Delphine Chenevier, expérimentée falaisiste Grenobloise (49 ans) a réussi à profiter d’un petit créneau entre les averses pour faire la première ascension de “Ultime err’ANX”, dans les gorges de Crossey (Isère). Son deuxième 8c après “Little kings” l’an dernier ! Il s’agit d’une connexion qui prend toutes les sections dures d’un gros 8a+/8b ‘Ultime dem’ANX’ et de ‘Vagabond d’occid’ANX’ 8b+. Selon ses mots un bijou caché dans un endroit peu fréquenté ! Delphine nous en dit plus sur la voie.
– Peux-tu décrire la ligne ?
Alors “Ultime err’ANX” c’est une voie majeure, une vraie king line ouverte par un copain Christophe Bellin, (alias tatalacuvette), dans les Gorges de Crossey juste à côté de Grenoble. C’est une connexion qui remonte un grand mur gris très léger dévers, qui prend toutes les sections dures d’un gros 8a+/8b ‘Ultime dem’ANX’ et de ‘Vagabond d’occid’ANX’ 8b+. C’est un long voyage de 40m et c’est de la pure escalade grenobloise: exigeant en technique, bien à doigts avec deux bons crux dans la partie 8a+/8b dont un pas sur un mono doigt que je prends avec l’index (merci le Saussois!) et une fin de 10m sur croûtes dans le 8b+ qui demandent de serrer les prises et de rester concentré jusqu’au relais.
– Comment s’est concrétisée cette première ascension ?
Au total, j’ai du passer dix séances dans la voie (mais je connaissais la partie en 8b+ que j’avais enchaîné en mai) et je pense que j’ai passé au moins trois séances à essayer de trouver les méthodes dans les cruxs du 8a+/8b. Mais j’adore cette partie du processus quand tu doutes, que tu trouves des méthodes qui rendent les choses réalisables alors que tu avais l’impression que ce n’était pas possible. J’avoue que c’est de plus en plus ce que je recherche : cette sensation sur le rocher, cette relation avec le mouvement…
Je ne pensais pas clipper de nouveau la chaîne d’un 8c. Même si je suis toujours autant motivée par la grimpe et par les voies dures, s’investir dans un projet ça demande quand même de l’influx, que tu n’as pas toujours entre vie professionnelle et puis le fait d’avoir 49 ans quand même, surtout pour une fille. Mais j’étais super motivée par la beauté de la ligne et de ce mur gris, et par le challenge d’enchaîner ces mouvements complexes et sections dures. En plus ce printemps j’étais plutôt en forme puisque j’ai fait deux 8b+ rapidement. Du coup je me suis dit “why not”, poussé par l’ouvreur, Christophe, et par Jean-Marc (mon mari). J’ai mis plus d’essais que mon premier 8c de St Ange, j’ai trouvé ça plus dur mais au final ça a fait en un mois en y allant les week-ends et quelques soirs en afterwork.
Après avoir trouvé toutes les méthodes, j’ai rapidement eu le sentiment que l’enchaînement était jouable d’autant qu’en haut c’est de la rési sur croûtes donc bien mon style (maintenant), mais c’est plus le côté psychologique qu’il a fallu gérer et la frustration de ne pas pouvoir taper pleins d’essais quand tu veux, entre les conditions pluvieuses du printemps et une période chargée au boulot et donc bien fatigante. Mais au final, je n’en suis que plus contente d’avoir clippé la chaîne de ce 8c.
Bravo, on attend maintenant le premier 8c+ pour les 50 ans !
Photos : Jocelyn Chavy – Alpine Mag
Delphine Chenevier, an experienced rockclimber from Grenoble (aged 49), took advantage of a small window of opportunity between showers to make the first ascent of “Ultime err’ANX”, in the gorges de Crossey. His second 8c after “Little kings” last year! It’s a link that takes in all the hard sections of an hard 8a+/8b ‘Ultime dem’ANX’ and ‘Vagabond d’occid’ANX’ 8b+. In her words, a hidden gem in a little-visited place! Delphine tells us more about the route.
– Can you describe the line?
Ultime err’ANX” is a major route, a real king line opened by a friend of mine, Christophe Bellin (aka tatalacuvette), in the Gorges de Crossey just outside Grenoble. It’s a connection that goes up a big gray wall with a very slight overhang, taking in all the hard sections of a big 8a+/8b ‘Ultime dem’ANX’ and ‘Vagabond d’occid’ANX’ 8b+. It’s a long 40m trip in the pure Grenoble climbing style: technically demanding, fingery with two good cruxes in the 8a+/8b section, including a move on a mono that I take with my index (thanks to le Saussois!) and a 10m finish on crimps in the 8b+ that require you to stay focused all the way to the anchor.
– How did this first ascent come about?
In total, I must have spent ten sessions on the route (but I knew the 8b+ part I’d done in May) and I think I spent at least three sessions trying to find the betas in the 8a+/8b crux sections. But I love that part of the process when you have doubts, when you find methods that make things doable when you didn’t think it was possible. I must admit that this is more and more what I’m looking for: that feeling on the rock, that relationship with movement…
I never thought I’d clip an 8c chain again. Even if I’m still just as motivated by climbing and hard routes, getting involved in a project requires energy, which you don’t always have between your professional life and the fact that you’re 49, especially for a girl. But I was super motivated by the beauty of the line and this grey wall, and by the challenge of linking these complex movements and hard sections. What’s more, this spring I was in pretty good shape, having climbed two 8b+s quickly. So I said to myself “why not”, encouraged by the bolter, Christophe, and by Jean-Marc (my husband). It took me more attempts than my first 8c at St Ange, and I found it harder, but in the end I did it in a month, going up on weekends and a few evenings at afterwork parties.
Once I’d found all the betas, I quickly had the feeling that the route was doable, especially as the upper part of the route is a crimpy route, which is really my style (now), but it was more the psychological side that I had to deal with, and the frustration of not being able to do lots of attempts whenever you wanted, between the rainy spring conditions and a busy and tiring period at work. But in the end, I’m all the happier for having clipped the chain on this 8c.
Well done, and now we’re waiting for the first 8c+ for the 50th anniversary!
Pics: Jocelyn Chavy – Alpine Mag