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Entraînement et résine/Training and plastic Interviews

Interview : les frères Mawem et l’entraînement – Training with the Mawem brothers

  • 09/05/2020

(English below)

Alors que le confinement se termine, nous sommes allés poser quelques questions aux frères Mawem, tous les deux qualifiés pour la première olympiade de la discipline. Comment s’entraînent-t-ils, à quelle fréquence, comment analysent-t-ils leurs points forts, les contres temps, la méforme,… Des athlètes extrêmement déterminés, ambitieux, persévérants… Quand bien même l’indoor n’est pas votre tasse de thé, il est certain qu’on a quelque chose à apprendre de l’approche de ces deux forces de la nature particulièrement inspirantes ! Appréciez le discours de ces fanatiques de l’entraînement, à méditer afin d’optimiser notre retour sur les sites naturels !

Bonjour Bassa et Mikael, comment allez-vous ? Comment se passe votre confinement et votre préparation Olympique ?

Bassa : Ça va bien, merci. Le confinement s’est plutôt bien passé. Moi je suis en Nouvelle-Calédonie donc je fais partie des chanceux qui ne sont pas trop impactés par le Covid-19. On a eu 3 semaines de confinement strict, maintenant, ça fait une semaine que l’on en est sortis mais les structures d’escalade ne sont pas encore ouvertes donc il faut encore attendre une semaine. Cela fera cinq semaines sans vraiment grimper et j’ai donc hâte de sortir de cette période pour pouvoir à nouveau grimper sur mon mur. J’ai vraiment trop hâte de regrimper car j’en ai trop marre des exos !

Mickael : Bonjour, ça va plutôt bien, merci. Le confinement se passe bien, ça ne change pas grand chose par rapport à d’habitude sauf que je ne vais pas à la salle d’escalade et je dois m’entraîner à la maison. A part ça, l’entraînement olympique pour continuer à progresser, c’est dur et ça demande de la motivation mais bon, les objectifs reviennent en tête et donc la motivation, donc c’est bon.

Votre quotidien d’athlète est basé sur des entraînements multi-quotidiens ? Comment s’organise généralement votre semaine ?

Bassa : Pour ma part, je ne suis pas un athlète qui fait plusieurs séances dans la journée. Je ne m’entraîne pas comme ça parce que je n’ai pas le temps. Je ne suis pas un athlète pro, je travaille à coté donc je n’ai pas le temps de seulement m’entraîner toute la journée. De plus, j’aime bien m’entraîner qu’une seule fois dans la journée, en général, de midi à 17h. Je débute par une heure d’échauffement, puis à partir de 13h ma séance commence réellement. Et voilà, je grimpe je grimpe je grimpe je grimpe je grimpe je grimpe je grimpe jusqu’à ne plus avoir de doigts, jusqu’à ne plus avoir d’ongles, jusqu’à avoir des crampes pendant ma séance. A savoir que je bois bien, je mange bien, je dors bien, du coup, quand je commence à avoir des crampes dans ma séance, c’est que je suis vraiment allé au bout, et c’est ce qui me permet de me dire que c’est la fin.

Sur la semaine, je fais la même chose que ce que je viens de décrire, mais je le fais le lundi mardi, jeudi et vendredi. Je me donne vraiment à fond et je m’arrache sur toutes les séances pour que ce soit le plus efficace possible. Cela me fait à peu près 20h d’escalade d’entraînement dans la semaine, où je fais vraiment que de l’escalade et à coté de ça, je vais devoir intégrer, je dis ça car j’en n’ai vraiment pas envie mais il faut que je commence à en faire, là je vais intégrer un peu de yoga à hauteur de 2 h par semaine. Cela commencera la semaine prochaine, mais je n’ai pas du tout hâte que cela commence ! (Rires)

Mika : J’essaie de garder au maximum le même rythme de jours d’entraînement, et le même nombre d’heures d’entraînement dans la journée. Du coup je m’entraîne lundi mardi jeudi et vendredi entre 4 et 6 heures, ce qui fait des journées bien intenses physiquement et mentalement, le tout à la maison.

Avez-vous un entraîneur ? Comment vos séances sont créées et planifiées ?

Bassa : Alors non, moi je n’ai pas d’entraîneur. En fait, je n’ai jamais eu de coach, sauf quand j’ai débuté l’escalade. Mais c’était plus un moniteur qu’un entraîneur. Ensuite, je me suis toujours entraîné seul, j’ai appris en faisant beaucoup de bêtises et je me suis beaucoup blessé. Les seuls moments où j’ai commencé à avoir un coach sont mes deux années où j’ai été au pôle France où je faisais un 50/50 avec Sylvain Chapelle. Voilà, il y avait aussi Nicolas Januel qui m’avait coaché un petit moment, mais il ne me faisait pas de séance, c’était plus des conseils. Mais depuis que je ne suis plus au pôle France, je n’ai plus de coach, et de toute façon, je n’aime pas du tout ça. En fait, je déteste que l’on me dise ce que je dois faire, je déteste écrire mes séances parce que après je me sens dans l’obligation de la faire, c’est comme si en fait quelqu’un me disait « fait le » et vraiment, je déteste ça. Du coup pas de coach mais je me fixe une heure de fin d’entraînement et puis je fais au feeling en me donnant à fond. Voilà, c’est ce que je fais et ça marche plutôt pas mal. Après, je n’ai pas de coach, mais vu que je suis un athlète qualifié pour les JO, j’ai le soutien de la Fédération française de montagne et d’escalade. Daniel Dulac et Sylvain m’appellent régulièrement pour savoir comment se passe mon entraînement et ma préparation, et à coté, si l’on a quelque chose à leur demander, ils sont présents. Voilà, donc je n’ai pas vraiment de coach à part ma montre, mais je peux compter sur l’appui des entraîneurs de la fédé.

