Introduction
La recherche de la haute difficulté en escalade lors de cette dernière décennie via des mentors comme Adam Ondra, Chris Sharma ou encore Seb Bouin a accentué un phénomène de mode pour l’après-travail extrême en falaise. Cette tendance a eu des effets bénéfiques sur l’évolution de notre activité, puisque les limites de l’extrême ont été repoussées avec l’apparition des premiers 9b+ confirmés (“La dura dura”, “Perfecto Mundo”) et du premier 9c du monde de l’escalade avec “Silence”. En parallèle les méthodes d’entrainement et les artifices (comme l’apparition des genouillères) permettant d’améliorer la performance se sont perfectionnés. Les grimpeurs ayant atteint le 9ème degré se comptent maintenant par centaines. Et encore plus qu’avant, les grimpeurs du monde entier annoncent se coller des chantiers, voguent de projets en projets avec des processus allant de plusieurs jours à plusieurs mois, voire années. La quête de l’extrême n’a jamais été aussi effective. En vacances, à l’étranger, les terrains de jeux étant plus loin, beaucoup optent alors pour des chantiers à N-1 ou N-2 et du après-travail rapide, permettant de remplir le carnet de croix sur une courte période, et ainsi comme souvent entendu au retour de trip, « rentabiliser » son séjour. D’autres s’entraînent et tentent de se coller à un projet ultime, loin et difficile, avec un challenge proche de leurs limites. Mais dans tout cela, une question se pose : où est passé le à vue en milieu naturel ?
Discipline reine des années 80 et 90, définie par beaucoup de nos pionniers comme l’essence de l’escalade ; nous avons en effet l’impression que la pratique du vue s’estompe peu à peu année après année. Pourtant la pratique du à vue est fort riche, et tous les paramètres qui constituent les épices de l’escalade y sont réunis : la lecture du caillou et la prise d’informations, la rapidité de la prise de décision, le rythme, l’importance de la respiration, la qualité du répertoire technique à travers les méthodes parfois abracadabrantes tentées ou employées, l’exigence de précision gestuelle, la part non négligeable réservée à l’intuition, la confiance en soi et l’intensité de l’effort mental correspondant à l’incertitude liée à la réussite qui souvent s’achève une fois le relais clippé…
Même si Alex Megos a proposé le premier 9a à vue de l’Histoire de l’escalade avec « Estado critico » en 2013, immédiatement imité par Adam Ondra, le temps des incroyables exploits réguliers à vue de Katie Brown, d’Elie Chevieux ou de Yuji Hirayama nous semble maintenant assez lointain. Essayons de dégager quelques causes.
La place de l’incertitude
Premièrement, cette baisse d’intérêt du à vue en milieu naturel est probablement le reflet de notre volonté actuelle de toujours tout contrôler et de laisser une place réduite à l’incertitude. Et ceci est mis en exergue aussi dans notre recherche de performance proche de nos limites. Il est vrai que des tentatives à vue dans des voies extrêmement exigeantes dénotent une part de chance. Adam Ondra l’avait mis en évidence en parlant de « pression » après sa réalisation de “Il domani”, un des premiers 9a à vue de l’histoire en 2014 après se l’être gardée pendant 3 ans. Ces derniers temps Adam avait préféré se frotter d’avantage à des flashs avec par exemple des tentatives dans “Supercrackinette” ou “Biographie”. Le contre exemple étant peut-être sa réussite de “Just do it” (peut-être pas si proche de ses limites) ou encore son premier 8c à vue au Franken, expliqué comme un run limpide où tout s’est passé comme sur des roulettes, laissant peu de place au doute. Chez les filles, Janja Garnbret a réalisé du 8c flash à Santa Linya il y a quelques années, il serait intéressant qu’elle essaie des voies de ce niveau à vue.
