Notre grand-messe, autrement dit la journée de nettoyage annuelle de Fanatic Climbing, vient d’avoir lieu ce dimanche 22 septembre au rocher Canon et au rocher Saint-Germain à Bleau, suivie comme il se doit par l’Assemblée Générale de notre association.
Vu de loin, toutes les conditions semblaient réunies pour augurer d’une journée de nettoyage parfaite : beaucoup de likes sur nos publications de promotion de l’événement sur Instagram, des commentaires solidaires, et une météo prévue beaussade (voire bleaussade), entre beau et maussade donc. Pas de quoi motiver 300 000 grimpeurs à venir nous piquer nos blocs à vinaigrer, ni de quoi démotiver les bonnes âmes voulant prêter main forte à l’effort de ramassage.
Il s’agit de notre troisième événement de ce type, et nous réfléchissons à doubler la fréquence. D’une parce que la forêt et les blocs ne se sont pas encore plaints de nos gouttes d’eau dans leur océan de problèmes, et de deux parce que c’est l’occasion de se retrouver entre passionnés de Bleau, de grimpe et de respect. Plusieurs membres actifs, inactifs voire potentiels de Fanatic Climbing ont répondu bien présent, ainsi que d’autres usual suspects, au rang desquels nous pouvons citer la station météorologique humaine de Bleau Météo, des représentants de Respect Bleau et aussi de l’ONF (avec qui nous discutons activement), le speaker des JO d’escalade (!), les (anciennement) mystérieux Victor et Alice et Jean passe. Autant dire que les visages légèrement ensommeillés rassemblés autour des barnums (ou des croissants, à voir) dès 10h ne se trouvaient pas sur le parking du Rocher par hasard.
L’équipe de FC finit de préparer les tables, dépliants et autres goodies, d’affûter les pinces et de précipiter le vinaigre bienfaisant dans les pulvérisateurs quasi-glapissants. Une doublette d’allemandes se gare, émarge, discute et part en mission armés de sacs de poubelle, de pinces et de gants gentiment prêtées par l’ONF. Une semaine qu’elles sont sur place, et elles veulent “give back”. Danke schön. Leur énergie nous met à coup de fouet, et plusieurs équipes se forment à leur suite ; elles aussi s’éloignent, qui dans les bois, qui sur les abords du parking et jusqu’à la route.
Pendant que les sacs noirs et les bennes déposées gracieusement par le SMICTOM se remplissent du lot de déchets qu’on trouve et retrouve chaque année, des îlots de discussions informelles se créent autour des barnums. On pourrait croire que les individus concernés n’en foutent pas une, mais vous seriez surpris des idées qui naissent dans ces moments, des projets qu’on leur doit. La Silicon Valley a ses tables de ping-pong, Fanatic Climbing ses rebords de parkings. Pour des grimpeurs, étonnamment, ça parle assez peu arquée, réta et autres, plutôt comment aider à améliorer les choses, même petites, même petitement. FC ne fomente pas de révolution ; FC espère participer à une évolution. Ok, on entend aussi quelques blagues pourries. Personne n’est parfait.
Pascal Villebeuf, président de Sauvez la forêt de Fontainebleau, interviewe Pierre, Axel, Chloé et d’autres sur le sens de notre action. Vous pouvez lire son article ici.
Vers 11h30 deux voitures arrivent. Mais celles-ci sont différentes des autres : de leurs coffres sortent, tout excités, deux crashpads. Deux d’entre nous se dévouent alors pour leur annoncer les mauvaises nouvelles : primo les blocs étaient mouillés, deuzio on vient en prime de commencer à les nettoyer. À la différence d’un ou deux grimpeurs l’année passée, nos trois compères comprennent totalement, avec sourire et bonne humeur, et on les redirige vers des secteurs d’Apremont, susceptibles d’être mieux exposés en cette journée qui s’avère finalement plus belle que crachinante. On discute un chouïa. Le couple du lot devait grimper en montagne mais le refuge ayant déréservé leur résa ($^’r§ç!) ils s’étaient replié sur la Bourgogne pour grimper mais pluie, du coup Bleau mais… Fanatic Climbing ! On espère qu’ils se sont régalés.
