(English below)
Il y a un peu plus d’un an, dans un anonymat quasiment total, le falaisiste et compétiteur espagnol Ivan German enchaînait son premier 8b. Une performance qui n’a rien d’extraordinaire me direz vous. Eh bien si, car vous n’avez sans doute jamais entendu parler d’Ivan et ce que vous ne savez pas, c’est qu’il est amputé d’une jambe. Nous sommes allés à sa rencontre pour revenir sur cette belle croix et sur sa passion pour la grimpe en général.
-Peux-tu te présenter ? Où habites-tu et quelle est ta situation professionnelle ?
Je m’appelle Ivan German et pour autant que je me rappelle, j’ai toujours été passionné d’escalade. J’ai 45 ans et je partage ma vie avec ma compagne Esther et mes deux filles. J’ai un travail à temps plein qui m’amène souvent à voyager mais je crois que je n’ai jamais autant été un fanatique de la grimpe. J’habite à Madrid et je grimpe en extérieur dans un rayon d’une heure et demie de route ; ce qui me laisse le temps de faire l’aller-retour et de revenir assez tôt pour profiter du reste de la journée en famille.
Sur le plan professionnel, je suis ingénieur orthoprothésiste, spécialisé dans les prothèses des membres supérieurs et inférieurs. Comme je suis moi-même amputé trans-fémoral, ça me donne la chance de dédier mon temps à améliorer la qualité de vie de personnes ayant une condition similaire.
-Comment as-tu découvert l’escalade et depuis combien de temps grimpes-tu ?
J’ai commencé à faire des sorties en montagne de manière plus ou moins assidue quand j’avais 17 ans. J’allais régulièrement randonner, faire des courses de montagne, de la glace et du canyoning, tout était alors un bon prétexte pour être dehors en montagne. Depuis, je n’ai jamais vraiment quitté les montagnes. En revanche, mes activités ont progressivement évolué vers plus de couenne, avec occasionnellement, un peu de grande voie et/ou de trad ; en particulier depuis mon amputation en 1996.
-Tu grimpais déjà avant de perdre ta jambe ?
Oui ; j’ai commencé à grimper avant de perdre ma jambe. Ça m’est arrivé à l’âge de 23 ans, suite à un accident de moto qui a résulté en l’amputation de ma jambe gauche au-dessus du genou. Mais j’ai repris l’escalade dès que j’ai pu, même s’il a fallu d’abord récupérer parce que mon autre jambe avait été fracturée dans l’accident. Tout cela a été possible grâce au soutien et à l’aide de mes amis et partenaires de grimpe.
-Pourrais-tu décrire ce qui différencie ton escalade de celle d’un grimpeur valide ?
La différence est évidente, je grimpe avec trois points de contact au lieu de quatre et cela affecte à la fois l’équilibre et la gestuelle. Donc, pour moi, plus que pour la moyenne des grimpeurs, ce qui constitue un challenge est souvent plus défini par le type de rocher (par exemple un granite qui demande beaucoup de friction, pieds à plat), le type de grimpe (cheminées, dièdres, fissures etc.) ou l’angle (dalle, vertical, dévers).
-Et quel est le plus gros obstacle lorsque l’on grimpe sur une seule jambe ?
Le plus gros défi provient du manque d’équilibre car sans une deuxième jambe pour faire contrepoids il est beaucoup plus compliqué de déplacer son centre de gravité où on le souhaite. Une fois mon pied sur le mur comme point d’appui il est plus coûteux de me positionner comme je le sens et de générer du mouvement. Ça rend certains mouvements sur inversées ou latérales très difficiles voire impossibles, et c’est sans parler de certains mouvements comme dans les dièdres en adhérence sur granite, par exemple, qui requièrent les appuis des deux pieds, bien entendu.
-Et ce 8b que tu as enchaîné l’an dernier, est-ce que tu peux nous en dire plus ? Où est-il situé ? Tu peux nous décrire la voie ?
