À Fanatic Climbing, on aime se battre contre les moulins à vent. On parle de grimpe en 2025 sans publicité rémunératrice. On s’insurge quand ça nous prend aux tripes. Et, comble du comble, on prend un plaisir quasi pervers à nettoyer la forêt de Fontainebleau, ainsi que ses blocs, secteur par secteur, année après année. Au juste, on les aime tant nos moulins à vent que lors du salon de l’escalade de janvier, auquel nous avions participé, l’envie nous prit de redoubler d’effort. C’est ainsi que le clean up d’avril est né, alors que notre grand-messe annuelle a normalement, et aura, lieu en septembre/octobre.

Pour cette première mission de l’année, la cible fut le bas Cuvier, choix de l’un de nos membres actifs, Christophe Grelaud, qui a dû user de toute sa diplomatie pour convaincre certains membres récalcitrants du bureau en raison de la saleté de l’endroit : capotes usagées, seringues, bord de route passante — il était sûr que le ramassage de déchets allait être peu glamour. Quand bien même, deux autres associations se sont jointes à nous pour l’occasion : Respect Bleau, à qui on recommande à tout bleausard alerte d’adhérer, ainsi que les flamands de Clean Climber. L’union fait la force, merci à eux ! La météo des deux derniers clean ups de septembre avait été mitigée, mais cette fois-ci l’anticyclone engouffrant à peu près toute l’Europe du Nord nous a gâté : soleil des grands midis dès le matin, cieux azuréens, avec un chouïa de vent frais pour rendre cet été printanier supportable. Morgane de l’ONF, partenaire cette fois encore, nous demanda d’ailleurs de faire passer le message : risque d’incendie de forêt élevé après un premier départ de feu la semaine précédente.

La formule de nos journées d’intervention est toujours la même : ériger le barnum, accoler des affichettes explicatives sur l’opération, notre association et les bonnes pratiques en extérieur ; mettre à disposition des pinces, gants et sacs poubelle pour ramasser les déchets nonchalamment abandonnés tout au long de l’année par on-ne-comprend-pas-qui ; préparer les sacs poubelles, pinces et gants, emplir les pulvérisateurs d’un savant mélange de vinaigre et d’eau, ainsi qu’aligner des brosses de tailles et formes diverses et variées afin de débarrasser les blocs des tickets et autres crêpes de magnésie que certains grimpeurs oublient, omettent ou refusent de brosser après leurs sièges.

Nous tentons de progresser encore dans la sensibilisation : aller au contact des grimpeurs, distribuer des flyers, et leur expliquer diplomatiquement pourquoi ils doivent renoncer à grimper certains blocs particulièrement encrassés que l’on a mouillés et qui ont demandé pour certains plusieurs tours de passage aux bénévoles, comme les célèbres « Abattoir », « Carnage », « Bérézina », « Corto Maltese », « Prestat », « Imothep », « Marie Rose », « Duroxmanie », « Gourmandise », « Big Boss », « Big Golden », « La Merveille » ou encore le dégueulasse bloc d' »El Paso » à Envers d’Apremont…

Nous nous entêtons. Ça ne fait pas de mal. Ça fait même du bien de faire du bien à cette forêt si belle lorsque notre astre et nos amis mais aussi de gentils inconnus au grand cœur sont réunis, tous certains du bien fondé de la gageure. Au demeurant, cette année Arthur Delicque était de retour parmi nous, armé de son génie de chasseur de lumière et de son amour du grès bleausard. Fanny Gibert, Ludovic Delmotte, Soline Ralite, Erwan Lievin, Aubin Salmon, Maël Bonzom, Maxime Baroud, Thomas Collignon, Filip Notebaert,.. et bien d’autres pures lumières du rocher et bleausards furent aussi de la partie, gonflant les rangs des nettoyants de l’inutile que nous sommes.

Nous étions plus de 80 cette fois-ci, un joli nombre alors que les conditions étaient parfaites pour quantité de blocs, durs et mous peu importe. C’est aussi cela la beauté de ces clean ups : associer des anonymes forts et moins forts à des grimpeurs de haut niveau, jeunes et moins jeunes dans une manière de manifestation apolitique où l’humain se met pour une fois au service de la nature, et arrête de parler pour passer à l’acte. Vous nous direz qu’une journée pour une telle inversion ça n’est pas beaucoup, et que la forêt mérite plus. Et vous aurez raison. C’est pourquoi nous recommençons en septembre, tradition et envie obligent. Pas que nous trouvions que deux, même trois ou cinq jours suffisent, mais avec l’espoir que, peu à peu, esprit par esprit, bouche par bouche, nettoyage après nettoyage, un puis deux puis trois nouveaux groupes s’improvisent à leur tour panseurs d’un jour d’un secteur, d’un parking, d’un chemin. Et que, de fil en aiguille, s’instaure dans les consciences qu’épousseter la robe si belle de Cybèle, c’est tout autant faire preuve d’altruisme égoïste que passer une journée entre atomes crochus, faire des rencontres, et finir une bière en main autour de jolies anecdotes.