Cette tendance se retrouve dans les mœurs dans la communauté grimpante : aujourd’hui quand on essaie une voie un tant soit peu difficile, on a tendance à plutôt à s’échauffer à vue, puis ensuite “monter les dégaines”, on ne pense même plus forcément à « tenter à vue ». Force est de constater que le après travail concentre la majeure partie de la pratique en falaise et on compte beaucoup plus de réalisations dans le 9a+ que dans le 8b+ ou le 8c à vue si on reprend l’exemple du haut-niveau. Couplée à l’exigence importante de l’exercice, où il faut être fort, inspiré et chanceux à l’instant, les grimpeurs se tournent de manière plus générale vers un processus plus long, mais plus confortable car à l’issue plus certaine : le après-travail où on peut retenter sans fin jusqu’à la réussite, où chaque échec est source de progrès, notamment dans l’amélioration de sa mémoire musculaire. Car c’est bien le problème du à vue : arriver à relativiser chaque échec en faisant le deuil de la voie ratée.
Et puis quand on a tenté toutes les voies de notre niveau sur nos falaises locales, il faut aller de plus en plus loin pour en tenter ou alors attendre de progresser. Compliqué, pas forcément très écolo. Et puis pour avoir une idée de la valeur de son niveau à vue, il est préférable de s’essayer dans des voies classiques et reconnues. Peut-être est-ce la voie ?
Le rôle des vidéos et des média
L’augmentation considérable d’informations et de détails disponibles sur internet sur les voies d’escalade ont littéralement explosé cette dernière décennie. La mise en ligne de vidéos, de photos, et d’informations sur les voies de tout les niveaux (par exemple le détail de voies énoncé dans des bases de données en ligne comme sur 27 crags ou 8a.nu) sur toute la planète, très pratiques pour organiser un voyage grimpe mais qui enlèvent petit à petit la magie de la découverte. En bloc comme en voie, un itinéraire dont on trouve des informations sur la toile aura plus de succès qu’un autre. La part liée à la découverte ou à l’inconnu semble se réduire. Notre curiosité de grimpeur « moderne » est annihilée, le tout accentué par les phénomènes de mode. Exemple en Catalogne, alors que les falaises de Siurana ou Margalef sont surpeuplées, les tours de Montserrat restent désertes. Souvent par manque flagrant de temps mais aussi de curiosité et par facilité, les grimpeurs viennent s’entasser sur des secteurs à la mode pour faire des croix, en délaissant la découverte d’autres secteurs tout aussi majeurs, propices au à vue. L’avènement d’une grimpe consommation en milieu extérieur où la découverte tend à se limiter.
D’autre part, le fait que beaucoup de voies présentent des vidéos en ligne limite le fait de pouvoir les essayer à vue. On saluera l’honnêteté des grimpeurs qui rétrogradent leurs performances à vue en flash après avoir reconnu avoir visionné une vidéo ou avoir eu connaissance d’informations importantes sur la voie avant de la tenter.
Enfin, médiatiser une réalisation à vue est aussi plus difficile pour un athlète. Difficile de capturer une vidéo proposant une tentative réussie comme Adam Ondra et Bernardo Gimenez avec “Mind Control” ou “Il domani” par exemple et de retranscrire dans un truc qui claque médiatiquement. En tant que média, nous avons plus ou moins consciemment un rôle à jouer dans cette histoire, car plus ou moins consciemment nous nous faisons de moins en moins l’écho de belles performances à vue par manque d’informations, ou car l’exercice n’est pas facile, risquant de tomber dans la banalité. Il est plus facile de faire rêver avec une perf après-travail, une belle histoire et un chiffre plus élevé.
Une éthique assez vague
Ensuite, l’éthique liée au à vue est aussi assez floue et force est de constater que les pratiques fluctuent. Concernant l’observation, certains annoncent des à vue après avoir assuré leur partenaire dans la voie juste avant, d’autres se l’interdisent. Certains repèrent la voie en rappel ou en regardant les prises en descendant de la voie voisine, d’autres se l’interdisent. Certains se comptent des voies à vue après avoir été présent auparavant quand quelqu’un montait dedans, d’autres évitent de regarder quand c’est le cas. Et quid des dégaines ? En place ? Pas en place ? Des encouragements orientés, plus ou moins conscients ? Tickets de magnésie disposés sur des prises clés difficiles à voir/à attraper ? Tout ce flou éthique contribue parfois à relativiser des performances et donc à accorder moins d’importance dans une réalisation à vue.