La voie s’appelle “L’Excusometro”. Elle a été ouverte par Javier Tamayo dans la grotte d’Arenal, dans la région de Ségovie. La voie est donc dans un gros dévers et présente beaucoup de mouvements physiques sur bacs, particulièrement dans le premier tiers. Cette première partie est composée de plusieurs sections dures entrecoupées de repos plus ou moins actifs, souvent avec des coincements de genoux qui permettent de reprendre son souffle avant de repartir. La partie du milieu présente un repos tête-en-bas grâce à des contre-pointes qui permettent de se reposer avant d’attaquer un crux prononcé sur une prise en épaule main gauche. Ensuite, on trouve un autre repos avec un coincement encore plus marqué qui donne suite à une série de bi-doigts dans du très gros dévers avec des prises de pied lisses – ce que je résous en no-foot. Cela amène au dernier repos –pendu grâce à une contre pointe, avant d’attaquer la dernière section – la plus dure – de la voie. Il s’agit d’une séquence d’une douzaine de mouvements sur petits trous avec deux clipages qui mènent au relais. Cette ultime partie, depuis le dernier repos avec la spatule, est celle qui m’a demandé le plus de travail, d’effort et de dévouement. Une séquence de trois mouvements en particulier m’a, à elle seule, coûté plusieurs mois de travail dans la voie ainsi que d’entraînement spécifique à la salle.
-Comment est-ce que tu as décidé d’essayer cette voie ?
J’aime avoir des projets à long terme, ça me motive. Et cette fois, je voulais un projet qui ne représente pas seulement un cap pour moi-même en termes de cotation, mais je souhaitais que ce fût également un jalon pour les personnes handicapées en général, de sorte à donner plus de visibilité à la montagne et au handicap.
La “Cueva”, comme on l’appelle, réunit quelques conditions clés pour mon type de grimpe unijambiste. J’ai été fasciné par la ligne de cette voie et son cheminement tout en dévers et en toit. La première fois que je l’ai essayée, je ne pouvais faire quasiment aucun mouvement mais j’étais quand même captivé.
-Quel effort as-tu du y consacrer et comment t’es-tu senti après l’enchainement ?
La voie m’a permis de progresser assez rapidement dans les parties inférieures et centrales de sorte que j’arrivais assez frais jusqu’à la partie sommitale et sa section plus bloc sous le relai. J’ai donc assez vite fait de nombreux essais où je réussissais à enchaîner jusqu’à cette dernière section sous la chaîne. Mais par la suite, le processus a semblé se ralentir et paraissait énormément plus exigeant. De plus, alors que j’avais travaillé toute la voie, j’ai cassé un bac inversé important qui servait à sortir du dernier repos pour attaquer la section sommitale. J’y suis retourné quelques jours plus tard mais je n’ai pas trouvé de nouvelle méthode qui me permettait de passer.
Il fût décidé de laisser le bac arraché, tel quel ; inexistant (ndlr c.-à-d. de ne pas le recoller). A mon grand désarroi, et malgré tous les efforts investis, j’ai alors abandonné ce projet. Mais j’ai appris par la suite qu’il y avait un petit mono sur la gauche qui permettait de quitter la position du repos. J’ai donc essayé mais je ne pouvais rentrer que ma première phalange dans la prise. De plus, je pouvais à peine faire le mouvement et quand bien même j’arrivais à mettre le doigt dans ce mono, c’était pareil, je ne pouvais pas tirer dessus pour faire le mouvement suivant. J’ai cependant réalisé qu’il s’agissait d’un problème de force, plus que de technique ; et ma ténacité a pris le relai. Sous les conseils avisés d’Andrea Cartas, qui m’entraîne à la FMM (ndlr Fédération Madrilène de Montagne), nous commençâmes alors un travail spécifique pour résoudre cette séquence de trois mouvements à priori impossible. Je me suis donc entrainé à la salle, notamment en reproduisant les mouvements en question. J’ai aussi fait des exercices spécifiques pour fortifier ma jambe – et ainsi me permettre ainsi de mieux me reposer tête en bas, ma fermeture de bras pour pouvoir mieux valoriser l’inversée en sortie du repos et la force dans les doigts pour être plus efficace dans la section de rési finale à trous. Au final, il aura fallu des mois de travail, d’essais et même de lésions dans le fléchisseur du pied à force de tirer dessus au repos, avant que, grâce à un état de forme inespéré, je puisse enfin parvenir au relais.