Mika : Mon entraîneur, c’est Bassa. C’est lui qui coordonne ma planification des entraînements. Après pour les exercices on travaille ensemble dessus, mais pour la planification, je lui ai laissé la main complètement. Pour nous les séances sont créées par cycles, on fonctionne à la répétition. Donc on se dit que c’est comme répéter un bloc difficile en après-travail, et que l’on progresse en répétant le bloc jusqu’à se sentir bien dedans. Et donc c’est pareil pour les exercices, on les fait et répète jusqu’à ce que l’on se sente bien dedans et après on passe à autre chose.

On pourrait qualifier une de vos forces en escalade comme l’explosivité bien que vos disciplines de prédilection soient différentes. Comment l’expliquez-vous et l’analysez-vous ?

Bassa : Mika et moi, on a ce que l’on pourrait dire des qualités explosives qui sont plutôt bonnes, mais je pense qu’à haut niveau, tout le monde a de très bonne qualité en explosivité. Après si l’on a de très bonne qualités explosives, c’est juste que l’on en fait tout le temps pour grimper vite, on a toujours tout fait rapidement, le but n’a jamais été dans nos entraînements de faire des mouvements lentement, ou de faire des mouvements en force qui durent 10 secondes. On a toujours cherché à aller vite, et je pense que voilà, aujourd’hui cela se ressent parce qu’on l’a toujours fait, c’est comme ça que l’on fonctionne.

Mika : Il doit déjà y avoir quelque chose vis à vis de nos gènes. Puisque depuis tout petit, on est assez explosif. Après, je pense que l’on s’est élevé dans l’entraînement différemment, on s’est élevé dans le jeu, dans le physique du haut du corps, dans le déplacement rapide. On a fait beaucoup de sports différents qui demandaient tout le temps d’être assez explosif et je pense que l’on s’est adaptés à ça et on a toujours aimé jouer et le jeu est la meilleure de chose pour devenir explosif et pour apprendre à utiliser son corps.

Quelle est la base de votre entraînement qui a amélioré votre puissance ? Peut-être cela a-t-il évolué au fil des années ?

Bassa : La base de notre entraînement est très minimaliste. Pour le coup, dès que l’on a commencé à faire de l’escalade, on s’est dit qu’il fallait des bras, et pour avoir des bras, il faut faire des tracions. Et c’est ce que l’on a toujours fait. Donc la base de notre entraînement, c’est les tractions. Je peux vous dire que l’on en mange ! On en a mangé beaucoup et l’on en mange encore beaucoup. Sinon, on est hyper minimaliste dans la manière de nous entraîner, je fais des squats, des tractions et je grimpe. Mais par contre je le fais à fond, je ne dévie pas dans la séance et je le fais jusqu’au bout. Après, ce qui évolue, je ne pense pas que ce soit la méthode qui évolue, mais plutôt notre capacité à nous investir. C’est à dire qu’aujourd’hui, si on demande à n’importe quel grimpeur de faire pendant 4 ou 5 heures la même chose, et bien il va peut être le faire un jour voire une semaine, mais il n’arrivera pas à le faire sur un cycle d’entraînement complet de plusieurs semaines ou toute l’année. Et je pense que ce que l’on a développé, c’est notre capacité à nous entraîner et à être toujours hyper investi dans ce que l’on fait. On a une grosse capacité à nous entraîner, on n’a pas besoin de diversité dans nos entraînements : ce que je veux, c’est juste faire ce que j’ai à faire et une fois que c’est fait, je me sens bien. Mais de manière très minimaliste. Après je vois tous les jeunes et les moins jeunes, ils font 150 milles exos ou changent tous les jours de séance pour justement trouver du plaisir à s’entraîner, eh bien nous, le plaisir est juste dans l’entraînement, on n’a pas besoin de changer tout les jours d’exos, de faire 3 4 5 séances particulières, ou de faire 3 4 5 exos particuliers dans la même séance pour s’éclater. Moi je m’éclate quand je m’entraîne et je n’ai pas besoin de faire 150 milles trucs. Et je fais toujours la même chose, et ça marche !

Mika : Clairement la dessus, ça vient du fait que dans le village d’où l’on vient, Huningue, il y avait très peu de moyens d’entraînement, donc on s’est beaucoup entraînés en no-foot, beaucoup tout seul en faisant des circuit training dans les caves, on a toujours mis en avant le physique, le haut du corps, pas forcement correctement, mais cela nous a donné une grosse base physique. Et plus on avançait, plus on a fait les choses correctement, à les répéter, et plus ça s’est développé facilement. Donc notre puissance vient clairement de là.

Quelle importance accordez-vous à la coordination gestuelle en escalade ? Comment la travaillez-vous ?

Bassa : Zéro ! (rires) Je ne fais pas d’exos. Je déteste faire des exos, ça me saoule, j’ai l’impression de perdre mon temps et je pense que c’est un peu le défaut de beaucoup de grimpeurs de se dire allez on fait un peu d’exos, de la coordination, de souplesse, de ci de ça. Pour moi, et c’est ce que je fais faire à mes jeunes, on commence à faire des exos quand on est capable de rester 20h face à un mur. Quand tu es capable de rester 20h face à ton mur à grimper, tu peux commencer à parler d’exos. Tu fais des exos lorsque tu es à ta capacité maximum de grimpe, pour continuer à t’améliorer. Mais d’abord, je grimpe et ensuite, il ne me reste jamais assez d’énergie pour faire des exos donc je n’en fais jamais.

Mika : Pour moi, la gestuelle en escalade se travaille en grimpant grimpant grimpant. Je pense qu’il n’y a pas grand chose à dire de plus. Plus tu grimpes, plus tu essaies des mouvements différents et donc tu enregistres des gestuelles différentes et donc tu commences à maîtriser un peu de tout. Mais clairement, il n’y a pas de secret, c’est ce que je dis à toutes les personnes qui veulent progresser, c’est de changer de salle régulièrement pour voir des styles différents, grimper un maximum, c’est ce qui vous permettra de progresser sur la gestuelle.