L’impact de l’indoor
Enfin, l’essor de l’escalade en salle ces dix dernières années n’est pas étranger à cette tendance. Alors certes, il reste l’épreuve reine du à vue sur les compétitions nationales et internationales pour les demi-finalistes et finalistes, mais cela ne concerne qu’une minorité. Et puis les conditions du à vue ont été modifiées car depuis quelques années les compétiteurs peuvent lire leur voie de finale avant de rentrer en isolement, avant de nous jouer un simulacre de lecture après la présentation des grimpeurs avec un jeu de mauvais acteur… En milieu naturel le grimpeur lambda a tendance à reproduire les routines de ce qu’il fait en indoor. Il essaie de réinvestir en falaise le fruit de son entrainement en salle. Comme en salle les voies sont généralement renouvelées peu régulièrement en raison de la logistique que cela impose (ouvreurs, nacelles, nettoyage de prises), le pratiquant a tendance à grimper dans les mêmes voies de semaine en semaine, de mois en mois, voire d’année en année. Les espaces permettant des dictées ou des ateliers de création sont souvent réduits et peu favorisés par les moniteurs, surtout dans les niveaux intermédiaires. L’ensemble de ces facteurs limitent le travail et le développement de la pratique à vue qui se résume à une poignée d’essais le jour de la réouverture du mur. Du coup, à quoi bon en tenter à la falaise puisque ce n’est pas réellement ancré dans nos Habitus ?
De plus, grâce à l’explosion du marché des salles indoor, nous sommes entrés cette dernière décennie dans l’ère de l’escalade consommation avec un profil de pratiquant bien défini. Réaliser une perf à vue, c’est tenter, prendre le risque de tomber dans le mouvement, clipper tardivement ou sauter une dégaine, engager au dessus du point. Tout donner ! Cette notion peut être appréhendée comme une prise de risque, voire de danger étant donné qu’en salle nous avons un espacement de points d’ancrages normés, beaucoup plus rapprochés qu’en milieu naturel. Certains répondront : pourquoi tenter de se blesser ou de vivre une expérience traumatisante ? Difficile quand on vient de la salle de prendre confiance et de grimper complètement libéré à vue en milieu naturel.
Ces aspects confortent le pratiquant à s’orienter vers le après-travail, en fonctionnant avec un méthode d’essai-erreur, feedback et de segmentation des itinéraires essayés pour isoler les parties difficiles afin de finir par les surmonter, puis de les enchaîner et de réussir la tentative. Cela permet au pratiquant de trouver un réel bien-être à travers une dépense physique et de rester dans une zone de confort et de détente, nécessaire après une journée de boulot. Le problème est que cette vision relativement quantitative de l’escalade, souvent sans avoir intellectualisé ou compris les progrès réalisés dans les passages ne lui permet pas de réinvestir correctement les expériences vécues afin d’être performant pour de l’escalade à vue, nécessitant de grosses capacités d’adaptation dans une situation d’urgence temporelle sur un seul essai. La quête de l’expertise à vue demeure le fruit d’un processus long et besogneux : une voie empruntée de plus en plus marginalement.
L’influence du bloc
En escalade de bloc en milieu naturel, le à vue a quasi disparu du langage courant ou n’a jamais réellement existé. Le premier essai est appelé communément flash. La recherche de méthode par soi-même au pied du problème pour gravir le bloc en un essai est une modalité de pratique plutôt réservé à l’escalade de compétition.
Les meilleurs spécialistes mondiaux tentent de flasher des blocs de plus en plus difficiles avec des démos, des vidéos, des informations très précises sur des méthodes, après avoir touché certaines préhensions. Dans leur niveau max, très peu de grimpeurs tentent de mettre un essai à vue sans indications, et puis il n’est pas évident de mettre un premier essai sans avoir quelqu’un à côté qui a essayé avant ou qui a déballé les méthodes. Évidemment cette tendance se répand aussi en falaise.
