L’ancien compétiteur néerlandais Jorg Verhoeven, 35 ans est toujours au taquet quand il s’agit de repousser ses limites ! Il nous offre ici une belle vidéo de ses 3 projets du moment en escalade sportive : “Starfish”, “Fürstl” et “The Flame”, des voies situées à quelques encablures de chez lui à Innsbruck. Bien léchée, produite par Ascent, une société qu’il a fondée avec Tobias Lanzanasto, la vidéo qu’il publie cette semaine porte le nom de la dernière voie, “The Flame”, qu’il estime aux alentours du 9b.
Pour ceux qui connaissent le parcours de Jorg, la chose n’est pas anodine.
Il y a 3 ans, il créait le site Project 9b dans lequel il documentait tout le processus dans sa quête de cotation ultime : de la recherche de la voie à la planification d’un entrainement, en passant par les galères, dont plusieurs blessures, qui mirent justement plus ou moins fin au projet.
“The Flame” tombe donc à pic pour rappeler avec de superbes images que le néerlandais n’en a pas fini avec sa quête, et c’est tant mieux.
Jorg a accepté de répondre à quelques questions.
– Salut Jorg. D’abord, félicitations, ces trois lignes sont magnifiques. Ce sont toujours des projets?
La deuxième voie a été enchainée, et Roland Hemetzberger lui a donné le nom de ‘Neuron’, et la cote de 9a+. Le lendemain Jakob Schubert lui a emboité le pas, et pour lui elle vaut plutôt 9a. Les deux autres voies sont toujours des projets, mais il y a du monde dessus, surtout la première parce que les conditions sont excellentes en ce moment.
– Quelque part, “The Flame” est donc une façon d’inviter du monde à les grimper!
En quelque sorte, j’imagine oui! Je voulais parler de l’idée de projet fermé, exclusif (dont je ne raffole pas, et auquel je suis souvent confronté) mais on s’est dit que ça ferait une vidéo trop longue, donc on garde ça pour une prochaine fois.
– Tu t’es mouillé sur la cote de ces projets, c’est intéressant: comment tu t’y es pris? Tu peux développer s’il te plait?
Les cotations sont très approximatives, mais comme j’ai pu bien travailler les voies sur plusieurs jours et que je n’ai vraiment pas été loin sur les deux premières, je peux les comparer à d’autres que j’ai faites. Par contre pour le projet de “The Flame”, je n’en ai aucune idée. Sur ces voies typées très bloc, impossible d’estimer la cote jusqu’à l’enchainement. Ça pourrait sortir à 9a+ comme à 9c. J’espère juste que ce sera pas ce dernier !
– Avant tes blessures, ton ‘9b project’ semblait t’amener vers l’Espagne. Mais à peu près à ce moment, tu as aussi partagé quelques posts sur Facebook montrant une réflexion assez profonde sur ton impact environnemental, et on se demandait si ce projet de The Flame, situé à côté de chez toi, n’est pas aussi une réponse à ces questions?
L’écologie, les restrictions de déplacement dues au Covid, le travail: au juste, c’est un ensemble de raisons qui m’a poussé à projeter au niveau local. La saisons passée (avant que le Covid ne commence) je travaillais “Lapsus”, un 9b d’Italie à 5h de route pour moi, et je n’étais pas loin de l’enchainer. Ça m’a fait comprendre qu’au niveau logistique, bosser une voie pas trop éloignée en voiture a beaucoup d’avantages. J’ai poussé le raisonnement encore plus loin, en me concentrant sur des projets vraiment proches. Et jusqu’ici j’ai adoré. Le seul hic tient à ce que le style très conti qu’on trouve en Espagne, France et Italie me convient beaucoup mieux, alors que je galère toujours dans le style bloc qu’on a dans le Tyrol. Donc à voir pour le futur…
– Au sujet de tes états d’âme (au sens noble) concernant l’écologie, est-ce qu’ils ont changé ta façon de faire certaines choses, en particulier dans le domaine de l’escalade?