Je dis cela parce qu’à ce moment je n’avais pas été à la Cueva pendant plusieurs semaines. J’avais passé du temps à grimper à la Visera des Riglos, au secteur El Yelmo à la Pedriza et à El Torreon à Galayos. Et je pensais que dans ma tête ces nouvelles voies auraient un peu effacé ma mémoire du projet. Je m’étais dit qu’il me faudrait sans doute un ou deux jours pour me roder à nouveau dedans et retrouver le bon rythme. Après l’échauffement j’ai donc décidé de faire une montée, simplement pour repérer de nouveau les prises et les mouvements. L’idée était donc de ne pas me fatiguer outre mesure et de ne pas perdre trop de force, après tant de temps éloigné du projet. Mais finalement, je me suis senti bien dans la première partie et je pouvais récupérer assez facilement à chaque repos, je décidais donc de continuer pour demander sec un peu plus haut que prévu. Et je me suis ainsi retrouvé au dernier repos, où d’habitude je n’ai pas d’autre choix que d’utiliser au mieux mon pied pour essayer de regagner un peu d’afflux sanguin dans les bras, pour pouvoir repartir dans la section finale avec un maximum de force et de tout mon cœur. Et cette fois, pour la toute première fois, j’arrivais enfin à faire ce terrible mouvement mono-inversée-mono dans l’enchaînement. Je n’y croyais pas. Je l’avais fait ! Ou plutôt, je ferai la voie, si seulement j’arrivais à enchaîner le reste de cette dernière section inhumaine, extrême, qui mène au relais. Cette fois tout me paraissait plus aléatoire que d’habitude, mais j’avais déjà travaillé cette section de très nombreuses fois, daubé, avec les coudes levés. Après avoir fait le crux, je me sentais drainé et asphyxié mais, de fait, je savais aussi que je pouvais accélérer et conclure cette section plus ou moins en apnée. Et finalement, tout s’est bien déroulé, je me suis retrouvé au relais et l’enchainement était devenu une réalité. Après un hiver entier à lutter, j’avais enfin enchaîné mon projet.
“El Excusometro” est un cap important pour toute les personnes ayant un handicap, pas simplement un accomplissement personnel. Le vrai accomplissement réside plus dans le fait de découvrir que les limites sont plus loin qu’on ne le croyait. Cela revient à faire sauter une barrière de plus et à revendiquer un espace que toutes les personnes handicapées méritent en montagne.
-Il semble que tu as une vie bien occupée entre ta famille et ton travail. Comment as-tu trouvé du temps pour te consacrer à un projet aussi exigeant ?
Ça a été exténuant. Ma situation familiale, avec mes deux filles, me laisse peu de temps libre. Et à cela s’ajoute mon travail qui m’amène à voyager énormément et donc à passer beaucoup de temps loin de la maison. Je dois me débrouiller pour trouver du temps pour m’entrainer dans les périodes plus calmes, après les repas par exemple ; et quand je voyage, je repère toujours au préalable la salle la plus proche. Mais j’ai essayé de maintenir, autant que faire se peut, un rythme de trois séances de salle par semaine, plus un ou deux jours sur caillou.
Je souhaiterai profiter de l’occasion qui m’est donnée ici pour préciser que ce succès n’a pas été seulement possible grâce à mes seuls efforts mais aussi grâce aux sacrifices de ma famille et particulièrement de ma femme Esther qui a du s’occuper de nos filles de très nombreuses fois pendant que j’étais dehors à grimper. C’est elle, en réalité qui a permis cette ascension.
Est-ce que tu recherches toujours des projets qui correspondent à tes points forts (des gros dévers par exemple) ou au contraire, est-ce que tu te fixes parfois volontairement des défis dans des voies qui ne sont pas ton style de prédilection ?
Oui, c’est correct. Je me déplace plus facilement sur des terrains plus déversants puisque c’est un style qui me permet une plus grande liberté de mouvement sur le rocher. Ce sont des voies que je peux généralement grimper en tête sans problème et qui sont donc de potentiels projets. Néanmoins, j’aime tous les styles de grimpe, comme sur granite par exemple où les dalles, fissures etc. constituent souvent des défis intéressants.
-Peux-tu nous parler de ta relation avec tes amis et partenaires de grimpe qui partagent le même handicap ? Comment est-ce que cela influence ta grimpe en général ?
Ça influence sans aucun doute mon escalade de manière très positive. On partage une certaine réalité, une passion et un effort commun. C’est une grande source de motivation. Urko Carmona est un bon ami, c’est une référence en matière de grimpe, de handi-grimpe et de compétition. Il a longtemps insisté pour que je m’essaye à la compétition. Pour moi, Urko est un exemple de ténacité et de fanatisme, une source d’inspiration qui fait tomber les barrières et repousse les limites.
