La surprenante et triste nouvelle est arrivée par Patxi Usobiaga sur les réseaux ce matin. Le champion du monde 2000 basque exilé sur place a diffusé la mauvaise nouvelle sur Instagram puis sur son site officiel : le Contrafort de Rumbau, c’est à dire tout la falaise principale d’Oliana, est interdit à la grimpe jusqu’à nouvel ordre ! L’histoire d’un des sites emblématiques de l’escalade mondiale et de la Catalogne bascule une nouvelle fois dans le trouble, un peu plus de 3 ans après l’incendie qui avait ravagé les lieux.
Un arrêté pris en catimini
La décision a émané du gouvernement de Catalogne un peu plus tôt dans la semaine, après une étude qui s’est clôturée en juillet dernier, rendue publique seulement le 11 décembre, et un arrêté d’interdiction proclamé 5 jours après, le 16 décembre. En cause, les peintures rupestres préhistoriques de la partie gauche de la falaise (sous la classique « Humildes pa casa ») qui étaient déjà protégées par un grillage, avec le départ de la voie qui avait été déséquipé puis rééquipé plus à gauche. L’ensemble des peintures ont été récemment considérées d’intérêt national et inscrite au patrimoine naturel de l’UNESCO, et une zone de protection de 36 hectares vient d’être mise en place autour (!). Voici le résultat de l’étude publié par le ministère de la Culture. En guise de de mesure de conservation des peintures et de son contexte paysager, le site d’escalade est donc désormais interdit depuis vendredi. Les activités agricoles peuvent elles continuer comme avant…

Tentatives d’explication
D’après Nicolas Durand, grimpeur français expatrié dans le coin et guide d’escalade local, la décision pourrait peut-être consécutive au mauvais état de la barrière de pied de voies protégeant les peintures rupestres suite à l’incendie de la falaise en juin 2022. Les grimpeurs locaux s’étaient alors mobilisés pour purger et sécuriser les ancrages, mais aucun agent de préservation du patrimoine s’était alors soucié de l’état de la barrière et des peintures. De plus, les propriétaires des terrains de pied de voies avaient coupé des arbres calcinés sur leurs terrains suite à l’incendie et nivelé le pied de voies avec une nouvelle piste d’accès à la falaise, le tout sans autorisation, ce qui pourrait expliquer la zone d’interdiction très large préconisée par l’étude de cet été.
Les grimpeurs locaux vont bien sûr d’organiser pour casser cet arrêté, car il y a un délai légal de contestation de 30 jours qui n’a pas été respecté, puisque l’arrêté a été promulgué seulement 5 jours après le compte-rendu de l’étude. Même la mairie de Peramola (village local sous la falaise) n’était apparemment pas au courant. Un camouflet pour la municipalité qui venait justement de débloquer des fonds d’une aide européenne pour construire un centre d’escalade local. Une longue bataille judiciaire s’annonce…
Un patrimoine paléolithique et un haut-lieu du haut niveau mondial : cohabitation impossible ?
« La Dura dura », « Papi chulo », « Fight or flight », plus modestement « Fishe Eye » ou « Mind Control » : les classiques des lieux sont des voies référence dans leur niveau de la haute-difficulté mondiale et depuis leur équipement à la fin des années 2000 des générations de grimpeurs du monde entier s’y sont frottés. Le royaume de la King Line, héritage de Chris Sharma qui a pas mal œuvré dans l’équipement ici, est actuellement menacé, et par là même, un des temples qui a contribué à bâtir la réputation de l’escalade sportive de haut-niveau en Catalogne. L’histoire n’est pas sans rappeler le site voisin de Santa Linya, qui a été le théâtre d’un conflit entre archéologues et grimpeurs en 2009. Au final, une cohabitation avait été décidée, le site étant interdit en période estivale à la grimpe pour permettre les fouilles archéologiques, et autorisé en période hivernale (la meilleure période pour y grimper). Pourquoi ne pas envisager un compromis pour Oliana à moyen terme ? Affaire à suivre !
Photo de couverture : Mélanie Cannac

The surprising and sad news came from Patxi Usobiaga on social media this morning. The Basque 2000 world champion, who lives now there, posted the bad news on Instagram and then on his official website, Contrafort de Rumbau, announcing that the entire main crag of Oliana is banned to climbing until further notice! The history of one of the world’s and Catalonia’s most iconic climbing places has once again been thrown into turmoil, just over three years after the fire that ravaged it.
A decree issued in secret
The decision was made by the Catalan government earlier this week, following a study that was completed last July but only made public on December 11, and a decree prohibiting access issued five days later, on December 16. At issue were the prehistoric cave paintings on the left side of the cliff (below the classic “Humildes pa casa”), which were already protected by a fence, with the start of the route having been dismantled and then re-bolteed further to the left. All of the paintings have recently been deemed to be of national interest and listed as UNESCO natural heritage, and a 36-hectare protection zone has just been established around them (!). Here are the results of the study published by the Ministry of Culture. As a measure to preserve the paintings and their landscape context, the climbing site has been closed since Friday. Agricultural activities can continue as before…
Attempts at explanation
According to Nicolas Durand, French climber living in the area and local climbing guide, the decision may have been made due to the poor condition of the barrier at the ground protecting the cave paintings following the cliff fire in June 2022. Local climbers had mobilized to clean up and secure the anchors, but no heritage preservation officials had been concerned about the condition of the barrier and the paintings at the time. In addition, the owners of the land had cut down charred trees on their land following the fire and leveled the ground with a new access track to the crag, all without authorization, which could explain the very large exclusion zone recommended by this summer’s study.
Local climbers are, of course, organizing to overturn this decree, as there is a legal 30-day period for contesting it, which was not respected, since the decree was promulgated only five days after the study report was released. Even the town hall of Peramola (the local village below the cliff) was apparently unaware of it. This is a slap in the face for the municipality, which had just released European aid funds to build a local climbing center. A long legal battle is looming…
A Paleolithic heritage site and a world-class climbing destination: an impossible combination?
“La Dura dura,” “Papi chulo,” “Fight or flight,” “Fishe Eye” and “Mind Control”: these local classics are benchmark routes in terms of their high level of difficulty, and since they were bolted in the late 2000s, generations of climbers from around the world have tried it. The kingdom of the King Line, the legacy of Chris Sharma, who did a lot of work bolting the place, is currently under threat, and with it, one of the temples that helped build the reputation of high-level sportclimbing in Catalonia. The story is reminiscent of the nearby site of Santa Linya, which was the scene of a conflict between archaeologists and climbers in 2009. In the end, a compromise was reached, with the site being closed to climbing during the summer to allow for archaeological excavations, and open during the winter (the best time to climb there). Why not consider a compromise for Oliana in the future? To be continued and discussed!
Cover pic: Mélanie Cannac

