(Poisson d’avril!)
C’est officiel : l’IFSC va désormais placer un anémomètre à côté de chaque mur de vitesse lorsque la compétition aura lieu en plein air, comme c’est le cas depuis bien longtemps en athlétisme. Décision prise suite à une étude récente qui montre que pour le gabarit des grimpeurs pros typiques, un vent ascendant de 10 m/s est équivalent à la perte d’environ 1,6 Kg, soit à peu près 3,9% du poids d’un participant de coupe du monde moyen. “En pratique, cela correspond à un gain de plus d’un dixième de secondes, dans ces conditions venteuses impossible d’homologuer les records du monde” a déclaré en off un responsable de la fédération internationale, qui confirme que la nouvelle règle sera pour la première fois appliquée sur la coupe du Monde de vitesse prévue mi-avril en Chine. Questionné à ce sujet, un de nos experts, Richard Patterson, Millavois d’origine expatrié à Grenoble, aérodynamicien de formation, membre de notre rédaction et habitué du pôle France à Voiron, a confirmé que ce coup de pouce de 3,9% était “tout à fait considérable”.
Un problème similaire se pose sur nos beaux cailloux : dans quelles limites peut-on valider les croix en voies et en bloc réalisées par des conditions très venteuses ? Certains grimpeurs très (trop ?) légers ne seraient-ils pas énormément avantagés par les éventuels courants thermiques ? La question se fait d’autant plus pressante que les ventilateurs sont de plus en plus utilisés par les pros : verra-t-on demain des grimpeurs poussés au cul par des dizaines de ventilos puissants ? La semaine dernière, sur un site de bloc du Kansas, une grimpeuse pro américaine est passée par mégarde dans le flux de plusieurs ventilateurs, “je me suis retrouvée projetée 4 mètres plus loin, j’ai cru être dans une tornade” a-t-elle déclaré sur les réseaux. Elle s’en tire avec une entorse à la cheville, plus de peur que de mal, mais cet épisode pose question : verra-t-on bientôt les parachutistes infiltrer la communauté des grimpeurs de haut niveau, jouant avec les flux d’air ascendants pour rétablir en haut des blocs, comme on voit depuis quelques années les compétiteurs se changer progressivement en spécialistes du parkour ? Ayant appris que des grimpeurs scandinaves s’entraînaient sur des répliques de “Burden of dreams” en soufflerie dans le but de cocher le bloc un des nombreux jours de foehn, notre rédaction a donc pris la décision de ne plus relayer les performances ayant eu lieu dans des conditions très ventées ou bien sous l’assistance de puissants ventilateurs.
Le problème du bruit induit par les ventilateurs est également crucial. Cet hiver, un niveau de 108 dB a été relevé au pied du mythique “Big Island”, constamment ventilé artificiellement bien qu’en haut d’une butte bien exposée… Richard Patterson, au secteur ce jour-là, a confirmé que “ça faisait un boucan considérable”. La faute à de nouveaux modèles branchés sur groupe électrogène, au design inspiré des réacteurs d’avion, et dont on peut apercevoir une version beta sur la vidéo suivante.
Des agents de l’ONF, interpellés par le vacarme et croyant à une course de motos trial sauvage, ont tenté d’intervenir ; fort heureusement les grimpeurs étaient nombreux au pied du bloc ce jour-là et ont pu contrer l’intervention des gardes-forestiers. Grand bien leur en a pris : l’un d’eux a pu débloquer un mouvement du passage juste après l’incident, et en tirer un vlog de 49 minutes.