Une fois que le photographe auto-désigné de l’événement se remet d’avoir oublié son appareil photo à Londres, deux ou trois vagues de fanatiques ont déjà déferlé sur le rocher Canon, et les plus fortiches du brossage décident alors d’étendre leurs bienfaits au proche rocher Saint-Germain. Mais il y a toujours plus de traces de magnésie qu’on ne le pense, et le bougre fait pénitence en aspergeant les blocs de vinaigre et en s’aspergeant lui d’eau. On ne sait toujours pas qui, d’eux ou de lui-même, a subi le brossage.
Au final, que dire ? Qu’une grosse cinquantaine de personnes nous ont fait le plaisir de leur présence. Moins que ce qu’auraient pu faire espérer les retours positifs sur les réseaux sociaux. Ceci étant la météo nous a également “desservis” : si un meilleur temps avait été prévu, nous aurions pu sensibiliser davantage de grimpeurs à la problématique du nettoyage de blocs. Car — et le constat se répète d’année en année — le ramassage de déchets ne rapporte quasiment rien sur les secteurs-mêmes, ce qui laisse à penser que les grimpeurs ont dans l’ensemble intégré l’impact pollueur qu’ils peuvent avoir. Le combat n’est jamais fini, bien entendu, ne serait-ce qu’au niveau du papier-toilette. Loin de nous l’idée d’interdire les commissions, par contre souvenez-vous qu’un sac poubelle de 10l ne prend aucune place dans même une poche de Levi’s archi-moulant, et qu’il pèse moins qu’une tique maigrichonne. Faites de vos excréments ce caca vous voulez, mais please ramenez votre PQ avec le reste de vos emballages. La vérité si je mens ça ne sent pas, et les regards ne seront plus aimantés vers ces étincelles blanches au beau milieu de la verdure environnante.
L’avantage de la non-fréquentation du Rocher-Canon tient, forcément, à ce que nous avons pu nous en donner à cœur-joie pour le brossage. L’année dernière il avait fait beau, et en contrepartie d’une forme de cohabitation parfois compliquée avec des grimpeurs venus de loin pour bosser telle ou telle ligne d’Isatis, il avait été facile de partager nos messages de sensibilisation. C’est pour parer aux conséquences des aléas météo que l’idée d’une journée de sensibilisation exclusive nous est venue, journée où ceux d’entre nous qui le souhaitent se rendraient sur un secteur un jour de grande affluence et engageraient la discussion de façon ponctuelle avec les grimpeurs présents. Idée émise, à creuser. Dites-nous si vous en pensez du bien.
Que dire d’autre ? Qu’il y a eu de nouvelles inscriptions à l’association, et plusieurs renouvellements enregistrés le jour-même. Que les croissants ont tous disparu. Que Respect Bleau serait en pleine renaissance. Que la forêt est 0,00000000001% plus propre et le rocher Canon, ben, vraiment canon. Qu’aucun couple ne s’est formé. Que les enfants ont amené leur pierre aux pierres, et les grands enfants passé une belle journée de service public, de service forestier, bref de service à soi et à autrui. Après quoi il fut temps de plier bagage, rallier un beau salon artistique pour notre AG (merci Chloé et Maël), et finir autour d’une buona tavola : la Bacotte, où le londonien, toujours contrit, a appris l’existence des gogottes. Comme quoi on peut venir sans rien et repartir avec quelque chose.
Texte : Denis Lejeune
Our high mass, otherwise known as Fanatic Climbing’s annual clean-up, just took place this Sunday, September 22, at Rocher-Canon and Saint-Germain, followed as it should be by our association’s Annual General Assembly.
Seen from afar, all the conditions seemed to be in place for a perfect clean-up day: lots of likes on our Instagram posts promoting the event, supportive comments, and the weather forecast to be somewhere between sunny and gloomy. Not enough to motivate 300,000 climbers to come and pick the boulders we wanted to clean, nor to demotivate the good souls willing to lend a hand in the cleaning effort.
This is our third event of this kind, and we’re thinking of doubling the frequency. Firstly, because the forest and the boulders haven’t yet complained about our drops of water in their ocean of problems, and secondly, because it’s an opportunity to get together with other Font enthusiasts, climbers and respecters. Several active, inactive and even potential members of Fanatic Climbing turned up, as well as the other usual suspects, including the human weather station that is Bleau météo, representatives of the ONF (the forestry department, with whom we are in active discussion), the speaker of the climbing Olympics, the (formerly) mysterious Victor and Alice and many others… The slightly drowsy faces gathered around the marquees (or croissants, it remains to be seen) at 10am weren’t there by chance.
