(Poisson d’avril !)
Il avait déjà réalisé la seconde ascension de la L1 avant la casse, et avait pris la décision de télétravailler pendant deux mois au pied de la voie pour avancer le processus après un devis cet automne ; Lucien Martinez vient d’être récompensé de ses efforts. Le fort falaisiste originaire du Sud-Ouest connu pour son accent à couper au couteau, ses avis tranchés et sa belle plume (aussi rédacteur en chef de Grimper Magazine) vient de venir à bout de son projet de printemps, “Beyond Integral” au Pic St-Loup, une ligne extrême libérée par Seb Bouin à l’automne 2020 et proposée 9b/+. Comme Lucien ne pouvait pas faire son auto-promotion sur son média en parlant de lui à la troisième personne, nous avons bénéficié naturellement de la primeur de l’information. Et surprise, ce dernier propose de décoter l’ensemble à 9a+ ! Explications, avec comme d’habitude, une bonne part de franchise, et sûrement de vérité.
“Je travaille la voie depuis 6 semaines, et franchement la casse de la prise dans la L1 ne change rien du tout. Au contraire, ça a permis de faire émerger une nouvelle méthode qui finalement se révèle plus facile. Tanguy Mérard qui pense l’inverse est un jeune prometteur mais il manque encore de biceps et de références. Idem pour Seb Berthe, qui a enchaîné la voie dans une tenue vestimentaire normale et avait donc perdu toute sa force et toute sa lucidité” affirme le Montalbanais.
“Quand je suis arrivé en région montpelliéraine début février, le plus compliqué a été de composer avec les prises mouillées, car travailler une voie dure en période hivernale et humide n’a jamais été une mince affaire. Après des semaines d’errance, j’ai finalement réussi à clipper le relais. Concernant le niveau, le repos total sur la grosse écaille finale de la L1 permet de se refaire complètement, je suis resté plus d’une demi-heure à celui-ci. Le problème a été pour mes lombaires car mon assureur en bas s’endormait lors d’un essai sur deux, ce qui m’a valu 3 vols bien séchés dans le pas de bloc sommital avant de réussir. Pour ce dernier, Seb avait proposé 8A+ bloc. Malheureusement, chacun sait qu’il manque cruellement d’expérience en bloc et, même si la section ne me convient pas du tout, je puis affirmer qu’elle vaut au maximum 7B+ bloc. Ce qui, après un bon repos, n’augmente à mon sens pas significativement la difficulté de l’ensemble. Mais pour ne pas faire une décote trop sèche et pour ne pas me faire d’ennemis, je pencherais quand même pour un tout petit 9a+ pour l’intégrale de la voie, qui est sensiblement du même niveau que des classiques comme “Papichulo”. Concernant le processus, la voie n’a malheureusement pas séché, et je suis parti du troisième point (cela ne change rien à la difficulté) et j’ai attrapé une dégaine à la main en remplacement d’une prise clef mouillée dans le crux final pour éviter de me niquer l’enchaînement. Je le dis en toute transparence car l’éthique c’est quelque chose de vachement important. Par exemple je n’ai pas du tout apprécié voir Will Bosi grimper The Return of the Sleepwalker avec trois pads sous les fesses. Pour moi il n’a pas fait le bloc, mais ce n’est que mon avis. Je retournerai faire la voie plus proprement, mais comme la nouvelle mode dans les médias est de publier une news quand un grimpeur est extrêmement proche d’une perf extrême, je préfère prendre les devants.”
Chez Fanatic Climbing, à l’heure des enceintes, des genouillères, des ventilateurs et de la grimpe de nuit, nous sommes ravis qu’il reste encore des grimpeurs comme Lucien à l’éthique irréprochable. Bonne continuation dans l’extrême donc.
Photos : Pierre Trolliet
(April fool’s day!)
He already completed the second ascent of the L1 before an hold broken, and had taken the decision to telework for two months close to the route to advance the process after a first trip on it this autumn, Lucien Martinez has just been rewarded for his efforts. The strong rockclimber from South-West of France, known for his razor-sharp accent, trenchant opinions and fine pen (also editor-in-chief of Grimper Magazine), just completed his spring project, “Beyond Integral” at Pic St-Loup, an extreme line freed by Seb Bouin in fall 2020 and graded 9b/+. Since Lucien couldn’t self-promote on his own media by talking about himself in the third person, we naturally enjoyed the first-hand information. And to our surprise, he proposed to downgrade the whole thing to 9a+! Explanations, with, as usual, a good deal of frankness, and surely some part of the truth.
“I’ve been working on the route for 6 weeks now, and frankly the hold broken in L1 doesn’t change anything at all. On the contrary, it’s allowed a new beta to emerge that’s finally proving easier. Tanguy Mérard, who thinks the opposite, is a promising young gun, but he still lacks biceps and references. The same goes for Seb Berthe, who did the route in normal clothes and had therefore lost all his strength and lucidity,” asserts the Montauban native.
“When I arrived in the Montpellier region at the beginning of February, the most complicated part was dealing with wet holds, as working a hard route in wet winter weather has never been an easy task. After weeks of wandering, I finally managed to clip the anchor. As far as the level is concerned, total rest on the big final flake of L1 allows you to completely recover, and I stayed on it for over half an hour. The problem was for my lumbar region, as my belayer at the ground was falling asleep on every other attempt, which meant I had to take 3 hard caughts on the top boulder crux before I succeeded. Seb had proposed 8A+ boulder. Unfortunately, as everyone knows, he’s sorely lacking in bouldering experience and, even if the section doesn’t suit me at all, I can say that it’s worth 7B+ bouldering at least. Which, after a good rest, I don’t think increases the overall difficulty significantly.
But in order not to make too take a decision and to avoid making enemies, I’d still go for a soft 9a+ for the entire route, which is roughly the same level as classics like “Papichulo”. As for the process, the route unfortunately didn’t dry out, and I started from the third bolt (which doesn’t change the difficulty) and grabbed a quickdraw with my hand to replace a wet key hold in the final crux to avoid punting the route. I say this in all transparency, because ethics are really important. For example, I didn’t like seeing Will Bosi climb The Return of the Sleepwalker with three pads under his butt. In my opinion, he didn’t do the boulder, but that’s just my opinion. I’d go back and do the route more cleanly, but as the new fashion in the media is to publish a news item when a climber is extremely close to an extreme perf, I prefer to take the lead.”
At Fanatic Climbing, in this age of speakers, knee pads, fans and night climbing, we’re delighted that there are still climbers like Lucien with impeccable ethics. We wish you all the best for the future.
Photos: Pierre Trolliet
Philippe
Poisson plus gros que la sardine qui bouche le port….