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Laura Pineau Wet Lycra Nightmare - crux 8b
Amérique du Nord / North America Big Wall Performances

Yosemite: Laura Pineau s’offre Wet Lycra Nightmare 8b, 270m! – Yosemite: Laura Pineau ticks Wet Lycra Nightmare, 8b, 270m! (+ intw)

  • 09/12/2025


Après avoir bouclé le Triple Crown ce printemps, Laura Pineau, la plus californienne des grimpeuses françaises vient de réaliser un nouvel exploit, avec une répétition en 3 jours d’une des grandes-voies sportives les plus exigeantes de la vallée du Yosemite, « Wet Lycra Nightmare » (8b, 270m) au Leaning Tower, un challenge granitique déversant particulièrement soutenu qui depuis sa première ascension par Todd Skinner (2004) a connu assez peu de répétitions en deux décennies. Et pour cause ! C’est complet, bloc, aléatoire, soutenu, engagé… Retour avec Laura sur cette nouvelle réalisation !

Salut Laura, quoi de neuf depuis le Triple Crown ? De nouveau au Yosemite ? Qu’est-ce qui fait que cet endroit est si spécial pour toi, au point d’y passer presque tout ton temps libre ?
Après le Triple Crown en Juin dernier, j’ai passé encore plusieurs mois au Yosemite. C’est un endroit qui m’attire profondément : l’ambiance de la vallée, les gens qu’on y rencontre, le rythme de vie simple et totalement tourné vers l’escalade… tout ça crée quelque chose de vraiment unique. On s’y sent vite chez soi. J’y ai passé sept mois cette année, c’était vraiment mon “année Yosemite”.
Actuellement je travaille sur la production de notre film sur la réalisation du Triple Crown qui sortira à Montagne en Scène en avril 2026.

Laura Pineau Wet Lycra Nightmare


Décris-nous « Wet Lycra Nightmare » et l’ambiance au Leaning Tower. Une fissure de 270 m, une dalle exposée, un trou qui a ruiné quelques tibias, des toits… Ça a l’air de pencher sévère ! Une ancienne voie d’artif transformée en grande voie sportive ?
« Wet Lycra Nightmare », c’est une voie de 270 mètres qui remonte la face de la Leaning Tower, un mur tellement déversant qu’on a parfois l’impression d’être suspendu dans le vide. L’ambiance y est unique : de l’air partout, une cheminée, des chauve-souris dans les fissures, des mouvements puissants, et un granite qui demande de tout maîtriser — dalle, fissures, bloc, cheminée finale.
C’est effectivement une ancienne voie d’artif qui a été libérée en 2004, et aujourd’hui c’est une grande voie sportive et trad moderne, engagée, avec beaucoup de caractère. On n’y trouve aucune longueur « de repos ». Entre le crux en 8b, les quatre longueurs en 7c+, c’est une ligne qui ne pardonne aucune erreur.

Comment en as-tu entendu parler et pourquoi avoir choisi ce challenge ?
J’ai découvert la voie pendant le festival Arc’teryx à Squamish, en regardant un film de Samuel Crossley sur l’ascension de Jordan Cannon et Sam Stroh. Leur histoire m’a vraiment touchée, et le mouvement culte du “chicken wing” à 600 mètres du sol m’a marqué. J’ai su immédiatement que je voulais tenter cette voie un jour. Elle correspondait exactement à ce que je cherchais : un défi complet sur granite, technique, physique, mental et symboliquement fort.

Peux-tu nous parler des longueurs et des difficultés, qui semblent très soutenues ? Todd Skinner, premier ascensionniste estimait déjà le crux, un violent pas d’épaule, à V9…
Les longueurs sont toutes soutenues. Le 8b comporte un pas de bloc très violent : une mauvaise pince main droite, une descente de la main gauche en paume, un mouvement explosif où on perd les pieds… c’est un V9 très pur, très exigeant. Et même après ce pas, il reste un jeté final où il faut vraiment y aller. Une seule hésitation, et on tombe. Les deux 7c+ qui suivent sont également très durs physiquement, surtout après le 8b où on a déjà laissé beaucoup d’énergie. Il n’y a aucune longueur “facile” : tout demande de la précision, du calme et un engagement total.

T’es-tu préparée spécifiquement, notamment en bloc ?
J’aurais aimé — mais j’ai eu une grosse chute à vélo en juillet qui m’a blessée à l’épaule pendant deux mois. Impossible de préparer le projet comme je l’aurais voulu. J’ai repris la grimpe avec peu de force, mais une motivation énorme.
Du coup, je me suis préparée directement dans la voie : en grimpant doucement au début pour laisser mon épaule guérir, puis en enchaînant les séances jusqu’à retrouver de la puissance. J’ai tout construit sur place, au fil des jours.

Laura Pineau Wet Lycra Nightmare


Comment s’est passé le travail ? Le push ? Tu l’as fait dans la journée, ce qui n’est pas le cas de tout le monde apparemment ? Le crux ne t’a pas trop demandé d’essais ?
J’ai travaillé la voie pendant six semaines, sur un total de dix-sept jours. C’était long, intense, parfois décourageant. Le 8b m’a pris du temps au moment de l’ascension : quinze essais au total avant de l’enchaîner.
Le push final, je l’ai fait en trois jours, et non en une seule journée — et heureusement ! Le premier jour, j’ai progressé jusqu’au 8b. Je n’ai pas réussi à le faire donc au bout de 5 essais je décidé d’arrêter pour ce premier jour et de redescendre à l’Awahnee Ledge. C’est à ce moment-là en regardant ma montre Coros que je vois que j’ai brulé 4 700 calories sur ce premier jour. Je décide de beaucoup manger pour bien récupérer pour le lendemain matin. Le deuxième jour a été un crux mental énorme : dix essais dans le 8b juste ce jour-là, avec un énorme moment de doute après avoir glissé dans un passage que je n’avais jamais raté.
Le troisième jour a été magique : j’ai tout enchaîné jusqu’en haut, y compris la cheminée finale où je me suis retrouvée bloquée plus d’une minute avant de réussir à me hisser dedans.
Donc non, rien n’a été “facile”. Ça a été une bataille du début à la fin — mais une bataille magnifique.

