Rencontre avec Nicola Noè, un des organisateurs originels du célèbre festival international italien de bloc Melloblocco. Agronome de profession, alpiniste et grimpeur passionné, Nicola était déjà acteur lors de la première édition du festival en 2004 ! On rappelle que l’édition 2025 du festival se tiendra du 7 au 10 mai. Les inscriptions sont d’ores et déjà ouvertes !
– Peux-tu te présenter ? Depuis combien de temps es-tu impliqué dans l’organisation du festival ?
Nicola Noè, alpiniste et grimpeur amateur passionné, grand voyageur, diplômé en sciences agricoles avec un doctorat en biologie végétale et productivité des plantes cultivées, scientifique des plantes et de l’environnement. Je suis professeur associé de « botanique et arboriculture » à l’école Polytechnique de Milan et garant de la verdure, des sols et des arbres de la municipalité de Milan. Mon activité professionnelle en tant qu’agronome indépendant se caractérise par une grande attention portée à la protection du territoire et à la durabilité environnementale. Je suis passionné par l’environnement montagneux, avec de nombreux voyages et ascensions alpines, où j’ai gravi certaines des parois les plus emblématiques (la face sud de la Marmolada, le pilier central du Freney au Mont Blanc, …) et de nombreux sommets de plus de 4000 m, aux États-Unis, avec notamment El Capitan au Yosemite, le Kilimandjaro (Tanzanie), au Maroc, où j’ai escaladé à ski les sommets de 4000 m de l’Atlas. Mon exploration de l’environnement montagnard m’a conduit à ouvrir plus de 50 voies trad (jusqu’à 1000 m de haut) dans une vallée isolée des Alpes centrales (Valbodengo). Je suis également un grimpeur sportif et j’ai participé à des compétitions en plein air et en salle. Je participe à l’organisation d’événements d’escalade en plein air (par exemple le Melloblocco depuis sa première édition en 2004) et en salle (par exemple MCE Milan). Je suis également membre de Mountain Wilderness, l’association internationale pour la protection de l’environnement montagnard, depuis sa création.
– Qui a créé le Melloblocco en 2004 ? D’où vient le nom du festival ?
L’idée est née en 2003 des promoteurs Nicolò Berzi et Michele Comi (guides alpins), que j’ai rejoints quelques mois plus tard, et la première édition en 2004 a été organisée par les guides de montagne lombards. Le nom vient de Val di Mello, où se trouvent les blocs (Mello + blocs).
Le nom italien est « Melloblocco, Raduno Internazionale di Sassisti » (Melloblocco, rencontre internationale des bloqueurs), pour rappeler le nom original de cette activité d’escalade, connue localement sous le nom de « sassismo », universellement connue sous le nom de « bloc», qui a trouvé ses racines italiennes dans le Val di Mello dans les années 1970.
Ce que je vous raconte est mon idée de Melloblocco, parce que nous aimons penser que Melloblocco appartient à tout le monde et que chacun peut voir Melloblocco à sa manière !
– Pourquoi décider d’organiser le Melloblocco en 2004 ? Quel était l’esprit initial de l’événement ?
Le Melloblocco a été conçu par des guides alpins comme un moyen d’initier les jeunes grimpeurs à l’environnement montagnard et aux nombreuses activités qui peuvent être pratiquées en montagne, de sa forme la plus directe, l’escalade de bloc, au big wall et à l’alpinisme.
Dès le début, la formule a été de se réunir dans une vallée où la qualité du rocher et l’environnement naturel sont extraordinaires, où les nombreux participants pourraient grimper avec les meilleurs spécialistes du monde, en essayant les passages, des plus faciles aux plus difficiles, ouverts sur les nombreux blocs disséminés dans les prairies des splendides Val di Mello et Val Masino, dans ce merveilleux cadre naturel, non loin de la plaine du Pô et des grandes villes du Nord (140 km de Milan). Pour motiver les grimpeurs les plus expérimentés, il y a un prix pour les passages les plus difficiles (même nombre de blocs et même prix pour les hommes et les femmes) qui est partagé entre ceux qui réussissent à les résoudre, tandis que lors de la fête de clôture du samedi soir, il y a une tombola de matériel d’escalade pour tous les autres grimpeurs. Pendant les quatre jours de l’événement, des rencontres avec des personnalités de l’escalade et de l’alpinisme, de la musique et des projections offrent des moments agréables et ludiques de rassemblement et d’information.