-Tu as un secret pour être aussi fort ? Comment est-ce que tu t’entraines ?
Oui, bien sûr je m’entraine. Il n’y a rien de génétique ; tout est question de ténacité et de discipline. Andrea Cartas est la personne qui entraine l’équipe de la fédération madrilène d’escalade et par conséquent elle m’entraine également personnellement. Elle s’occupe de la planification annuelle de mes entrainements qui s’articule autour de trois séances en salle et un ou deux jours sur rocher par semaine. Ensuite, on ajuste en fonction des besoins. Par exemple, pour la préparation spécifique à l’enchainement d’”El Excusometro” nous avons travaillé pendant des mois, à base de TRX, pan Gullich et simulation de séquence en plafond pour trouver une solution au crux de la voie.
-Et pour finir, qu’est-ce que tu aimes le plus à propos de l’escalade ? Quel est ton meilleur souvenir de grimpe et ton site préféré ?
Grimper dehors suppose d’être en contact direct avec la Nature et de laisser la ville et ses artifices derrière soi. Pour profiter d’un moment de quiétude et de bonheur, on a besoin que de ses pieds et mains sur le rocher. Respirer au grand air, sentir le vent, le froid ou le chaud, c’est tout ce qu’il me faut pour passer du bon temps avec mes amis en partageant quelque chose qui nous rend tous heureux.
Je garde en particulier un souvenir impérissable de de notre ascension de “La Rabada y Navarro”, sur la face ouest du Naranjo de Bulnes, il y a de nombreuses années. C’est une des grandes voies les plus longues et exposées de la péninsule ibérique que j’ai grimpée avec Andy Chick et Dylan Fletcher. J’avais tellement de difficultés à progresser que j’ai vu notre cordée se retarder progressivement jusqu’au point où nous n’avons plus eu aucun autre choix que de passer la nuit dans le Grand Dièdre, à quelques longueurs du sommet. Chaque minute de cette ascension aura certainement été épique.
Il y a un site pour lequel le simple fait de m’y trouver me rend heureux. C’est un lieux qui possède une certaine magie et une beauté unique et où j’ai passé de très bons moments à randonner, à me baigner dans des vasques, à grimper, à danser et faire la fête. Il s’agit de Rodellar.
Voici une vidéo avec des belles images d’Ivan dans la voie; et une autre ici montrant Ivan grimpant en compétition et en falaise en compagnie d’autres grimpeurs amputés.
About a year ago, Ivan German, a Spanish climber who lives in Madrid, sent his first 8b. The performance went almost completely unnoticed , which, by today’s standards of what is newsworthy, makes sense; but not when you know that Ivan is an above-the-knee leg amputee. He took the time to answer some questions regarding this recent send and his approach of climbing in general.
-Could you introduce yourself? What’s your professional situation?
My name is Ivan German and as far as I remember, I’ve always had a passion -for climbing. I am 45 years old, I share my life with my partner, Esther and my two daughters. I have a full time job that requires a lot of traveling, but I’m more fanatic about climbing than I ever was. I live in Madrid, and I go climb outside within a 1 ½ hour drive radius so that I have time to get there, climb and come back early enough to enjoy the rest of the day with my family.
I work as an engineer for a prosthetics company where I specialize in upper and lower limb prosthetics. I am myself an above-the-knee amputee so it’s a chance for me to improve the life of people with a similar disability.
-How did you start climbing and how long have you been climbing?
I started going outdoors in the mountains with assiduity when I was 17. I used to go, backpacking, ice climbing, sport climbing, canyoneering, basically anything that could be an opportunity to be outside in the mountains. Since then, I never really left the mountains. Although my activities shifted mostly towards single-pitch climbing with occasional multi-pitch and/or trad climbs, particularly since my amputation, back in 1996.
-Have you always climbed one-legged?
I started climbing before I lost my leg. When I was 23, I was involved in a motorcycle accident, which resulted in the amputation of my left leg above the knee. I started climbing again as soon as I could, but my other leg was fractured in the accident and needed time to recover too. This was all possible thanks to the help and support of my climbing partners.
-Could you describe how that makes your climbing different than the average abled climber?