On s’emporte, sorry. Mais quoi, ça redonne foi ces clean ups ou bien ? D’ailleurs on se prendrait presque à rêver des élans que Victor Hugo aurait pu retirer de la journée d’hier. S’il avait été grimpeur. Et qu’il avait aimé les moulins à vent.
Allez, ciao. Faut garder de l’élégiaque sous le coude pour cet automne.
Texte : Denis Lejeune
Photos : Arthur Delicque sauf mentions
Remerciements : tous les bénévoles et membres actifs présents ce dimanche, notamment Chloé Bouchard et Christophe Grelaud pour l’aide à l’organisation, évidemment tous nos adhérents qui nous soutiennent de près ou de loin, Arthur Delicque, Morgane, Thierry et toute l’équipe de l’ONF, Gaetane, Christophe et Fabien de Respect Bleau, Bouwe et l’équipe de Clean Climber, Bart et Jean-Pierre de Bleau.info, la famille Tournus,…MERCI !

At Fanatic Climbing, we like to fight windmills. We talk about climbing in 2025 while turning down lucrative advertising. We speak our minds to issues we disagree with. And, to top it all off, we take an almost perverse pleasure in cleaning up the Fontainebleau forest and its boulders, sector by sector, year after year. In fact, we love our windmills so much that, at the January French climbing show, which we attended, we felt the urge to redouble our efforts. That’s how the April clean-up came about, while our big annual event normally takes place, and will continue to do so, in September/October.

For this first mission of the year, the target was the bas Cuvier, the choice of one of our active members, Christophe Grelaud, who had to use all his diplomatic powers of persuasion to convince certain recalcitrant members of the office because of the dirtiness of the place: used condoms, syringes, the edge of a busy road – the garbage collection was going to be less than glamorous. Two other associations joined us for the occasion: Respect Bleau, which we recommend every Bleausard to join, and the Flemish from Clean Climber. Thanks to them, there’s strength in numbers! The weather for the last two Clean Ups in September had been mixed, but this time the anticyclone engulfing just about all of Northern Europe spoiled us: bright midday sun from early morning, azure skies, with a touch of fresh wind to make this spring-like summer bearable. Morgane from the ONF, our partner once again, asked us to pass on the message that the risk of forest fires was high, following a first outbreak the previous week.

The formula for our intervention is always the same: set up the tente, put up posters explaining the operation, our association and good outdoor practices; provide tongs, gloves and bin bags to collect the garbage nonchalantly abandoned throughout the year by who-knows-who; prepare the sprayers with a clever mixture of vinegar and water, and line up brushes of various shapes and sizes to rid the boulders of the ticks and other chalk pancakes that some climbers forget, omit or refuse to brush off after their sieges. We’re trying to raise awareness even further: getting in touch with climbers, handing out flyers, and diplomatically explaining why they shouldn’t climb some of the particularly dirty boulders that we’ve got wet, some of which took the volunteers several visits to clean properly, such as the famous “Abattoir”, “Carnage”, “Bérézina”, “Corto Maltese”, “Prestat”, “Imothep”, “Marie Rose”, “Duroxmanie”, “Gourmandise”, “Big Boss” or “Big Golden”…

We are stubborn. It doesn’t hurt. It even feels good to do something good for this beautiful forest when our star and our friends, as well as kind-hearted strangers, are together, all certain of the validity of the challenge. Incidentally, this year Arthur Delicque was back with us, armed with his genius as a hunter of light and his love of the Font sandstone. Fanny Gibert, Ludovic Delmotte, Soline Ralite, Erwan Lievin, Maël Bonzom, Aubin Salmon, Maxime Baroud, Thomas Collignon, Filip Notebaert and many other pure lights of the rock were also on hand, swelling the ranks of the cleaners of the useless that we are.

There were more than 80 of us this time, a nice number when conditions were perfect for lots of bouldering, hard and soft alike. And that’s the beauty of these clean ups: to bring together the strong and the not-so-strong with top-level climbers, the young and the not-so-young, in a kind of apolitical demonstration where, for once, human beings put themselves at the service of nature, stop talking and start acting. You’ll tell us that one day for such an inversion isn’t much, and that the forest deserves more. And you’d be right. That’s why we’re doing it again in September, tradition and desire dictating. Not because we think two, three or even five days are enough, but in the hope that, little by little, mind after mind, mouth by mouth, clean-up after clean-up, one then two then three new groups will improvise themselves as one-day cleaners of a sector, a parking lot, a path. And that, one thing leading to another, it becomes clear that dusting Cybèle’s beautiful dress is just as much about selfish altruism as it is about spending a day with friends, meeting new people and ending the day with a beer in hand and a good story to tell.

We’re getting carried away, sorry. But what, do these clean ups restore faith or what? In fact, we’re almost dreaming of what Victor Hugo might have got out of yesterday. If he’d been a climber. And had loved windmills.
Well, ciao. We’ve got to keep some elegiac under our belts for this autumn.
Text: Denis Lejeune
Photos: Arthur Delicque unless mentions
Thanks to: all the volunteers and active members present on Sunday, in particular Chloé Bouchard and Christophe Grelaud for their help with the organization, of course all our members who support us in one way or another, Arthur Delicque, Morgane, Thierry and the entire ONF team, Gaetane, Christophe and Fabien from Respect Bleau, Bouwe and the Clean Climber team, Bart and Jean-Pierre from Bleau.info, the Tournus family, etc. THANK YOU!

Philippe
Bravo à tous les Don Quichotte de Bleau (et d’ailleurs)!