Quatre semaines à Oliana pour travailler “La Dura Dura” (9b+, Nico Pelorson) et “Fight or flight” (9b, Lucien Martinez) tel est le mois de mars programmé par les deux compères en Catalogne. Lors des derniers jours du séjour, c’est Lucien qui se distingue avec la réalisation de son “projet secondaire”, la King line classique de “Papichulo”, 50 mètres d’un calcaire bleu magnifique. Après plusieurs réalisations dans le 9a et peut-être en point d’orgue “3 degrees of separation”, Lucien coche ici son potentiel premier 9a+.
– Bravo pour “Papichulo”. Tu as essayé longtemps ? Projet secondaire ? comment ça s’est passé en gros étape par étape ?
Oui j’ai essayé longtemps, j’ai commencé à monter dedans il y a 4 ans. Et au final j’ai aucune idée du nombre de séances mais ça doit faire beaucoup. Par contre c’était toujours mon projet secondaire de fight or flight et j’essayais quand les condi étaient pas suffisamment bonnes (c’est à dire trop chaudes pour taper des essais dans fof). Avant cette année, c’était presque que des montées de travail irrégulières et j’avais jamais été en situation de taper des run d’enchaînement. Ce mois de mars idem, j’ai essayé les jours ou il faisait chaud et j’ai compris dès les premières montées que j’avais un coup à jouer. Il continuait de faire (relativement) chaud alors j’ai insisté dedans et ça a fini par faire.
– Cette voie fait partie d’une trilogie de King Lines en 9a+ avec “Biographie” et “La rambla”. Tient-elle son rang selon toi ?
C’est vrai qu’au niveau historique Papichulo est un peu moins prestigieuse que les deux autres. Mais au niveau de la qualité aucun doute qu’elle tient sont rang. C’est une voie de 50m dans un mur impressionnant et sur un caillou de qualité exceptionnelle (à part le socle de départ). C’est une vraie King Line.
– Un mot sur le niveau. Est-ce ton premier 9a+ ?
Épineuse question ! Cette voie, c’est une épreuve de continuité dans laquelle il faut empiler des sections de rési séparées par des repos plus ou moins bons. Après un socle bien violent de 8m en 8b et un repos total assis sur une vire, il faut faire une section très très rési en solide 8c qui débouche sur un repos vraiment pas bon du tout. Et toute la clef de la voie est de réussir à repartir de ce “repos” suffisamment frais pour faire un 7A bloc assez demandeur en influx. Et ça, c’est quand même dur, sachant qu’après il y a un repos un peu meilleur (mais pas très bon quand meme) et qu’il faut encore se frapper un 8a+ ou 8b de rési très daubant. Tout ça pour dire que c’est typiquement une voie que tu n’as aucune chance de faire si tu n’es pas très forme, mais que les gens très en forme peuvent faire assez facilement. Selon moi, pour la dimension de continuité et pour la dimension mentale (c’est super éprouvant de devoir empiler toutes ces sections sans faux pas) je pense que c’est un petit cran plus dur que toutes les voies que j’ai déjà faites, y compris “3 Degrees of Separation” (qui est un très gros 9a selon moi). Donc je pense que Papichulo est un minuscule 9a+, mais qu’elle ne mérite pas d’être décotée. Donc oui, mon premier 9a+.
– Comment t’entraines-tu spécifiquement pour ces voies extrêmes, toi qui résides relativement loin des falaises et des voies de haut niveau ?
Je me suis entraîné très sérieusement ces derniers mois. Principalement à base de séances de doublettes à la salle de voie de Karma et de séances de rési sur le pan de la salle Blocage.
– Et “Fight or flight” dans tout cela ?
Ça restait l’objectif principal de ce séjour à Oliana. Et ça a raté. Au moment où j’ai fait Papichulo, je me suis senti tellement en forme que j’ai cru que je pourrais la faire. D’autant qu’à la fin du trip on a eu un créneau de deux jours d’une collante exceptionnelle. Il faisait 6-7 degrés avec des rafales à 70km/h de vent du Nord. Je me suis dit cette fois c’est la bonne et en fait non. J’avais le niveau physique pour faire mais 0 marge. Ça me mettait dans la situation où je devais absolument sortir le run parfait et j’ai pas réussi (même si c’était vraiment proche). Je suis très déçu mais maintenant mon histoire avec cette voie va plus loin que l’escalade, je peux pas abandonner ! Il faut que je trouve la solution pour réussir un jour.
– D’autres coches à Oliana pendant ce mois ?
