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Sud Est-Alpes / South East-Alps

Troisième ascension d’Aubade direct 9a+ par Anatole Bosio – Anatole Bosio claims third ascent of Aubade direct 9a+

  • 19/10/2020

Le talentueux grimpeur niçois Anatole Bosio a fait récemment parler de lui en réussissant la 3ème ascension d’ “Aubade direct”, le 9a+ de la Sainte-Victoire. Une rare répétition de cette voie teigneuse et très à doigts pour son premier 9a+. Réaction.

Comment as-tu jeté ton dévolu sur cette ligne ? Peux-tu la décrire rapidement ?

J’ai tout de suite aimé travailler “Aubade”, le cadre est magnifique et le format me plaît beaucoup : court et intense ! Par contre contrairement aux retours qu’on me fait régulièrement, ce n’est pas mon pur style ! Étant originaire de Nice je suis plus à l’aise dans les gros dévers. Il m’a donc fallu m’adapter au style des voies du pays d’Aix : des cruxs souvent très marqués et techniquement plus complexes à mes yeux que ceux que j’avais rencontré durant mes jeunes années.

Aubade Directe, c’est 9 mètres de pré-fatique en 7c+ physique, un bon repos avec un genou, puis 6 mètres de crux très intense, de grands mouvements sur de petites réglettes dont le mouvement le plus dur est très aléatoire et peu commun : un visé dans une fente en extension max avec un très mauvais plat en inversé ! Comprendre ce mouvement aura été un vrai casse-tête et l’enchaîner du bas encore pire ! S’ensuit une très mauvaise décontraction à la bifurcation d’Aubade (à droite) et Aubade directe (tout droit) où commençent les 8 mouvements d’un crux physique et à doigts vraiment très dur dans la partie plus déversante, qui aboutissent par un mouvement à nouveau difficile à ressentir avec la fatigue : il s’agit de tenir deux monos en fourchette main droite avec un pouce, s’écraser sur un mauvais pied pour aller chercher une inversé très loin au dessus. Pour finir, sans aucun repos possible, une dalle typique de la Sainte-Victoire : des pinces minuscules et mauvaises dans du rocher gris et des mouvements éloignés avec des pieds à plat en font une section très rési avec le bas dans les bras ; l’effort est donc soutenu jusqu’au relais !

Comment s’est passé le travail, la progression dedans ?

J’ai réalisé “Aubade” version droite l’an dernier que j’ai proposé de re-coter de 8c+ à 9a, j’ai fait la première répétition 15 ans après Gé Pouveau, ça en dit long…

Après ça, pour moi aller dans la directe était une évidence, je suis un bosseur de voie, les chantiers ça ne me fait pas peur, une semaine après la croix d’Aubade droite, j’étais dans la directe. J’ai tout de suite vu que ça me correspondait bien : malgré la difficulté je tenais bien les prises. La dalle, elle, m’a beaucoup plus impressionné que le crux ! Une séance plus tard c’était la canicule, j’ai arrêté d’aller dans la voie puis je me suis fait une poulie partielle fin été 2019. Je suis retourné dans la voie après le confinement, je bougeais mieux qu’avant ce qui était assez fou, mais il me manquait de la rési. Cet été j’ai travaillé d’autres voies très dures puis en septembre il est devenu évident que je ne pourrais pas continuer mes projets à 2h de la maison, il était temps pour moi de revenir dans ce projet qui m’appelait à chaque fois que je regardais la Sainte-Victoire.

Un mois à raison de deux séances par semaine m’auront suffi pour venir à bout de ce titan, tombant de plus en plus haut ; les deux dernières séances je grimpais avec la pression que ça pouvait faire à chaque essai. Le jour J je tombe au premier run en faisait une erreur de pied, trop rando, trop excité, je me suis remobilisé pour le deuxième essai : concentré mais relâché. Je suis arrivé moins facilement mais avec une grande détermination. La dalle finale a été le vrai crux dans l’enchaînement comme je m’y attendais, j’ai grimpé chaque mouvement en étant de plus en plus occis physiquement et mentalement, à tel point que sous le relais j’ai dû improviser un changement de main car je ne me sentais pas de faire ma méthode habituelle. La joie éprouvée a été immense.

Comment expliques-tu que c’est seulement la 3ème ascension en 10 ans ?