Tes prochaines aventures ? Au Yosemite ? En France ? Century Crack ? Crown Royale ? Une grande voie avec Sasha ?
Pour l’instant : retour en Europe ! J’ai envie de grimper en France et en Italie, de retrouver la bonne nourriture, les falaises du Sud…

Photos : Logan Calder

Laura Pineau Wet Lycra Nightmare - sommet


After completing the Triple Crown this spring, Laura Pineau, the most Californian of French climbers, has just achieved a new feat, repeating one of the most demanding multi-pitch sport routes in Yosemite Valley, “Wet Lycra Nightmare” (8b, 270m) at Leaning Tower, a particularly sustained overhanging granite challenge that, since its first ascent by Todd Skinner (2004), has seen relatively few repeats in two decades. And for good reason! It’s complete, bouldery, unpredictable, sustained, committed… Let’s catch up with Laura on this new achievement!

Hi Laura, what’s new since the Triple Crown? Back in Yosemite? What makes this place so special to you that you spend almost all your free time there?
After the Triple Crown last June, I spent several more months in Yosemite. It’s a place that deeply attracts me: the atmosphere of the valley, the people you meet there, the simple pace of life that is totally focused on climbing… all of this creates something truly unique. You quickly feel at home there. I spent seven months there this year; it was really my “Yosemite year.”

I’m currently working on the production of our film about the Triple Crown, which will be released at Montagne en Scène in April 2026.

Describe “Wet Lycra Nightmare” and the atmosphere at Leaning Tower. A 270-meter crack, an exposed slab, a hole that has ruined a few shins, roofs… It looks pretty steep!
“Wet Lycra Nightmare” is a 270-meter route that climbs the face of the Leaning Tower, a wall so overhanging that you sometimes feel like you’re suspended in midair. The atmosphere is unique: air everywhere, a chimney, bats in the cracks, powerful moves, and granite that requires mastery of everything—slabs, cracks, boulders, and a final chimney.

It is actually an old aid route that was freed in 2004, and today it is a long, modern, challenging sport and trad route with a lot of character. There are no “rest” pitches. Between the 8b crux and the four 7c+ pitches, it is a route that does not forgive any mistakes.

Laura Pineau Wet Lycra Nightmare - vire sous le crux


How did you hear about it and why did you choose this challenge?
I discovered the route during the Arc’teryx festival in Squamish, while watching a film by Samuel Crossley about the ascent by Jordan Cannon and Sam Stroh. Their story really touched me, and the cult “chicken wing” move 600 meters above the ground made a big impression on me. I knew immediately that I wanted to try this route one day. It was exactly what I was looking for: a complete challenge on granite, technical, physical, mental, and symbolically powerful.

Can you tell us about the pitches and difficulties, which seem very sustained? Todd Skinner, the first climber, already estimated the crux, a violent shoulder move, at V9…
The pitches are all sustained. The 8b has a very violent bouldering move: a bad right-hand pinch, a left-hand palm down move, an explosive move where you lose your feet… It’s a very pure, very demanding V9. And even after that move, there’s a final jump where you really have to go for it. One hesitation and you fall. The two 7c+ pitches that follow are also very physically demanding, especially after the 8b where you’ve already expended a lot of energy. There are no “easy” pitches: everything requires precision, calm, and total commitment.

Did you prepare specifically, particularly with bouldering?
I would have liked to, but I had a bad bike accident in July that injured my shoulder for two months. It was impossible to prepare for the project as I would have liked. I resumed climbing with little strength, but enormous motivation.

So I prepared myself directly on the route: climbing slowly at first to let my shoulder heal, then doing session after session until I regained my strength. I built everything up on the spot, day by day.

Laura Pineau Wet Lycra Nightmare


How did the work go? The push? Did you do it in one day, which apparently isn’t the case for everyone? Did the crux take too many attempts?
I worked on the route for six weeks, over a total of seventeen days. It was long, intense, and sometimes discouraging. The 8b took me a while to climb: fifteen attempts in total before I managed it.

I made the final push in three days, not just one—and thank goodness! On the first day, I progressed to the 8b. I couldn’t do it, so after five attempts, I decided to call it a day and climb back down to Awahnee Ledge. That’s when I looked at my Coros watch and saw that I had burned 4,700 calories on that first day. I decided to eat a lot to recover well for the next morning. The second day was a huge mental crux: ten attempts at 8b that day alone, with a huge moment of doubt after slipping on a passage I had never missed before.

The third day was magical: I made it all the way to the top, including the final chimney where I got stuck for over a minute before managing to pull myself up.

So no, nothing was “easy.” It was a battle from start to finish—but a magnificent battle.

Your next adventures? Yosemite? France? Century Crack? Crown Royale? A big route with Sasha?
For now: back to Europe! I want to climb in France and Italy, enjoy good food again, the cliffs of the South…

Photos: Logan Calder

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