Kathy Choong vient de répéter une grande-voie splendide, peu connue et difficile dans le Verdon, à la paroi de l’Estellié, située plus ou moins sous l’auberge des Cavaliers : “La Fiesta de los Metallos”, 8b, 200m, équipée par Nico Potard et Olivier Duteil. Une grande-voie variée avec des dièdres, fissures, colos, trous, réglettes, des gros dévers, et des murs old schools,… Après avoir essayé quelques jours les parties sèches en avril, Kathy est revenue sur place et a enchainé la voie ce début de semaine. Une première tentative d’enchainement a été ratée de peu, après deux chutes dans la dernière longueur et la top grimpeuse Suisse a réussi la voie 3 jours plus tard, lors d’une journée parfaite sans tomber. Kathy revient pour nous sur les détails de cette superbe ligne, commentant longueur après longueur.
“La Fiesta de Los Metallos” est une grande voie de 6 longueurs (7b+, 7c+, 8b, 7a, 8a, 8a, 200 mètres) située dans le secteur de l’Estellié dans les Gorges du Verdon. Elle a été ouverte par Olivier Dutel et Nico Potard en 2013.
La L1 (7b+) est disons … surprenante à l’échauffe et nécessite un bon calage pour ne pas s’exploser les bras pour tout le reste de la voie, dans un crux à la 3ème dégaine assez retord sur réglettes dans un mur légèrement déversant avant que ça se redresse pour le reste de la voie. Il y a souvent aussi assez peu d’air en bas, l’humidité du matin rendait l’enchaînement de cette longueur pas si facile.
La L2 (7c+) est vraiment classe! Elle commence dans une traverse sur de bonnes colonnettes (qui restent longtemps mouillées malheureusement après de fortes pluies) mais qui entament déjà bien les bras, avant de se redresser en équilibre dans un dièdre pas facile, avec de mauvaises prises de main (j’avais les jambes tellement daubées que je devais les secouer pour pouvoir continuer !) et s’en suit encore un toit avec de bonnes prises.
La L3 (8b) est la plus physique. Elle débute sur 5-6 dégaines dans un dévers de colonnettes en mode Ramirole avec ce qui était pour moi le crux de la longueur, des mouvements un peu loin avec une prise qui est restée toujours mouillée que tu cales avec de grosses lolottes. Ça continue avec une sorte de dièdre déversant que tu grimpes avec les mains principalement dans une fissure. Tu la remontes en inverse ou en épaule en faisant pas mal de changements de main pour ceux qui, comme moi, ont une mémoire de poisson rouge et ont de la peine à retenir l’ordre des prises. Ça se redresse ensuite pour finir dans une large fissure. Les experts en fissures la feront certainement en sifflotant : J’ai galéré comme une dingue, manquant de peu de me la coller le nez sous le relais.
La L4 (7a) est une longueur verticale de transition, sans difficulté particulière.
La L5 (8a) débute avec un mouvement un peu bloc, un seconde partie légèrement déversante et enfin une traversée vraiment classe en dalle.
Enfin, la L6 (8a), qui était pour moi celle qui me stressait le plus. Légèrement déversante, elle débute sur des colos puis un mouvement très morpho qui nécessite pour les nains comme moi de tenir une petite réglette infâme. S’ensuit une section qui entame bien les bras sur trous et réglettes puis un bon repos avant de débuter le crux final où se trouve pour moi le mouvement le plus dur de toute la voie, à quelques mètres du relais final. Depuis des inverses, tu vas loin chercher un bi-doigt (ma faiblesse, je suis une daube en tendu) avant de croiser dans une réglette vraiment mauvaise, de replacer les pieds puis d’envoyer dans un bac. Deux jours avant de réussir toute la voie, j’y serai tombée 2x fois, ayant enchaîné tout le reste mais n’arrivant pas à tenir ce maudit bi-doigt impossible à arquer et c’est également ce qui est arrivé à Jim mon partenaire qui n’a donc pas enchaîné la voie pour quelques malheureux mètres. Dans la vidéo de Steve McClure, on le voit casser un pied à cet endroit, peut-être qu’il y avait une autre méthode à l’époque ? Mais je ne pense pas que ça puisse changer la cotation, en particulier vu nos différences de morphologie.