Conclusion
Il existe néanmoins une minorité de grimpeurs de haut niveau comme par exemple Adam Ondra, Piotr Schab, Cédric Lachat, Mathilda Söderlund, Klemen Becan, Steve McClure ou encore Mathieu Bouyoud qui continuent à entretenir la flamme et à pratiquer régulièrement du à vue en milieu naturel. En dehors des compétiteurs personne à notre connaissance n’en a réellement fait une spécialité à part entière et concourt à sa renommée. L’escalade à vue en falaise dans des niveaux proches de ses limites demeure un exercice exigeant, incertain, ingrat, difficile, moins ancré dans les mentalités. Jadis considérée comme l’essence de notre pratique le à vue semble en perte de vitesse depuis près d’une décennie. Nous la trouvons de moins en moins présente dans les mœurs de la communauté escalade. Espérons que le à vue reste la référence dans le format de compétition actuel en difficulté. Car si elle disparaît dans quelques temps pour satisfaire aux exigences d’un besoin Olympique, sa pratique sera peut-être bientôt cantonnée à son évocation dans les livres d’histoire… On en reparle en 2030 ?
Photo de couverture : Bernardo Gimenez
Introduction
The high-difficulty quest in rock climbing this past decade with some major actors like Adam Ondra, Chris Sharma and Seb Bouin, has seen a hype for extreme redpointing. This trend had beneficial effects on the evolution of our activity, since the limits were pushed further with the appearance of the first confirmed 9b+ (“La dura dura”, “Perfecto Mundo”) and the first 9c with “Silence”. At the same time, training methods and devices (like knee pads) have been enhancing performance. There are now hundreds of climbers who have climbed 9th grade routes. And now more than ever, climbers everywhere are advertising long-term redpoint processes on their dream-routes–processes that can often take months or even years. The pursuit of the hardest grade has never been so real in climbing. On vacations abroad, the playgrounds being further away, many climbers opt for quick redpoints, thus logging in as many routes as possible during a short period and “making the best” of their trip. Other climbers prefer to focus a single harder project, nearly out of reach and close to their limits. Given all of this, a question arises: what happened to onsight climbing?
Once a major discipline of the 80s and 90s, defined by many of our pioneers as the essence of climbing; we are indeed under the impression that onsight climbing gradually fades year after year. Yet the practice of onsight climbing is very rich, and all of the elements of climbing are there: reading the rock, getting the most information you can, fast decision-making, the rhythm, the importance of breathing, the ability to adapt your technique, the movement precision, the intuition and self-confidence needed and the intensity of the mental effort related to the uncertainty of success, which only ends once the anchor is clipped. In 2013 Alex Megos was the first climber to onsight 9a (Estado Critico). Adam Ondra quickly followed suit. But the golden age of onsighting, which included onsights by Katie Brown, Elie Chevieux and Yuji Hirayama now seems rather far behind us. Let us try to identify why that is.
The place of uncertainty
First, this drop of interest for onsight climbing probably reflects our current desire to control everything and to reduce the margin for uncertainty. This is also highlighted when our search for performance is edging close to our limits. It’s true to consider that routes that are demanding to onsight need a bit of luck. Adam Ondra spoke about “pressure” after his send of “Il Domani” one of his first 9a onsights in 2014 after saving the route for an onsight attempt for 3 years. More recently Adam favored flash attempts on “Supercrackinette” and “Biographie”. The counterexample is perhaps his success on “Just do it” (a route possibly not at his limit) or his first 8c onsight in the Frankenjura, which he climbed with perfect flow. On the women’s side, Janja Garnbret flashed several 8c’s in Santa Linya a couple of years ago. It would be interesting to witness her trying to onsight some routes in the same grade.