The FC team finishes preparing the tables, leaflets and other goodies, sharpening the tongs and pouring the beneficial vinegar into the sprayers. A pair of German girls park, sign up, chat and set off on their mission armed with garbage bags, pliers and gloves kindly lent to us by the ONF. They’ve been here a week, and they want to give back. Danke schön. Their energy gives us a boost, and several teams follow in their wake; they, too, head off into the woods, around the parking lot and down towards the main road.
While the black bags and skips kindly deposited by the SMICTOM fill up with all the garbage found every year, islands of informal discussion form around the marquees. You’d think that the people involved are just plain skiving off, but you’d be surprised at the ideas that are born in these moments, and the projects we owe them. Silicon Valley has its ping-pong tables, Fanatic Climbing its parking lots. For climbers, surprisingly little is said about crimps, mantles and the like, but rather more about how to help improve things, however small. FC isn’t fomenting a revolution; FC hopes to be part of an evolution. Okay, we hear a few rotten jokes too. Nobody’s perfect.
Pascal Villebeuf, president of Sauvez la forêt de Fontainebleau, interviews Pierre, Axel, Chloé and others on the meaning of our action. You can read his article here (in French…).
Around 11:30 am, two cars arrive. But these are different from the others: two crashpads emerge excitedly from their trunks. Two of us volunteer to break the bad news to them: firstly, the boulders were wet, and secondly, we’d just started cleaning them. Unlike one or two of last year’s climbers, our three companions understand completely, with smiles and good humor, and we redirect them to areas of Apremont likely to be better exposed on this day, which turns out to be kinder than drizzly. We chat a bit. The couple in the group were supposed to climb in the mountains, but the refuge had unbooked their reservation ($^’r§ç!), so they’d retreated to Burgundy to climb, but it rained, so they headed for Font and Rocher-Canon but… Fanatic Climbing! We hope they had a good time regardless.
By the time the event’s self-appointed photographer has recovered from forgetting his camera in London, two or three waves of fanatics have already descended on the Rocher-Canon, and the most hard-core climbers decide to extend their benefits to the nearby Rocher Saint-Germain. But there are still more traces of chalk than they realize, and the punter does penance by spraying the boulders with vinegar and himself with water. We still don’t know whether he or they were brushed.
All in all, what can we say? We had the pleasure of the presence of about fifty people. Less than the positive feedback on social networks might have led us to expect. That being said, the weather also did us a disservice: had better weather been forecast, we could have made more climbers aware of the problem of boulder cleaning. Because-and it’s the same thing year after year-there’s virtually no profit to be made from collecting garbage in the sectors themselves, which suggests that climbers on the whole have taken on board the polluting impact they can have. The battle is never over, of course, if only in terms of toilet paper. Far be it from us to ban the basic human need, but remember that a 10l garbage bin liner doesn’t take up any space in even the pocket of a super skinny pair of Levi’s, and weighs less than an anorexic tick. You can do what you like with your excrement, but please bring back your toilet paper with the rest of your packaging. Truth be told, it doesn’t smell, and eyes will no longer be ‘attracted’ to those white sparks in the middle of the surrounding greenery.
What else can be said? That there have been some new registrations to the association, and several renewals recorded on the same day. That the croissants have all disappeared. That Respect Bleau is enjoying a renaissance. That the forest is 0.00000000001% cleaner and Rocher-Canon, well, really hot. That no couples have formed. That the kids did their share for the stones, and the big kids spent a great day of public service, forest service, in short, service to self and others. After which it was time to pack up, head for a beautiful living room for our General Assembly (many thanks to Chloé and Maël), and finish off with a buona tavola: La Bacotte, where the ever-contrite Londoner learned about the existence of “gogottes“. Which goes t show you can come with nothing and leave with something.
The advantage of an empty Rocher-Canon is, of course, that we’ve been able to brush to our heart’s content. Last year, the weather was fine, and in return for a sometimes complicated cohabitation with climbers who had come from afar to work on this or that Isatis line, it was easy to share our awareness-raising messages. It is actually to counter the consequences of bad weather, real or suspected, that we came up with the idea of an exclusive awareness-raising day, where those of us who wish to do so could go to a sector on a busy day and engage in discussions with the climbers present. Idea put forward, to be explored. Let us know if you think it’s a good idea.
Text: Denis Lejeune
