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Amérique du Nord / North America Il était une voie / Once upon a line

Il était une voie : Omaha Beach – Once upon a line: Omaha Beach

  • 23/09/2021

Derrière tout passage d’escalade, il y a d’abord une ligne, mais aussi des grimpeurs qui l’ont faite naître. Plongez au cœur de passages de légende avec la rubrique “Il était une voie”, un état civil de ces itinéraires qui continuent de fasciner des générations et de façonner notre activité !

Behind every route there is a vision, and the climbers who made it reality. Dive into the history of legendary routes with the section “Once upon a line”, a sort of ‘Origins’ of these gems that keep on fascinating us generation after generation, and shaping our passion!

Omaha Beach

   Red River Gorges, USA
    The Motherlode
  Chris Martin, 1998
  Bill Ramsey, 1999

Omaha Beach … A lire ce nom, à priori, on pense plus à une plage de débarquement qu’à une voie d’escalade sur une paroi cachée au milieu des sombres forêts du Kentucky. Et pourtant, cette ligne a été ouverte sur le secteur de Motherlode l’un des murs de grès à trous du mythique site d’escalade américain, Red River Gorges. Bill Ramsey nous raconte :

“Mon ami Chris Martin travaillait une voie qui montait en plein milieu de la partie centrale, la plus raide, de Madness Cave. Le relais se trouvait aux 3/4 de la paroi, sur une petite vire fuyante, sous ce qui semblait être une section sans prises. Un beau jour de 1998, alors qu’il se demandait s’il allait abandonner le projet, il a permis à d’autres d’y mettre les doigts, et on a découvert que la partie sommitale avait en fait de petites prises et que, par conséquent, la voie pourrait probablement aller jusqu’au sommet. Ni une ni deux, Chris installe un nouveau relais là-haut, rajoute une plaquette pour protéger la fin et dit “lâchez-vous !” Je m’y suis mis l’hiver même, et fis des progrès encourageants en dépit du crux bien féroce au-dessus de la vire. Dave Hume passa aussi du temps dedans, et on était d’accord pour dire que ce serait la voie la plus dure de la grotte – sans doute 13d (8b). Finalement, je l’enchainai à la fin mars et lui donnai le nom de “Omaha Beach”.

“J’ai toujours aimé la tradition de donner aux voies des noms de batailles célèbres (comme Agincourt à Buoux) et Omaha Beach en Normandie a été une des victoires les plus sanglantes des USA pendant la deuxième guerre mondiale. Mais il y a aussi le fait que pour Omaha Beach, la clef de la victoire consistait à grimper une falaise bien sévère au-dessus d’une mauvaise “vire” peu rassurante-comme dans la voie. Deux semaines plus tard (le 11 avril 1999) la jeune prodige Katie Brown se trouvait à Motherlode et je lui ai dit que la falaise comptait une nouvelle ligne qu’elle devrait essayer. On n’a jamais abordé la cotation… Elle n’a même pas cherché à savoir. Au final elle est montée dedans, et tout le monde a fait une pause pour la regarder. Porter Jarrard et moi-même étions juste en dessous. Nous avons suivi ça, les yeux levés et bouches-bées parce qu’elle semblait s’élever sans difficulté. Au crux, elle est allée voir puis a désescaladé jusqu’à la misérable vire pour récupérer un chouïa, essaya différentes choses, et je me demandais comment son petit gabarit de 1m52 allait se sortir de mouvements qui m’avaient semblé déjà longs à moi. Et puis elle fit une séquence que je fus incapable de comprendre, utilisant des prises qui me paraissaient tout aussi incompréhensibles, mais qui l’amenèrent dans la partie sommitale. C’est sa mère qui l’assurait et elle n’avait aucune idée de ce que qui était en train de se passer, allant jusqu’à ne pas lui donner de mou quand Katie voulait clipper – c’était complétement fou. Katie clippa le relais et tout le monde à Motherlode se mit à l’applaudir. Alors que sa mère la faisait descendre je suis allé la voir et lui ai dit que je cotais la voie 13d, et qu’elle venait probablement de réaliser l’exploit d’être la première femme à enchainer cette cotation à vue. Ça lui fit plaisir, et on apprit plus tard que c’était bel et bien le cas. Depuis, plusieurs prises ont cassé et c’est maintenant un 14a, mais contrairement à la rumeur la voie n’a pas été décotée du fait de l’ascension de Katie. En fait, nous tous au Red étions époustouflés par Katie et heureux de la voir faire mieux que nous avec autant de facilité. Elle me faisait penser à une héroïne de comic, une jeune fille petite et sans prétention, mais dotée de super pouvoirs qui écrasait un monde de machos durs à cuire.”

Omaha Beach. Reading this name probably brings to mind wars scenes rather than pristine rock climbs hidden in the misty forests of eastern Kentucky. And yet, it is one of the most iconic sport climbs of the gorgeous pocketed sandstones of the Red River Gorge, in the USA. The name is indeed a reference to D-day, and a clever wordplay that implies that the crux, just like it once was on D-day, is moving past the beach, in this case a rather sandy ledge. Bill Ramsey, tells us more:

“My friend Chris Martin had been working a route he had bolted that went right up the central, steepest part of the Madness Cave. The route ended about 3/4ths up the wall, at a small slopey shelf with a seemingly blank section above. One day in 1998, while considering abandoning the project, he allowed others to play on it, and we discovered the blank section actually had small holds; indeed, that the line would probably go all the way to the top. At that point, Chris drilled a new anchor at the top, put in one more bolt to protect the upper section, and said, “Have at it!” I started working it that winter, and made steady progress despite the tough crux above the shelf. Dave Hume also climbed on it some, and we agreed it would be the hardest route in the cave at the time – probably 13d (8b). Eventually, I succeeded in late March, naming the route Omaha Beach”.

“I had always appreciated the tradition of naming climbs after famous battles (like Agincourt at Buoux), and  Omaha Beach at Normandy had been one of America’s most harrowing victories in WW II. Also, on Omaha Beach, the key to the battle was climbing a desperate cliff above a bad and insecure shelf – just like the route. Two weeks later (April 11, 1999) the young climbing phenom Katie Brown was at the Motherlode and I told her the cave had a new route she should try. We never discussed the grade…she just didn’t ask. Eventually she got on it, and everyone stopped what they were doing and watched. Porter Jarrard and I watched from right below, staring up with our mouths agape as she cruised higher and higher. At the crux, she climbed up and back down to the “rest”, trying different things, and I wondered how her barely five-foot frame would make what had been long reaches for me. Eventually she performed some sequence that made no sense to me, using holds that made no sense to me, but got her on the final headwall. While she was climbing, her mother was belaying, completely oblivious to what was happening, sometimes short-roping Katie when she tried to clip – it was totally insane. Katie got to the anchor and the Motherlode erupted with applause. As she lowered down, I walked over and told her I had rated it 13d, and that she had probably just made history as the first woman to onsight that grade. She was excited, and we later found out her ascent was indeed a first. Since then, several holds have broken and it is now 14a, but contrary to popular mythology, it was never downgraded because of her ascent. In reality, all of us at the Red were awestruck by Katie and thrilled to see her outperform us with such ease. She was like a comic-book hero, a tiny and unassuming young girl, but one with superpowers who completely dominated a macho, kick-ass scene.”

Photo: Timothy Scribano  
Témoignage/Account: Bill Ramsey

 

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