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Solenne Piret Grand Capucin
Big Wall Performances Sud Est-Alpes / South East-Alps Trad

Solenne Piret réalise le Grand Capucin en libre ! – Solenne Piret free climbs Grand Capucin! (+ interview)

  • 30/07/2024

Quadruple championne du Monde handi, l’athlète Solenne Piret est née sans main droite. Loin de se cantonner à la compétition, Solenne est aussi connue pour ses exploits en bloc. Elle touche à toutes les facettes de la grimpe, et vient dernièrement de réaliser son projet de printemps : une ascension en libre du Grand Capucin (massif du Mont-Blanc) entièrement en tête et en trad, par la voie des Suisses et “la sortie O Sole Mio” (6b) pour 400 m de pur granite ! Nous revenons avec elle sur cette aventure…

– Toi qui fais pas mal de bloc et de compétition, tu sembles te tourner aussi de plus en plus vers la montagne et la grande voie. Qu’est-ce qui t’attire particulièrement dans ce challenge ?
J’ai toujours fait de l’extérieur et un peu de montagne, c’est juste que les challenges deviennent un peu plus concrets et sérieux qu’avant. Ce qui m’attire c’est de toujours repousser un peu plus mes limites, découvrir de nouveaux horizons et de nouvelles choses mais aussi de découvrir en moi de nouvelles ressources, car toutes ces filières sont différentes, même si on parle toujours d’escalade. C’est ce qui me motive dans ces challenges.

– Comment as tu choisi ce projet ? L’endroit, l’itinéraire ? Comment t’est venue l’idée de ce projet de printemps ?
Ce projet je l’ai choisi après avoir vu une photo du Grand Cap’ et de cette voie, avec le trident derrière, avec des décors qui sont assez majestueux. Ça avait l’air incroyable, magnifique, et Christophe Cazin m’a dit qu’il y avait des voies complètement accessibles sur ce gros pilier, et donc on s’était dit qu’on irait faire cette voie.
Concernant l’idée de réaliser la voie en tête, cela est venu plus tard après une constatation que de grimper tout le temps avec des gens plus forts que moi faisait que je me plaçais tout le temps dans une zone de confort et que je grimpais toujours en second dans les longueurs dures. J’ai donc eu envie d’inverser la donne, de me prouver que j’étais capable de la faire, et même si ce projet présentait des inconnues, au fond de moi je savais que j’avais les ressources pour le faire.

– Comment s’est déroulé le travail de la voie ? Les longueurs clé, les difficultés rencontrées ? L’ascension ?
On est allé voir la voie en juin, l’idée initiale était de tout faire d’un coup et de repérer la voie en second, avec une journée de repos entre. Mais cela ne s’est pas du tout déroulé comme cela car il y a avait de la neige en haut et de la glace dans les fissures. Du coup on a repoussé le projet d’un mois. On a pris un but, et seulement pu découvrir 4 longueurs sur les 9 de la totalité de la voie, sans compter l’approche. On y est retournés la semaine dernière, toutes les longueurs dures étaient en haut, donc c’était un peu l’inconnue. J’ai réalisé toutes les longueurs à vue sauf une longueur au milieu qui est une longueur facile de connexion entre deux longueurs plus raides. C’était pas plus mal que je ne sois pas allée en second avant dans les longueurs dures car j’aurais complètement flippé à l’idée de les faire en tête. Travailler en second n’est pas forcément tout le temps la bonne option pour moi. J’y suis allée à vue, c’était pas évident, mais ça l’a fait. La dernière dalle en haut est vraiment retors. Tous les relais sont équipés, c’est tout en trad sauf cette dernière dalle où il y a 3 spits.

– Pas évident la technique pour poser les coinceurs à une main ?
Au final cela ne diffère pas tant d’une voie classique équipée où je dois poser mes dégaines. Il faut que je trouve une prise main droite suffisamment bonne que je puisse rester suffisamment longtemps le temps de sortir le coinceur, poser la dégaine et passer la corde. En soi cela ne fait pas de grandes différences, mais j’avoue que je ne sais pas si j’irai dans des voies de mon niveau max en trad… S’il faut rester plus longtemps que dans une voie sportive classique, ça ne doit pas être évident.