Quelle est la place que vous accordez à la musculation dans votre entraînement. Comment l’envisagez-vous?

Bassa : Pas de musculation non plus. Je dis oui et non, car je ne fais pas de séance de musculation. En revanche, ce que j’ai toujours fait et c’est ce que je fais encore : j’intègre des exos des squats et de tractions dans mon échauffement. Et ce que je fais évoluer, ce n’est pas mes séances, c’est mon échauffement, pour faire en sorte de prendre de plus en plus de force, mais tout doucement. Par exemple, là je vais commencer à intégrer dans squats à une jambe dans mon échauffement, et ça va forcement me faire prendre de la force. Mais au lieu de faire une grosse séance qui va m’éclater dans la semaine, et bien j’en intègre un peu tout les jours à chaque fois que je grimpe, à chaque fois que je m’échauffe, au moins, je suis opérationnel pour mes séances d’escalade et derrière ça, je travaille et je développe un peu la force.

Mika : J’ai fait pas mal de musculation il y a 5-6 ans, j’en ai vraiment fait beaucoup, et depuis, avec les aptitudes physiques que j’ai acquis m’ont suffi, et maintenant, j’essaie de tout replacer au niveau de l’escalade. Ça veut dire que si je dois faire de la musculation pour les bras, je vais essayer de le faire sur le mur d’escalade. Cela me permet de pouvoir garder un maximum de gestuelle dans le travail de la force ou du volume ou autre pour que le tout s’accorde beaucoup plus vite. Car j’ai une grosse force physique de base.

Et le travail technique dans tout cela ? Quels sont pour vous les choses primordiales à bosser ?

Bassa : Alors pour moi, la technique, je ne la travaille pas car je passe 20 h par semaine face au mur. En revanche, je pense que c’est un bon point. En fait, je ne pense pas que ce soit la technique qui soit à travailler. Je pense vraiment que le point à développer c’est sa capacité à se concentrer pour pouvoir faire le mouvement le plus rapidement possible. Voilà, ça c’est un point pour moi, un point à développer. Vous voyez, il y a des personnes qui vont mettre 50 essais à faire un mouvement, mais à partir du moment où tu arrives à le faire au premier deuxième troisième ou quatrième essai, tu seras forcement plus performant que la personne qui en aura mis 50 pour le faire. Parce que celui qui va mettre 50 essais pour faire un mouvement, il va perdre du temps. Par ce qu’il ne sera pas assez concentré, pas assez investi, il n’aura pas forcement la bonne réflexion, ça va être compliqué pour lui. Pour moi c’est vraiment ce qu’il y a à développer. C’est cette capacité à se concentrer et à mobiliser tout ce qu’il faut au niveau physique pour pouvoir effectuer le mouvement qui est forcément complexe.  

Mika : Je ne pense pas qu’il y ait de chose primordiale. C’est vraiment très personnel du coup, je reste sur le grimper grimper grimper un maximum pour avoir un gros bagage gestuel et là au moins tu vois ce que tu as besoin de travailler. Après, moi je reste dans une généralité dans la gestuelle et la technique, et je n’essaie pas de me dire que je ne suis pas très bon sur les petits pieds donc je vais faire que ça ! J’essaie toujours de faire un peu de tout pour progresser.

Comment se passe votre préparation mentale ?

Bassa : Pas de préparation mentale pour moi, parce que à partir du moment ou je finis mes entraînement à genoux, quand j’arrive en compétition, je n’ai pas besoin de me dire « est-ce que je suis prêt ou non ? » parce que je sais que j’ai fait tout ce qu’il fallait pour être au maximum de mon niveau. Voilà donc ma préparation mentale, c’est mon entraînement. Donc je m’arrache, je me donne à fond, je suis investi, impliqué à chaque entraînement, et cela me permet de me dire à la fin que j’ai fait tout ce que je pouvais faire, tu n’as rien à regretter, tu as juste à la faire, voilà. Et j’essaie de le faire !

Mika : La préparation mentale se passe bien (rires). J’en ai fait il y a quelques années, mais j’ai arrêté pour la simple raison que je n’ai pas trouvé de bon préparateur mental autour de moi capable d’être proche ou avec moi durant mes séances. Du coup j’ai laissé de côté et je gère ça tout seul.

Comment gérez-vous les phases de fatigue, de méforme, de blessure ? Quelles sont vos expériences dans ce domaine ?

Bassa : Très bonne question de savoir comment on gère les périodes de fatigue, de méforme ou de blessure : alors, pour le coup, c’est très simple, il y a des hauts et des bas durant une période d’entraînement, on ne peut pas être tout le temps à 100% de ses capacités, mais la seule chose que je me dis, c’est que même dans la fatigue il faut que l’on soit quand même les meilleurs. C’est à dire que oui bien-sûr, il y a des phases ou l’on peut ne pas être à 100%, mais ce que l’on se dit, c’est que même fatigué, on sait que tout le monde a ce genre de période. Même avec la fatigue, il faut que l’on soit les personnes les plus impliquées les plus appliquées dans notre entraînement. C’est à dire que à la fin de chaque entraînement, on monte sur un podium, et ça c’est hyper important. C’est à dire que ok, on est fatigué, ok, on n’arrive pas a faire tel bloc violet ou que l’on n’arrive pas à être au même niveau de performance d’untel ou untel, en revanche, en terme d’implication et de disposition à l’entraînement, on est là, on est présent. Et dans tout les cas, si on faisait un podium à la fin de chaque entraînement, on serait bien placés à chaque fois (rires).

Un podium d’investissement, d’implication à l’entraînement. Ça c’est super important et ça c’est ce que je dis et je communique à mes jeunes, c’est ok vous n’êtes pas en forme, c’est pas un souci, mais donne toi à fond et tu seras content. Même si tu n’es pas au top de ton niveau, même si tu n’arrives pas à battre ton record, même si tu n’arrives pas à avoir les sensations que tu avais envie d’avoir, c’est pas grave, donne toi à fond, tu seras content de ton entraînement et tu rentreras en disant que tu as fait ce qu’il faillait faire et le jour de la compétition, ça se verra. En revanche, si à chaque fois que tu n’es pas en forme, tu baisses les bras et que tu te dis que tu vas remettre ça au lendemain, et bien non, c’est une séance en moins. Et c’est une séance que est hyper importante parce qu’elle t’empêchera concrètement de faire la différence plus tard.

