Le papier-peint de l’escalade
N’en déplaise à René, l’animal n’est pas une machine.
Rapporté aux grimpeurs, ce constat ne crève pourtant pas toujours les yeux. Car dans les discours qu’on leur adresse, il est un mot qui ne fait jamais le buzz, et dont l’importance ne fait paradoxalement aucun doute. Sa présence rappelle celle d’une âme en peine… ou du papier-peint. J’en veux pour preuve un récent numéro de Grimper (c’est simplement un exemple : il ne faudrait pas chercher loin pour trouver une autre publication, papier ou en ligne, en proie au même travers).
Couverture du n° 239:
100% entraînement
Les fondamentaux
Force — Endurance — Tactique — Mental — Nutrition
“100% entrainement”, autrement dit: comment s’améliorer en escalade? Question qui taraude tout un chacun et qui pourtant, ici comme ailleurs, omet un aspect de la taille d’un continent: quid de la technique?
On doit à un célèbre bloqueur américain l’adage voulant qu’“on ne peut pas grimper V12 sans technique”, mais pour quiconque n’a pas des doigts de niveau 8A+ depuis le berceau, il ou elle devra passer par ladite case bien avant ces stades avancés.
Alors pourquoi cet oubli récurrent? Probablement parce que la technique n’est pas quantifiable, en tout cas pas de façon aussi édifiante qu’une traction à une main lesté de 30 ou 70kg.
Kézako?
La technique, argh, c’est plus compliqué. Plus flou, plus glissant. Il existe bien des techniques. Mais la technique n’en est pas une. La technique, au juste, n’est pas facile à définir. Si j’osais un début de description, je dirais qu’elle se trahit par un effet (de l’extérieur) et une optimisation (de l’intérieur).
Car la technique, c’est aussi ce qui se passe entre les gestes techniques. On dit de tels ou tels grimpeurs qu’ils sont techniques non pas parce qu’ils utilisent un cancan ou pied-main, mais parce que se dégage de leur grimpe une impression de fluidité et d’osmose avec le rocher. Comme s’ils trouvaient toujours les bonnes réponses aux mauvaises questions du minéral.
Une idée reçue tenace voudrait que la technique constitue l’antithèse du physique. Bien entendu cela n’a pas de sens: l’un n’est pas plus substitut de l’autre que l’inverse. Il s’agit plutôt de vases-communicants. Sans physique, la technique n’est donc rien, car plus on est fort, plus on peut appliquer les techniques dans des positions délicates. Pour faire une lolotte dans du 80° à partir de deux arquées de 10mm et deux mini colo de pied fuyantes, il ne faut pas seulement “savoir faire une lolotte”.
Par effet de miroir, être technique permet de “compenser” un déficit de force, ou plutôt de le sublimer: parvenir à retirer de son physique davantage que ce qu’il donne. Dave MacLeod, le grimpeur à tout faire écossais, s’est fait un point d’honneur à être “le plus faible à une cotation donnée”. Non pas qu’il ait jamais cherché à “être faible”, mais à tirer le maximum de capacités physiques “limitées” (ses mots), par le biais donc d’une technique archi-conscientisée. Et, comme par hasard, qui la plateforme de Magnus Mitbø a-t-elle démarché pour son chapitre technique? Voilà.
Cette idée de technique palliant des lacunes physiques est récurrente. Depuis son adolescence, Adam Ondra explique à qui veut l’entendre être physiquement faible pour son niveau. Il se fait battre par des grimpeurs régionaux en compétitions no foot, et même un Magnus Mitbø, à la retraite depuis 7 ans, se permet encore de lui damner le pion sur certains aspects de force. Alors pourquoi le tchèque a-t-il été le premier à cocher 9b+, puis 9c? Certains scientifiques ont parlé de son long cou. Adam mentionne, entre autres, sa souplesse de hanche et son expérience encyclopédique. L’aspect technique n’est certainement pas la seule explication, mais enfin il n’y est pas pour rien non plus.
