Search on Fanatic Climbing
Solenne dans Onde de Choc Photo de couverture
Bleau / Font Bloc / Bouldering Interviews Performances

Solenne Piret réalise Onde de Choc – Solenne Piret climbs Onde de Choc (+ interview)

  • 19/01/2021

Solenne Piret vient de réaliser une belle perf’ chez elle en forêt de Fontainebleau avec la croix de son projet du moment, la belle proue d’ “Onde de Choc”, 7B, un classique des gorges d’Apremont. Âgée de 27 ans et double championne du monde handi, Solenne est née sans main droite. Nous sommes allés à sa rencontre.

Comment et quand as-tu découvert l’escalade ?
Mes parents se sont rencontrés à Fontainebleau, donc j’ai tout de suite baigné dans l’escalade.

Ton handicap est inné ou as-tu dû adapter ta grimpe ?
Je suis née sans ma main droite, donc j’ai toujours composé avec (ou plutôt sans).

Pourquoi l’escalade d’ailleurs ? Une raison particulière, un simple goût pour le défi ?
Je pense que c’est du à mon éducation, très tournée outdoor, montagne et escalade.

Combien de temps consacres-tu à la grimpe ?
Je grimpe 3/4 fois par semaine, le reste c’est entraînement.

Tu fais de la compétition à très haut niveau, est-ce que ton rapport à la grimpe en bloc en extérieur est différent ?
La compétition est très éloignée de la grimpe en extérieur je trouve, ce n’est pas le même niveau de stress ni d’adrénaline, en plus les compétitions handi-escalade se font en voie et en moul’.

Tu grimpes donc beaucoup à Bleau. Ta journée idéale en forêt c’est plutôt froid hivernal / grosse collante et tout pour la perf ou plutôt tranquille entre potes / détente et pique-nique printanier ?
Ma journée idéale c’est 13 degrés grand soleil et très sec, genre bonne collante et en même temps suffisamment chaud pour pouvoir profiter avec les copains !

Tu pratiques en falaise également ? Qu’est-ce que cela t’apporte et en quoi est-ce différent ?
Moins ces derniers temps, vu que je suis à Bleau à l’année, et que je suis à fond dans le bloc en ce moment. Mais à l’occasion oui je fais de la falaise, même si je trouve toujours ça très dur de se mettre dedans ! J’ai un peu peur en falaise, alors ce n’est pas la même chose que je viens chercher, surtout que je me sens souvent seule dans ma voie quand je ne trouve pas les méthodes…

A quoi ressemblent tes entraînements ?
Pour le moment soit je grimpe avec une intention particulière (volume, efficacité, force max…) soit je grimpe 1h30 puis je fais un circuit training après, soit juste un ou deux circuits training. C’est Guillaume Levernier qui s’occupe de ma planification, je lui fais entièrement confiance – même si j’ai tendance à faire l’inverse de ce qu’il me dit de faire !

Et par rapport à des grimpeurs valides, adaptes-tu certains aspects ? Tu as des astuces pour travailler la force des bras ; par exemple sur pan Güllich ?
Non, j’adapte juste les exos (j’ajoute un anneau pour les suspensions par exemple, ou bien la longueur du TRX…) On s’aperçoit au final qu’il y a très peu d’exercices que je ne peux pas faire, juste il faut réfléchir en amont à comment adapter le truc pour que les muscles travaillent de la même manière à droite et à gauche.

Tu viens de confirmer ton niveau max à Bleau avec “Onde de Choc”, ton deuxième 7B. Un classique de la forêt. Comment as-tu choisi ce projet en particulier et combien de séances cela t’a-t-il pris pour conclure ?
C’est Christophe Cazin qui m’a montré ce bloc il y a 2 ans et demi, alors que mon niveau était à peine du 6C bloc à Bleau. J’avoue que je n’y ai pas cru au début, mais il est resté intimement convaincu que cela pouvait fonctionner, aussi je suis allé mettre des essais dedans un peu tous les 6 mois… c’était une sorte de jauge. Puis j’ai passé un an à faire du circuit, sans y aller du tout, et en septembre 2020 j’ai commencé l’entraînement avec Guillaume. J’ai senti que je passais un cap, et que j’étais enfin prête à réellement m’investir dedans. Du coup j’ai dû y aller 3/4 fois sans trop y croire, puis 2 séances à la corde en octobre dernier, et enfin 2 séances pour tenter d’enchaîner… Les deux dernières séances ont été éprouvantes, parce que d’un coup j’étais vraiment près du but, et je suis tombée plusieurs fois tout là haut… car pour moi le bloc est loin d’être fini une fois la main gauche sur la dernière bonne réglette ! C’était très frustrant !