Pour les blessures, moi ça m’arrive de me blesser. Quand cela arrive, je vais très vite chez le médecin pour faire dans la journée une échographie afin de diagnostiquer les maux. Ensuite, je pose la question au médecin de savoir si je tire dessus, est-ce que cela va empirer ? Si le médecin me qui que non, et bien je bourrine dessus, et si c’est non, il faut que je me calme (rire). En revanche, je ne m’arrête jamais de grimper. C’est à dire que je me calme et donc je réduis énormément mon entraînement, mais aussi je demande à mon collègue de boulot de me délester jusqu’à me délester de tout mon poids pour garder la gestuelle. Si je me blesse aux jambes, je continue de faire des tractions et à bourriner avec les bras, et à coté de ça je fais du délestage au taquet, pour ne pas pousser dans les jambes et pouvoir continuer à grimper. Mais quand je dis délester, ce n’est pas 20 kg, c’est plutôt 60 ou 70kg donc je ne sens quasiment plus rien et comme ça je peux continuer à grimper, et surtout à toucher les prises. Si je suis blessé au doigt, je strappe à fond, je me déleste aussi et je serre les dents. C’est la seule chose que je fais mais en tout cas, ça fait maintenant un paquet d’années qu’à chaque blessure, je n’arrête plus de grimper. Je grimpe tout le temps, je n’arrête pas de grimper car pour moi, ce n’est pas la solution d’arrêter de grimper. En revanche, c’est sûr que la blessure met plus de temps à cicatriser mais au moins, je reste dans le jeu. Par exemple en 2018, je me fais une déchirure de 1 cm sur l’adducteur et donc je ne pouvais plus grimper à 3 semaines de la compétition. J’ai donc grimpé très très délesté plus quatre séances de kinésithérapie par semaine, plus des tractions. Derrière ça, j’arrive une semaine avant les championnats du monde où je reprends doucement l’escalade. En faite, la stratégie que j’ai eu avec mes médecins et kinés, ça a été de dire que l’on fait un maximum pour que ça tienne jusqu’à la compétition sachant que normalement, c’est un mois pour la cicatrisation complète, et la pour le coup, on était a 3 semaines, et à la compétition, je me donne à fond, si ça tient tant mieux, si ça pète, et bien ça pète. En fait, ça a bien tenu et je finis vice champion du monde. Pour la blessure en 2019, un mois avant le TQO (Tournoi de Qualification Olympique), je me fais une poulie partielle (tout ce qui en ont eu savent que c’est compliqué de grimper avec ça). J’ai mis du strap et j’ai serré les dents pour continuer à grimper. Forcément je ne pouvais pas continuer à grimper à haute vitesse avant le TQO, je ne pouvais plus faire de bloc, ni de difficulté, ça c’était clair et net, c’était impossible de serrer une prise, en revanche, la première semaine, je faisais 2-3 runs sur ma série de vitesse, ensuite la deuxième semaine, j’étais passé à 5-6 runs, Troisième semaine, je pouvais vraiment regrimper, même si ça me faisait mal et au TQO, j’étais au taquet, ça s’est plutôt bien passé, c’est cool je suis qualifié pour les JO. Donc pour résumer, avec une blessure, je ne m’arrête pas de grimper, je continue et je trouve des solutions pour continuer. Je vais chez le médecin pour savoir exactement ce que j’ai, je me trouve un bon cabinet de kiné qui va faire tout son possible pour me remettre le plus vite possible en route et je mange bien, je dors bien, je m’hydrate bien.

Mika : Les phases de fatigue sont obligatoires à l’entraînement, on ne peut pas être en forme toute l’année. Donc il faut en être conscient et l’on fait en sorte que cela arrive sur des périodes d’entraînement et pas durant des périodes de compétition. Après, c’est la difficulté du sport, c’est qu’il y a plein d’aléa et ça peu vite changer. Mais on a des cycles d’entraînement et avant les compétitions, on fait en sorte de mettre les repos nécessaire. Pour arriver en compétition au mieux de sa forme.

Vous apportez beaucoup d’importance à la nutrition, quels sont les trucs auxquels vous croyez ?

Bassa : Pour la nutrition, Mika fait lui beaucoup plus attention que moi. Moi pour le coup, je fais attention à mon poids, je me pèse pour voir si j’ai déconné ou pas, après je fais en sorte de vraiment bien manger car sinon, je ne me sens pas très bien, je n’ai pas l’équilibre parfait et je ne me sens pas bien et je suis de mauvaise humeur. En revanche, il y a des choses que je ne mange plus en dehors du matin. Je ne mange plus de pain, plus de sucre, plus de pâtes, plus de pomme de terre, plus de charcuterie. J’essaie de manger le moins possible de produit transformés (sauf quand je suis avec mon fils). Donc j’essaie de manger sainement et je ne fais pas de régime mais je mange des produit sains. Après, je mange de tout, de la viande, des œufs, du poisson, du lait, du fromage, voilà, je ne me prends pas trop la tête. Je fais juste attention à ne pas trop faire d’excès car j’aime bien manger, et ça peu vite partir en vrille, surtout si on me pose un paquet de cacahuètes. Après dans les périodes ou je m’entraîne beaucoup, je fais moins attention à mon alimentation car il faut que je mange tout simplement pour pouvoir récupérer. Mais sur les périodes hors compétition, là pour le coup, je fais très attention, je réduis vraiment les quantités car il ne faut pas que je prenne de poids.