– Quels sont tes autres projets en milieu naturel pour la suite de l’année ?
Mes autres projets en extérieur sont plutôt en falaise. Cela fait un petit bout de temps que je parle de me trouver une voie en 7c qui fonctionne, je crois qu’il est temps de s’atteler à ce projet. J’ai déjà repéré une voie à Tournoux, pas loin de la maison, facile à travailler, il va falloir la déchiffrer et s’entrainer spécifiquement. Je n’ai jamais fait cela, c’est un nouveau processus que je vais découvrir, je n’ai jamais fait beaucoup de voies car j’ai plus d’affinités avec le bloc, donc cela va être intéressant. Je ne sais pas ce qui va ressortir de tout cela, on verra !

Photo : Hugo Clouzeau

Solenne Piret Grand Capucin


Quadruple paraclimbing World Champion Solenne Piret was born without her right hand. Solenne is known for her feats in bouldering as well as in competitions. However, Solenne touches on all disciplines of climbing, and recently completed her spring project: a free ascent of the Grand Capucin face (Mont-Blanc massif) entirely in lead, via the voie des Suisses and ten end “O Sole Mio” (6b) for 400 m of pure granite! We asked her few questions about her adventure…

– You’ve done a lot of bouldering and competition climbing, but you seem to be turning more and more to outdoors and mountains? What particularly attracts you to this challenge?
I’ve always done outdoor climbing and a bit of mountaineering, it’s just that the challenges are becoming a bit more concrete and serious than before. What attracts me is always pushing my limits a little more, discovering new horizons and new things, but also discovering new resources within myself, because all these disciplines are different, but we’re still talking about climbing. That’s what motivates me in these challenges.

– How did you choose this project? the location, the route? how did you come up with the idea for this spring project?
I chose this project after seeing a photo of the Grand Cap’ and this route, with the trident behind it, with scenery that is quite majestic. It looked incredible, magnificent, and Christophe Cazin told me that there were completely accessible routes on this big pillar, so we said we’d go and try this route.
As for the idea of doing the route on my own, that came later after I realized that climbing all the time with people stronger than me meant that I was always in my comfort zone and always climbing to rope in the hard pitches. So I wanted to turn things around, to prove to myself that I could do it, and even if this project presented some unknowns, deep down I knew I had the resources to complete it.

– How did you work the route? The key pitches, the difficulties? The ascent?
We went to see it in June, and the initial idea was to give a push at once and spot the route in top rope before, with a day of rest in between. But it didn’t work out that way because there was snow at the top and ice in the cracks. So we postponed the project for a month. There was a fail, we only managed to discover 4 pitches out of the 9 on the entire route, not counting the approach. We went back last week, and all the hard pitches were at the top, so it was a bit of an unknown. I did all the pitches onsight, except one pitch in the middle, which is an easy connecting pitch between two steeper pitches. It’s a good thing I didn’t go in top rope first on the hard pitches, because I would have totally freaked out at the thought of doing them in lead. Working in top rope first isn’t always the right option for me, I don’t always like it. I went onsight, it wasn’t easy, but it worked. The last slab at the top is really tricky. All the anchors are bolted, it’s all trad except this last slab where there were 3 bolts.

– It’s not easy to put the protections on one-handed?
In the end, it’s not that different from a classic bolted route where I have to put on my quickdraws. I have to find a right-hand hold that’s good enough for me to stay long enough to take out the quickdraw, put on the quickdraw and clip the rope. In itself, this doesn’t make much difference, but I have to admit that I don’t know if I’ll be able to climb routes at my maximum level in trad… If I have to stay longer than on a classic sport route, it can’t be easy.

– What are your other outdoor projects for the rest of the year?
My other outdoor projects tend to be on rockclimbing. I’ve been talking for a while about finding a 7c route that works, and I think it’s time to try. I’ve already checked a route in Tournoux, not far from home, that’s easy to work on, but I’ll have to work it and train specifically. I’ve never done this before, it’s a new process I’m going to discover, I’ve never done many routes because I have more affinity with bouldering, so it’s going to be interesting. I don’t know what will come out of all this, we’ll see!

Photo : Hugo Clouzeau

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