Rencontre avec Marine Thevenet, fort bloqueuse d’origine Lyonnaise qui vit désormais dans les Alpes, non loin des blocs helvètes où elle passe une grande partie de son temps libre avec son compagnon Clément Lechaptois, avec de nombreuses réalisations majeures à la clé dans une relative discrétion. Interview.
– Salut Marine, peux-tu te présenter pour ceux qui ne te connaitraient pas ?
J’ai 33 ans et je grimpe depuis mes 10 ans. J’ai commencé l’escalade dans le Beaujolais, dans le club Vertige, sur un mur de 7m de haut avec plein de copains ! Depuis, j’ai toujours grimpé, et ma plus grande pause d’escalade doit être de 6 mois à la suite d’une blessure…
Depuis 2016, je ne fais plus de compétitions et je me consacre exclusivement aux blocs en extérieur.
En parallèle de ma pratique sportive, j’ai travaillé pendant 10 ans comme juriste et depuis quelques semaines, je suis manager sportif.
– Depuis de nombreuses années tu te consacres exclusivement au bloc en milieu naturel, mais tu viens initialement plutôt de la difficulté et des voies ?
C’est exact, j’ai commencé par les voies et plus exactement, par les compétitions en difficulté. Je n’ai pas beaucoup grimpé dehors quand j’étais jeune. Uniquement pendant les vacances d’été ou en stage avec l’équipe de France. Le reste du temps, je faisais le hamster dans des pans en semaine, et des compétitions de diff le weekend.
Quand j’étais jeune, il n’y avait pas de compétitions en bloc. Je pense que les premiers championnats de France de bloc ont eu lieu vers 2007. Il y avait des salles de bloc, mais pas celles qu’on connait aujourd’hui. C’était plutôt des pans blindés de prises ou on faisait des circuits, ou alors, ou on s’inventait des blocs (c’était les premiers spray wall… de réglettes ! La pratique a complètement évolué ; et moi avec ! Quand j’ai découvert le bloc, j’ai laissé mon baudrier de coté !
– Tu as été championne de France de bloc en 2014, quel souvenir gardes-tu de tes années compétition et de l’équipe de France ?
J’en garde de supers souvenirs, surtout les premières années avec Guigui (Glairon-Mondet), Mel (Sandoz), Anne-Laure (Chevrier), Alizée (Dufraisse) et Melissa (Le Nevé) ! On était un bon groupe et on se tirait bien vers le haut ! Finalement, après tant d’années en compétitions, j’avoue n’avoir aucun souvenir d’un moment d’escalade en particulier. Ce que je retiens, ce sont surtout les moments de vie, les voyages, les amitiés. Ce qu’on partageait ensemble.
– Et puis tu as tout arrêté pour le milieu naturel ?
Après des années en équipe de France jeunes, en équipe de France de diff puis en équipe de France de bloc, je pense que ma motivation a baissé et que l’excitation des compétitions n’était plus là. J’avais envie de voir autre chose, de rencontrer de nouvelles personnes. J’avais envie de me consacrer un peu plus à mon boulot et ne pas aller m’enfermer dans des gymnases à l’autre bout du monde le weekend. C’est aussi le moment ou le sport s’est professionnalisé, et je pense que je n’avais plus ma place, ou du moins, plus de mal à la trouver. Je trouvais cela compliqué de devoir poser des jours de congés pour rejoindre l’équipe de France. La plupart des autres grimpeurs étaient étudiants ou sans job, et j’avais du mal à suivre le rythme. Je me blessais aussi de plus en plus souvent. Il était temps de s’arrêter !
Mais c’était aussi le moment où j’avais enfin envie de me consacrer à l’extérieur ! Quand je faisais de compétitions, grimper dehors, c’était plutôt synonyme de vacances : relâcher la pression après la saison de compétitions. Je n’avais jamais vu ça comme un endroit où je pouvais m’exprimer, pour lequel j’avais envie de m’entrainer. Mais le switch s’est rapidement fait ! Avec le recul, maintenant je me dis que j’aurais dû m’y mettre bien plus tôt !
– Tu partages ta vie avec Clément Lechaptois, très fort bloqueur. Comment vous organisez-vous pour le choix des projets, des voyages ou le découpage des temps de grimpe ensemble ?
Pour choisir les destinations, c’est plutôt facile : on choisit les condis ! Donc l’été c’est soit des spots de blocs en altitude, soit l’Afrique du sud, et l’hiver c’est le soleil du Tessin.
