Nina Caprez a réussi vendredi dernier la troisième ascension de la grande-voie “Headless children” (9 longueurs, 250m, 8b,Schijenfluh) dans le Rätikon. Equipée à la fin des années 90, la première en libre revient à Mark Amann en 2008, puis la seconde à la star autrichienne Kilian Fischhuber en 2016 (cf vidéo ci-dessous). Nous sommes allés recueillir la réaction de Nina à ce sujet :
” La voie se situe sur la “Schijenfluh”, coté St. Antönien puis Partnun (La vallée en parallèle de Silbergeier). L’été dernier, cette folle idée m’est venue d’aller essayer cette voie. Je crois que j’avais envie de me lancer à nouveau dans une grande voie dure. J’avais cette voie en tête depuis l’enchaînement de Kilian. Les images m’ont fait rêver et puis la paroi est vraiment devant ma maison en Suisse.
Dans mon passé, j’ai grimpé déjà plusieurs fois la “dent du Schijen”, qui est posée juste devant le mur et c’est vrai que la paroi derrière m’a toujours impressionnée. Je pense que c’est de loin la voie la plus déversante du Rätikon; la longueur clé en 8b est en surplomb et le crux en réta est extraordinaire ! C’est un beau mouvement de bloc. J’ai mis 3 séances en tout à comprendre, mais une fois tu l’as, t’as l’impression que c’est du 6.
La longueur qui m’a posé plus problèmes est un 7c+ bien bloc à l’ancienne. Un gros pas sur des prises minuscules, tellement à sensations et à bien arquer. Toutes les longueurs sont relativement raides, ce qui fait que la voie sort vraiment du lot de tout ce qu’on a l’habitude de grimper dans le Rätikon.
Kilian m’a donné deux astuces qui ont été bien utiles. Pour le réta il m’a dit de poser talon/contre pointe et puis il m’a dit de me méfier de l’avant dernière longueur en dalle coté 7a+. Il a mis 4 runs et plus que deux heures pour l’enchaîner et c’est vrai que 7a+ est un peu cher payé !
L’an dernier j’étais évidemment un peu frustrée d’avoir pris une grande claque, mais c’était tellement bon d’y retourner cette année ! J’avais vraiment les crocs et je m’y suis prise différemment. J’ai passé 4 jours dans la voie l’an dernier, assuré par Benoit. Il n’a pas du tout grimpé et j’avais l’impression que j’avais pas travaillé les bonnes méthodes. Cette année j’y suis retournée avec deux grimpeurs qui ont un bon niveau, Michael Schreiber pendant les deux premiers jours et Jonahan Crison pour encore une journée de travail et puis l’enchaînement. Je les ai tous les deux envoyé en premier dans les longueurs qui m’ont posé problème pour voir si instinctivement ils allaient réaliser des méthodes différentes. Et puis à la fin tous ensemble on a trouvé des super méthodes.
Du coup au total cela fait 4 jours l’an dernier, trois jours de repérage cette année et puis la journée de la croix. Les condis cette année ont été plus que favorables ! La Suisse n’a pas vu de pluie pendant tout l’été et ce mois ci est un vrai été indien. Donc si vous avec du temps pour aller grimper dans le Ratikon, c’est vraiment le bon moment !
Travailler un tel projet à la maison est chouette. Passer du temps avec mon frère Arno et sa famille et c’est tellement facile à combiner.
Alors je me suis dit, plus ce projet peut durer, mieux c’est. Et paf, j’ai enchaîné avec une telle facilité. Bon, on s’est quand même pris un bon orage sur la tronche et à l’abri du tout, on a attendu deux heures. Les deux dernières longueurs je les ai grimpé à moitié mouillé et sur des faux 7a+ dalle ce n’est pas gagné… Je suis super contente, je viens de passer des moments magnifiques dans un de mes endroits préférés au monde.”
Vous pouvez aussi retrouver un blog tout frais de Nina narrant son voyage à Madagascar, où elle s’est attelée au travail du gros morceau de “Tough Enough” en compagnie de son amie Melissa Le Nevé. A poursuivre l’été prochain…
Last Friday, Nina Caprez made the 3rd ascent of the Multi pitch route “Headless Children”. The route, located in the Rätikon area, is 9 pitches long and stretches 250 m. It was bolted in the late 90’s and first ascended by Mark Amann in 2008, and had to wait until 2016 to get its first repeat, by Kilian Fischhuber (see video below). When asked about her ascent, here’s what Nina had to say:
“The route is located on the Schijenfluh, on the Saint Antönien side (the Valley than runs parallel to Silbergeier). Last summer, I had this crazy idea to go try that route. I believe I then wanted to try a new hard multi-pitch. In fact, I had this route in mind since Kilian’s repeat in 2015. I had seen footage of it and it looked gorgeous. Besides, the wall where the route sits essentially stands right before my house in Switzerland.
In the past, I’ve climbed multiple times the “Schijen’s Tooth”, which climbs the front wall of the massif but I always found the back wall both intimidating and attractive. I think it’s by far the steepest route in the Rätikon. The key pitch is graded 8b and offers an extraordinary mantle, that’s actually a really nice boulder problem! It took me 3 sessions to master it but once you’ve got it, it feels no harder than some 6.
The pitch that gave me the most trouble is a good ole 7c+ boulder problem I would say. It’s a really tough move on tiny holds where you need both hard crimping and good balance. All pitches are fairly steep which makes this route quite unique when compared to the rest of the Rätikon.
Kilian gave two pieces of advice that turned out very useful. He suggested using a heel/toe cam in the mantle crux and he also told me to beware of the second to last slabby pitch that grades 7a+. It took him 4 goes and over 2 hours to send it; at 7a+ this one is certainly no gimme.
I tried it last year and that ended up in frustration because it felt like being slapped in the face. But it felt really good to try it again this year. I was motivated and I took a different approach. Last year, I had spent 4 days in it with Benoit. He didn’t climb at all and I felt like I was missing a lot of beta. So this year I went back with two very strong climbers, Michael Schreiber and Jonathan Crison. I managed to have them try the pitches that were giving me problems before they could see me try them. I wanted to see whether they were going to use the same beta or not. We eventually figured out a lot of beta together.
So, in total I worked on the route 4 days last year and 3 this year, plus the day I came back to send it. I benefited from fantastic conditions, weather wise. Switzerland has had virtually no rain all summer and is currently experiencing some sort of India summer so if you have time to come climb in the Rätikon, now is great time!
Working a such a project next to home is great. And it’s been particularly nice because I could still spend a lot of time with my brother Arno and his family. So I was in a good state of mind because I didn’t really feel any pressure to send. I thought, if this project lasts, it’s actually better. And then “boom”, I sent, and it felt easy too. Well it wasn’t that easy, we still got hit pretty hard by a thunderstorm and had to wait a couple of hours with absolutely no shelter. I climbed the last two pitches soaked and the top 7a+ slab felt quite sketch. But in the end I’m just glad I spent some great time in one of my favorite places in the world.”
You can also find some recent blog entries from Nina regarding her latest trip to Madagascar, where she’s been working on the extremely challenging Tough Enough with her good friend Melissa Le Nevé. We’ll keep an eye on it next summer.
Photos : Stefan Kuerzi