Dès le début, l’esprit non-compétitif de l’événement a été apprécié, rassemblant des centaines, puis des milliers de jeunes bloqueurs, de grimpeurs et alpinistes plus âgés du monde entier. Chaque édition a vu la participation d’un large éventail de passionnés d’escalade, des débutants aux champions du monde.
– Pourquoi spécialement se tourner vers l’escalade de bloc dans une vallée où d’autres types d’escalade existent également ?
L’escalade de bloc est, métaphoriquement parlant, le « début du chemin », le premier pas à partir duquel on peut apprécier l’expérience de la montagne sous toutes ses formes. L’idée de départ était donc d’initier les jeunes à la montagne à travers son expression la plus juvénile, puis de leur offrir la possibilité de prolonger leur expérience en grimpant des voies plus longues à des altitudes plus élevées, depuis les blocs du fond de la vallée jusqu’aux grandes parois et aux sommets enneigés de haute altitude.
Le Val Masino et le Val di Mello sont réputés pour la qualité de leur granite, qu’il s’agisse des nombreux blocs au fond de la vallée, des parois au milieu de la vallée ou des grands sommets tels que le Badile et le Cengalo.
En raison de l’impact sur la région, nous avons décidé au fil des ans de ne pas enregistrer plus de 2 500 personnes, même si le nombre de personnes dans la vallée peut être 3 à 4 fois supérieur. Beaucoup sont en fait des personnes qui viennent saluer des amis, grimper là-haut et boire un verre ensemble au retour d’un trekking, d’une grande-voie ou d’un sommet. Les curieux et ceux qui viennent suivre les programmes d’éducation à l’environnement, le yoga et les autres activités organisées pour Melloblocco ne manquent pas non plus.
– Quelles sont pour toi les différentes étapes du festival à travers les années, les éditions les plus marquantes ?
Comment ne pas mentionner la première édition en 2004 ? 320 grimpeurs (athlètes de haut niveau et amateurs) ont répondu à l’appel des guides de montagne lombards, une grande « bande sauvage » colorée, souriante (et respectueuse !), suivie par une centaine de spectateurs et grimpeurs non inscrits, créant une sorte de Woodstock au milieu de blocs incroyables, de prairies vertes et de ciels bleus. Lors de cette première édition, nous avons été ravis de la présence de Chris Sharma, Liv Sansoz, Dave Graham, Mauro Calibani, Christian Core et Gabriele Moroni, entre autres. Que dire de la première apparition d’Adam Ondra au Melloblocco 2008 et de Janja Garnbret, la double médaillée d’or olympique, en 2015 ?
Le caractère de l’événement n’a pas changé au fil des ans ; l’idée de départ était claire. S’immerger dans un environnement naturel d’une grande beauté, dans le désir de rencontrer des passionnés du monde entier et de pratiquer un sport vital et épanouissant au contact de la nature. De ce point de vue, l’escalade de bloc peut avoir un impact très limité sur l’environnement, en respectant l’écosystème naturel et en s’intégrant dans les politiques les plus modernes de développement éco-durable de la région.
D’ailleurs, le t-shirt Melloblocco est devenu emblématique au fil des années, malgré son graphisme de base qui est le même que celui de la première édition, avec juste une couleur différente et les logos des sponsors. Un t-shirt Melloblocco a été photographié sur la Grande Muraille de Chine !
– L’année dernière, le festival a fêté son 20e anniversaire. Quels souvenirs en gardes-tu ?
Une édition exceptionnelle et ensoleillée. Ce qui m’a marqué ? Voir tant de personnes rencontrées lors des premières éditions revenir après des années et me présenter leurs enfants ! Et puis les rêves, les gens qui viennent dans la vallée pour Melloblocco, qui restent plusieurs jours, qui arrivent par des moyens de transport durables, qui marchent pendant toute la durée de l’événement, qui apprécient l’escalade et la montagne, et qui mettent de côté les divertissements de la ville et les autres trucs qui n’ont pas leur place dans un environnement naturel.
Chaque édition est unique et chaque année je suis surpris par des événements inattendus, par les personnalités qui viennent dans la vallée, par les participants qui interprètent le Melloblocco d’une manière très personnelle. Je pense que l’approche que chacun adopte à Melloblocco est fondamentale : détendue, ouverte, curieuse… Douce et moelleuse !
