Après avoir exploré l’Islande en compagnie de son compatriote Stefano Ghisolfi et les autres athlètes de North Face, Jacopo Larcher a retrouvé son autre “tribe” à Valle dell’Orco, Italie. À la fin de ce rassemblement tout le monde est rentré au bercail, sauf Jacopo. Motivé par une météo automnale parfaite, l’Italien en a profité pour libérer deux projets, de trad of course. Voici pour votre plaisir le récit de ses ouvertures.
“Après un période d’ouvertures en salle éreintante, rien de mieux que deux semaines de van life et de granit dans une vallée bourrée de lignes et de potentiel! Lors de la deuxième semaine d’octobre, j’ai conduit à Valle dell’Orco pour participer au rassemblement des athlètes La Sportiva, avec dans l’idée de grimper un peu après. Quand tout le monde quitta la vallée, le temps était trop beau pour partir moi aussi et, après notre expédition au Pakistan, j’avais vraiment hâte de me remettre au trad. Pendant le rassemblement on nous donna un petit topo avec d’intéressants projets, de longue date et plus récents, et je me suis empressé d’aller les voir!
Babsi avait dû rentrer à la maison à cause du travail, donc je suis resté avec Olli (notre chien) et j’ai grimpé soit seul soit avec les locaux Andrea et Simone, qui m’ont très gentiment autorisé à garer le van chez eux et m’ont vraiment fait me sentir chez moi (encore merci!).
Je me suis mis à travailler deux lignes bien sympa mais totalement différentes. La première était un vieux projet d’Adriano Trombetta, courte et très “British”, la seconde une fissure raide et athlétique située dans un secteur récemment développé par Andrea, Simone et Marzio (Nardi). J’ai vraiment aimé que les voies soient si différentes, demandant des techniques opposées. L’une était moins dure au niveau technique mais comportait un risque de retour au sol vers les 10 mètres: l’autre était sans danger mais largement plus difficile, techniquement parlant. J’ai trouvé bien qu’elles demandent à peu près la même quantité de travail mais des approches différentes. Pour l’une j’ai dû comprendre comment la grimper et bien forcer pour la finir, alors que pour l’autre j’ai dû pas mal bosser en moulinette afin d’être sûr de ne pas chuter au mauvais endroit lors de l’enchainement: la beauté et la variété du trad!
Le 24 octobre, après quelques jours passés à nettoyer les prises et trouver mes méthodes ainsi que les placements de protection, j’ai réussi à faire la première ascension de “Blood Diamond”, la fissure bien punchy au secteur Diamante (diamant). La protection y est toujours bonne, mais placer le matériel en tête ajoute clairement du piment au crux. Les mouvements sont tout simplement géants! Des pieds pourris, de gros blocages et de bonnes compressions en haut… un bijou je vous dis! À mon avis, c’est une des lignes les plus dures que j’ai faites à Orco jusqu’ici.
Le lendemain, ce fut le tour de l’autre projet. Comme je l’ai dit, Adriano Trombetta avait découvert cette ligne il y a des années et eut la belle idée de l’essayer sans l’équiper. Adriano était un vrai pionnier d’Orco (entre autres!), il y a établi de nombreuses voies et beaucoup de projets; malheureusement il a été emporté par une avalanche en 2017, mais son esprit habite toujours la vallée, ainsi que les souvenirs de ses proches!
La voie se trouve sur un gros bloc au pied de Sergent. Elle commence en suivant une rampe de plats sur une proue jusqu’à une bonne écaille, où on place des micro friends avant d’attaquer le crux. Après quelques prises on atteint une bonne réglette, sur laquelle j’ai décidé de placer une protection; le placement semble ok, mais la prise est une écaille un peu fragile, qui casserait probablement en cas de grosse chute dessus. Pendant l’enchainement j’ai essayé d’assurer le crochet avec un morceau de cordelette raccordé à un coinceur plus bas pour empêcher qu’il ne bouge. La section suivante est technique sur petites réglettes, et finit par des mouvements aléatoires jusqu’à une grosse écaille, sur laquelle on peut enfin placer du matériel supplémentaire avant la partie finale, plus facile. Pour cette ligne la grimpe n’est pas trop difficile (autour de 8a), mais l’association “mouvements aléatoires” et “risque de retour au sol” la rend pimentée! À titre personnel, j’aime beaucoup la forme du bloc et la ligne, c’est pourquoi je voulais vraiment la travailler.