Mika : Il faut adapter la nutrition mais aussi la renouveler. La nutrition, c’est quelque chose de très personnel, et il faut la réadapter chaque année ou plusieurs fois dans l’année en fonction de ce que l’on fait. Mais ce qui est clair, c’est qu’il faut avoir ce qu’il faut avant pendant et après les séances d’escalade, c’est le plus important. Autour, c’est plus personnel. S’il faut manger plus de légumes, plus de féculents, de protéines, ça dépend de ce que vous cherchez, si c’est votre poids ou autre mais le plus important c’est de bien s’alimenter autour de la séance.

Pour la récupération, que faites-vous régulièrement ? Faites-vous de la cryogénie, du repos, de l’électrostimulation ?

Bassa : pour la récupération, ma vision est la même que pour l’entraînement, c’est à dire que déjà dans un premier temps il faut bien manger, bien boire et bien dormir, ça c’est la base. Et ensuite, une fois que l’on est au maximum de ces capacités pour la récupération, j’utilise des petits appareils de massage avec des boules pour me masser. En plus, j’ai une séance de kiné dans la semaine soit le mardi, soit le vendredi pour pouvoir m’aider à récupérer. Sinon, je n’utilise pas de cryogénie. L’électrostimulation, je l’utilise plus quand je suis blessé. Sur les petits bobos, que j’ai un peu tout le temps après de grosses séances si j’ai bien mal, j’utilise l’électro stimulateur pour faire en sorte de pouvoir m’entraîner le lendemain. Sinon, je n’utilise pas de glace ou de cryogénie. Du fait que mes entraînements sont déjà bien durs, je ne fais pas de choses en plus qui soient traumatisantes car ça rajoute de la nervosité et le lendemain, ça devient compliquer de grimper. Donc après mes séances, j’évite tout ce qui est chiant et tout ce qui fait mal. Et le fait d’éviter tout cela me permet de mieux récupérer, c’est sûr et certain.

Mika : Dans un premier temps, comment on fait beaucoup d’entraînement, on fait en sorte de ne pas être tout le temps sur la même filière pour ne pas avoir besoin de repos spécifique. Après on fait de la kiné, s’il y a besoin, on fait de l’électrostimulation, du bain froid, on fait au feeling. En gros tous les outils que l’on peut trouver pour la récupération, on les utilise en fonction de notre ressenti. Donc si je fais une grosse séance sur les bras, et que j’ai très mal, si j’ai accès aux bains froids, je vais aller en faire. Je peux aussi utiliser des compléments alimentaires pour récupérer plus vite. Voilà, on fait au feeling.

Si vous vous fixiez des objectifs pour être performant en milieu naturel, quelles seraient les choses à mettre en place qui vous viendraient à l’esprit ? Quelles seraient les priorités ?

Bassa : Ah j’aime bien cette question ! Alors moi j’ai un objectif déjà, mais ça sera après la compétition, parce-que la compétition, c’est la compète et j’adore m’entraîner, j’adore aller en compétition, j’adore tout ce qui se passe dans le monde de la compétition, et j’ai aucun souci avec ça, mais vraiment pour être un grimpeur accompli, mon but est de faire un 9a. Donc une fois que j’arrêterai la compétition, je me lancerai dans la quête du 9a. Pour le coup, ça c’est si mes doigts me le permettent encore car ils sont sacrément défoncés. Donc si mes doigts me le permettent, je souhaiterais faire le premier 9a du monde, “Action Directe” de Wolfgang Güllich, c’est une base. Wolfgang était une personne qui grimpait beaucoup, il faisait beaucoup de tractions, il faisait énormément de physique, et il a fait ce 9a entre autres. Pour moi, ça serait très important que je puisse répéter ce 9a. On verra donc en 2024…

Mika : Si tu as un objectif en milieu naturel, et bien il faut y aller et y aller pour répéter et re-répéter. Je pense que c’est la meilleure manière de faire. Quand on voit les falaisistes, ceux qui font des grosses croix en extérieur, ils bossent et ils répètent leurs voies pour réussir à faire une très grosse performance. Donc on répète on répète et on répète. Et c’est ce que je mettrai en place.

Si je veux devenir fort en escalade, je dois…

Bassa : Pour moi c’est simple, il faut commencer par avoir un projet en extérieur, en intérieur, en compétition, de performances, peu importe, même si c’est de faire 10 tractions à un bras. Donc il faut avoir un projet et ensuite, il faut s’impliquer à fond dans ce projet. Après si ton objectif est le très haut niveau en compétition ou extérieur, il faut que ça devienne un mode de vie. Mais pour aller vers le très haut niveau, à partir du moment où tu veux aller flirter avec les meilleurs, il faut que ça devienne un mode de vie car c’est un choix de vie qui implique beaucoup de choses et donc il faut être hyper impliqué dans son projet et pas seulement sur 1,2 ou 3 cycles. Voilà, c’est un bout de ta vie qui va passer dans l’accomplissement de ce projet. Donc pour moi le grand secret est une implication et une détermination sans failles, ce qui peut permettre à n’importe quelle personne de performer et d’atteindre son objectif ou d’atteindre et de réaliser son rêve. Voilà, merci beaucoup et prenez soin de vous en cette période délicate !

Mika : Pour devenir fort, il faut être régulier, avoir un bon rythme et ne pas t’arrêter. Faire de l’escalade 3, 4 à 5 fois dans la semaine. Et la après tu pourras être bon en escalade. Et si tu veux être très bon, et bien là il faudra que tu commences à t’entraîner.

Photo de couverture : Julia Cassou

As the confinement ended, we went to ask a few questions to the Mawem brothers, both of whom qualified for the first Olympic in climbing. How do they train, how often, how do they analyze their strengths, the odds, the poor form, … Extremely determined, ambitious, persevering athletes … Even if the indoor is not your cup of tea, it’s certain that we have something to learn from the approach of these two particularly inspiring forces of nature! Enjoy the speech of these training fanatics, to meditate and to optimize our return to rocks!

– Hi guys, how are you? How is your confinement and your Olympic preparation going?

