Search on Fanatic Climbing
Big Wall Performances Suisse / Swiss

Cédric Lachat réalise la première répétition de Fly, 550 m, 8c, Lauterbrunnental – First repeat of Fly, 8c, 550m, Lauterbrunnental by Cédric Lachat

  • 09/09/2019

English below

Il l’avait annoncé dans son projet de film en grandes voies “Swissway to heaven”, Cédric Lachat a réalisé dernièrement la première répétition d’une des grandes voies les plus dures au Monde, “Fly” 8c, 550m située au Staldeflue, Lauterbrunnental (Suisse) en compagnie de Tobias Suter. Ouverte par Roger Schäli, “Fly” propose 20 longueurs et une escalade technique assez soutenue. Libérée après 4 jours en paroi par Alex Megos en 2014 accompagné de Roger, Cédric s’est permis de s’offrir la première répétition de “Fly” dans la journée après un push incroyable et improbable ! Un accomplissement de plus pour Cédric qui comptait déjà un CV fourni en big wall avec des répétitions en libre de “Orbayu”, “Hosanna”, “Yeah man, “Silbergeier”, “Golden Gate”,… Récit complet de cette aventure par l’intéressé, qui estime avoir ici réalisé la “plus grosse perf’ de sa vie” !

“L’an dernier Tobias Suter m’avait proposé d’aller un jour dans “Fly” avec lui. Mon projet “swissway to heaven” de cette année était l’occasion parfaite pour attaquer cette voie. Cette ligne a été ouverte par Roger Schäli et ses amis entre 2004 et 2009. Je dois avouer qu’il ne faut pas avoir peur pour se lancer dans l’équipement d’une telle paroi. En juin 2014, Alexandre Megos a libéré la ligne en plusieurs jours accompagné de Roger, Frank Kretschmann et David Hefti.”

Fly topo

“Nous y sommes allés une première fois en arrivant du haut pour nettoyer les prises et repérer les longueurs dures. Et surtout mettre les cordes statiques pour que le caméraman qui nous accompagnait dans cette aventure, Guillaume Broust, puisse nous accompagner. Je dois avouer que mettre les doigts dans le 8c m’a bien secoué l’esprit car la longueur me semblait tellement difficile mais faisable (reposé). Ensuite la dernière longueur en 8b+ m’a totalement refroidi. Je ne bougeais pas !!! Pourtant j’arrive à grimper des voies dans le 9ème degré sans trop de problèmes, mais là… impossible. Certes il faisait chaud mais bon, il y a de quoi se poser des questions…”

“Quelques jours après ce petit coup de pied dans les fesses, nous décidons d’attaquer la voie depuis le bas sans repérage et d’essayer l’enchaînement en deux jours. Le jour J nous grimpons les 15 premières longueurs en laissant quelques essais au passage dans les 7c. Et oui, grimper des 7c en dalles sans magnésie, c’est plus difficile que de faire des 8b+ en Espagne. Vers 14h-15h nous arrivons on bivouac (début du 8b) complètement morts et sans peau. Je travaille encore le 8b et l’enchaîne. Ensuite dodo puis le matin nous repartons pour la suite. Malheureusement je prends le but dans le 8c. Je n’avais plus de peau et je n’étais pas assez calé pour réussir une longueur dans un état de telle fatigue. Donc j’abandonne et au passage j’essaie le 8b+ de fin et sans surprise, je ne bouge toujours pas. “

“Les jours suivants, je me demande bien comment je vais me débrouiller pour réussir cette grande voie… Après quelques jours de repos nous revenons du haut pour faire des images avec Guigui mais cette fois la température est fraîche et la peau des doigts ne manque pas. Avec Tobias, nous travaillons le 8c et le 8b+ et finalement tout fonctionne, bien que ce soit dur. Quel bonheur de se dire que c’est jouable. Maintenant le jeu est d’enchaîner cela après 17 longueurs. Après plusieurs jours de pluie, nous trouvons enfin un créneau de deux jours pour attaquer la ligne. Il faut dire que cette année la pluie nous colle bien aux baskets ! Le soir avant de taper l’essai, nous allons repérer et brosser les 3 premières longueurs pour ne pas perdre de temps le matin suivant. “