Cette longueur était pour moi physiquement et mentalement le passage clef de la voie: savoir qu’il y avait ce mouvement tellement difficile (pour moi) à faire après l’enchaînement de toutes les longueurs précédentes et à quelques mètres sous le relais final. La peau était aussi un facteur limitant sur ce rocher abrasif qui dégommait nos petits doigts.
Pour les petites précisions : Au niveau des cotations, elles me semblent correctes (sans genouillère). J’ai enchaîné à la journée toutes les longueurs en tête (sauf la première longueur 7b+, on a commencé en réversible).”
Une grande-voie de plus dans l’impressionnante liste de croix de Kathy, et une invitation à la découvert pour les amateurs !
Photos : Julia Cassou
Kathy Choong just repeated a splendid, little-known and difficult multi-pitch in Verdon gorge, on the Estellié wall, situated more or less below the Auberge des Cavaliers: “La Fiesta de los Metallos”, 8b, 200m, bolted by Nico Potard and Olivier Duteil. A varied route with dihedrals, cracks, tufas, holes, crimps, big overhangs and old-school slabs… After trying out the dry sections for a few days in April, Kathy returned to the place and climbed the route at the beginning of the week. A first attempt was narrowly missed after two falls on the last pitch, but the top Swiss climber completed the route 2 days later on a perfect, no fall day. Kathy describes the details of this superb line, commenting pitch by pitch.
“La Fiesta de Los Metallos” is a great 6-pitch route (7b+, 7c+, 8b, 7a, 8a, 8a, 200 meters) located in the Estellié sector of the Gorges du Verdon. It was opened by Olivier Dutel and Nico Potard in 2013.
L1 (7b+) is, let’s say, surprising when you warm up, and requires good beats to avoid pump in your arms for the rest of the route, with a crux at the 3rd quickdraw, quite tricky on a slightly overhanging wall, before technical climbing for the rest of the pitch. There’s often very little air at the bottom, too, so the morning’s humidity made this pitch not so easy to link up.
L2 (7c+) is really classy! It starts in a traverse on good tufas (which unfortunately stay wet for a long time after heavy rain) but which are already creating the pump, before leading into a not-easy dihedral, with bad handholds (my legs were so pumped that I had to shake them to be able to continue!) and then another roof with good holds.
L3 (8b) is the most physical. It starts with 5-6 quickdraws in a Ramirole-style tufa overhang, with what was for me the crux of the pitch, moving a bit far with a hold that always stayed wet, which you climb with big dropknees. It continues with a sort of dihedral that you climb with your hands, mainly in a crack. You climb it using underclings or gastons, making quite a few hand changes for those of you with goldfish memories like me who have trouble remembering the order of the holds. Then it ends up in a wide crack. Crack experts will certainly do it whistling: I struggled like crazy, close to fall under the anchor.
L4 (7a) is a transitional vertical pitch with no particular difficulty.
L5 (8a) starts with a bouldering move, a slightly overhanging second section and finally a really classy slab traverse.
Last but not least, L6 (8a), which for me was the most stressful. Slightly overhanging, it starts on tufas and then a very morpho move that requires to hold a small infamous crimp for dwarfs like me. This is followed by a pumping section on holes and crimps, then a good rest before starting on the final crux where, for me, the hardest move of the whole route is to be found, just a few meters from the top of the route. From underclings you go a long way to find a two-fingerpocket (my weakness, I’m a sucker in open hand holds) before crossing in a really bad crimp, replacing the feet and then reaching a jug. Two days before I did the whole route, I would have fallen 2x times here, having linked everything else but not being able to stick correctly that damned two finger pocket, and that’s also what happened to my partner Jim, who didn’t link the route for a few unfortunate meters. In Steve McClure’s video, we see him break a foot at this point, so maybe there was another beta back then? But I don’t think it would have changed the grade, especially given our differences in morphology.
For me, this pitch was both physically and mentally the key part of the route: knowing that there was such a difficult (for me) move to make after all the previous pitches and a few meters below the final anchor. Our skin was also a limiting factor on this abrasive rock, pealing our little fingers.
For further information: As far as the grades are concerned, they seem OK to me (without kneepads). I did all the pitches in lead during the day (except for the first 7b+ pitch, which we started on reverse climbing).”
One more great route in Kathy’s impressive MP ticklist, and an invitation to discover this gem for amateurs!
Photos : Julia Cassou