Bassa: I’m fine, thanks. The confinement went well here. I’m in New Caledonia so I’m part of the lucky people who were not too impacted by Covid-19. We had 3 weeks in confinement, and for one week now, we have been out, but the climbing gym is still closed. I need to wait one more week before I can climb again. I can’t wait to get out of this period to climb again on my climbing wall. I’m fed up with work outs.

Mika: Hello, I’m fine too, Thank you. The confinement isgoing well and doesn’t change our habits so much. But we don’t go to the climbing gym and I need to train at home. The training for the Olympics is difficult now because it requires a lot of motivation, but we keep this target in minds and it’s ok.

– Your daily life as an athlete is based on multi-daily training, how is your week generally organized?

Bassa: I’m not an athlete who trains many times a day. I’m not a professional climber and I don’t have the time, I need to work too. Moreover, I like training just once in a day, most of the time from noon to 5 pm. I start my training with a one-hour warm-up then a one 1 pm, I start climbing hard. And then, I climb, I climb, I climb, I climb, I climb, I climb until I have no more skin on my fingers, no more nails, or have muscle cramps. And I hydrate, eat and sleep well which prevents this kind of problem. So if I begin to have muscle cramps during my training, that is because I have pushed beyond my limits. That’s when I know my training session is over.

In a week, my schedule is simple. I do as I said before, and I repeat it Monday, Tuesday, Thursday, and Friday. I push very hard at each training session to let it be the most efficient as possible. So train 20 hours a week where I just climb and in addition to that, I will doing 2 hours of daily yoga soon. It will start next week but I’m not in a hurry to start Yoga! (Laugh) 

Mika: I try to keep an intense training rhythm and keep spending the same tme training everyday day. So as Bassa said, we train 4 days a week and between 4 to 6 hours each time. It’s very intense physically and mentally. And all of this training is done at home these days 🙂

– Do you have a coach? How are your sessions created and planned?

Bassa: Me, I never had a coach, except when I started climbing. But it was more like simple monitoring rather than proper coaching. I always prepare myself, and I have learned a lot from my mistakes and Injuries. For two years, I had coaches when I was in the French team. I had a national team coach to train me. Sylvain Chapelle trained me half time and Nicolas Januel gave me advices and tips to improve everything. But since I wasn’t in the French national climbing facility, I did not have a coach and its nice because I hate to have a coach telling me all that I need to do. I also hate to write down my future training sessions because I then feel the obligation to stick with it and I hate that. So no coach, but I stictly stick to my training hours. I go with the feeling and I push hard during all sessions. And it works well for the moment so that’s nice!

And the last thing, now, I’m qualified for the next Olympics in Tokyo so Sylvain and Daniel Dulac who are the French team coaches call me regularly for any news about my training and to know if everything is ok. And If I need anything, they are here to help me.

Mika: My coach? It’s Bassa! He coordinates and plans my training. But about exercises, we work together on it. For the organization, he’s the boss! For us, sessions are created by cycles, we function with repetition. We are telling that training is exactly like trying a difficult boulder problem. We are telling that exactly the same thing and you progress when you repeat and repeat until to feel well. So that the same process about training exercises, we practice it and repeat it until it’s ok and after we find another exercise.

Could you describe one of your climbing strengths as explosiveness although your favorite disciplines are different. How do you explain and analyze it?

Bassa: Mika and I have something that you could call some good explosive faculties. But I think that at a top level of climbing, everyone has good explosive qualities. However, if it looks that we have good explosive faculties, it’s because we try climbing as fast we can all the time. It’s our style. The goal during our training was always to resolve a problem or hard movement with a high speed . That’s how we do with my brother.

Mika: It must have something in our genes. Since we are small kids we are explosive. I think that we grew up and trained differently, we trained into games, into the top of the body reinforcement, into fast movement. We have practiced in the past many different sports which asking to be explosive. I think that we are adapting and we always enjoy playing. Games are one of the best methods to become explosive and to learn how to use your body, your balance,…

What is the basis of your training which according to you is the common thread of your power? Perhaps this has evolved over the years?

Bassa: The base of our training is very simple. When we have start climbing, we tell us we need strong arms, we must do pull ups. And that we were ever done. So the base of our training is pull ups and we did and do a lot! Otherwise, we are very minimalist in our training. I do a lot of squats, pull ups and climbs. But I work at 200% all the time and I do not deviate from my session. After, the evolution of my training isn’t my method. I think it is our capacity to commit. Today, if you ask a climber to do during 4 or 5 hours the same exercise, he will do it one day. But surely not 4 times by week and all of a year. I think we develop our capacities to train a lot and to be very committed all the time. We don’t need huge diversities of exercise of planning to don’t be boring. I just want to train, climb and when it’s done, I’m satisfied and fine. But it’s minimalist. That right, when you look at other climbers, they’re done 150 thousand exercises or change all every day of types of exercises to find pleasure about training, well for us, the pleasure is just into training and it’s enough to have fun. I just train hard, I don’t need to do many different exercises, I do all the time the same stuff, and it’s working!

Mika: Surely, it becomes because we lived in the small village of Huningue and there were not big infrastructures to train correctly. So we trained a lot in no-foot, we did a lot of circuit training alone in building undergrounds. We always train to be strong into the top of the body, not all the time correctly, but that gave us a great base. More we move forward, more we train correctly. And when you repeat all the time, it starts to develop easily. For sure, our power come from our lifestyle.

What importance do you keep to gestural coordination in climbing? How do you work it?

Bassa: Zero! (Laugh) I don’t make exercise. I hate to make exercises, it’s boring, I have the feeling to lose my time. I think that the default of many climbers to practice exercises to work on coordination, flexibility, etcetera. To me, and that what I tell to young climber I train, you can start to make some exercises when you have pasted 20 hours of climbing in front of the wall. you can start talking about exercises when you are at your maximal capacities of climbing and you want to continue to progress. But first, I climb and then, I never have enough energy to make some exercises, so I never do it.