Pour les projets, on essaye d’en trouver au même endroit l’hiver, car les journées sont courtes donc on n’a pas le temps de changer de secteur. L’été c’est plus simple car Clem aime grimper la nuit et moi ça ne me dérange pas de grimper quand il fait un peu plus chaud, donc avec les longues journées on arrive mieux à s’organiser.
Et d’une manière générale, si on arrive à trouver un bloc à essayer tous les deux, c’est mieux !
– Contrairement à beaucoup de grimpeurs de votre niveau, vous n’êtes pas professionnels et vous bossez à côté ? Comment arrivez-vous à être au top en travaillant à côté ?
Je ne pense pas que ça soit tout à fait vrai. Il y a peu de grimpeurs qui ne travaillent pas, mais ce sont les grimpeurs qui ne travaillent pas qui sont les plus médiatisés, alors on a l’impression que c’est une généralité. Rien qu’en France, les grimpeuses françaises qui se consacrent uniquement à l’outdoor et qui ne travaillent pas se comptent sur les doigts de la main…
Dans tous les cas, c’est vrai que c’est un challenge de combiner l’escalade outdoor et le boulot. Notamment car on est très dépendant de la météo. Lorsque l’on travaille toute la semaine et qu’il pleut le weekend, c’est très dur moralement. Il faut parfois faire preuve de patience.
– Tu vis dans les Alpes, à proximité des blocs helvètes. Parle-nous du bloc en Suisse. La Mecque européenne ou Mondiale ?
La Mecque Mondiale c’est certain ! Quand on est arrivés à Annecy on s’est vraiment dit que les blocs étaient tombés du mauvais côté de la frontière ! Il y a vraiment un large choix de spots, à plusieurs altitudes, ce qui permet de grimper toute l’année en Suisse. L’hiver dans le Tessin, l’été au Gottard, mi-saison dans le Valais.
Et, ce qui est vraiment bien avec le Tessin c’est qu’il fait souvent beau (ou du moins que la météo est plutôt fiable).
– Quels sont les autres endroits coup de cœur que tu as visité et que tu affectionnes particulièrement ?
J’adore l’Afrique du Sud ! J’aime déconnecter là-bas, sans internet, et passer mes journées à ne penser qu’à grimper et qu’avec des grimpeurs. C’est dépaysant et en même temps, on se sent chez nous.
On a aussi découvert RMNP il y a 3 ans, et j’ai hâte de retourner aux États Unis pour découvrir d’autres spots.
Bon, et bien sûr, j’adore Bleau même si je n’y ai pas grimpé beaucoup (surtout à cause de la météo).
– Depuis de nombreuses années, votre credo est de réaliser les blocs les plus difficiles. Quels sont les mécanismes que vous mettez en place pour éviter les blessures ?
Aie, je ne suis pas la mieux placée pour répondre à cette question car je me blesse assez souvent, au moins une fois par an…
J’essaye de plus en plus de m’écouter et de « stopper » ma motivation quand je me sens fatiguée, mais cela génère pas mal de frustration ; donc pour l’instant je n’ai pas trouvé la formule qui marche !
– Qu’est-ce qui t’anime particulièrement dans la recherche de la haute-difficulté ?
Se sentir capable de réaliser un mouvement qui ne paraissait pas possible est ultra satisfaisant. C’est d’ailleurs pour cela que j’affectionne particulièrement le bloc. Quand on essaye un bloc dur la première fois, on ne fait pas un mouvement. Et puis, on réussit un mouv’ et c’est déjà quelque chose ! On réussit une section, et c’est encore une satisfaction et ainsi de suite. Le processus est génial car on se sent progresser, on sent ses limites et on les dépasse.
– Vous êtes particulièrement efficaces, répétant à la pelle de nombreux blocs extrêmes. Quelle est la clé de votre réussite ? Une méthode d’entrainement ? Une méthodologie de travail de bloc chirurgicale ? Ou est-ce juste la régularité et la passion ?
Je pense qu’après tant d’années à m’entrainer pour les compétitions, j’ai mis plusieurs schémas en place. Même si aujourd’hui j’ai l’impression d’en faire beaucoup moins qu’avant, je m’entraine mieux, plus efficacement. Et puis l’expérience aide beaucoup. Je sais qu’il y a des baisses de forme et je les accepte plus facilement.
Après, quand j’ai un projet en tête, je m’entraine spécifiquement. J’essaye d’optimiser mes séances pour reproduire des mouvements, gagner en sensation, gagner en force, pour être le mieux préparée possible dehors.