– Quelles sont les nouveautés de Melloblocco en 2025 ? Qui sont les grands noms de cette édition ?
Pour 2025, nous souhaitons accueillir le plus grand nombre possible de personnes venant de l’extérieur de l’Italie ! Nous aimerions réunir beaucoup de personnes étrangères. Nous avons l’habitude d’accueillir de nombreuses nationalités ! Rendez-vous sur le site web de Melloblocco et consultez la section « Histoire de Melloblocco« . Nous travaillons actuellement sur les propositions pour cette édition et le programme sera bientôt publié sur le site de Melloblocco. L’objectif est de combiner l’escalade et l’alpinisme avec la sensibilisation à l’environnement et le respect de notre planète. Il est trop tôt pour dire qui participera, nous avons ouvert les inscriptions il y a 20 jours et plus de 600 personnes se sont déjà inscrites. Les entreprises qui nous soutiennent s’engagent, comme toujours, à nous apporter des personnages de grand intérêt pour les grimpeurs et les alpinistes, j’en saurai plus dans quelques semaines !
Photos : Klaus Dell’Orto et Giacomo Tonoli
Meet Nicola Noè, one of the original organizers of the famous Italian international bouldering festival Melloblocco. An agronomist by profession, an avid mountaineer and climber, Nicola was already an actor at the first edition of the festival in 2004! The 2025 edition of the festival will be held from May 7 to 10. Registration is now open!
– Can you briefly introduce yourself? How long have you been involved in the organization of the festival?
Passionate amateur mountaineer and climber, keen traveller, graduate in Agricultural Sciences with a PhD in Plant Biology and Productivity of Cultivated Plants, scientist of plants and the environment. I am Associate Professor of « Botany and Arboriculture » at the Politecnico di Milano and Guarantor for Greenery, Soil and Trees of the Municipality of Milan. My professional activity as a freelance agronomist is characterised by a great attention to the protection of the territory and environmental sustainability. I am passionate about the mountain environment, with numerous trips and ascents, from the Alps, where I have climbed some of the most iconic walls (the south face of the Marmolada, the central pillar of Freney in Mont Blanc, …) and many peaks over 4000m, to the United States, where I climbed El Capitan in Yosemite, Kilimanjaro (Tanzania), to Morocco, where I climbed the 4000m Atlas peaks on skis. My exploration of the alpine environment has led me to open over 50 trad routes (up to 1000m length) in a remote valley in the Central Alps (Valbodengo). I am also a sports climber and have taken part in outdoor (marathon) and indoor competitions. I take part in the organisation of outdoor (e.g. Melloblocco since its first edition in 2004) and indoor (e.g. MCE Milan) climbing events. I have been a member of Mountain Wilderness, the international association for the protection of the mountain environment, since its foundation.
– Who created Melloblocco in 2004? Where does the festival’s name come from?
The idea was born in 2003 by the promoters Nicolò Berzi and Michele Comi (Alpine guides), whom I joined a few months later, and the first edition in 2004 was organised by the Lombardy Mountain Guides. The name comes from Val di Mello, where the boulders are located (Mello + blocs).
The Italian name is ‘Melloblocco, Raduno Internazionale di Sassisti’ (Melloblocco, international meeting of boulderers), to recall the original name of this climbing activity, locally known as ‘sassismo’, universally known as bouldering, which had its Italian roots in Val di Mello in the 1970s.
What I’m telling you is my idea of Melloblocco, because we like to think that Melloblocco belongs to everyone and that everyone can see Melloblocco in their own way!
– Why did you organize Melloblocco in 2004? What was the original spirit of the event?
Melloblocco was conceived by alpine guides as a way of introducing young climbers to the mountain environment and to the many activities that can be practised in the mountains, from its most direct form, bouldering, to big wall and mountain climbing.