Cela dit la technique n’est pas seulement palliative. Son rôle n’est pas simplement de compenser un manque physique. En extérieur, il est fréquent qu’une voie commence par une “marche d’approche”, c’est-à-dire une section facile comparée au reste de la ligne. La chose se vérifie dès les niveaux intermédiaires, mais restons du côté des meilleurs mondiaux. Pris de façon isolée, un 8b n’est pas grand chose pour eux. A fortiori un 7a. Pourtant, lorsqu’ils travaillent des voies à leur limite, on entend fréquemment les Ondra, Schubert et autres Ghisolfi insister sur le fait qu’ils doivent apprendre à “bien grimper” ces sections très en-deçà de leur niveau max. Non pas parce qu’elles seraient dures pour eux, mais afin d’arriver au véritable début des hostilités le plus frais possible. Il faut ainsi comprendre cette idée de “bien grimper” comme une sorte de cheat code: en optimisant au mieux sa grimpe, on économise de l’énergie.
Autres avantages: au contraire des force, endurance et autres marqueurs physiques, la technique, une fois acquise, reste. Elle ne se blesse pas. On ne peut pas la surentrainer. Et elle fait tout aussi honneur au caillou qu’au grimpeur ou à la grimpeuse. Car en grimpant “bien”, il ou elle ne met pas seulement en exergue ses super-pouvoirs, il ou elle révèle à part égale la beauté sous-jacente du minéral. Il ou elle “trouve l’or du rocher”, au lieu qu’André Breton, jusque dans sa tombe, “cherche l’or du temps”.
Perdre, mais perdre vraiment…
Ici commence la partie un tantinet polémique de ma divagation. Notez, s’il vous plait, que je n’affirme pas: je transmets des messages glanés de-ci de-là, et qu’il ne s’agit au juste que d’opinions, d’avis, sur des gens qui grimpent des morceaux de caillou. On ne parle donc pas vie ou mort. Respirez profondément, ça va aller.
Voici: la technique recule. Certains de mes amis, forts grimpeurs dans le 8c+ ayant appris à grimper à l’époque où les salles voyaient à peine le jour et les campus boards étaient bien cachées en Allemagne, en font régulièrement le constat en falaise. De jeunes machines dans le 9a, voire plus, coincent ici ou là, jusqu’à ce que nos vieux singes leur suggèrent une technique, un ajustement, un “truc de faible”, et fiat lux. L’idée n’est pas de dire que ces mêmes vioques en savaient aussi long à 20 qu’à 45 ans, mais que la technique étaient pour eux rarement un facteur limitant déjà à l’époque. Le physique, par contre, oui. Aujourd’hui, la tendance semblerait s’inverser.
Autre exemple, peut-être encore plus polémique et donc éclairant: Adam Ondra, encore lui. Une personne qui travaillait avec lui lorsque “Silence” était à l’état de projet-personne ceinture noire du mouvement et de la bio-mécanique la plus subtile-opine que le grimpeur tchèque, véritable légende de l’escalade mondiale, a perdu en technique. Pas son bagage technique per se, mais dans ses déplacements sur le rocher, dans l’articulation fine du rapport entre tronc, membres et minéral. Je sais ce que vous pensez: “‘une personne’, hmm hmm…”, et je vous l’avoue j’en penserais probablement de même, donc prenez ce que je rapporte avec toutes les pincettes que vous souhaitez.
Vrai ou faux, juste ou pas, je ne saurais le dire. Par contre on peut facilement remarquer qu’Ondra est devenu assez musculeux par rapport au corps qu’il avait étant étudiant, il y a 10 ans. Il a donc plus à porter, et en devenant plus fort, physiquement, peut-être a-t-il trouvé, inconsciemment ou non, des raccourcis reléguant une once de fluidité, de malléabilité technique dont il ne pouvait se passer auparavant? Conjecture, quand tu nous tiens…
Mais puisqu’on nage en pleines supputations, allons-y franco. Le corps d’Ondra aurait-il connu la même évolution, voire révolution, s’il n’avait pas suivi des régimes d’entrainement poussés pour la compétition, l’indoor? La technicité de sa grimpe aurait-elle bénéficié d’un régime falaise pur beurre? Autrement dit, la face du monde aurait-elle véritablement changé si le nez de Cléopatre avait été plus court?