C’est toujours un peu le même process. J’essaye les moves, j’essaye les sections, et quand j’ai le bloc en moins de 2/3 sections, je mets des runs. Cela peut prendre plus ou moins de temps, mais en gros, c’est ça.
Après il faut aussi avoir conscience que, dans les médias ou sur les réseaux, on ne parle quasi que des blocs réussis. On ne parle pas de ceux ou on abandonne, or, il y en a quand même beaucoup ! Après 2, 10 ou 30 séances, si je n’arrive toujours pas un mouvement, j’abandonne le bloc ou je le mets de côté pour revenir meilleure !
– Que préfères tu comme bloc ? dévers, dalle ? highball low ball ? type de prises ? Les trucs dans ton style, ceux dans ton anti style ?
J’adore les dévers et les murs verticaux. Je ne suis pas particulièrement fan des toits ou des dalles.
J’aime bien les blocs qui ont de l’ampleur, mais vu que j’ai facilement peur, j’essaye plutôt des low ball, sauf si la fin du bloc est très facile (comme “Kings of Sonlerto”).
Sur les préhensions, pas trop de surprise : je suis forte sur petites prises. Pourtant, j’adore les plats et les pinces, mais je suis beaucoup moins douée !
Et sur le style, dur à dire… j’essaye de faire un peu de tout, et je suis attirée par la diversité. J’aime beaucoup les challenges et quand un bloc de ouf est morpho, j’essaye de trouver une méthode pour y arriver.
– Que penses-tu du haut niveau féminin en bloc en milieu naturel en France et dans le Monde ?
Le niveau féminin ne cesse d’augmenter et c’est super d’en être témoin ! Il y a plus en plus de filles qui repoussent les limites du sport, que ce soit dans la grimpe ou dans le sport en général.
Quand j’ai fait mes premiers 8B c’était quand même assez rare, maintenant c’est devenu presque commun. Et c’est super !
En France, il y a de très fortes bloqueuses et je suis certaine qu’il y en aura bientôt plein d’autres.
– Le milieu du bloc, notamment en outdoor est particulièrement masculin. Comment te positionnes-tu dans ce monde de brutes ?
Là encore, je ne suis pas certaine que ça soit complètement vrai. Il y a de plus en plus de grimpeuses outdoor, c’est juste qu’on en parle moins et qu’elles sont moins médiatisées que les gars.
Dans tous les cas, les grimpeurs avec qui je grimpe sont tous très gentils et s’ils ne le sont pas, je ne les fréquente pas ! J’aime les personnalités humbles, qui ne font pas attention au niveau des autres pour les encourager. Donc je ne peux pas vraiment dire que ce soit un monde de brutes, la communauté de grimpeurs avec qui je passe mon temps est plutôt une communauté de passionnés, hyper soudés, qui se tirent vers le haut, quel que soit le niveau.
Par contre, c’est marrant de constater que la plupart des gens croient qu’il n’y a pas de filles fortes ou passionnées en extérieur et qu’il s’agirait plutôt d’un milieu masculin, car, de mon point de vue, ce n’est pas du tout le cas. C’est peut-être dû au fait que les médias ou les réseaux sociaux se concentrent sur la chasse aux performances ; on ne parle que des grimpeurs qui ont atteint ou qui souhaitent atteindre le niveau 9A, dont tout le monde parle (plus haute cotation atteinte pour les gars), alors que beaucoup plus de filles ont atteint le niveau 8B+ (plus haute cotation atteinte par les filles) et que cela ne fait pas autant de bruit.
– Quels sont les projets fous que tu as derrière la tête ? Tu as récemment répété le départ debout de “Dreamtime”, bloc iconique, le départ assis te semble t-il envisageable ?
J’ai plein plein plein de projets en tête ! La saison au Tessin est presque finie et ça a été une année compliquée car je n’ai pas eu beaucoup de congés. Mais, j’ai bien envie de me rattraper cet été ! On n’a encore rien prévu mais je pense qu’on va rester dans les Alpes et découvrir des nouveaux blocs. J’aimerai beaucoup retourner à Magic Wood ou au Gottard.
Je n’ai jamais essayé le départ assis de “Dreamtime” ; j’essayerai peut être l’année prochaine, on verra. Donc pour l’instant c’est difficile de savoir si c’est envisageable ou non.
– Le mot de la fin ?
Un grand merci à tous ceux qui soutiennent, qui font vivre et qui racontent le sport outdoor 🙂 mes sponsors adorés (Moon / Unparallel), les médias, et toutes les grimpeuses et grimpeurs que j’admire et avec lesquel(le)s je passe mes plus belles journées !