Nico il a fait Joe Blau et Blanquita, les 2 8c+ classique de la falaise. Pour l’anecdote, avant nos run dans les voies, on s’amusait à donner nos pourcentages de chance de réussite. Eh bien avant d’enchaîner Joe Blau, il avait annoncé 2% et avant Blanquita, il avait annoncé 90%. Comme quoi il faut toujours y croire !
– Ton compère Nico Pelorson a-t-il ses chances dans “La Dura Dura” ?
Clairement ! Il a tellement la marge dans les mouvement qu’il a une chance c’est sûr. Après, la première partie c’est un énorme défi d’endurance de force, et puis il faut être surafuté en récup/conti pour empiler la deuxième. Donc il va devoir entraîner très sérieusement ces filières pour concrétiser. Mais il n’y a aucun doute sur le fait qu’il peut la faire l’an prochain.
Photos: WilliClimb
Four weeks to work “La Dura Dura” (9b+, Nico Pelorson) and “Fight of Flight” (9b, Lucien Martinez), here is the month of March of the 2 French guns in Catalunya. During the last days of the trip, Lucien could finish his second project with the 50 meters King Line “Papichulo” on a superb blue limestone. After a lot of sends in the 9a range under his belt and highlight with a rare repeat of “3 degrees of separation”, Lucien ticks here his first 9a+.
– Congrats for “Papichulo”. Have you tried it for a long time? Secondary project? How did it go step by step?
Yes, I tried for a long time, I started to work it 4 years ago. And in the end I have no idea of the number of sessions but it must be a lot. On the other hand it was always my secondary project of “Fight or flight” and I tried when the conditions were not good enough (ie too hot to put tries in fof). Before this year, it was almost only irregular work and I had never been in a position to put tries for the send. This month of March ditto, I tried the days when it was hot and I understood during my first goes that I had something to do. It continued to be (relatively) hot so I insisted in it and it ended up with the send.
– This route is part of a trilogy of King lines in 9a+ with “Biographie” and “La Rambla”. Does it stand its rank according in your opinion?
It’s true that acording to an historical side, Papichulo is a little less prestigious than the other two. But in terms of quality, there is no doubt that it holds its rank. It is a 50 meters route in an impressive wall and on a rock of exceptional quality (apart from the start). It’s a real King Line.
– A word about the grade. Is this your first 9a+?
Tricky question! This route is a test of stamina in which you have to link some sections of resistance separated by more or less good rests. After a very violent start of 8m in 8b and a total rest sitting on a ledge, you have to do a very very resistant section (solid 8c) which leads to a bad rest. The key to the route is to leave this “rest” fresh enough to do a 7A boulder that requires a lot of power. And that’s still hard, knowing that afterwards there is a little better rest (but not very good anyway) and that you still have to finish with an 8a+ or 8b of very resistant and pumpy. It’s typically a route that you have no chance of send if you are not very fit, but if they are fit people can do quite easily. In my opinion, for the stamina testpiece and for the mental dimension (it’s very demanding to have to link all these sections without mistakes) I think it’s a little bit harder than all the routes I’ve already done , including “3 degrees of separation” (which is a really big 9a in my opinion). So I think “Papichulo” is a low end 9a+, but it doesn’t deserve to be downgraded. So yes, my first 9a+.
– How do you train specifically for these extreme routes, you who live relatively far from crags and extreme routes?
I’ve been training very seriously over the past few months. Mainly based on double routes sessions in a lead wall and resistance circuits in a bouldering gym.
– And Fight or flight in all this?
That remained the main objective of this stay in Oliana. And I failed. When I did “Papichulo”, I felt so good I thought I could do it. Especially since at the end of the trip we had an exceptionally sticky two-day window. It was 6-7 degrees with gusts of 70km/h wind from the North. I said to myself this time it’s the good one and in fact not. I had the physical level to do but no margin. It put me in the situation where I absolutely had to make the perfect try and I didn’t succeed (even if it was really close). I’m very disappointed but now my story with this route goes beyond climbing, I can’t give up! I have to find the solution to succeed one day.
– Other ticks at Oliana during this month of climbing?
Nico he did “Joe Blau” and “Blanquita”, the 2 classic 8c+ of the crag. For the record, before our goes in the routes, we had fun giving our percentages of chance of success. Well before sending “Joe Blau”, he had announced 2% and before “Blanquita”, he had announced 90%. You always have to believe in your chances!
– Does your friend Nico Pelorson have a chance in “La Dura Dura”?
Sure! He has a lot of margin in the moves so he has a chance, that’s sure. Afterwards, the first part is a huge strength endurance challenge, and then you have to be super fit in resistance and stamina to send the second. So he will have to train these sectors very seriously in order to be close. But there’s no doubt that he can do it next year.
Photos: Williclimb