The main difference is obvious, I only climb on a three contact points base, so this clearly affects balance and the way I move up the wall. So for me, more than for average climbers it is the type of rock (granite usually requires more foot smearing for instance), the features (chimneys, dihedrals, cracks etc.) and the angle (slab, vertical, overhanging) that define what constitutes a challenge.
-What’s the most challenging part about climbing one legged?
The biggest challenge, compared to an abled climber comes from the lack of counterweight and balance. Being one-legged it is difficult to position your center of gravity where you’d like to. With your one foot on the wall you do not have the possibility to move your other leg freely for balance and motion generation. So, in my case it is sometimes very costly to generate movement in the right direction. And of course some movements are intrinsically hard, if possible at all, such as corner moves, moving your foot off of underclings or slab moves on granite for instance.
-So, that 8b you recently sent, tell us about it. What is it called and where is it? What is the route like, could you describe what the crux is for you?
The route is called El Excusometro. It was bolted by Javier Tamayo and it is located in the cave of Arenal, next to Segovia. The route is on a pronounced overhang and features an abundance of large powerful moves, with many jugs, particularly in the first third of the climb. This first part, consists in several hard sections separated by rests, where knee-bars allow you to catch your breath. In the middle section, a good knee-bar allows for a no-hands rest, in an upside-down position, which is followed by a very distinct crux, a gaston move on your left hand. Then you get a better rest and this middle section ends with a sequence of pockets and slippery foot-holds –which I campus– that lead to the final crux of this part and a last bat-hang rest. From there starts the real crux of the route, a 12-move-long sequence on mini-jugs, with two clips along the way. This last sequence, off the bat-hang/toe-hook rest is what demanded the most effort and dedication from me. In particular, a 3-move sequence with a toe hook took alone took several months of work both in the route and at the gym before I was even able to do the moves.
-How did you decide to start trying it?
I like having long term projects, it motivates me. And that time, I wanted my project to be, not only a breakthrough for myself in terms of grade but also a milestone for disabled people in general, to give more visibility to the whole adaptive climbing and mountaineering community.
The “Cueva”, as we call it, combines some pre-requisites for my type of one-legged climbing. I was immediately fascinated by the line of this route, which meanders along major overhangs and roofs. In fact, I could barely do any of the moves the first time I tried the route, but I was still amazed by it.
-How much effort did it take you and how did you feel right after the send?
I made quick progress on the hard sequences in the first and middle parts, until I could get to the final boulder problem with a certain freshness. So, I soon gave it many tries where I fell in the upper boulder problem. But eventually the process felt like it was really slowing down and turned out tremendously demanding. At some point after I had the whole route really dialed in, I even broke a key jug above the last rest that led to the final problem. I returned a few days later but couldn’t figure out a new sequence.
It was decided to leave the route like that, with the broken jug “non-existent”. Much to my dismay, I then abandoned that project but I later learned that there was a small one-finger pocket that allowed leaving the rest to the left instead of using the now-absent jug. I tried that beta but I could only fit one pad in that pocket, so I couldn’t really grab on to it and even if I did, it felt like I couldn’t pull off it. So I reckoned it was a strength issue rather than technique; and tenacity started taking over. Under the advice of Andrea Cartas, my trainer at the FMM (Mountaineering Federation of Madrid), I started doing some specific training to resolve this three-move sequence that seemed impossible. I was training at the gym, simulating the moves of this final sequence that led to the chains. The goals were to gain strength in my leg –to allow me to better rest in the bat-hang position, as well as in my biceps and my fingers to make the best of the key undercling hold that I use to reach the first one-finger pocket and for the finger strength required in the last pocket sequence that follows. Months of effort, attempts and lesions in my foot flexor due to the unusual resting stance were necessary to keep getting closer and closer to the top until the day I finally benefited from an unexpected good shape to send.
