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Il était une fois l'escalade
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Critique livre : Il était une fois l’escalade – Book review: Il était une fois l’escalade

  • 19/11/2024

“Il était une fois l’escalade”, BD de 190 pages, se veut un tour d’horizon synthétique et distrayant de notre activité. Fruit d’une collaboration entre Catherine Destivelle et David Chambre pour le texte, et Laurent Bidot pour le dessin, le livre adopte un déroulement majoritairement chronologique, en partant des formes d’escalade pré-européennes, souvent cultuelles ou alimentaires, pour conclure à la porte des JO de Paris.

Entre ces deux extrémités, la BD couvre un peu tout ce qu’on attend d’un tel projet, sans jamais s’appesantir. Des tours de grès de Dresde au grit du Peak District, de Bleau aux Dolomites, les origines sont retracées par le biais des grands noms qui ont marqué leur temps et fait évoluer leur activité. Puis c’est l’heure de gloire du Yosemite qu’on suit et, de fil en aiguille, son influence dans l’avénement de l’escalade libre dans le monde entier, qui occupe une belle partie de la BD en allant plus dans le détail à mesure qu’on se rapproche du présent. Tous les styles sont abordés, qu’il s’agisse de la grimpe au chanvre ou du trad, de solo intégral ou de bloc, en passant par le psichobloc, la grande-voie, la compétition et même la vitesse.

Certains férus d’histoire resteront sûrement sur leur faim, mais enfin l’ambition de cette BD n’est pas d’exhaustivité, plutôt de bonne introduction, assez complète, au siècle et demi d’évolutions humaines, matérielles, stylistiques qui a conduit la grimpe à ce qu’elle est aujourd’hui.

À qui s’adresse-t-elle? Aux néophytes curieux, aux grimpeurs sans grand bagage culturo-grimpal désireux d’en découvrir davantage sur leur passion sans taper dans les ouvrages d’érudition plus sérieux, tels que “Le 9e degré – 150 ans d’escalade libre”, du même David Chambre sorti en 2015, déjà aux Éditions du Mont-Blanc. Ceci étant, les plus renseignés y trouveront sûrement quelques noms à creuser. Ce qui ne gâchera pas leur plaisir est également le parti pris des auteurs de ces clins d’oeil sous la forme de reprises dessinées de photos célèbres, et moins célèbres d’ailleurs. En quelques sorte l’équivalent visuel de citations de grands auteurs, gages de connivence.

On notera deux détails très sympa : d’abord les QR codes, qui donnent une certaine interactivité au livre (et trahissent peut-être les générations visées?), et ensuite la couverture. La texture de la falaise représentée est rugueuse comme un doux grès au grain fin, alors que le quatrième de couv’ est lisse comme de la peau de bébé. On a donc en main une prise dual text, et le feeling est très sympa. Jolie trouvaille.

Étant donné la volonté d’instruction clairement affichée de la BD, et donc le public relativement jeune et nouveau à la “culture grimpe” recherché, on regrette cependant l’image légèrement “conte de fée” donnée de l’escalade. Nous entendons par là que l’escalade aujourd’hui n’existe plus dans un vase clos, elle est ancrée dans un contexte sous pression. Primo dans le dialogue qu’elle entretient forcément avec le mal du siècle à venir : l’état du monde naturel, aussi bien au niveau macro que micro. Et deuzio, la problématique de l’accès aux secteurs, partant le respect nécessaire de certaines règles de bon vivre ensemble, et la conscience de son impact sur ce qui nous entoure.

Il nous semble que cette BD aurait été l’outil parfait pour tenter de montrer quelques bonnes habitudes, à tout le moins de provoquer d’importants questionnements chez les nouveaux arrivants, voire les moins nouveaux.

Quand bien même, “Il était une fois l’escalade” fait plaisir et instruit, c’est déjà pas mal.

‘Il était une fois l’escalade’, a 190-page graphic novel, is designed to provide a concise and entertaining overview of our sport. A collaboration between Catherine Destivelle and David Chambre for the text, and Laurent Bidot for the drawings, the book takes a mainly chronological approach, starting with pre-European forms of climbing, and ending at the gateway to the Paris Olympics.

Between these two extremes, the book covers just about everything you’d expect from such a project, without ever dwelling too long on any aspect. From the sandstone towers of Dresden to the grit of the Peak District, from Font to the Dolomites, the origins are traced through the great names who left their mark on their time and helped their activity evolve. Then we follow the glory days of Yosemite and, one thing leading to another, its influence on the advent of free climbing worldwide, which takes up a good part of the book, going into a bit more details as we get closer to the present day. All styles are covered, from hemp ropes and trad climbing to full solo and bouldering, DWS, multipitch, competition and even speed climbing.

Some history buffs will surely be left wanting for more, but the ambition of this graphic novel is not to be exhaustive, but rather to provide a good, fairly comprehensive introduction to the century and a half of human, material and stylistic developments that have made climbing what it is today.

Who is it aimed at? Curious neophytes, climbers with little climbing history knowledge who want to find out more about their passion without delving into the more serious works of erudition, such as ‘Le 9e degré – 150 ans d’escalade libre’ (The 9th Grade – 150 years of free climbing; not translated), by the same David Chambre, published in 2015 also by Éditions du Mont-Blanc. That said, the more informed will certainly find some names to dig into. What won’t spoil their pleasure is also the authors’ winks in the form of drawn reproductions of famous and not-so-famous photos of the past. In a way, they are the visual equivalent of quotes from great authors, a guarantee of complicity with the reader in-the-know.

Two very nice touches: firstly, the QR codes, which give the book a certain interactivity (and perhaps give away the target generations?), and secondly, the cover. The texture of the cliff shown is as rough as fine-grained sandstone, while the back cover is as smooth as baby’s skin. So you’ve got a dual-textured hold in your hand, and the feel is really nice. Another lovely wink.

Given the clearly educational nature of the book, and the audience it aims to appeal to, we regret the slightly ‘fairytale’ image of climbing given here. By this we mean that climbing today no longer exists in a vacuum; it is rooted in a context very puch under pressure. Firstly, in the dialogue that it inevitably maintains with the challenge of the century to come: the state of the natural world, at both macro and micro levels. And secondly, the problem of access to sectors (and numerous bans), with the necessary respect for certain rules of good living together, and awareness of our impact on what surrounds us.

It seems to us that this graphic novel would have been the perfect tool to try and demonstrate a few good habits, or at the very least to present the reader with some important questions.

Even so, ‘Il était une fois l’escalade’ both instructs and delights, and that’s a good start.

Il était une fois l'escalade
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