This is a common trend in the climbing community: when you plan on trying a hard route, you tend to start by warming up with easy onsights and then put the quick draws up on your future project, but you rarely consider giving it a real onsight attempt. Redpointing is now the main part of outdoor climbing. For example, there are more 9a+ redpoint sends compared to the number of 8b+ or 8c onsights, if we just look at the top level climbers. Given the important requirements of sending: strength, inspiration, and luck, climbers usually turn to a longer redpoint process, which is more comfortable because the end is more certain. The redpoint approach is where you can try endlessly until success, and where every failure is considered a source of progress and a chance to improve your muscle memory. On the other hand, it can be mentally difficult to deal with failure when onsighting, since you only get one shot. And it is hard to put each failure into a perspective of progress. In addition, when one has tried all the routes at a certain level at the local crags, the only option left is to go further and further away to find more routes, or progress to try to onsight harder climbs. Complicated and not exactly eco-friendly… But after all to get a better idea of your onsight level, it is better to test yourself on the classics and well-known routes. Maybe this is the way.
The role of videos and media
The considerable increase in information and details available on the internet about climbing routes has increased significantly in the past decade.
The uploading of videos, photos, and information on routes of all levels (for example, databases such as 27 crags or 8a.nu) all over the planet is very convenient for planning a climbing trip but removes the magic of discovery. In bouldering and sport climbing alike, a route that is well-documented online will be more successful than others. The appeal for venturing into unknown climbs seems to be decaying. Our curiosity as “modern” climbers is diminished by this current trend. As an example; in Catalunya, while the cliffs of Siurana and Margalef are overcrowded, the gorgeous towers of Montserrat remain deserted. Often in the optics of time-optimization and sometimes simply out of convenience, climbers cluster on fashionable sectors, rather than venture to discover other equally interesting sectors more propitious to onsighting. The advent of consumer-oriented outdoor climbing seems to be limiting our sense of discovery.
On the other hand, the fact that many routes can be watched online
limits our ability to try to onsight them. We respect the honesty of climbers
who ‘downgrade’ their first-go success to a flash rather than an onsight after
admitting having watched a video or having learned important information about
the route beforehand. In addition, advertising an onsight send is also
more difficult for an athlete. For instance, it is difficult to capture a video
of a successful attempt, such as the high-quality ones of Adam Ondra (filmed by
Bernardo Gimenez) in “Mind Control” and “Il domani”; and to
transcribe into something that has a high media value. It’s easier to redpoint
a dream route and come up with a lovely story and a higher grade.
As media, we play a role in this story, because
more or less consciously we are less and less echoing remarkable onsight
performances. This may simply relate a lack of information, or the fact that it
is a tough publishing exercise, which may quickly become repetitive and
therefore lose value.
Rather vague ethics
The ethics related to onsight climbing are also rather vague, as attested by the fluctuations of what the commonly admitted practices. Regarding observation for instance, some have claimed onsights after having belayed their partner in the line just before, while others refuse to consider it onsighting in that case. Some climbers may take a peek at the route while rappelling next to it from a neighboring line, while others find this off limits. Generally speaking, some take onsight credit despite having seen someone on the route before, while others go out of their way to avoid even looking at the climb. And what about draws or permanent gear? Should you place the draws during your attempt? What if you get accidental beta from the cheering? What about the tickmarcks on holds difficult to see/ tocatch? All this ethical vagueness sometimes make onsighting performances more difficult to compare as their value may vary and therefore results in less interest.
An indoor impact
Finally, the rise of indoor climbing over the past ten years is linked to this trend. Onsighting remains a major type of climbing on national and international lead competitions for the lucky bunch that makes it to semi-finals and finals, but this only concerns a minority of climbers. In addition, the conditions of onsight during competitions has changed. For a few years, it’s been allowed for climbers to observe the final’s route before entering isolation. The finalists then seem to act surprised during the–somehow simulated–observation that follows the climbers’ presentation; for some with a questionable acting game…What a shame.While rock climbing, the climber usually tends to reproduce the routines he implemented while training indoors. He tries to reinvest on the rock the fruits of his training. Since, in the gym, routes aren’t generally reset regularly due to logistics, the climbers practice on the same routes during weeks, months or even years. This makes it difficult to work on a diversity of climbing techniques. Climbing creativity is quite limited, especially in the routine of moderate level climbers. All of these factors limit the work and development of onsighting, which is often confined to a few tries on the day the gym is reset. So, why should climbers continue to try to onsight at the cliff if it’s not really what they are shaped for?