Bref.
Pourquoi la technique se perdrait-elle? Peut-être parce qu’on en parle moins? Peut-être parce que 99% des youtubeurs et autres influenceurs, et à leur suite les médias plus traditionnels, mettent l’accent sur le tangible que représente la dimension physique? Quantifiable, facile à tester, facile à reproduire, à répéter, ,à étalonner. Une des premières questions que posent les débutants actuels est: “quand peut-on commencer à utiliser une poutre?” La plupart des salles de bloc, pour attirer toujours plus le chaland, remplacent des sections de mur par des zones “entrainement”: fingerboards, moonboards, haltères, barres à traction et tutti quanti(fiable). Peut-être, en résumé, parce que le physique prend le pas, et que la grimpe tire la langue. L’heure est moins à l’optimisation de l’escalade que celle de nos capacités tendineuses, musculaires et ligamenteuses.
… pour laisser place à la trouvaille
On entend souvent les professionnels dire que l’escalade est un “sport jeune”. Par là ils signifient que l’approche scientifique de l’entrainement n’a que deux décennies; comparée à des sports comme l’athlétisme ou la natation, on comprend leur argument. Mais est-ce à dire qu’on va pouvoir extraire du corps des grimpeurs encore 10% de gains physiques, 5, 1%? Même si l’escalade reste une activité très spécifique par rapport aux autres, les scientifiques d’aujourd’hui peuvent quand même se tenir sur les épaules des chercheurs et athlètes d’autres disciplines à l’histoire plus longue et fouillée. Une partie du chemin a déjà été faite pour eux.
Par ailleurs, on sait pertinemment que la force physique ne se traduit pas forcément sur le rocher. Les inconnus qui battent Ondra en no foot n’ont jamais fait la une des médias d’escalade. Ils n’ont pas enchainé de 9c, ni de 9a, parfois pas même de 8a. La base de données pléthorique de Lattice Training montre elle aussi que le monde est plein de mutants des doigts qui n’auront jamais leur nom dans les annales de la grimpe.
Partant, continuer à développer la force physique, pourquoi pas, mais il faudrait aussi penser, ou ne pas oublier, qu’à elle seule elle ne dépassera pas V12.
Du coup je me pose la question que beaucoup ont en tête: le 10a est-il possible? Personnellement, je pense avoir une idée assez claire du genre de grimpeur qui brisera ce plafond de verre (polémique n°24). Le grimpeur parfait ne verra jamais le jour, pour la simple raison que la perfection n’existe pas. Mais à quoi ressemblerait un grimpeur plus parfait que Ondra, ou Megos, Schubert, Ghisolfi ou encore Bouin?
Je me lance. Je soutiens la gageure suivante: le 10a sera accessible à quelqu’un/e qui aura les aptitudes physiques des grimpeurs actuels les plus aboutis et une intelligence et des capacités techniques aussi poussées que son corps. Ou alors, comme le laissaient entendre Megos et Ghisolfi dans un podcast récent, un marathonien, un alactique de la rési et hyperventilé de la récup’ capable d’enfiler bout à bout des longueurs de couenne de plus en plus corsées. Par exemple (on imagine) “Nordic Marathon” entamé par la bagatelle d’un 9b. Ou une extension en 9a de “Silence”, elle aussi sauvée par des repos en genuflexion optimisés aux petits oignons. Auquel cas, en effet, le cheat code “anti-technique” pourrait toujours avoir sa place dans le 10a. Mais rêvons d’autre chose.
Tout sera fonction de l’équilibre des vases-communicants, où l’individu en question parviendra à exploiter le maximum de ses capacités physiques sans pour autant faire la moindre ombre à l’expression totale de ses facultés techniques, elles aussi extrêmement affutées. La place ne sera plus possible au moindre point faible. Il faudra être fort des doigts, des épaules, du dos, du gainage, des biceps, des triceps et de la tête; souple de partout sans trop l’être, polyglotte dans toutes les techniques existantes. Et enfin il faudra posséder une intelligence extrême du mouvement, une intuition hors-norme de la bio-méca, et d’immenses facilités à connecter ensemble tous les muscles et tendons du corps afin de le communier en machine quasi-parfaite, une machine non plus de “bourrin”, mais dans laquelle tout fonctionne à l’unison du reste. Où le tout fusionnera dans un précipité alchimique pour dépasser la seule concaténation des parties. Où le physique ne compensera plus la déficience technique mais lui servira du meilleur des tremplins, afin que le mouvement pris dans sa plus essentielle pureté permette l’application sans aucune déperdition, ultime, des inputs physiques.