“Aubade” est une voie très exigeante dès la partie commune et demande un vrai temps d’adaptation, donc de la patience. Au début on se sent très loin de la faire, donc ça a dû en démoraliser quelques uns au moment où la voie aurait pu connaître son essor. J’imagine aussi que comme il n’y a aucune voie entre 8b et 9a il est difficile de se familiariser avec les voies du secteur.

Dernièrement tu sembles avoir tenté des voies dures : “Biographie”, “La rage d’Adam”, “Supercrakinette”, est-ce que se fixer des méga objectifs fait partie de ta motivation en grimpe ?

Quand j’ai essayé “La rage d’Adam” j’ai des potes qui m’ont demandé pourquoi j’essayais pas des 9a… Déjà depuis toujours quand j’arrive à une falaise je regarde quelle est la voie la plus dure, c’est ça qui m’excite, ça me fait rêver, réaliser l’impossible c’est pour ça que je grimpe. Mais je connais mon potentiel, je me fais confiance et je sais que je peux réaliser un 9b dans mon style, notamment en jouant sur des outils mentaux que je n’avais pas avant de commencer la préparation mentale.

Quels sont tes objectifs futurs ? Des voies dans le viseur ? Comment tu t’y prends pour choisir tes projets ?

J’ai très envie de retourner dans “Supercrackinette”, j’ai eu un coup de cœur dedans, j’ai envie de vacances et Saint-Léger pour moi c’est les vacances, le soleil, les paysages, c’est apaisant. Après je veux me trouver un projet en 9b, mais avec ma vie multiple (enseignant, grimpeur, papa, bricoleur du dimanche) c’est mieux quand c’est pas trop loin de la maison !

Anatole Bosio, talented climber from Nice, France just did the 3rd ascent of “Aubade direct” 9a+, Sainte-Victoire, France. A rare repeat of this fingery and powerful testpiece and his first 9a+. Interview.

Why did you project this route?
I was in love with “Aubade”, the landscape is beautiful and the style pleased me well: short and powerful! But it’s not my pure style, I’m used to climb in big overhangs in Nice and climbing in Sainte-Victoire is more bouldery and technical.
“Aubade direct” is a 9 meters 7c+ into a kneebar rest followed by 6 insane moves very powerful, with long moves on tiny crimps. The hardest move is quite awkward, you need to dyno from a slopy undercling to a little crack.


It was hard to stick this move at the beginning, it requires a lot of feeling. Then you have a bad rest then 8 hard moves very fingery finished by two bad monos to hold befire a slab resistance finish, typical here with small on pinches and no real feet. The effort is quite sustained until the anchor.

How was the process?
I completed the right exit (“Aubade”, 8c+) and decided to upgrade it to 9a. It was the first repeat after the first ascent by Gérome Pouvreau 15 years ago… After that send, trying the direct exit was an evidence. I like projecting and redpoint game, so one weak later, I was trying. The finish was quite ok for me, it suited me well. But it was the heat and decided to take a break.


Then I injured my finger and it was lockdown, so I came back this Spring, but it missed me some resistance. I tried this summer some hard lines but it was too tiring at 2 hours road from my home. So I decided to focus on “Aubade direct” this fall. I did 2 sessions par week during one month and made quick progress. The D-Day, I fell a first time at my first go due to a bad footwork, too excited. The second go was better, focused and relaxed. The final slab was epic and under the anchor I changed my hands beta. My emotion at the top was intense.

How do you explain this is only the 3rd ascent in a decade?
“Aubade” is very demanding and needs a lot of patience. At the beginning, you feel close to do, but you fail and fail again. And there is nothing at the crag between the 8b and 9a range and you can’t be in touch with other hard routes of the sector as training.


Recently you tried a lot of extreme routes like “Biographie”, “La rage d’Adam”, “Supercrackinette”. Mega projecting is in your blood?
When I tried “La rage d’Adam”, some friends asked me why I was not trying some 9a’s. When I arrive at a crag I’m always planning to know what is the hardest route, it motivates me to project something impossible. I know that I can climb 9b if the route is in my style and with a good mental behaviour…

Your next targets?
“Supercrakinette”, I was in love with this route and I need some time here to enjoy the sweet life here. And may be in the future a 9b project, but with my busy life it’s better when it’s not too far from my home!

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