Mika: For me, you just work for movement and motion in climbing and climbing. That’s all. The more you climb, the more you try different and hard movements, the more you record specific motion and you can reach to master very difficult and various positions. But there’s no secret, if you want to progress, you need to change of climbing gyms regularly to look at miscellaneous problems and climb a maximum. That’s will allow you to improve about movement, balance,…

What place do you give to bodybuilding in your training?

Bassa: No bodybuilding either. I will say yes and no, because I don’t practice training sessions with weights. On the other hand, I add squat and push-ups exercises in my warm-up. And I’m not changing my sessions but my warm-up, to make sure I gain more and more strength, but slowly. For example, I’m going to start integrating into one-leg squats in my warm-up, and that will force me to gain strength. But instead of doing a big session that will blow me up during the week, well I integrate it a little every day every time I climb, every time I warm up, at least I am operational for my climbing sessions and behind that, I work and I develop a little bit the strength.

Mika: I did a lot of bodybuilding 5-6 years ago, I really did a lot, and since then, with the physical skills that I have acquired have been enough, and now, I try to replace everything in my climbing. That means that if I have to do weight training for the arms, I will try to do it on the climbing wall. This allows me to be able to keep a maximum of gestures in the work of strength or volume or other so that everything works together much faster. Because I have a big basic physical strength.

And the technical work in all this? What are the most important things for you to work on?

Bassa: So for me, the technical stuffs, I don’t work on it because I spend 20 hours a week facing the wall. On the other hand, I think it’s a good point. In fact, I don’t think it’s the technique which is paying. I really think the point to develop is your ability to focus and the fact you can do the movement as quickly as possible. That’s a important point for me, a point to develop. You see, there are people who will take 50 tries to make a movement, but from the moment you manage to do it on your first second, third or fourth try, you will necessarily be more efficient than the person who put 50 tries to do it. Because the one who will take 50 tries to make a movement, he will waste his time. Because he will not be focused enough, not invested enough, he will not necessarily have the right spirit, it will be complicated for him. For me this is the way you should follow. It’s this ability to concentrate and mobilize all that is necessary on your physical level to be able to conquer the movement which is necessarily complex.

Mika: I don’t think there is anything essential. It’s really a very personal opinion, I stay on the climb climb climb a maximum to get a large technical baggage and there at least you see what you need to work. After that, I stay in general way about the work of moves and technique, and I’m not trying to tell myself that I’m not very good on small feet so I’m going to do that! I always try to do a little bit of everything to improve my climbing.

How is your mental preparation going?

Bassa: No mental preparation for me, because from the moment I finish my training completely destroyed, when I will enter in a competition, I don’t need to say to myself “am I ready or not?” Because I know I did everything I could to be at my best. So that’s my mental preparation, it’s my training. So I tear myself away, I give myself thoroughly, I am invested, involved in each training, and this allows me to tell myself at the end that I did everything I could do, you have nothing to regret, you just have to do it, that’s it. And I’m trying to do it!

Mika: The mental preparation is going well (laughing). I did it a few years ago, but I stopped for the simple reason that I did not find a good mental trainer around me who would be able to be close or with me during my sessions. So I left out and I manage it on my own.

How do you deal with phases of fatigue, failure or injuries? What are your experiences?

Bassa: Very good question about how we manage periods of fatigue, misform or injury. So, for once, it’s very simple, there are ups and downs during a training period, we can’t always be at 100% of our capacity for once, but the only thing I tell myself is that even tired you have to try the best anyway. Of course, there are phases where we may not be 100%, we know that everyone has this kind of period. But even with fatigue, we have to be the most involved people the most focused in our training. At the end of each training session, you get on a podium, and that’s really important. Ok, we are tired, ok, we can’t do such a quite hard boulder or we can’t stay at the same level of performance of another climber, however in terms of implication and disposition in training, we are there, we are present. And in any case, if we made a podium at the end of each training, we will try to be at our best each time (laughing).

An investment podium, of involvement in training. That’s super important and that’s what I say and I communicate to my young people, it’s ok you are not in shape, it’s not a problem, but give it your all and you will be happy. Even if you’re not at the top of your level, even if you can’t beat your record, even if you can’t have the sensations you wanted, it’s not bad, give it your all, you will be happy with your training and you will come back saying that you did what it was supposed to do and the day of the competition, it will pay. On the other hand, if each time you are not in good shape, you give up and tell yourself that you are going to put it off until tomorrow, well no, it is one session less. And it’s a session that is super important because it will actually avoid to make a difference later.

For injuries, I sometimes get hurt. When this happens, I go very quickly to the doctor to do an ultrasound during the day to diagnose ailments. Then I ask the doctor if I continue, will it get worse? If the doctor tells me that no, well, I screw up on it, and if not, I have to calm down (laugh). However, I never stop climbing. That is to say that I calm down and therefore I reduce my training enormously, but also I ask my work colleague to shed my weight until I shed all my weight to keep the gestures. If I injure my legs, I continue to do push-ups and working my arms, and next to that I do load shedding, so as not to push in my legs and be able to continue climbing. But when I say shedding, it is not 20 kg, it is rather 60 or 70kg so I hardly feel anything anymore and that way I can continue to climb, and especially to touch the holds. If I am injured on the finger, I tape, I also shed and I clench my teeth. It’s the only thing I’m doing but in any case it’s been a lot of years now that with each injury I keep climbing. I climb all the time, I don’t stop climbing because for me, it’s not the solution to stop climbing. On the other hand, it is certain that the injury takes longer to heal but at least, I could stay in the game.

