On ne présente plus le site 8a.nu, qui vient de faire peau neuve avec une interface et un design revisités, tant sa popularité auprès des grimpeurs de tous niveaux est grande, avec un peu plus de 70 000 utilisateurs inscrits. Cette plateforme polycéphale se veut à la fois un site communautaire où chacun peut partager son carnet de croix virtuel, une base de données sur les spots de grimpe, un lieu d’échange via un forum, un média d’actualités (souvent en lien avec les dernières réalisations marquantes rentrés sur le site), et propose un classement des grimpeurs en voie et en bloc basé sur les croix enregistrés par les utilisateurs. Cette idée de classement des athlètes en milieu naturel va moins de soi que pour les compétitions sur résine : quel crédit lui accorder ?
1) Classement algorithmique contre controverses apéritives
Rappelons un peu le principe du classement de 8a.nu. Chaque grimpeur rentre ses croix en ligne, et chacune de ces croix a une certaine valeur en fonction de la difficulté du passage renseignée (c’est le grimpeur qui choisit la cote) et du style (des points bonus sont attribués pour une réalisation à vue ou flash, pour une FA, etc.). Le score du grimpeur est alors la somme des points de ses 10 meilleures performances au cours des 12 derniers mois. Le site permet d’extraire des classements par sexe, par catégorie d’âge, mondiaux ou nationaux, et aussi de faire varier certains paramètres (nombre d’ascensions prises en compte, choisies au cours de la dernière année ou pas, etc.).
On l’a vu avec la mise en place récente de Parcoursup et la controverse qui l’a suivie : un algorithme de classement est loin d’être neutre. Si son exécution ne pose pas question (à moins que l’informaticien ne l’ait codé avec ses pieds ou aidé de son chat), sa création est basée sur des choix politiques et des compromis techniques. Pour faire simple, dans notre cas, il faut d’abord décider de ce qu’on veut dire formellement par « meilleur grimpeur », puis essayer de trouver une méthode de classement collant le mieux à cette définition. En pratique, lorsque ce qu’on veut classer dépend de plusieurs facteurs, le vainqueur désigné va dépendre du poids donné à chacun de ces facteurs (voir le paradoxe de Condorcet). La notion de « meilleur » n’est donc pas la même selon le point de vue que l’on porte sur la discipline, et le choix de privilégier (volontairement ou non) une qualité aux dépens d’autres est politique. Comment comparer un grimpeur de trad comme Jacopo Larcher et un pur falaisiste comme Seb Bouin ? un grimpeur préférant le à vue d’un grimpeur posant des sièges interminables dans les voies ? Comment prendre en compte la polyvalence ? Peut-on mettre en parallèle les performances d’une falaisiste comme Margo Hayes qui persévère dans le travail des voies avec les répétitions expresses de Janja Garnbret ? Autant de paramètres à prendre en compte dans la fabrication d’un critère numérique de performance, mais dont la stœchiométrie serait sans doute l’objet de débats au sein de la communauté grimpeuse au moins aussi interminables que ceux sur les cotations elles-mêmes.
La méthode de classement du site 8a.nu, sous ses apparences simples, est loin d’être neutre. Par exemple, un grimpeur comme Jonathan Siegrist, actuel n°4 du classement combiné en voies, se retrouve avec un classement de tennisman français dans la liste ne prenant en compte que les réalisations à vue ; pire encore, dans le top 10 actuel, seul Domen Skofic tire plus de la moitié de ses points de ses performances à vue ou flash. Doit-on conclure à une sous-représentation des performances à vue, comme on l’a abordé récemment dans cet article ?
On pourrait certainement concevoir une méthode de classement bien plus représentative des qualités réelles des grimpeurs que celle proposée par 8a.nu. On peut faire confiance aux GAFAM pour avoir sous le coude des dizaines d’algorithmes de classement de toutes sortes (Google doit d’ailleurs sa réussite à l’algorithme « intelligent » PageRank, créé pour le classement de pages web), et de publicités en particulier, qu’on pourrait sans doute appliquer aux performances de nos stars des falaises. On pourrait même imaginer qu’un tel algorithme nous crache aussi les difficultés des passages, en fonction des grimpeurs l’ayant réussie ou ayant pris le but (votre grande tante a croité donc c’est pas si dur, Ondra a mis plus d’une demi-heure à faire la voie donc c’est extrême).