Here is an interview with Marine Thevenet, a strong boulderer from Lyon, France, who now lives in the Alps, close to the Swiss bouldering mecca where she’s spending a large part of her free time with her boyfriend, Clément Lechaptois, with many hard sends in relative discretion.
– Hi Marine, can you introduce yourself for those who don’t know you?
I’m 33 and I’ve been climbing since I was 10. I started climbing in Beaujolais, in the Vertige club, on a 7-meter wall with lots of friends! Since then, I have always climbed, and my biggest break must be 6 months following an injury…
Since 2016, I no longer compete and I dedicate myself exclusively to outdoor bouldering. In parallel with my sports practice, I worked for 10 years as a lawyer but a few weeks ago I became a sports manager.
– Did you initially come from lead climbing and routes?
That’s right, I started with routes and more precisely, with lead competitions. I didn’t climb outside much when I was young. Only during the summer holidays or during meets with the French team. The rest of the time, I was doing the hamster in gyms during the week, and lead competitions on weekends.
When I was young, bouldering competitions didn’t exist. I think the first French bouldering championships took place around 2007. There were bouldering gyms, but not the ones we know today. It was rather walls full of holds where we made circuits, or else, where we created boulders (these were the first spray walls… full of edges!) The practice completely evolved, and me with it! When I discovered bouldering, I left my harness for good!
– You were French bouldering champion in 2014, what memories do you keep from your competition years and the French team?
I have great memories, especially the first years with Guigui (Glairon-Mondet), Mel (Sandoz), Anne-Laure (Chevrier), Alizée (Dufraisse) and Melissa (Le Nevé)! We were a good group and were doing well! Yet after so many years of competitions, I admit I have no memory of a climbing moment in particular. What I remember are above all the moments of life, the trips, the friendships. What we shared together.
– And then you stopped everything for the outdoors?
After years on the French youth team, the French lead team and then the French bouldering team, I think my motivation dropped and the excitement of the competitions was no longer there. I wanted to see something else, to meet new people. I wanted to devote myself a little more to my job and not lock myself into gyms on the other side of the world at weekends. It was also the time when the sport became more professional, and I think that I no longer had my place, or at least it was more difficult to find it. I found it complicated to have to take days off work in order to join the French team. Most of the other climbers were students or unemployed, and I had a hard time keeping up. I also injured myself more and more often. It was time to stop!
But it was also the moment when I finally wanted to devote myself to outdoor climbing! When I was competing, climbing outside was rather synonymous with vacation: expelling the pressure after the competition season. I had never seen outdoor climbing as a place where I could express myself, for which I wanted to train. But the switch was quickly made! Looking back, now I tell myself that I should have started much earlier!
– You’re sharing your life with Clément Lechaptois, another very strong boulderer. How do you organise yourselves for the choice of projects, trips or the division of climbing times together?
To choose the destinations, it’s rather easy: we choose the conditions! So summer is either high altitude bouldering spots or South Africa, and winter is the Ticino sun.
For projects, we try to find them in the same place in winter, because the days are short so we don’t have time to change sectors. In summer it’s easier because Clem likes to climb at night and I don’t mind climbing when it’s a little warmer, so with the longer days we manage to organise ourselves better.
And in general, if we manage to find a boulder to try both, it’s better!
– Unlike many climbers of your level, you are not professional and you work on the side, right? How do you manage to be on top working on the other side?
I don’t think that’s entirely true. There are a few climbers who are not working, but it is the climbers who are not working who are the most publicised, so it appears to be that way to people. In France alone, the French climbers who devote themselves solely to the outdoors and don’t work can be counted on the fingers of one hand…
In any case, it’s true that it’s a challenge to combine outdoor climbing and work. Especially because we are very dependent on the weather. When you work all week and it’s raining on weekend, it’s very hard mentally. Sometimes you have to be patient.
– You’re living in the Alps, close to Swiss boulders. Tell us about bouldering in Switzerland. The European or World Mecca?
The World Mecca for sure! When we arrived in Annecy we really thought that the boulders had fallen on the wrong side of the border! There is really a wide choice of spots, at various altitudes, which makes it possible to climb all year in Switzerland. Winter in Ticino, summer in Gottard, mid-season in the Valais.
And, what’s really good about Ticino is that it’s often sunny (or at least the weather is pretty reliable).
– What are the other places you particularly fell in love with?
