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A l’occasion de la tournée française du Reel Rock 14 qui a débuté la semaine passée, nous avons eu l’occasion de visionner les 3 films à l’affiche et nous vous en proposons un décryptage. Au programme, du bloc, du speed climbing et du highball ! Toujours au cœur de l’action, mais avec moins d’escalade sportive que les précédentes éditions. Retour sur chaque épisode.
United States of Joe’s
Ce court métrage très culturel et historique traite de l’intégration des grimpeurs dans la communauté locale autour du site de bloc réputé de Joe’s Valley. Dans l’Amérique profonde au cœur de l’Utah, Joe’s et ses milliers de blocs sont pris d’assaut tous les week-ends par les adeptes du bloc. Le filtre est particulièrement original : l’accent est porté sur le lien étroit entre la communauté locale d’Orange Ville et celle des grimpeurs et sur l’acceptation et l’intégration de cette dernière. Il en effet intéressant de mener une réflexion et une sensibilisation sur comment évoluer dans un environnement différent, notamment quand les secteurs de grimpe sont nouveaux.
Ici, l’établissement d’un festival de grimpe et la meilleure compréhension de la communauté du bloc a finalement permis une cohabitation qui n’était pas évidente aux débuts du développement du site. L’écueil majeur du film demeure l’absence de grimpe pure. En dehors des images d’archives de la première ascension de « Black Lung » par Ben Moon, nous n’avons pas vu beaucoup de bloc…Il nous manque clairement un tour du proprio, d’autant que Jason Kehl, un des grimpeurs les plus expressifs et vidéo-géniques apparaît dans l’épisode et que le terrain de jeu a l’air particulièrement vaste.
The Nose Speed record
Embarquez pour El Cap dans le record de vitesse de sa célèbre voie, “The Nose” en compagnie de Tommy Caldwell et Alex Honnold. Leurs tentatives sont commentées par les deux détenteurs du précédent record, Brad Godbright et Jim Reynolds qui viennent les encourager et les narguer. Toute la dangerosité du speed climbing est abordée avec cette prise de risque extrême en corde tendue et des retours d’expérience sur des accidents à El Cap comme ceux de Quinn Brett ou encore d’Hans Florine. Mais Caldwell et Honnold garderont la tête froide en prenant moins de risques que leurs prédécesseurs (d’ailleurs Brad Godbright s’est tué en fin d’année dernière) dont le record frise avec l’inconscience.
Ils gagneront du temps sur la grimpe pure, avalant ses interminables fissures de granite à un rythme inouï avec une gestuelle et une technique proche de la perfection. Des machines ! Après avoir établi un record en 2h10, Tommy et Alex sortent de leur zone de confort pour passer sous la barre mythique des deux heures tout en optimisant les sections et en tentant de minimiser les prises de risque, à l’image de cette protection laissée dans le Boot flake. L’expertise et la virtuosité des deux grimpeurs et la qualité des prises de vues en plongée notamment dans la partie sommitale de l’ascension avec Alex à 30 mètres au dessus de la dernière protection sont bluffantes. Mais après une heure de film, nous n’aurons préféré d’avantage de séquences de grimpe pure et nous restons un peu sur notre faim, complètement noyés dans cette bataille d’égo autour du chrono sur fond de gestion du risque afin de créer du sensationnel. Quand bien même, cette heure en immersion dans le “Nose” n’est pas déplaisante et nous plonge avec curiosité et dépaysement dans l’univers du speed climbing.
The High Road
Focus sur Nina Williams et sa passion pour le highball à travers la première féminine de « Too big to flail » V10 à Bishop. Outre le portait très « american hero » et le côté sensationnel d’engager sur des crispettes et des équilibres précaires à 13 mètres du sol, le jeu mental autour de la réalisation est intéressant et les images de grimpe une nouvelle fois de très haute facture.
Cependant l’opus est trop court nous aurions bien aimé continuer et voir Nina s’attaquer à d’autres morceaux bien plus à ses limites ou par exemple revenir plus en détail sur sa répétition d’”Ambrosia” ou d'”Evolution direct” qui sont juste survolées grâce à des images d’archives. Impressionnante de sang froid et de détermination, cette dernière force néanmoins l’admiration et le respect.
Le festival est en tournée dans toute la France en janvier et février 2020. Toutes les dates et lieux de projection ici et la bande annonce en fin d’article.
The French tour of Reel Rock 14 has started last week and we got the opportunity to watch the 3 films of the tour, a good opportunity for a review. On the board, bouldering, speed climbing and highball! Still at the heart of action, but with less sport climbing than previous editions. Back on each movie.
United States of Joe’s
This very cultural and historic short film deals with the integration of climbers into the local community around the renowned Joe’s Valley bouldering area. In the deep America in the heart of Utah, Joe’s and its thousands of boulders are climbed by numerous bouldering fanatics every weekend. The filter taken is particularly original: emphasis is placed on the close link between the local community of Orange Ville and the community of climbers. The focus is on the process of acceptance and integration of this new pratice and people.
It is indeed interesting to give a reflexion and to explain on how to evolve in a different environment, especially when the climbing sectors are new. Here, the establishment of a climbing festival and the better understanding of the community of the bouldering scene allowed a coexistence which was not obvious at the beginning of the development of the area. The major drawback of the film for us remains the absence of pure climbing. Apart from the archival images of the first ascent of “Black Lung” by Ben Moon, we have not seen a lot of bouldering… We are clearly missing a tour of the area, especially since one of the climbers more expressive and video-genic , Jason Kehl, appears in the episode and that the playground looks particularly huge.
The Nose Speed record
Back in El Cap in the speed record for its famous route, “The Nose” with Tommy Caldwell and Alex Honnold. Their attempts are commented on by the two previous recordmen, Brad Godbright and Jim Reynolds, who come to encourage and taunt them. The danger of speed climbing is tackled with this extreme risk-taking on simul climbing and feedback from accidents in El Cap such as those of Quinn Brett or Hans Florine. But Caldwell and Honnold will keep it cool by taking less risks than their predecessors (besides Brad Godbright was killed at the end of last year) whose record borders on unconsciousness. They will save time on the pure climb, swallowing its endless granite cracks at an incredible velocity with movements and a technique close to perfection. Machines !
After setting a record in 2:10, Tommy and Alex get out of their comfort zone to go under the legendary two-hours mark while scoping the sections and trying to minimize the danger of the push, like this protection left in the Boot flake. The expertise and the virtuosity of the two climbers and the quality of the diving rushs especially in the summit part of the ascent with Alex 30 meters above the last protection are impressive. But after an hour of film, we would have preferred more sequences of pure climbing and we left a little bit hungry, completely drowned in this battle of ego around the clock with a background of explanation about risks in order to create sensational. Even so, this hour of immersion in the “Nose” is not unpleasant and places us with curiosity and change of scenery in the world of speed climbing.
The High Road
Focus on Nina Williams and her passion for highballing through the first female ascent of “Too big to flail” V10 at Bishop, CA. In addition to the “American hero” portrait and the sensational side of climbing on tiny crimps and precarious balances at 13 meters from the ground, the mental game around the realization is interesting and the climbing images great again.
However this film is too short; we would have liked to whitness Nina try other testpieces much more to her limits or for example come back in more detail to her repeat of “Ambrosia” or “Evolution direct” which is just flown over thanks to images of archives. Impressive in self-control and determination, Nina is inspiring. Admiration and respect.
The festival is on tour throughout France during January and February 2020 . All dates and places of projection here.
Cover picture: Brett Lowell