From the beginning, the formula was to meet in a valley where the quality of the rock and the extraordinary natural environment were the main ingredients of the proposal, where the numerous participants could climb together with the best specialists in the world, trying out the passages, from the easiest to the most difficult, set on the many boulders scattered on the meadows of the splendid Val di Mello and Val Masino, in this wonderful natural setting, not far from the Po Valley and the big cities of the north (140 km from Milan). To motivate even the most experienced boulderers, there is a prize for the most difficult passages, (same number of boulders and prize for men and women) which is shared among those who manage to solve them, while on the closing party on Saturday evening there is a raffle of climbing equipment for all the other climbers. During the four days of the event, meetings with climbing and mountaineering personalities, music and videos provide pleasant and playful moments of gathering and information for the young and active world of climbers.
From the beginning, the non-competitive spirit of the event has been appreciated, bringing together hundreds, then thousands of young boulderers and older climbers and mountaineers from all over the world. Each edition has seen the participation of a wide range of bouldering enthusiasts, from beginners to world champions.
– Why celebrate bouldering in particular in a valley where other types of climbing also exist?
Bouldering is, metaphorically speaking, the beginning of the path, the first step from which to appreciate the mountain experience in all its forms. The original idea was therefore to introduce young people to the mountain through its most youthful expression, and then to offer them the possibility of extending their experience by climbing longer routes at higher altitudes, from the boulders at the bottom of the valley to the big walls and snow-covered peaks at high altitude.
Val Masino and Valle di Mello are famous for the quality of their granite, both in the numerous boulders at the bottom of the valley, in the walls in the middle of the valley and in the great peaks such as Badile and Cengalo.
Because of the impact on the area, we have decided over the years not to register more than 2,500 people, even though the number in the valley can be 3-4 times greater than that. Many are in fact those who come to say hello to friends, climb higher up and have a drink together on their return from trekking, long routes or high peaks. There is also no shortage of the curious and those who come to follow the environmental education programmes, yoga and other activities organised for Melloblocco.
– What do you see as the different steps of the festival over the years, the outstanding editions?
How can I not mention the first edition in 2004? 320 boulderers (top athletes as well as amateurs) answered the call of the Lombardy Mountain Guides, a large, colourful, smiling (and respectful!) « wild bunch », followed by about a hundred unregistered spectators and climbers, creating a kind of Woodstock among incredible boulders, green meadows and blue skies. In this first edition, we were delighted by the presence of Chris Sharma, Liv Sansoz, Dave Graham, Mauro Calibani, Christian Core and Gabriele Moroni, among others. What about the first appearance of Adam Ondra at Melloblocco 2008 and Janja Garnbret, the double Olympic gold medallist, in 2015?
And the character of the event has not changed over the years; the original idea was clear. To immerse oneself in a natural environment of great beauty, in the desire to meet enthusiasts from all over the world and to practise a vital and fulfilling sport in contact with nature. From this point of view, bouldering can have a very limited impact on the environment, respecting the natural ecosystem and integrating into the most modern policies of eco-sustainable development of the area.
By the way, the Melloblocco t-shirt has become iconic over the years, despite its basic graphics which is the same as in the first edition, just a different colour and sponsors’ logos. A Melloblocco t-shirt has been photographed on the Great Chinese wall.
– Last year marked the festival’s 20th anniversary. What memories do you have of it?
An exceptional, sun-kissed edition. What struck me? Seeing so many of the people I met at the first editions come back after years and introduce me to their children! Then the dreams, the people who come to the valley for Melloblocco, who stay for several days, who arrive by sustainable means of transport, who walk for the entire duration of the event, who appreciate climbing and the mountains, and who set aside forms of entertainment in the city and other situations that do not belong in a natural environment.
Every edition is unique and every year I am surprised by unexpected events, by the personalities who come to the valley, by the participants who interpret Melloblocco in a very personal way. I think that the approach that everyone takes to Melloblocco is fundamental: relaxed, open, curious… mellow!
– What’s new for Melloblocco in 2025? Who are this year’s big names fronting the event?
For 2025 we are looking forward to having as many people from outside Italy as possible! We would like to have a lot of foreign people together. We are used to welcoming many nationalities! Please go to the Melloblocco website and look for the section Melloblocco History. We are now working on the proposals for this edition and the programme will soon be published on the Melloblocco website. The aim is to combine climbing and mountaineering with environmental awareness and respect for our planet. It’s too early to say who will take part, we opened registrations 20 days ago and over 600 people have already registered. The companies that support us will, as always, commit to bringing us characters of great interest to climbers and mountaineers, I’ll know more in a few weeks!
Photos : Klaus Dell’Orto and Giacomo Tonoli