Une seconde étude récente, publiée dans les pages du prestigieux Colorado Journal of Climbing Studies, s’est intéressée au rapport entre type de ventilation et adhérence du rocher. Celle-ci a révélé un phénomène assez étrange : l’adhérence du rocher est bien meilleure lorsque le vent est produit de manière naturelle que quand il vient d’un ventilateur électrique. Les chercheurs expliquent cela par le processus de “mémoire de l’air” : l’électricité qu’utilise le ventilateur modifie les propriétés quantiques des molécules d’air, qui elles-mêmes ferment les chakras — le grain si l’on veut — du rocher. Avec une différence d’adhérence mesurée à environ 10,6%. “C’est un pourcentage considérable”, nous a rapporté Richard Patterson, “mais les tests ont été réalisés sur du grès et, d’après mon expérience empirique, le gain est plutôt d’environ 18,9% sur du calcaire. Et là ça devient vraiment considérable”. Notre maître à tous, Adam Ondra, a bien pris note de ce fait étonnant : désormais, ses deux assistants ventilo, employés à plein temps, devront agiter des mini crash pads ou “pizzas” devant les prises, et se passer des traditionnels ventilateurs électriques.
Affaire à suivre…
(April fool’s day)
It’s official: from now on, the IFSC will set an anemometer next to each speed wall when the competition is held outdoors, just like has been the case for a long time in athletics. The decision was taken following a recent study which showed that for athletes of the size of typical pro climbers, a 10 m/s updraft is equivalent to the loss of around 1.6 kg, or roughly 3.9% of the weight of an average top-level climber. “In practice, this corresponds to a gain of more than a tenth of a second, making it impossible to validate world records in such windy conditions,” declared an official of the international federation, confirming that the new rule will be applied for the first time at the Speed World Cup scheduled for mid-April in China.
When asked about this, one of our experts, Richard Patterson, an aerodynamicist and regular at the french training center in Voiron, confirmed that this 3.9% boost was “quite considerable”.
A similar problem arises on our beautiful rocks: what are the ethics regarding adding routes and boulders to your ticklist in very windy conditions? Wouldn’t some very (too?) light climbers benefit enormously from thermals currents? The question is all the more pressing now that fans are being used more and more by pro climbers: tomorrow, will we see climbers pushed upwards by dozens of powerful fans? Last week, on a bouldering site in Kansas, an American pro climber inadvertently passed into the flow of several fans. “I found myself thrown 4 meters further, I thought I was in a tornado” she declared on social medias. She got off with a sprained ankle, more fear than casualty, but this episode raises the question: will we soon see parachutists infiltrating the community of high-level climbers, playing with upward airflows to top out boulders, just as we’ve seen over the last few years competitors gradually turning into parkour specialists? Having learned that Scandinavian climbers were training on wind tunnel replicas of “Burden of Dreams”, with the aim of sending the boulder on one fo the many foehn days, our editorial team has decided to stop reporting on performances that took place in very windy conditions or under the assistance of powerful fans.
The problem of fan-induced noise is also significant. This winter, a level of 108 dB was recorded at the foot of the mythical “Big Island” boulder, which is constantly artificially ventilated, despite being on top of a well exposed hill… Richard Patterson, who was in the area that day, confirmed that “it was making a considerable racket”. Blame it on new generator-driven models, with a design inspired by aircraft engines, a beta version of which can be seen in the above video of Daniel Woods.
ONF agents, alerted by the din and believing the incident to be a wild motorcycle trial, tried to intervene; fortunately, there were a large number of climbers at the foot of the boulder that day, and they were able to thwart the rangers’ intervention. Good for them: one of them was able to unlock a movement in the passage just after the incident, allowing him to shot a 49-minute vlog.
A second recent study, published in the prestigious Colorado Journal of Climbing Studies, looked at the relationship between fan type and rock grip. It revealed a rather strange phenomenon: the rock’s grip is much better when the wind is generated naturally than when it comes from an electric fan. The researchers explain this by the process of “air memory“: the electricity used by the fan modifies the quantum properties of air molecules, which in turn close the chakras – the grain, if you like – of the rock. With a friction increase measured at around 10.6%. “That’s a considerable percentage”, Richard Patterson reports, “but the tests were carried out on sandstone, and in my empirical experience the gain is more like 18.9% on limestone. And that’s where it really gets considerable”. Our very own Adam Ondra has taken note of this astonishing fact: from now on, his two full-time fan assistants will have to wave mini crash pads in front of the holds, and do without the traditional electric fans.
To be continued…