Le grimpeur Grenoblois Tanguy Topin a réalisé la semaine passée son premier 9a dans des conditions très froides sur le site de Bionnassay en Haute-Savoie avec “Takamine”. C’est la 4ème ascension connue de la voie. Tanguy nous en dit plus sur la voie et sur sa réalisation.
“Takamine est un effort de rési d’une soixantaine de mouvements. Globalement tout se joue dans le niveau de rési, alors ça change de Grenoble, c’est très agréable à grimper. A chaque run tu grimpes vraiment et tu te détruis les avants-bras !
L’effort se découpe comme suit : on commence dans un 8b assez bloc de 25 mouvements que je trouve dur (il faut les bonnes méthodes sinon c’est extrême) qui mène à un petit repos. Ensuite on attaque la rési finale. Cette partie fait environ 25 mouvements entrecoupés d’un mouvement dynamique trop stylé et d’une micro décontraction (quand ça colle). La fin monte d’un cran en intensité et en pose de pied, il faut grimper parfaitement pour économiser le maximum d’énergie avant le mouvement clé, un jeté dans une verticale que l’on attrape en bout d’allonge et en bout de rési. La suite est moins dure, environ 7b, mais on a peur de tomber par manque de lucidité.
J’ai travaillé la voie avec mon acolyte habituel, Romain Noulette. Comme mes parents habitent à Passy en Haute Savoie, c’était pratique ! Nous en avons profité pour faire des week-end ski et grimpe !
La voie à souvent été mouillée depuis novembre, ce qui est venu ajouter un paramètre supplémentaire à gérer. En tout j’ai dû mettre 10-12 séances pour en venir à bout (2 week-ends l’hiver dernier et 4-5 cette année).
En arrivant le vendredi 27 janvier, nous décidons avec Romain de rebrousser chemin car trop de neige et de brouillard, de quoi nous décourager de monter à la falaise. Au programme ça sera deux jours de ski à la place et peut-être que nous monterons dimanche.
Dimanche, c’est avec 3200m de dénivelé dans les jambes et la banane que nous attaquons la montée dans la neige pour rejoindre la falaise, perchée à 1500m d’altitude. Nous sommes accompagnés par Solene Amoros, Mélanie Cannac, mon père et Matis mon ancien colloc.
Les filles nous font confiance même si il est difficile de croire que l’on va pouvoir grimper la haut !
En arrivant au pied, c’est trop beau et la voie est quasi sèche à première vue (quelques glaçons pendent à droite à gauche mais ça semble possible). Ma première montée pour poser la stat au sommet de la voie pour Mélanie me déçoit un peu, il y a des prises complètement gelées, recouvertes de 5mm de glace. Pour sa première montée Romain embarque un opinel pour gratter la glace. Avec un peu de PQ par-ci par-là, il redescend de la voie en me disant que c’est jouable. En plus ça colle, il fait un froid de dingue malgré le soleil !
Au premier run je pars bien motivé, ça caille mais c’est gérable. Au final, après un échauffement bâclé, de mauvaises sensations dans la voie et une prise complètement mouillée dans le haut, j’enchaîne “Takamine” après un fight de fou ! J’avais le couteau entre les dents, et j’ai eu de la réussite. Pour la petite anecdote, Mélanie n’arrivait plus à enlever son dernier fractio (depuis lequel elle prenait les photos) pour me laisser passer… Ça c’est joué à quelques secondes ! J’aurai aimé partager ce moment avec Romain comme nous avons l’habitude de le faire en grande voie ou dans nos bike to Eight… mais ça sera pour la prochaine fois, il est très proche !”
Une interview récente de Tanguy et Romain au sujet du Projet “Bike To Eight”
Photos : Mélanie Cannac
French climber from Grenoble Tanguy Topin just sent his first 9a in very cold conditions last week in Bionnassay (Savoie) with “Takamine”. It’s the 4th known ascent of this route, Tanguy gives us details about the route and his send.
“Takamine is a resistance effort, 60 moves long. All the business is in the resistance you got, it’s changing a lot compared to the routes we are trying in Grenoble, it’s more playful, every goes you’re falling higher and higher, and you’re completely pumped! You start with an 8b (25 moves), which I find very hard, you need to have good betas to a little rest. Then the final resistance part, around 25 moves with a dyno and a little rest you can take only with sticky conditions. The end is harder and harder and is more complicated for the feet, you need to climb it perfectly in order to save your energy before a key move, un dyno to a sidepull that you reach with your maximum span, and completely pumped. The end is less hard, around 7b but you can fall if you’re loosing your confidence. I worked the route with my usual teamate, Romain Noulette. My parents live in Passy, so it was close. The best to schedule skiing and climbing week-ends. The route was often wet in November, a new thing to deal with. It took me around 10-12 sessions before the send.”
Photos : Mélanie Cannac