For example in 2018, I made a tear of 1 cm on the adductor and therefore I could not climb more than 3 weeks of the competition. So I climbed very very relieved plus four physiotherapy sessions per week, plus pull-ups. Behind that, I arrive a week before the world championships where I slowly restart climbing. In fact, the strategy that I had with my doctors and physiotherapists, it was to say that we do the most to keep it going until the competition knowing that normally, it is a month for complete healing, and for once, we were 3 weeks before, and at the competition, I give it my all. If it works it’s cool, if it fails, it fails. In fact, it held up well and I ended up vice world champion. For the injury in 2019, a month before the TQO (Olympic Qualification Tournament), I make myself a partial pulley (all who have had it know that a complicated injury). I taped and clenched my teeth to keep climbing. Necessarily I could not continue to climb at high speed before the TQO, I could no longer do any bouldering or lead, that was clear, it was impossible to tighten a hold, however, the first week, I did 2-3 runs on my speed series, then the second week, I went to 5-6 runs, Third week, I could really climb again, even if it was hurting and at TQO, it went pretty well and I qualified for the Olympics. So to sum up, with an injury, I don’t stop climbing, I continue and I find solutions to continue. I go to the doctor to find out exactly what I have, I find myself a good physiotherapist who will do everything possible to get me back on the way as quickly as possible and I eat well, I sleep well, I drink a lot of water.

Mika: Fatigue phases are mandatory in training, you can’t be in good shape all year. So you have to be aware of it and make sure that it happens during training periods and not during periods of competition. Then, it’s the difficulty of the sport, it’s that there are a lot of hazards and that can change quickly. But we have training cycles and before the competitions, we make sure to put the necessary rest. To arrive in competition at its best.

You give a lot of importance to nutrition, what are the things you believe in?

Bassa: For nutrition, Mika pays it much more attention than I do. I pay attention to my weight, I weigh myself to see if I messed up or not, after I make sure to eat really well because otherwise, I do not feel very well, I have not the perfect balance and I don’t feel good and I’m in a bad mood. On the other hand, there are things that I no longer eat outside of the morning. I no longer eat bread, sugar, pasta, potato, cold cuts. I try to eat as little processed food as possible (except when I’m with my son). So I try to eat healthy and I don’t diet but I eat healthy products. Afterwards, I eat everything, meat, eggs, fish, milk, cheese, that’s it, I don’t take my head too much. I’m just careful not to overdo it too much because I like to eat, and that can go off quickly, especially if I get a packet of peanuts. After in periods of training where I train a lot, I pay less attention to my diet because I have to eat simply to be able to recover. But during the periods out of competition I am very careful, I really reduce the quantities because I must not gain weight.

Mika: You have to adapt the nutrition but also renew it. Nutrition is something very personal, and you have to readjust it every year or several times a year depending on what you do. But what is clear is that you have to have what you need before during and after the climbing sessions, this is the most important. Around it is more personal. If you need to eat more vegetables, more starchy foods, proteins, it depends on what you are looking for, whether it is your weight or other but the most important is to eat well around the session.

And the recovery in all this? What do you do regularly? Cryo? Rest? Electrostimulation?

Bassa: For recovery, my vision is the same as for training, I would say that already at first you must eat well, drink well and sleep well, that is the basis. And then, once we are at the maximum of these capacities for recovery, I use small massage devices with balls to massage myself. In addition, I have a physiotherapy session during the week, either Tuesday or Friday, to be able to help me recover. Otherwise, I don’t use cryogenics. I use electrostimulation when I am injured or for little problems in order to be able to train the next day. Otherwise, I don’t use ice or cryogenics. Because my training is already very hard, I don’t do additional things that are traumatic because it adds nervousness and the next day, it becomes difficult to climb. So after my sessions, I avoid everything that is boring and everything that hurts. And avoiding all of this allows me to recover better, for sure.

Mika: First of all, how we do a lot of training, we make sure not to be on the same nenergy system all the time so we don’t need any specific rest. Then we do physiotherapy, if necessary, we do electrostimulation, cold bath, we do with feeling. Basically all the tools that we can find for recovery, we use them according to our feelings. So if I do a big workout on my arms, and it hurts a lot, if I have access to the cold baths, I’m going to bath. I can also use food supplements to recover faster. Here we do, with feeling.

If you set yourself goals to be successful for outdoors, what would be the things you would highlight?

Bassa: Ah I like this question! So I already have a goal, but it will be after the competition, because competition is the competition and I love to train, I love to go in competition, I love everything that happens in the competition world, and I have no problem with that, but really to be an accomplished climber, my goal is to climb a 9a. So once I stop competing, I’ll start the quest for 9a. For once, this is if my fingers still allow me to climb because they start to be destroyed. So if my fingers allow it, I would like to make the first 9a in the world, “Action directe” by Wolfgang Güllich, this is a base. Wolfgang was a person who climbed a lot, he did a lot of push-ups, he did a lot of physical training, and he did this 9a among others things. For me, it would be very important that I can repeat this 9a. So we’ll see in 2024 …

Mika: If you have a goal in rockclimbing, well, you have to go there and try to repeat and re-repeat. I think that’s the best way to do it. When we see the rockclimbers, those who make big ticks outdoors, they work and they repeat their routes until the success. So we repeat we repeat and we repeat. And that’s the way I’ll put in place.

If I want to become strong in climbing I must…
Bassa: For me it’s simple, you have to start by having an outdoor, indoor, competition, performance project, whatever, even if it’s doing 10 one-arm pull-ups. So you have to have a project and then you have to be deeply involved in this project. After if your goal is the very high level in competition or outside, it must become a way of life. But to go to the very highest level, from the moment you want to go flirt with the best, it has to become a way of life because it is a lifestyle choice that involves a lot of things and therefore you have to be hyper involved in this project and not just over 1,2 or 3 cycles. Here, it is a part of your life which will pass in the accomplishment of this project. So the big secret for me is unwavering commitment and determination, which can allow any person to perform and achieve their goal or to achieve their dream. Well, thank you very much for reading and take care of yourself in this delicate period!

Mika: To become strong, you have to be regular, have a good climbing session rhythm and not stop. Climb 3, 4 to 5 times a week. And then you can be good at climbing. And if you want to be very good, well then you will have to start training.

Cover pic: Julia Cassou

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