Peut-être le 10a nécessitera-t-il d’ailleurs l’émergence de nouvelles techniques, inimaginables aujourd’hui, ou leur application dans de nouveaux contextes. Qui sait?
Le dessous Descartes
Dans son livre, René a dit beaucoup de choses. Qu’être c’est penser. Que les animaux n’ont pas d’âme. Mais ce que je veux retenir du discours de sa méthode, c’est le doute, cette faculté de questionner ce qui nous semble acquis, en particulier dans la sphère scientifique. Le monde de l’escalade ferait bien de ne pas mettre tous ses oeufs dans la même “vérité”, quand bien même celle-ci revêt les plus beaux atours chiffrés.
Comme disait l’autre, les dis-cours en disent longs.
Texte : Denis Lejeune – Couverture de Riky Felderer
The wallpaper of climbing
René Descartes may not like it, but animals are not machines.
Yet when it comes to climbers, this fact is not always obvious. There’s one word in the speeches made to them that never creates a buzz, but whose importance, paradoxically, is beyond doubt. Its presence is reminiscent of a lost soul… or wallpaper. The proof of this is a recent issue of the French magazine Grimper (this is just an example: you wouldn’t have to look far to find another publication, print or online, plagued by the same problem).
Cover of issue 239:
100% training
The fundamentals
Strength – Endurance – Tactics – Mental – Nutrition
‘100% training’, in other words: how do you improve your climbing? It’s the question on every climber’s mind, yet here, as elsewhere, the publication leaves out an aspect the size of a continent: what about technique?
We owe a famous American climber the adage that ‘you can’t climb V12 without technique’, but for anyone who hasn’t had level 8A+ fingers since the cradle, he or she will have to pass through the aforementioned box long before these advanced stages.
So why this recurring omission? Probably because technique is not quantifiable, at least not in the same edifying way as a one-handed weighted pull of 30 or 70kg.
What is it?
Technique, argh, it’s more complicated. More vague, more slippery. There are many techniques. But technique isn’t one of them. Technique, in fact, is not easy to define. If I dared to start describing it, I’d say that it is revealed by an effect (from the outside) and an optimisation (from the inside).
Because technique is also what happens between technical gestures. Some climbers are said to be technical not because they use a flag or foot-to-hand, but because their climbing gives an impression of fluidity and osmosis with the rock. It’s as if they always find the right answers to the wrong questions posed by the rock.
A common misconception is that technique is the antithesis of the physical. Of course, this is nonsense: one is no more a substitute for the other than the reverse. Rather, they are communicating vessels. Without strength technique is nothing, because the stronger you are, the more you can apply techniques in strenuous positions. To make a dropknee work in a 80° wall from two 10mm crimps and two mini slippery footholds, you don’t just need to ‘know how to do a dropknee’.
By mirror effect, being technical allows you to ‘compensate’ for a deficit in strength, or rather to sublimate it: to get more out of your strength than it otherwise would give you. Dave MacLeod, the Scottish all-rounder, has made it a point of honour to be ‘the weakest climber at a given grade’. Not that he ever sought to be ‘weak’, but to make the most of his ‘limited’ physical abilities (his words), by means of an über-conscientious use of and reliance on technique. And, as luck would have it, who did Magnus Mitbø’s platform approach for its technical chapter? QED.