I love South Africa! I like to disconnect there, without internet, and spend my days thinking only about climbing and with climbers. It’s exotic and at the same time, we feel at home.
We also discovered RMNP 3 years ago, and I can’t wait to return to the United States to discover other places.
And well, of course I love Font even if I haven’t climbed there a lot (mainly because of the weather).
– For many years, your credo has been hardcore bouldering. What things do you do to avoid injuries?
Ouch, I’m not the best person to answer this question because I get injured quite often, at least once a year…
I try more and more to listen to myself and to “stop” my motivation when I feel tired, but that generates a lot of frustration; so for the moment I have not found the formula that is working!
– Which kind of aspects particularly inspires you in the quest for high difficulty?
Feeling able to perform a move that didn’t seem possible is ultra satisfying. This is why I particularly like bouldering. When you try hard boulders for the first time, you don’t make a move. And then, you make a move and that’s already something! You climb a section, and it is still satisfying and so on. The process is great because you feel progress, you feel your limits and you go beyond them.
– You are particularly efficient, repeating many extreme boulders in a row. What is the key to your success? A training method? Surgical work? Or is it just a question of consistency and passion?
I think after so many years of training for competitions, I have put several patterns in place. Even if today I have the impression of doing much less than before, I train better, more efficiently. And then experience helps a lot. I know that there are drops in form and I accept them more easily.
Afterwards, when I have a project in mind, I train specifically. I try to optimise my sessions by reproducing moves, gaining sensation and strength, to be as well prepared as possible outside.
It’s always the same process. I try the moves, I try the sections, and when I have the boulder in less than 2/3 sections, I start putting goes in. It may take more or less time, but basically it’s how it’s working.
Afterwards, you must also be aware that, in the media or on the networks, we almost only talk about successful boulders. We are not talking about those where we give up, but there are still a lot of them! After 2, 10 or 30 sessions, if I still can’t manage a move, I give up on the boulder or put it aside to come back better prepared!
– Which kind of boulder do you prefer? slab? roofs? highball? lowball? type of holds? The stuff in your style, the stuff in your anti-style?
I love overhangs and vertical walls. I’m not particularly a fan of roofs or slabs.
I like big boulders, but I get scared easily, I try low balls instead, besides a highball has a very easy top-out (like “Kings of Sonlerto”).
About the holds, not too much of a surprise: I’m strong on small holds. However, I love slopers and pinches, but I’m much less good!
And on the style, hard to say… I try to do a bit of everything, I’m attracted to diversity. I really like challenges and when a great boulder is morpho, I try to find a method to complete it.
– What do you think of high level women’s bouldering in France and around the world?
The female level is constantly increasing and it is great to witness! There are more and more girls pushing the boundaries of sport, whether in climbing or in sport in general.
When I did my first 8B it was still quite rare, now it has become almost common. And that’s great!
In France, there are very strong women and I am sure there will soon be many more.
– The bouldering community, especially outdoors, is particularly masculine. How do you find your place in this world full of testosterone?
Again, I’m not sure that’s completely true. There are more and more female outdoor climbers, it’s just that we talk about them less and they are less promoted than the guys.
In any case, the climbers I climb with are all very nice and if they are not, I don’t hang out with them! I like humble personalities, who do not pay attention to the level of others to encourage them. So I can’t really say that it’s a world of brutes, the community of climbers with whom I spend my time is more of a community of enthusiasts, very friendly, who pull themselves up, whatever the level.
On the other hand, it’s funny to see that most people believe that there are no strong or passionate girls outside and that it would rather be a male environment because, from my point of view, it’s not the case at all. This may be because the media or social media focus on performance; we are only talking about climbers who have reached or wish to reach 9A, which everyone is talking about (highest grade reached by guys), while many more girls have reached 8B+ (highest grade reached by women) but it doesn’t make the same noise.
– Do you have some crazy projects in mind? You recently climbed the stand start of “Dreamtime”, an iconic boulder, does the sit start seem possible for you?
I have tons of projects in mind! The season in Ticino is almost over and it’s been a complicated year because I haven’t had a lot of time off. But I really want to catch up this summer! We haven’t planned anything yet but I think we will stay in the Alps and check out new boulders. I would love to go back to Magic Wood or Gottard.
I never tried the “Dreamtime” sit start; I might next year, we’ll see. So for the moment it’s difficult to know if it’s possible or not.
– A word for the end?
A big thank you to all those who support me, who bring life to and tell the story of our outdoor sport 🙂 my beloved sponsors (Moon / Unparallel), the media, and all the climbers that I admire and with whom I spend my best days!
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