Tu peux nous en dire un peu sur le processus ? Il y a eu des moments de doutes, ou tu as progressé de manière continue à chaque séance ?
Du coup c’est marrant, au début je ne tenais ni le premier talon pour aller sur le plat, ni le plat main gauche. Je n’avais pas trouvé de solution pour aller à la réglette main droite, et 1 an et demi plus tard j’avais à peine une solution hyper hasardeuse pour le haut du bloc… Mais il y a eu un vrai gap de passé en octobre 2020 avec l’entraînement spécifique de Guillaume, axé sur la réalisation de mes projets en extérieur, et le fait qu’il puisse me suivre sur ces séances. Et grâce aux méthodes de Christophe, j’ai pu débloquer les parties hasardeuses du haut.

Tu as peut-être partagé des moments avec des grimpeurs valides qui essayaient le bloc. Sais-tu en quoi réside principalement la difficulté supplémentaire pour toi par rapport à eux ?
Je pense que la difficulté supplémentaire pour moi par rapport à eux c’est peut être la distance pour aller à la réglette, puis le plat main droite tout là haut pour aller à la bonne main gauche.

Qu’as-tu ressenti après l’enchaînement ?
J’en tremblais, c’était incroyable d’avoir fini ce bloc, de faire un bilan de ces deux ans et demi écoulés depuis la première fois où j’ai mis les mains dedans (sans mauvais jeu de mots), du chemin parcouru, et puis l’énergie qui s’est dégagée de la placette quand j’ai mis mon run (il y avait beaucoup de monde ce jour là, et les gens m’ont vraiment encouragé, ça m’a porté, je les remercie d’ailleurs pour leur gentillesse.)

Tes futurs projets ? En bloc ou autre d’ailleurs.
J’aimerai voir quelque chose de plus dur en bloc, quelques idées mais il faut que j’aille voir sur place si ça peut fonctionner.

Tu as des ambitions plus générales du point de vue de l’escalade, ou des objectifs à long terme ?
Mon ambition plus générale c’est via l’escalade, de pousser les gens à s’écouter et à oser franchir les barrières que l’on se met ou que la société nous met.

As-tu déjà fait face à des discriminations ou simplement des barrières, comme beaucoup de femmes dans le milieu de la grimpe ? Et peut-être plus encore à cause de ton handicap ?
Oui dans le sens où je vais parfois avoir des réflexions du style « ah du coup c’est un 7A facile?! » … classique quoi, mais je me dit que c’est juste une projection de leurs propres limites qui leur fait dire ça !

Crédit photos : Arthur DelicqueArthurDelicque.fr

Solenne Piret has just ticked a big one at home in Fontainebleau, with the send of her current project ‘Onde de Choc’, 7B, a Gorges d’Apremont classic. Solenne, a 27-year-old double paraclimbing world champion, was born without a right hand. We caught up with her for a chat.

When and how did you start climbing?
My parents met in Fontainebleau, so I’ve always been immersed in climbing.

Is your disability congenital, or did you have to adapt your climbing?
I was born without a right hand, so I’ve always had to deal with it (or rather, without).

Why climbing by the way? Any particular reason, or just the need for a challenge?
I think it’s due to my upbringing, which was clearly under the sign of the the outdoors, the mountains and climbing.

How much time do you spend climbing?
I climb around 3 to 4 times a week, with the rest being just training.

You’re competing at the top level. Is your relationship with outdoor bouldering different from comps, and if so how?
Comps, I find, are very different from outdoor climbing, it’s not the same level of stress or adrenaline. Besides, paraclimbing comps are done only on top-rope.

