Elle avait déjà pris ses marques dans les lieux l’été dernier, réalisant « Headless Children » (230m, 9 longueurs, 8b) déjà dans le Rätikon, voici que la grimpeuse allemande Lara Neumeier vient de gravir la classique des lieux, « Silbergeier » (6 longueurs, 8b+). Ouverte au début des années 90, « Silbergeier » est réputée pour ses longueurs soutenues (8b, 7c+, 8a+, 7a+, 8b+, and 7c+/8a), sa très haute technicité sur un calcaire magnifique et son engagement entre les points. Lara est la 3ème grimpeuse à réussir l’itinéraire en libre après Nina Caprez (2011) et Babsi Zangerl (2013). Voici son ressenti.
« J’ai essayé « Silbergeier » pour la première fois début mai. En 3 jours et demi, j’ai travaillé transuillement la voie, trouvant les séquences, me familiarisant avec ce style technique et dalleux, tout en gérant au mieux ma peau fine et douloureuse. J’ai réussir à enchainer les 4 premières longueurs, mais je n’arrivais pas à enchainer le crux, et j’ai regardé vite fait les longueurs sommitales. Ensuite, il y a eu 3 semaines de mauvais temps ou de temps instable. J’ai utilisé ce temps pour me reposer, récupérer de la peau et être prête mentalement et physiquement pour une possible ascension. C’était mon état d’esprit en revenant, mais la veille, tout pointait dans la mauvaise direction. J’ai eu mes règles, j’ai eu une facture très salée dans un garage pour une réparation automobile, et j’ai eu un coup de fil d’un ami qui venait de casser une prise clé dans la longueur dure… Pour couronner le tout, quelques kilomètres avant le parking ma voiture m’a de nouveau lâché… Honnêtement, je ne savais même pas si j’allais aller essayer, mais finalement je me suis décidée. Le début a été lent, je me sentais fatiguée, pas trop dans le coup. La première longueur m’a paru dure, j’étais pétée, mais c’est passé. Et ensuite, j’ai switché, j’ai commencé à grimper de manière très précise et concentrée. Quand je suis arrivée au crux, j’ai retravaillé la séquence, et ma méthode marchait toujours malgré la prise cassée de la veille. J’ai attendu l’ombre, pris une grande respiration, et je l’ai réussi ! Il me restait la dernière longueur, avec des mouvements aléatoires et blocs. Cela m’a pris du temps de bien la défricher, et ensuite j’ai tout donné jusqu’au sommet ! Silbergeier, quelle voie ! Technical, très à doigts, et vraiment très belle. Ce genre de journées nous rappelle que ce n’est pas qu’une histoire de condis parfaites et de super timing, c’est aussi faire face et donner tout ce que l’on a. »
Photos : Ray Demski
German climber Lara Neumeier has successfully climbed Silbergeier (6 pitches, 240m, 8b+), one of the most iconic and demanding multi-pitch routes in the Alps, completing her ascent on June 10th, after just 3.5 days of projecting and one final sending day. Located on the Kirchlispitze in the Rätikon range of Switzerland, Silbergeier was first climbed by Beat Kammerlander, in the early 1990’s and has since earned legendary status for its technical difficulty, commitment, and striking position high above the valley. The route features six sustained pitches: 8b, 7c+, 8a+, 7a+, 8b+, and 7c+/8a, demanding both physical power and mental precision. Neumeier joins an elite list of climbers who have completed the route and follows in the footsteps of Swiss pro climber Nina Caprez, who made the first-female-ascent. Babsi also climbed the MP in 2013 Lara’s ascent underscores a growing legacy of strong female climbers taking on the world’s most difficult traditional and alpine lines.
“I first tried Silbergeier in early May. Over 3.5 days, I slowly worked my way through the route; figuring out sequences, getting used to the technical & slabby style, and dealing with thin, painful skin. I managed to link the first four pitches but never sent the crux and barely looked at the final pitch. Then came three weeks of bad & unstable weather. I used the time to rest, grow some skin, and get ready — mentally and physically — for a possible send. When I finally went back, I thought: maybe. But the day before, everything pointed in the opposite direction. I had just gotten my period, received a painful car repair bill, and got a call from friends who’d just broken a key hold in the crux pitch. Then — just a few kilometres before the parking — my car broke down again. Honestly, I wasn’t sure I’d even make it to the wall. But somehow, I did. The day started slow. I felt tired, not quite there. The first pitch felt hard — full-on pump — but I got through. And then, something shifted. I started moving with focus and precision. When I reached the crux pitch, I reworked the sequence — and even tough a crucial hold broke on the day before my beta still worked. I waited for shade. Took a deep breath. And sent. One last pitch remained. Tricky and bouldery moves. I took some time to figure it out, gave it everything I had — and topped out!! Silbergeier — what a route. Sharp, technical, and absolutely beautiful. Some days remind you it’s not about perfect conditions or perfect timing — it’s about showing up anyway, and giving it everything you’ve got.”
Photos : Ray Demski