Il faut quand même rappeler que la méthode de classement s’adressant à un large public, elle doit être aussi lisible que possible (ce qui est un des défauts de Parcoursup, dont on a parlé plus haut, auquel on reproche l’opacité). En cela, le principe par points de 8a.nu est simple et efficace, c’est pourquoi il est largement répandu dans d’autres sports.
Toutes ces questions restent assez théoriques et cachent une réalité qu’aucun classement ne pourra réellement montrer : la richesse de notre discipline. La performance en escalade est multifactorielle et ne prend sa valeur que quand elle est replacée dans son contexte : contexte personnel (une voie trad sera d’autant plus une perf pour un grimpeur habitué aux falaises école suréquipées), contexte météorologique (la réalisation d’un bloc à Bleau n’a pas tout à fait la même valeur selon qu’elle a été faite au mois de juin ou bien un jour de collante de l’espace), contexte sociologique (la perception de la performance évolue au cours du temps et de la communauté de grimpeurs dans laquelle elle a lieu : lors des premières compétitions il y avait une note de style, qui s’en préoccupe aujourd’hui ?), etc. Au temps des politiques technocrates et des guerres des chiffres, cette volonté de classer est sans doute à la mode, mais ne semble pas bien coller avec la complexité de l’escalade en milieu naturel. Et ne remplacera sans doute jamais l’expertise de médias spécialisés, dont l’expérience permet de mesurer bien plus finement la qualité d’une performance. En revanche, on vient de le voir, la recherche d’indicateurs numériques pertinents pour l’évaluation d’un grimpeur amène à se poser des questions profondes sur ce qui fait (ou a fait) performance en escalade ; c’est une porte dérobée vers ces problématiques intéressantes.
Et puis n’oublions pas de prendre en compte le côté humain de la discipline : si les grimpeurs ne peuvent plus parler du niveau d’untel, ou de la cotation de tel bloc, de quoi vont-ils discuter de retour de falaise ? La controverse a toujours fait partie du sport, s’en priver lui enlèverait une partie de son piquant !
2) Effets sur les grimpeurs pros
Il faut prendre garde à ce que ce type de classement ne devienne pas une finalité pour les grimpeurs, professionnels ou amateurs. Bien sûr, il peut constituer une alternative outdoor au classement de l’IFSC, qu’on peut mettre en avant médiatiquement pour montrer que l’escalade sportive est une discipline aussi active qu’est remplie la falaise de Céüse un 14 juillet. On peut dire qu’aujourd’hui, l’impact de ce classement sur la vie des grimpeurs pros est relativement faible, mais certains sponsors commencent à exiger de leurs athlètes qu’ils possèdent un profil 8a.nu régulièrement mis à jour ; si son classement devenait une idée fixe pour les grimpeurs pros, on s’exposerait à plusieurs écueils.
Tout d’abord, on pourrait voir naître des tentatives d’optimisation artificielle du classement, à base de calculs savants, à la manière de ce qui est fait par les sites web pour augmenter leur classement Google ou les revues scientifiques pour améliorer leur facteur d’impact. La pression des sponsors aidant, on verrait apparaître de plus en plus de grimpeurs enchaînant combis sur combis, sur des falaises cairneuses et confidentielles. À l’heure de la post-vérité, est-on à l’abri des fake-climbers ?
Ensuite, si un tel classement devenait hégémonique, il pourrait devenir une véritable échelle reconnue de la valeur des grimpeurs d’extérieur. C’est le cas actuellement pour l’escalade de compétition : la règle officielle, connue de tous à l’avance, fait loi et désigne le meilleur grimpeur. Pour l’escalade en milieu naturel, les critères de la performance sont encore tacites et subjectifs : est considéré comme performant tout grimpeur considéré comme performant par la communauté de grimpeurs. Cette tautologie renferme le caractère fondamentalement social de la performance en escalade, dimension essentielle de la pratique de ce sport de plein air.
La déconstruction d’une idée de classement des grimpeurs se termine sans doute en remettant en cause les notions même de classement et de performance. Même au sein des pros, les grimpeurs les plus médiatisés ne sont pas uniquement les plus performants numériquement. Si Nina Caprez, dont la plus belle croix en couenne reste un 8c+, est tant reconnue dans le monde de l’escalade, c’est aussi parce qu’elle apporte une réelle expertise sur l’activité et sait partager ses réalisations marquantes de manière intelligente et professionnelle.