I say this because I hadn’t been to the crag in several weeks. Instead I climbed in other places, like the Visera in the Riglos, El Yelmo at La Pedriza and El Torreon in Galayos. And I thought that perhaps in my head the memories of my project would have been over printed by those new climbs, I was certain that when I’d come back it would take me a couple of days to get familiar with the climb again and sort of get the rhythm of it back. But after warming up, I decided to go up it, just to remind me of the foot and hand sequences. The idea was to go bolt to bolt, and not get too tired and lose too much power after so much time not climbing in it. But I found myself able to recover pretty well on each rest. So I decided to postpone my “take” to higher up in the climb. And so that led me to the final rest, where normally I would use my foot as much as possible to bat-hang and get some blood flow in my arms in order to harvest as much power as possible and try the last crux sequence with all my heart. But for the first time –and I really mean for the very first time– I finally did the mono-undercling-mono sequence on point, from the ground. I couldn’t believe it. I did it. Or rather would do it, if I could keep punching through the insanely hard boulder problem that guarded the chains. Except this time, things were less under control. However; I had already worked that sequence countless times, exhausted, with chicken wings. So, after I had done the crux, I was tired of course; I felt drained and almost asphyxiated, but I knew that I could still do this last bit without catching my breath, because like I said, I had done it before. And everything flowed. At last the chains stood before me and the send had become a reality. After a whole winter of effort I had sent my project.
“El Excusometro” is a milestone for disabled people, not a mere personal achievement. The real achievement is knowing that the boundaries are actually much further than we thought. Sending a route like that is like taking down one more barrier and claim a place that all people with disabilities deserve in the mountains.
-It seems that you have a pretty busy life between family and work. How did you manage to find the time to work on such a demanding climb? Was it time consuming?
It was exhausting and grueling. My current situation, with my two daughters, leaves me little time to climb. And this adds to my work, which keeps me very busy and often away from home with quite a lot of traveling involved. I try to use every possible time slot in my schedule to make the best of it. So, I often go train early in the morning or during my lunch break, and when I’m planning on traveling, I always look up where the nearest climbing gym is going to be. I tried, as much as possible, to keep training indoor three times a week, and to go climb on real rock once or twice a week. So, I would like to emphasize here that this was not only possible thanks to my efforts but also thanks to great sacrifices from my family, and particularly my wife, Esther who had to watch the kids when I was out climbing. It is her who actually made this possible.
–All climbers have strengths and weaknesses. This is more obvious when you’re missing a leg. Do you always try to find routes that suit your strengths or do you sometimes voluntarily accept the challenges of, say, slaby routes?
This is true. I usually move more easily through steep terrain. And so these kind of routes are the ones that provide me the most freedom on the rock and also the kind where I have no problem leading, and thus, that can become potential projects. However, I like all kinds of climbing and, for instance, granite slabs, cracks and so on always feel like fun and interesting challenges.
-What is your relation with your climbing friends/partners who share the same disability? Does that help and/or influence your climbing?
It definitely has a positive influence. We share a common reality, a passion and a common endeavor. It’s very motivating. I’m good friends with Urko Carmona, who is without a doubt a reference for adaptive climbing both on rock and in competition. He insisted for long time that I should start competing. For me, he sets an example as a fanatic by pushing our boundaries and breaking our limitations; it’s inspirational.
-What’s your secret for being so strong, do you train? If so what do you do?
Of course, I don’t believe in any genetic pre-disposition. For me, it all comes down to tenacity and discipline. Andrea Cartas, as the FMM coach, is my trainer. She schedules my yearly training plan based on three weekly indoor sessions and one or two days on the rock. Then we refine that depending on specific needs. For example, when I was training for EL Excusometro, we did months of specific exercises to solve the crux before the chains. That included lifting weights, TRX, campusing and a crux simulator in a roof.
-Finally what are the things you love most about climbing outside, what is your best climbing memory and your favorite crag?
Climbing outside means being in direct contact with Nature, leaving the city and all artificial things behind. All that’s required to enjoy a moment of peace and joy is your mere hands and feet against the rock. Breathing fresh air, feeling the wind, the warmth and cold alike, sharing fun times with friends are the simple things that make us all happy.
I have this vivid memory of climbing “La Rabada y Navarro” in the western face of El Naranjo del Bulnes several years ago, one of the longest and most exposed multi-pitch climbs of the Iberian peninsula, which I then climbed with Andy Chick and Dylan Fletcher. I was so sluggish that I kept delaying our team, to the point where we had no choice but spend the night in the Gran Diedro, a few pitches from the top. Every minute of this climb was epic for sure.
There’s a place in particular where the simple fact of being there makes me feel absolutely content. It’s a place that has some magic and a unique beauty, a place where I’ve had a lot of fun hiking, bathing in swim holes, climbing and dancing at parties. And that place is Rodellar.
If you want to see what the route looks like, check out this really cool video, or this one showing Ivan and his friends climbing both in comps and outdoors.