Would you compete again in the future? Why or why not?
– Yea I did lose interest. The style started changing… and USA-Climbing never gave money to travel and I was poor… so it didn’t seem worth it. I have many more accomplishments and experiences from climbing outside, so I am grateful it didn’t work out actually. I do some local comps occasionally and it’s fun. But now with the Olympics, things in America are changing a lot, and that’s awesome for the sport, but personally the USA Climbing comps don’t really interest me anymore.

– You have done a bit of sport climbing in the past. Are there any dream routes you’d like to project someday? Why?
– Yea ! There some classic American routes I would like to do, but I would love to go to Ceuse, and Flatanger. It would be cool to check out Frankenjura too. I don’t have anything specific in mind, but yes I would be psyched to try more routes, and hopefully hard ones. Route climbing actually gets really really boring to me after a while. But I want to try routes just to be more of a well rounded climber. I’m also sure it wouldn’t be so boring to me if I got in better shape and could send the routes faster—haha. I am really bad at finding the easiest beta when moves are really below my level, so I think if I could conquer that weakness I would have more fun and do better.

– There has been a bit of attention in regards to sexual harassment, in any form, in the climbing community. What is your opinion on the subject?
– Don’t fuck with people who don’t wanna be fucked with. I think there needs to be education on consent. People don’t seem to understand what that is, which is ridiculous. But if you are a dude who spots by grabbing tits and ass… stop doing that you fucking weirdo.

– Tell us about your training a little bit. Do you have a program you follow, or do you work weaknesses regularly, or is training a necessary evil?
– I don’t follow a specific program, but I try hard a lot… I work my weakness by trying boulders that are out of my style. Which this whole past year I have been trying things that are out of my style so yea I think I train a lot. It might be different than what most people consider training, but it works for me. Consistency with my climbing and recovery (rehab, streching, massage) is all that I seem to need. If I am doing too much or too little of any of those I start to get weaker. Being steady is key for me.

– Tell us about your usual warm-up when you try hard boulder problems?
– I warm up slow. I do mobility stuff for the whole body and finger exercizes, then I try the easy moves and work my way up to the hard ones… if it’s a longer boulder I’ll try and get a little pumped before I try, just to make sure my endurance is warmed up. It takes me 30-45 minutes to get totally warm.

– What’s your strategy when you are attempting a difficult problem for the first time?
– I just go for it and try moves. I try to find the hardest parts for me. Wherever I’m struggling I try that until I’m not struggling.

-What’s your mental approach, if you have one, to deal with potentially frustrating moves that may seem impossible at first?
– I just try and have faith in the process. There was a boulder I did a few weeks ago that seemed 100% impossible at first. It took me maybe 12 sessions to do some of the moves… but now those moves feel easy. I’ts pretty crazy to totally master something you thought was impossible. Patience and being kind to myself is how to stay positive in those moments when I think something is too hard.

– Do you like watching videos for beta or generally prefer to unlock the moves and the sequences on your own?
– I like beta videos. For me it’s really hard to understand which moves are hard or not from just watching a video. But after trying something I can go back, watch them and they help. On hard boulders, I’m pretty much the smallest person to try them, so most of the time my beta doesn’t really work with whatever the standard is and the videos don’t really help.

-Do you have any upcoming trips this year?
-Yup Swiss in a month or so! Not sure what I am gonna try yet, depends on the weather. Then Africa this summer, I’m really psyched to finish off Mirta, which I got close on a couple years ago. But circumstances have made it really hard to go and try the past two years there. But this year I don’t want to leave Cape Town until it is done.

– Are there any climbers in particular who inspire you?

There so many climbers who inspire me. But Charles Albert kind of blows me away… he’s incredibly talented and creative. It is crazy to watch. He has an incredible vision for his climbing. But also Jimmy Webb inspires me, I started climbing with him when I was 15. He was the first really really strong person I climbed with. He showed me what hard climbing really was. Then I came to Colorado and met my boyfriend Chad Greedy, and Dave Graham. They were the first people I really saw developing, and I got sucked in really quickly. It’s fun to climb with the new generation too, like Shawn Rabatu and Giuliano Cameroni. They are super fun to climb with and so strong, so I always get more psyched around them.

– What are your hobbies besides climbing?
– I like to snowboard, I recently started making clothes. I like to bake, and cook, not very good at it but it’s fun. I do yoga and I like to dance too. Most of my hobbies are pretty low energy just cause climbing takes so much physically and mentally, it’s nice to work on things without being worried about doing well or trying hard.

– Anything you’d like to add?
– Thanks for thinking of me! Grateful to be asked! Check out Mellow Climbing and Hard Climbs on Youtube for some cool videos of me and other crushers!

2 Comments

  • Reply
    Video: Isabelle Faus, Memory is Parallax, 8B+

    […] son 3ème 8B+ cet hiver, un bloc ouvert par Dave Graham à Elkland, RMNP (Colorado). Son interview iciWatch Isabelle Faus crushing her 3rd 8B+ “Memory is parallax” this winter in Elkland, […]

  • Reply
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