Et si un grimpeur pro n’était pas tout simplement quelqu’un capable de donner envie aux autres de grimper, de leur partager ses valeurs et de faire évoluer le sport ? Tout comme la croissance n’est pas seulement économique, l’évolution de la grimpe n’est pas seulement numérique — avec l’inflation des cotations — mais se traduit aussi par des changements de paradigmes éthiques, dictés à la fois par les contraintes extérieures (comme par exemple avec le déconventionnement récent des falaises qui risque d’amener à des changements profonds de la gestion des sites et donc de la pratique) et les acteurs professionnels du milieu.
3) Alors, je me (dés)inscris ou pas ?
En pratique, pour les grimpeurs amateurs, les utilisations de la plateforme sont très diverses : carnet de croix qui ne prend pas la poussière, moyen de se tenir au courant des réalisations des potes, de connaître les nouveaux secteurs et les meilleures périodes pour y grimper… La plateforme 8a.nu a bien des avantages mais il y a quelques pièges dont il faut être conscient.
Tout d’abord, le fait d’avoir un compte peut devenir un prétexte supplémentaire pour se focaliser sur la performance. Il y a certainement certains grimpeurs excités à l’idée de rentrer leur dernière croix dans leur carnet, peut-être même plus excités qu’au moment de la réussite de la voie ou du bloc : ils font alors inconsciemment passer le signe de la réussite (je fais une croix dans le topo) devant la réussite elle-même (j’ai enfin trouvé la clé pour réaliser le passage). La même chose vaut pour la progression dans le classement des grimpeurs : en extérieur, et pour les amateurs, la compétition peut être bénéfique en tant qu’objectif secondaire dans la pratique, un moyen de booster sa motivation. À chacun de se questionner sur l’importance à accorder à cet objectif, et sur son poids relatif par rapport à d’autres : passer du temps avec des potes, pratiquer une activité de pleine nature, dépassement de soi, de ses peurs, découverte de ses limites, fitness, jeu intellectuel, dépense physique, etc. Notre sport n’est qu’un jeu ne l’oublions pas ; progresser dans le classement virtuel ou étoffer son carnet de croix peuvent être des objectifs secondaires amusants, mais veillons à ne pas trop nous focaliser dessus au détriment du plaisir de la grimpe !
On a souvent entendu dire que le meilleur grimpeur est celui qui prend le plus de plus de plaisir. On oublie d’ajouter : mais aussi celui qui apprend le plus. Entre un grimpeur allant faire une séance de volume en conti à Rue des Masques, ou bien un choisissant d’aller peaufiner sa technique sur les dalles de l’Escalès au Verdon, lequel des deux a le plus de chances d’étoffer son carnet de croix dans la journée ? Certainement le premier. En revanche, à moins qu’ils n’aient prévu d’aller dans les Riglos dans les prochaines semaines, il est fort à parier que celui pour qui la séance aura été la plus profitable soit celui allé tester son mental et sa pose de pieds entre les clous à 200m du sol.
Autre effet néfaste de ce carnet de croix mondialisé : certains grimpeurs ont tendance à n’aller visiter que les voies les plus parcourues et les mieux notées sur le site (et donc souvent les moins exigeantes). Or le conformisme est en totale contradiction avec un des principes fondamentaux de notre sport : l’adaptation à des styles aussi variés que possible. En n’allant que dans les voies les plus populaires, on s’expose à un effet d’entraînement : les voies initialement les plus parcourues le restent, créant des classiques de manière artificielle par accrétion.
On vient de le montrer : la plateforme ne créée pas spécialement de nouvelles dérives mais peut en exacerber certaines existantes. Ce lieu social est un miroir virtuel, certes parfois déformant et impersonnel, de la communauté grimpante (ou du moins d’une partie de cette communauté). Profils pros, m’as-tu-vu, parodiques, privés, polémiques, muets, décoteurs invétérés mais aussi mise à profit d’une base de données gigantesque… chacun peut y trouver son compte s’il veille à éviter quelques dangers qui, déjà présents dans la pratique classique du sport, peuvent se retrouver décuplés par l’utilisation de la plateforme virtuelle.