Je pense que la prise de conscience amène à un changement de tes habitudes. Passer de l’international au local, des avions aux moyens de transport terrestres, devenir végétarien etc. Il y a tant de façons de réduire son empreinte, surtout en temps que grimpeur professionnel. Ça ne veut surtout pas dire que je suis un rôle modèle parfait, j’ai toujours du mal à savoir jusqu’où je suis prêt à changer mes vieilles habitudes, justement. Mais je pense aussi que reconnaitre le problème est un bon premier pas, et qu’on ne peut avancer que pas à pas.
Merci à toi Jorg, et bonne chance pour les enchainements !
Photo de couverture : Tobias Lanzanasto
Retired World Cup competitor Jorg Verhoeven is keeping the fire burning, and just yesterday released a beautiful video of 3 of his current projects: Starfish 9a, Fürstl 9a and Flame, all within a short drive of his home town of Innsbruck. Expertly produced by Ascent, a producing company he has founded with Tobias Lanzanasto, the video bears the name of the last route, ‘The Flame’, which he reckons is around 9b.
For those who have followed Jorg’s career post-comps, this is not nothing. 3 years ago, he created the Project 9b website, in which he documented the whole process in his quest for the grade: from finding the route to work on to designing the training programme and dealing with the problems on the way, including several injuries. Those put paid to the project.
With its superb images, ‘The Flame’ acts as a powerful reminder that the Dutchman is actually not yet done with 9b, and so much the better for it.
First off, these 3 routes look fantastic (my fav is probably the first one). Are they still projects then?
The second one has been climbed by now, and was named ‘Neuron’ by Roland Hemetzberger, who graded it 9a+. The next day it was climbed by Jakob Schubert, who thought it was 9a. Both other routes are still projects, with several climbers working on them, especially the first, since it’s in great condition now.
– If so, is this video a call for people to try them?
I guess partly yes! I wanted to discuss the topic of project exclusivity (which I’m not a big fan of, but constantly bother with in many areas), but we felt like it was too much to cover in this video, so we decided to move it to a future one.
– if so bis, how have you come up with a grade for them? Can you describe the process?
The grades are just a rough estimate, but since I’ve had several days of trying on all of these routes and I’ve gotten pretty close on the first two, it’s possible to compare them to existing routes. Only on the Flame project itself, I have no clue about the grade. On these super bouldery routes, the grade is impossible to guess until it all clicks. It could be anywhere between 9a+ and 9c. Hoping it won’t be the latter 😉
– before your injuries, your ‘9b project’ seemed to focus on Spain. But around the same time you also published more environment-centered posts, and I wonder whether this 9b proj you now have is partly due to a desire not to travel all the time and so on?
Environmentalism, CoV travel restictions, work life: somehow, many different reasons have all pointed me towards shifting to projecting in my home grounds. Last season (just before CoV kicked in) I worked on ‘Lapsus’, a 9b in Italy which is a 5 hour drive for me, and I got fairly close. I realized that logistically, working on a route that is within fair driving distances has so many advantages. I translated that even further and started focusing more on projects in my home areas. I’ve very much enjoyed it so far. The only issue is that the endurance style of climbing in Spain/France/Italy suits me much more, while I always struggle with the bouldery style here in Tyrol. So let’s see what the future brings…
– your environmentally-aware posts and concerns: have they made you change the way you do certain things, especially as regards climbing?
I think the general awareness leads to a change in habits. Shifting international to local interest, changing air to ground travel, becoming a vegetarian, etc. There are so many ways to become less damaging, especially as a professional climber. That doesn’t mean that I’m a perfect role model, I still find it hard to draw a clear line how much I am willing to reduce my old habits. But facing the issue is an important first step, and improving step by step is the way forward, in my opinion.
Thanks Jorg, and good luck with the projects.
Cover pic: Tobias Lanzanasto