Photo : Guillaume Broust

“Nous sommes le jour J et la météo est capricieuse comme toujours. Ils annoncent grand soleil mais peut-être des orages la nuit. Nous partons quand même pour deux jours mais il faut avouer que c’est stressant de savoir que le but météo est fort probable. Nous grimpons dans les premières longueurs en réversible à une vitesse folle sans tomber dans ce rocher qui n’est pas toujours bon et assez engagé par endroit. Plus nous montons et plus j’accélère car je sais que le soleil arrive dans cette face ouest vers 14h, et après c’est compliqué pour continuer. Plus je grimpe et plus l’idée de la tenter à la journée me traverse l’esprit. Arrivé au bivouac, je regarde Tobias et il comprend directement que je veux continuer. A ce moment, Tobias sait que pour lui continuer d’enchaîner n’est plus possible en un jour. Il me suit donc et s’occupe bien de moi pour réussir cette performance qui nous semblait auparavant infaisable. Je fais le 8b et le 7b+. Le soleil arrive et me stresse, je ne me repose pas et je pars dans le 8c sans pause. Pas de chance, le soleil se montre dans les derniers mouvements et je tombe. Impossible de tenir une prise. A cet instant, je suis épuisé et je craque. Je dis à Tobias que c’est mort et qu’on monte se reposer en haut. Il refuse et me dit de descendre sur le ledge et d’attendre le soir pour avoir de l’ombre. “

“Grâce à son coup de gueule, je reprends mes esprits et je descends. Horrible, plus de 4 h à attendre au relais en plein soleil. L’enfer, il n’y a pas d’autre mots. On était deux steaks en cuisson basse température. En fin de journée le temps se couvre et passe à l’orage. Je comprends que si je ne fais pas tout de suite ce 8c c’est mort. Je fais mon essai dans une humidité atroce et j’enchaîne par je ne sais quel miracle. Puis il ne me reste que le 8b+. Forcément au premier essai je tombe. Après quelques minutes de repos, je l’enchaîne à son tour en étant limite à chaque mouvement. J’ai grimpé 100% avec la tête comme je sais bien le faire. Tobias était à fond avec moi. Une performance comme cela, il est clair que ça se fait à deux. Merci Tobi de m’avoir aidé à faire la plus grosse perf de ma vie. La ligne est majeure, j’espère qu’il y aura des répétions.”

La suite pour Cédric ? “WoGü” au Rätikon en compagnie de Nina Caprez. “Cela fait plaisir de refaire un projet de film en grande-voie avec Nina” commente Cédric… On vous tiendra au courant ! Et il nous tarde de voir les images de “Fly” car au vu de son récit et surtout quand on connaît le CV et le pedigree du Suisse en grande-voie l’affaire semble très très corsée !

Photos : Guillaume Broust

Cedric Lachat and Tobias Suter at Lauterbrunnen – July 2019 – Photo: Guillaume Broust

It was scheduled in his multipitch climbing film project “Swissway to heaven”, Cédric Lachat just signed the second free ascent of one of the hardest multipitch routes of the World, “Fly” 8c, 550 meters located in Staldeflue, Lauterbrunnental (Switzerland) with Tobias Suter. Bolted by Roger Schäli and his friends and freed for the first time in 4 days by Alex Megos in 2014, Cédric has succeeded to free-climb the route in one day! Another achievement for him added on his long multi pitch ticklist: “Orbayu”, “Hosanna”, “Yeah man”, “Silbergeier”, “Golden Gate”,…Here is his complete comment about this unbelievable adventure. For Cédric, “Fly” seems to be his best performance of his climbing career!