This idea of technique making up for physical shortcomings is a recurring one. Since he was a teenager, Adam Ondra has been telling anyone who will listen that he is physically weak for his level. He gets beaten by regional climbers in no-foot competitions, and even Magnus Mitbø, who retired 7 years ago, still beats him on certain aspects of strength. So why was the Czech the first to send 9b+, then 9c? Some scientists have mentioned his long neck. Adam shines a light, among other things, on his hip flexibility and encyclopaedic experience. The technical aspect is certainly not the only explanation, but then it clearly had something to do with it too.
That said, technique is not just a palliative. Its role is not simply to compensate for a physical deficiency. Outdoors, it’s common for a route to start with an ‘approach’, i.e. a section that’s easy compared to the rest of the line. This is true from the intermediate levels upwards, but let’s stay with the world’s best. Taken in isolation, an 8b isn’t much for them. Let alone a 7a. And yet, when they work on routes at their limit, we often hear Ondra, Schubert or Ghisolfi insisting that they must learn to ‘climb well’ these sections well below their maximum level. Not because they are hard for them, but so that they arrive at the real start of hostilities as fresh as possible. The idea of ‘climbing well’ should be understood as a kind of cheat code: by optimising your climbing, you save energy.
Other advantages: unlike strength, stamina and other physical markers, once technique has been acquired it stays. It doesn’t get injured. It can’t be over-trained. And it’s as much a credit to the rock as it is to the climber. Because by climbing ‘well’, he or she not only highlights his or her superpowers, but also reveals the underlying beauty of the mineral in equal measure. He or she ‘finds the gold of the rock’, just as André Breton, even in his grave, ‘seeks the gold of time’.
Here begins the slightly polemical part of my ramblings. Please note that I’m not making any assertions: I’m just passing on messages gleaned here and there, which are just opinions, views about people climbing pieces of rock. So we’re not talking life and death. Take a deep breath, you’ll be fine.
Here’s the thing: technique is going backwards. Some of my friends, strong 8c+ climbers who learnt to climb in the days when climbing gyms were barely a thing and campus boards were well hidden in Germany, regularly observe this at the crags. Young machines in the 9a and above get stuck here and there, until our old monkeys suggest a technique, an adjustment, a ‘weak trick’, and fiat lux. The idea is not to say that these same oldies knew as much at 20 as they did at 45, but that technique was rarely a limiting factor for them even back then. Physical ability, on the other hand, was. Today, the trend seems to be reversing.
Another example, perhaps even more controversial and therefore enlightening: Adam Ondra, again. A person who worked with him when ‘Silence’ was a project – a black belt in movement and the most subtle bio-mechanics – has opined that the Czech climber, a true legend of world climbing, has lost out in technique. Not in his technical skills per se, but in his movements on the rock, in the fine articulation of the relationship between trunk, limbs and rock. I know what you’re thinking: ‘’one person‘, hmm hmm…’, and I confess I’d probably think the same, so take what I report with all the care you wish.
True or false, right or wrong, I couldn’t say. On the other hand, it’s easy to see that Ondra has become quite muscular compared to the body he had as a student 10 years ago. So he’s got more to carry, and as he’s become physically stronger, perhaps he’s found, unconsciously or not, some shortcuts that relegate an ounce of fluidity and technical malleability that he couldn’t do without before? Conjecture be damned…
But while we’re on the subject of speculation, let’s be frank. Would Ondra’s body have undergone the same evolution, or even revolution, if he hadn’t followed a rigorous training regimen for competition and indoor climbing? Would the technical nature of his climbing have benefited from a full fat diet of pure rocks? In other words, would the world really have changed if Cleopatra’s nose had been shorter?
Anyway.
Why is technique being lost? Perhaps because we talk about it less? Perhaps because 99% of youtubers and other influencers, and in their wake the more traditional media, emphasise the tangible dimension of the physical? Quantifiable, easy to test, easy to reproduce, repeat and calibrate. One of the first questions asked by today’s beginners is: ‘When can I start using a fingerboard? Most bouldering gyms, to attract more and more customers, replace sections of wall with ‘training’ areas: fingerboards, moonboards, dumb bells, pull-up bars and tutti quanti(fiable). Perhaps, in short, it’s because physical fitness is taking over and climbing is taking a back seat. Now is not so much a time for optimising climbing as for optimising our tendon, muscle and ligament capacities.