Due to the explosion of the climbing gym market, we seem to have entered a consumer-oriented climbing era this past decade with the majority of climbers being indoor climbers. Onsighting is based on decision taking, assessing the risk of falling with every movement. You have to deal with possibly clipping too late and potential run-outs or even end up skipping quickdraws to stay in the flow. Altogether, onsighting implies accepting the possibility of having to climb above the previous bolt into the unknown and likely outside of your comfort zone…But above all you need to give it everything you’ve got! This commitment can be seen as taking unnecessary risks. Unlike in rock climbing, at the gym, there are rules imposing a safe spacing between bolts and therefore no run-outs. One may wonder: why risk a potential injury or live a traumatic experience rather than stay safe in my comfort zone? It’s quite hard when you learned climbing in a gym to find the confidence and mind control for onsighting outdoors in a completely free state of mind.These aspects tend to keep the gym climber in his or her comfort zone and favor redpointing. It’s easier to challenge yourself in a redpoint process with a basic try and error approach combined with a segmentation of the route to isolate the difficult bits. Eventually one can link all the parts together in a successful attempt just like a musician learns how to play a part. This helps the climber find a feeling of satisfaction and accomplishment through a strenuous physical exercise all the while staying in his or her comfort zone, which can feel rewarding after a day of hard work. This relatively quantitative approach of climbing, often carried out without being aware of the technical progress rarely converts to useful skills for effective onsighting. Onsight climbing requires quick decisions that test your adaptation skills. The quest for mastering onsighting remains the fruit of a long and–seemingly–ungrateful process: a quite marginal vision.
Bouldering influence
In the outdoor bouldering game, onsighting disappeared or never really existed. In fact, the first go is often simply called flash. Searching beta on your own by simple observation of a boulder problem and its holds in the perspective of a first-go attempt is a process that is almost exclusively found in competitions. The top climbers are trying to flash harder and harder problems using all possible means, which can include demos, videos, and gathering massive amounts of beta after having felt the holds. Few climbers ever try to onsight a boulder problem at their limit without any information. And it’s hard to stay committed to an onsight when that requires avoiding all social interactions around the boulder, including friends also trying the problem and possibly spraying beta. Obviously this trend is also spreading on the sport climbing community.
Conclusion
However, there are a minority of top climbers like Adam Ondra, Piotr Schab, Cédric Lachat, Mathilda Söderlund, Klemen Becan, Steve McClure and Mathieu Bouyoud who continue to maintain the spirit of onsighting and regularly advertise hard outdoors onsight climbing. But, as far as we know, no one out there among the best climbers is truly specializing in this particular field. Onsight climbing at a level close to your limit is demanding, uncertain, tough, and is generally no longer an intrinsic part of the mental picture climbers have of the sport. Once considered the essence of climbing, onsighting seems to have lost its appeal in the past ten years or so. We find it less present in the climbing community habits. And we hope that onsight climbing will remain the standard in lead climbing competitions, because were it to disappear with the birth of the Olympic format, its practice may soon be confined to history books. Should we check again in ten years?
Cover pic: Bernardo Gimenez
SIMON
Article super intéressant, petit bémol concernant le bloc indoor cependant,
J’ai eu l’occasion de discuter avec des ouvreurs de blocs en salle privées qui regrettent la démarche inverse, avec des grimpeurs consommateurs qui ne tentent que du a vue (et du flash) et réalise peu de après-travail long.
Ici c’est le phénomène inverse, la rapidité de renouvellement des blocs dans les salles privées couplé à la très forte affluence de pas mal de salle qui, en dégradant la qualité de préhension des prises et des volumes à force de passage, encourage cette boulimie de croix rapide (les applications de réseaux sociaux sportifs avec partages des performances vont aussi dans ce sens).
J’ai l’impression aussi que le niveau et tellement monté, que les mouvement dans les blocs et les voies les plus dures deviennent extrêmement difficile à lire. La complexité des méthodes à mettre en oeuvre rend la chance de succès beaucoup plus aléatoire.