So you climb in Font a lot. What does your ideal bouldering day look like? Freezing cold/sticky all for sending hard, or rather matey/chilled and springtime picnic?
My ideal day is 13 degrees out, bright sunshine and very dry, so good friction but also warm enough that I can enjoy it all with my friends!

Do you also sport climb outdoors? What does it give you and in which way is it different?
I don’t sport climb as much lately, since I live in Font year-round, and I invest a lot of my time in bouldering these days. But sure, once in a while I still do, even if I always find it super hard to get started! I’m a little scared on a lead climb, so it’s not the same thing I look for when sport climbing, especially since I often feel alone on my route when I can’t find the right beta…

What do your training sessions look like?
Right now each session either has a particular focus (volume, accuracy, max power) or I climb for 90 min then do some circuit training, or even just one or two circuits. Guillaume Levernier is in charge of my training planning, and I trust him completely – even if I often do the opposite of his program!

And compared to able-bodied climbers, do you adapt anything? Do you have tricks to work on your arm strength, for instance on the campus board?
No, I only adapt my exercises: I’d add a ring for deadhangs for instance, or adjust the TRX’s length…). In the end, we’ve realised there’s very few exercices I can’t do. I just have to think ahead on how to adapt the set-up so that my muscles work in the same way right and left.

You’ve just confirmed your max level in Font with ‘Onde de Choc’, your second 7B. It’s a total classic. Why did you choose that project in particular, and how many sessions did you need to top out?
Christophe Cazin showed me that boulder 2.5 years ago, when my level was barely 6C in Font. I’ll admit that I didn’t believe in it at first, but Christophe remained adamant it would eventually work , so I’d give it a few goes every 6 months or so… It was a kind of yardstick. But then I spent a whole year on the comp circuit and didn’t have time to get on it, and in September 2020 I started training with Guillaume. I felt like I’d improved, and that I was finally ready to really commit to it.
After that I must have tried 3 or 4 times without much belief, then 2 sessions on the rope last October, and finally 2 ‘redpoint’ sessions… These last two proved tough, because I was suddenly pretty close to sending, and I fell several times from the very top… Yes, for me this boulder problem is far from over once the left hand lands the last good crimp! It was super frustrating!

Can you tell us a bit about the whole process? Did you have doubts, or did you improve steadily with every session?
Well it’s funny: to start with I couldn’t stick the first heel to go get the sloper, or the lefthand sloper. I didn’t know how to reach the righthand crimp, and 1.5 year later I merely had a highly insecure solution for the upper part… But I really turned a corner in October 2020 with the specific training designed by Guillaume, structured around sending my outdoor projects, and the fact that he managed to be present during my sessions. Also, thanks to Christophe’s methods, I was able to unlock the upper part.

You must have shared a few moments on the boulder with able-bodied climbers. Can you tell us where the added difficulty resides for you compared to them?
I think the added problem for me is probably in the distance needed to reach the crimp, then the righthand sloper all the way up from where you can grab the good lefthand hold.

What did you feel after sending?
I was trembling, it was incredible to top it out, to go over the last 2.5 years in my head, since the first time I laid my hands on it (pun intended), and also the buzz that the place produced when I sent it (it was quite crowded that day, and people really got behind me, and it carried me, I want to thank them for their kindness).

Any future projects? In bouldering or not, mind.
I’d like to check out harder boulders, I have a few ideas but I need to go see for myself if it’s realistic.

Do you have wider ambitions in climbing, or long term objectives?
My wider ambition is, through climbing, to push people to trust themselves and dare discard the barriers that we and society put across our own paths.

Have you ever encountered discriminatory attitudes or other dismissive remarks, like many women in the world of climbing? Maybe even more due to your disability.
Yes in the sense that I sometimes get remarks like “so it’s an easy 7A?!”… Typical. But I tell myself it’s just a projection of their own limitations that makes them say that.


Cover Pic: Arthur Delicque

Solenne dans Onde de Choc Photo de couverture
Photo: Arthur DelicqueArthurDelicque.fr


No Comments Found

Leave a Reply