Last year Tobias Suter proposed me to try “Fly” with him. My project “Swissway to heaven” this year gave me the opportunity to plan a visit in this route. This line was bolted during 2004 and 2009 by Roger Schäli and his friends. I must admit you mist not to be scared for starting to bolt a route like this! In June of 2014 Alex Megos freed the line in several days, joined by Frank Kretschmann and David Hefti. “

“We came for the first time from the top, cleaning the holds, scoping the hardest pitches and fixing the static ropes for our cameraman who joined us in the adventure, Guillaume Broust. I must say that I wanted to try the 8c key pitch, the route seemed to me so hard but doable… The last pitch of the route, around 8b+, freezed me. I was not moving! I usually manage to climb easily 9th grade sportclimbing routes but here…impossible! It was warm but no excuses, I was asking to myself if I could climb this.

Tobias Suter “The Fly” at Lauterbrunnen – July 2019 – Photo : Guillaume Broust

“Few days after this little “kick in the ass”, we decided to try the route from the ground without any check, and to attempt to free it in 2 days. The D-Day, we climbed the first 15 pitches with several tries for freeing some of them. Yes, climbing 7c’s in slab without tickmarks is maybe more difficult than climbing 8b+ in Spain! Around 2-3 pm, we arrived to the base camp completely devasted and without any skin. I tried the 8b pitch just above and climbed it. After a night on the portaledge I struggled in my second day in the 8c. No more skin, and I was very tired! I gave up, tried the last 8b+ pitch, and, without surprise, I was still not moving! “

“The following days, I had no clue about how to free this route. I returned in the upper and hardest pitches for a shooting session with Guigui. This time, the temperature was lower and my finger skin was good. With Tobias, we worked the 8c and the 8b+ and finally we found some betas: it’s hard but doable. The problem is to climb this crux after 17 pitches. After several days of rain, a weather window arrived for a 2 days push. The evening before, we prepared the 3 first pitches, cleaning the holds.

Cedric Lachat and Tobias Suter on the ascent of “The Fly” at Lauterbrunnen – July 2019 – Photo : Guillaume Broust

“The D-day, the weather was still not at its best. The sun was shining but a thunderstorm was scheduled for the evening. Whatever, we decided to try the 2 days push, but we were a little bit anxious, knowing that the weather could turn bad. We climbed the first pitches very quickly without falling. The rock was sometimes not very good and some part of the route offered some scary run-outs. Pitch after pitch, I tried to climb faster and faster because I knew that the sun was coming in the West face at 2 pm, and after that it would be complicated to continue. While I was climbing, I understood that I had a chance to climb the route in a day. We arrived in the basecamp and I gave a look to Tobias. He immediately understood that I wanted to continue to climb. It wasn’t possible for him to free climb the route in a day but he decided to follow me in this crazy idea.”

“I climbed the 8b and the 7b+ without any problem. The sun was coming and and I started to feel nervous, so I didn’t take any rest and gave a go through the 8c key pitch. Unfortunately, the sun rised in the last moves of the pitch and I fell. It was impossible to see or to stick the holds with the sun. I was very tired and I suggested to Tobias to finish the route and to rest at the summit. But he did not agree and convinced me to go down to the ledge, to rest 4 hours in the sun and to try again during the evening. “

Cedric Lachat and Tobias Suter – “The Fly” at Lauterbrunnen – Photo : Guillaume Broust

“Terrible. 4 hours to wait in the sun, burning like 2 steaks… The hell!!! At the end of the day, the weather was changing with clouds announcing the storm. It was my window and I knew if I failed again in the 8c pitch it will be finished for the day. I did my try in high humidity conditions and maybe by miracle, I finally managed to free this pitch! It was then time for the last 8b+ pitch. After few minutes of rest, I freed it with a huge fight, being close to fall in every move. Tobias support was huge. A performance like this is a team work. Huge thanks to him for having helping me accomplishing my best performance ever in my life. The line is a gem, I hope some other climbers will try to free it in the future.”

What’s next for Cédric? “WoGü” in Rätikon with Nina Caprez. “It’s cool to plan a new multi pitch film with Nina” adds him. We keep you in touch! And can’t wait to watch the film about “Fly”, promising intense moments like described in this story. And when you know the pedigree of the Swiss climber, this route seems very very hard!

Photos : Guillaume Broust

1 Comment

Leave a Reply