Le mutant écossais Aidan Roberts, déjà répétiteur d’Alphane, a annoncé ce printemps avoir réalisé la première ascension d’un bloc extrême non loin de chez lui qu’il nomme “Spots of Time” et après réflexion propose 9A. Connu comme The Helvellyn Project, Lake District (Ecosse), “Spots of Time” a été essayé pour la première fois par Aidan en mai 2023 et réalisé ce printemps après 30 sessions dedans. Assurément un des blocs le plus durs au Monde… “Spots of Time” se compose de 6 mouvements sur minuscules rasoirs avec une grosse lolotte et des talons techniques. Un bloc épuré dans un dévers à couper au couteau sans volumes, non sans rappeler le style du célèbre “Burden of dreams”. Voici le commentaire d’Aidan sur la difficulté du problème.
“J’ai eu besoin de temps pour réfléchir à la cotation de cette ligne. J’ai l’impression qu’il est facile de se perdre dans le pays des cotations en ce moment et j’ai préféré prendre le temps de réfléchir et d’évaluer mon engagement dans ce projet indépendamment de l’opinion des autres.
Je pense qu’il y a une valeur des cotations pour relier la difficulté aux autres passages, même situés sur d’autres spots, bien que cela s’accompagne d’incitations personnelles potentielles à proposer des « gros chiffres ». Pour ce dernier point, il m’a semblé important d’y réfléchir attentivement afin de garantir l’honnêteté, tant envers moi-même qu’envers les autres.
Je ne peux donc que partager mon opinion basée sur ma propre expérience. En effet, j’ai passé la plupart de mon temps à grimper ici en solitaire et je manque un peu de l’apport des autres. Je proposerai cependant la cotation 9A, estimant qu’il est comparable en difficulté à d’autres que j’ai essayés, et plus dur que les quelques lignes en 8C+ où j’ai mis les doigts. À ce niveau, où le style devient spécifique et les détails les plus fins sont si importants, j’ai l’impression qu’il s’agit d’une bonne estimation et je me sens prêt à être humilié par des méthodes manquées ou par une simple confiance excessive en mes propres capacités.
À ce jour, il s’agit certainement du projet qui m’a pris le plus de temps. J’ai essayé pour la première fois il y a environ un an, au début de l’été. Les journées ensoleillées et le temps chaud m’ont permis de chasser les nuages et de réfléchir à de potentielles séquences. Après une dizaine de séances, j’ai bloqué ma séquence et résolu les mouvements, puis je les ai affinés jusqu’à ce qu’ils soient relativement cohérents et que je puisse commencer à faire des essais. Un essai à la fin du mois de septembre m’a permis d’arriver au dernier mouvement, mais sans espoir d’arriver à le faire dans l’enchainement. Il a fallu un hiver d’entraînement parmi les plus intensifs auxquels je me sois soumis pour me doter de tous les outils nécessaires pour commencer à avoir des chances.
Il ne restait plus qu’à trouver ce moment spécial où les facteurs s’alignent, où l’esprit reste zen et où toutes les pièces s’emboîtent parfaitement. Le dernier essai n’était pas si loin de la perfection ! Avec un peu d’énergie en réserve, j’ai l’impression qu’il me reste encore des choses à faire quelque part…”
A noter que l’autre gachette britannique, Will Bosi, a démarré récemment le travail du bloc, Vlog sous le bras. A suivre…
Photo : Jim Pope
Scottish mutant Aidan Roberts announced this spring that he completed the first ascent of an extreme boulder not far from his home, which he calls “Spots of Time” and after some thought proposes 9A. Known as The Helvellyn Project, Lake District, Scotland, “Spots of Time” was first attempted by Aidan in May 2023 and completed this spring after 30 sessions, surely one of the hardest boulders in the World… “Spots of Time” features 6 moves on tiny razors with a massive dropknee and technical heels. A pure boulder on a knife-edge overhang with no volumes, reminiscent of the style of the famous “Burden of dreams”. Here’s Aidan’s comment on the difficulty of the problem.
“It took me quite some time to reflect on the difficulty of this line. I feel that the landscape of grading is an easy place to get lost in right now and I preferred to take time to reflect and appreciate my commitment to this boulder independent of validation from others.
I do feel there is a value of grades for relating difficulty to others and between places though with this comes the potential personal incentives of climbing ‘big numbers’. For sake of this latter point, it’s felt important to consider this carefully to ensure honesty, as much to myself as to everyone else too.
So I can only share my opinion based on my own experience. Indeed, most of my time climbing here was solitary and I slightly lack input from others. I will however propose the grade of 9A, feeling that it compares in difficulty to others which I have tried, and harder than the confusing blurry pot of 8C+ lines I’ve sampled. At this level, where style becomes specific and finer details so important, it feels at best a good guess and I feel open to be humbled by missed methods or simple overconfidence in my own ability.
At the time, this was certainly my longest project to date. I first tried it about a year ago as summer began. Sunny days and warm weather saw me chasing the clouds and puzzling over potential sequences. Around 10 sessions saw me complete my sequence and solve the moves, the same again to refine them to a place of relative consistency where I could begin giving tries. A try at the end of September saw me setting up for the last move, though without a hope of beginning to generate. It took a winter of some of the most intensive training I’ve subjected myself to in order to equip me with all the tools necessary to start playing the game of chances.
All that remained was to find that special moment when the factors align, the mind stays clear and all those pieces fit flawlessly together. The final try was not so far from perfect! With just a little left in the tank, it feels like I’ve got tricker things still in me somewhere…“
It’s worth noting that Will Bosi, the other British trigger-happy, recently took up bouldering, Vlog under his arm. Stay tuned…
Photo : Jim Pope
Atoneni
Aidan Roberts est anglais 😉