Pierre-Antoine Guihéneuf, juillet 2020
Photo de couverture : Marie Pebble
The 8a.nu site is no longer being presented, having just been given a new look with a redesigned interface, as its popularity among climbers of all levels seems to increase, with just over 70,000 registered users. This multimodal platform is intended to be a community site where everyone can share their virtual tick list, a database of climbing spots, a social media via a forum, a news media (often related to the latest achievements entered on the site), and offers a ranking of climbers for both sport climbingand bouldering based on the ascents registered by users. This idea of classifying outdoor athletes is less obvious than for competitions on plastic: what credit should be given to it?
1) Algorithmic ranking versus social controversies
Let’s recall the idea of the 8a.nu ranking. Each climber adds its ascents online, and to each of these ascents is associated a certain value according to the difficulty (the climber chooses the grade) and the style (bonus points are awarded for onsight or flash styles, for a FA, etc.). The climber’s score is then the sum of the points of his 10 best performances over the last 12 months. The site allows you to extract rankings by gender, age category, world or national, and also to vary some parameters (number of climbs taken into account, chosen in the last year or not, etc.).
As seen with the controversy about the Shanghai ranking, a ranking algorithm is far from neutral. If its execution does not raise questions (unless the computer scientist coded it with his feet or with the help of his cat), its creation is based on political choices and technical compromises. To put it simply, in our case, we must first decide what we formally mean by “the best climber”, and then try to find a ranking method that best fits this definition. In practice, when what we want to rank depends on several factors, the awarded winner will depend on the weight given to each of these factors (see Condorcet’s paradox). The notion of “best” is thus not the same from one’s point of view on climbing, and the (informedor not) choice to favour one quality or another is political. How can a trad climber like Jacopo Larcher and a pure falaisist like Seb Bouin be compared? What about a climber who prefers onsighting versus a climber redpointing routes after uncountable tries? How to take into account versatility? Can we compare the performances of an athlete like Margo Hayes who perseveres in the work on the routes with the express repetitions of Janja Garnbret? A lot of parameters have to be taken into account in the design of a numerical criterion of performance, and their relative weights would undoubtedly be the subject of debates within the climbing community at least as interminable as those on the grades themselves.
The 8a.nu ranking method, under simple appearances, is far from being neutral. For example, a climber like Jonathan Siegrist, currently number 4 in the ranking for sport climbing, finds himself in the depths of the ranking that only takes into account onsight ascents. Even worse, in the current top 10, only Domen Skofic gets more than half of his points from his onsight or flash performances. Should we conclude that onsight performances are under-represented, as discussed recently in this article?
One could certainly design a ranking method which would be much more representative of the real qualities of climbers than the one proposed by 8a.nu. GAFAM can be trusted to have dozens of ranking algorithms of all kinds (Google owes its incredible success to the “intelligent” PageRank algorithm, created for the ranking of web pages), and advertisements in particular, that could probably be applied to the performance of our top climbers. We could even imagine that such an algorithm could also output the grades of the routes, depending on the climbers who succeed or not (your great aunt managed to do it so it shouldn’t be so hard, Ondra took more than half an hour to figure out how to climb it so it’s almost impossible).
Still, it should be remembered that as the ranking method is aimed at a wide audience, it must be as simple as possible. From this viepoint, the principle of 8a.nu ranking is simple and effective; this is why it is widely used in other sports (e.g. tennis).
All these questions remain rather theoretical and hide a reality that no ranking can really show: the richness of our discipline. Climbing performance is multifactorial and only takes on its value when put into context: personal context (a trad route will be all the more a performance for a climber used to over-equipped school cliffs), meteorological context (the realization of a Font boulder has not quite the same value depending on whether it was done in June or a cold dry winter day), sociological context (the perception of performance evolves over time and the surrounding climbers community: in the first competitions there was a note of style, today who cares about it? ), etc. In the age of technocratic politics and the war of numbers, this generalized will to classify is undoubtedly fashionable, but does not seem to fit well with the complexity of outdoors climbing. It will probably never replace the expertise of specialized media, whose experience makes it possible to measure the quality of a performance much more accurately. On the other hand, as we have just seen, the search for relevant numerical indicators for the evaluation of a climber leads to deep questions about what makes (or has made) climbing performance; it is a back door to these interesting issues.
Finally, let’s not forget to take into account the human side of the discipline: if climbers can no longer talk about the level of such and such a friend of them, or the grade of such and such a boulder, what are they going to talk about when they come back from a cliff? Controversy has always been part of the sport, and to deprive it of it would take away some of its spice!