Je n’aurais pas pu imaginer de meilleure conclusion pour ce trip à Orco! Je n’ai pas eu la chance de rencontrer Adriano, mais cette ligne est clairement un hommage à ce grimpeur et sa vision de l’escalade! J’ai décidé de l’appeler “Shikantaza” (“Le Projet Tromba”).
D’énormes remerciements à Andrea et Simone du refuge Le Fonti pour leur aide, l’assurage, le travail… mais surtout pour leur accueil chaleureux et les bons moments! J’ai déjà hâte de retourner à Orco, un endroit d’une beauté envoutante et au potentiel dément!”
Photos: Federico Ravassard et Jacopo Larcher
After exploring Iceland with his fellow countryman Stefano Ghisolfi and other North Face athletes, Jacopo Larcher met with his other ‘tribe’ in Valle dell’Orco, Italy. At the end of this meet every one went home but Larcher. Psyched by perfect autumn weather, the Italian set out to free two trad projects. Here is Jacopo’s write-up for your reading pleasure.
‘After a busy route setting period there is nothing like 2 weeks of van life and granite climbing in a valley full of climbs and potential for new ones! The second week of October I drove to Valle dell’Orco to attend the La Sportiva athlete summit, with the idea of spending some more days there after the event. At the end of the meeting everyone left the valley, but the weather forecast looked too perfect for leaving too and, after our expedition to Pakistan, I was really looking forward to do some trad climbing. During the meeting we got a little topo with some interesting new and old projects, so I immediately went to check them out!
Babsi had to go home as she had some work to do, so I remained with Olli (our dog) and I climbed mostly on my own or with the locals Andrea and Simone, who warmly welcomed me to camp at their place and really made me feel at home (thanks again!).
I started woking on two cool, but completely different lines. The first one was an old project of Adriano Trombetta, a short and very “British” route, the second one a steep and powerful crack located in a crag freshly developed by Andrea, Simone and Marzio (Nardi). I particularly liked the fact that the routes were very different and required completely different skills. One was definitely not as hard technically, but quite dangerous and with a potential ground fall from about 10 meters; the other was safe but technically way harder. I liked how both routes required a similar amount of work, but yet a different approach. On one I had to understand how to climb and try hard for sending it, while I had to often practice and top rope the other one in order to be sure to avoid to fall to the ground while eventually leading it: the beauty and variety of trad climbing!
On the 24th of October, after a few days spent brushing and figuring out the moves and the gear, I managed to make the FA of the “Blood Diamond”, a steep and powerful crack situated at the Diamante (Diamond) crag. The gear on this one is always good, but placing it on lead definitely adds a little extra to the crux. The moves are simply amazing! Poor footholds, big lock offs and compression climbing on top… a real gem! Personally I think this is the hardest one I’ve done in Orco so far.
The following day was the turn of the other project. As I mentioned before, Adriano Trombetta discovered the line years ago and had the vision of tying to climb it without bolting it. Adriano was a real pioneer in Orco (and not only!) where he established a lot of routes and had a lot of projects; he tragically passed away in 2017 caught in an avalanche, but his spirit lives on in the valley and in the memories of his friends!
The route is located on a big boulder at the base of Sergent; it starts following a sloper rail on a prow until a good flake, where you place some micro cams before setting off for the crux section. After a few moves you reach a good crimp, on which I decided to place a cliff as protection; the placement looks good, but the hold is a loose flake, which would probably break in case of a big fall on it. I tensioned (on lead) the hook with a piece of cord to a lower cam for avoiding it to move. The next section involves some technical moves and small crimps and ends with some insecure moves to a big flake, where you can finally place some more gear before the easier top out. The climbing is definitely not so hard (8a-ish), but the combination of insecure moves and a possible groundfall make it spicy! I personally really liked the shape of the block and the line, that’s why I absolutely wanted to climb it; I couldn’t have wished for a better end of my trip to Orco! I’d never had the chance to meet Adriano, but this one is an obvious tribute to himself and his vision! I decided to call it “Shikantaza” (aka. “The Tromba project”).
A big thanks goes to Andrea and Simone from the hut “Le Fonti” for the help, the belay, the work… but most of all for the warm welcome and the good times! I already can’t wait to go back to Orco, the place is so beautiful and there is such big potential for new lines!’
Photos: Federico Ravassard and Jacopo Larcher