This (cognitive?) bias can be found, wholsale, in the discourse of trainers, whether it’s a coach managing random young teenagers in your gym, or national teams. Over and above all the fascinating remarks shared by high-profile coaches, technique is very often conspicuous by its absence. The term does appear from time to time, but these furtive mentions are unfortunately not developed in any way, even though there might seem to be so much to say about it. Reading between the lines, we’re afraid to conclude that even the best climbers aren’t trying to improve this fundamental aspect of their climbing. There is no mention of video analysis, which is an excellent way of refining your climbing. There are many exercises that can encourage climbers to think things through and get them out of possible ruts: forcing yourself to adopt other people’s methods, adding constraints on foot placement, hand holds, etc. But no, we discuss physical loads, campusboards, reinforcement, power endurance. Even Q&As fall into these categories, which confirms the extent of the problem.
We often hear professionals say that climbing is a ‘young sport’. By this they mean that the scientific approach to training is only two decades old; compared with sports like athletics or swimming, their argument is understandable. But does this mean that we can extract another 10% of physical gains, or 5 or 1%, from the bodies of climbers? Even if climbing remains a very specific activity compared with others, today’s scientists can still stand on the shoulders of researchers and athletes in other disciplines with longer and more detailed histories. They have already come a long way.
What’s more, we know full well that physical strength doesn’t necessarily translate onto the rock. The unknowns who beat Ondra in no foot comps have never made the headlines in the climbing media. They’ve never climbed a 9c or a 9a, and sometimes not even an 8a. Lattice Training’s extensive database also shows that the world is full of finger mutants who will never have their names in the annals of climbing.
So, continuing to develop physical strength, why not, but you also have to remember, or not forget, that on its own it won’t outperform V12.
So I ask myself the question that many people have in mind: is 10a possible? Personally, I have a pretty clear idea of the kind of climber who will break this glass ceiling (polemic no. 24). The perfect climber will never see the light of day, for the simple reason that perfection doesn’t exist. But what would a more perfect climber look like than Ondra, or Megos, Schubert, Ghisolfi or Bouin?
I’ll take a stab at it. I’ll make the following claim: 10a will be accessible to someone who has the physical aptitudes of today’s most accomplished climbers and an intelligence and technical ability as advanced as their body. Or, as Megos and Ghisolfi suggested in a recent podcast, a marathon climber, an alactic power endurance climber and hyperventilated recoverer capable of putting together increasingly tough pitches. For example (let’s imagine) ‘Nordic Marathon’ started with a mere 9b. Or a 9a extension to ‘Silence’, also saved by some carefully optimised knee rests. In which case, the ‘anti-technique’ cheat code could still have a place in 10a. But let’s dream of something else.
Everything will depend on the balance of the communicating vessels, where the individual in question will manage to exploit the maximum of his physical capacities without casting the slightest shadow on the full expression of his technical faculties, which are also extremely sharp. There will be no room for the slightest weakness. You’ll need to be extremely strong in your fingers, shoulders, back, core, biceps, triceps and head; flexible all over without being too flexible; and a polyglot in all existing techniques. And finally, you’ll need to have an extreme intelligence of movement, an extraordinary intuition for bio-mechanics, and an immense facility for connecting all the muscles and tendons of the body so as to combine them into a near-perfect machine, a machine that is no longer a ‘brute’, but one in which everything works in unison with everything else. Where the whole will fuse together in an alchemical precipitate to go beyond the mere concatenation of its parts. Where the physical will no longer compensate for the technical deficiency but serve as the best of springboards, so that the movement taken in its most essential purity will allow the application, without any ultimate loss, of the physical inputs.
Perhaps 10a will even require the emergence of new techniques, unimaginable today, or their application in new contexts. Who knows?
The Descartes underbelly
René said many things in his book. That to be is to think. That animals don’t have souls. But what I want to retain from his discourse on method is doubt, the ability to question what we take for granted, particularly in the scientific sphere. The world of climbing would do well not to put all its eggs in the same ‘truth’, even if it is dressed up in the most beautiful figures.
Text: Denis Lejeune Cover by Riky Felderer