2) Effects on professional climbers
Care must be taken to ensure that this type of ranking does not become an end in itself for climbers, whether professional or amateur. Of course, it can be an outdoor alternative to the IFSC ranking, which can be put forward in the media to show that sport climbing is as active a discipline as much as the Céüse cliff is overcrowded on July 14th. It can be said that today, the impact of this ranking on the lives of professional climbers is relatively small, but some sponsors are starting to require their athletes to have a regularly updated 8a.nu profile; if its ranking became a fixed idea for professional climbers, it would expose the community to several pitfalls.
First of all, we could see attempts to artificially optimize the ranking, based on complicathed math, in the manner of what is done by websites to increase their Google ranking. The pressure of sponsors helping, one would see more and more climbers redpointing more and more combis, on poor quality and and confidential cliffs. In the post-truth era, are we safe from fake-climbers?
Then, if such a ranking became hegemonic, it could become a true recognized scale of the value of outdoor climbers. This is currently the case for climbing competitions: the official rule known to all in advance makes the law and designates the best climber. For outdoors climbing, the performance criteria are still tacit and subjective: any climber is considered as strong if considered as strong by the climbing community . This tautology shows the fundamentally social character of climbing performance, an essential dimension of the practice of this outdoor sport.
The deconstruction of an idea of ranking climbers undoubtedly ends by questioning the very notions of ranking and performance. Even among the pros, the most mediatized climbers are not only the most numerically successful. If Nina Caprez — whose best performance remains an 8c+ — is so well known in the climbing world, it is also because she brings a true expertise on the activity and knows how to share her outstanding achievements in an intelligent and professional way.
And what if a professional climber was not simply someone capable of making others want to climb, of sharing his values with them and making the sport evolve? Just as growth is not only economic, the evolution of climbing is not only numerical — with the inflation of grades — but also results in changes in ethical paradigms, dictated both by external constraints (as for example with the recent deconventioning of French cliffs, which may lead to profound changes in the management of sites) and by the professional actors of the climbing community.
3) So, should I (un)register or not?
In practice, for amateur climbers, the uses of the platform are very diverse: a tick list that never gets dusty, a way to keep up to date with the accomplishments of friends, to find out about new areas and the best times to climb them… The 8a.nu platform has many advantages but there are a few pitfalls to be aware of.
First of all, having an account can become yet another reason to focus on performance. There are certainly some climbers who are excited at the idea of putting their last tick in their list, maybe even more excited than at the moment of the success of the route or boulder: they then unconsciously put the sign of success (I make a tick in the guidebook) prior to of the success itself (I finally found the key to manage the crux). The same goes for the progression in the climbers’ ranking: outdoors, and for amateurs, competition can be beneficial as a secondary goal, a way to boost one’s motivation. It’s up to everyone to ask themselves how important this objective is, and how important it is in relation to other goals: spending time with friends, practicing an outdoor activity, surpassing oneself, overcoming one’s fears, discovering one’s limits, fitness, intellectual play, physical exercise, etc. Our sport is just a game, let’s not forget it; progressing in the virtual ranking or adding ascents to your tick list can be fun secondary objectives, but let’s be careful not to focus too much on it to the detriment of the pleasure of climbing!
It has often been said that the best climber is the one who has the most fun. We ususlly forget to add: but also the one who learns the most. Between a climber going for a volume stamina session in some pudding cliff, or one choosing to go upgrade his foot technique on slabby limestone, which of the two has the best chance of adding ticks to his list during the day? Certainly the first. On the other hand, unless they are planning to go to the Riglos in the coming weeks, it’s a safe bet that the one for whom the session was the most profitable will be the second one.
Another harmful effect of this globalised tick list is that some climbers tend to visit only the routes that are the most covered and the best rated on the site (and therefore often the least demanding). Conformism is in total contradiction with one of the fundamental principles of our sport: adapting to as many different styles as possible. Trying only the most popular routes exposes you to a dragging effect: the routes that are initially the most covered remain so, creating classics artificially by accretion.
As has just been shown, the platform does not specifically create new drifts but can exacerbate existing ones. This social media is a virtual mirror, certainly sometimes distorting and impersonal, of the climbing community (or at least part of it). Professional, showing off, parodic, private, controversial or mute profiles… everyone can find something its way in the website if avoiding some dangers which, already present in the classical practice of sport, can be heighten by the use of the virtual platform.
Pierre-Antoine Guihéneuf, July 2020
Cover picture: Marie Pebble