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Interviews Sud Est-Alpes / South East-Alps

Interview : Hugo Parmentier revient sur Eagle-4 9b – Hugo Parmentier about Eagle-4 9b

  • 24/01/2020

Sensation dimanche dernier à St-Léger du Ventoux où Hugo Parmentier, jeune compétiteur et falaisiste parisien de 21 ans, a réussi son projet de plusieurs mois en clippant le relais de “Eagle-4” 9b. Nous sommes allés à sa rencontre.

– On a tous perçu le déclic l’an dernier dans tes performances en falaise, qu’est-ce qui a changé dans ta manière d’aborder la haute difficulté ?
L’investissement ! Avant je n’arrivais pas à prendre du plaisir à travailler les voies, car je n’allais en falaise qu’aux vacances. Et passer une semaine dans une seule voie c’était trop dur mentalement. Depuis 2 ans je suis plus autonome, en piquant la voiture de mes parents ou celles des copains je peux décider de retourner en falaise plus régulièrement et même retourner aux mêmes endroits. Ça me fait moins peur d’essayer un seul gros projet car je sais que je peux y retourner. J’ai aussi eu l’envie de découvrir tout ce qu’implique le travail dans une seule voie.

– Avec assez peu d’expérience encore dans le 9a/a+, tu as eu l’audace d’essayer un 9b : comment en es-tu arrivé à cette décision ?
C’est vrai ça, c’était prétentieux ^^ En fait je cherchais depuis quelques temps un gros challenge, qui me pousserait dans mes retranchements. J’avais vraiment envie de voir ce que c’était de s’investir longtemps dans une voie. Cet été mes projets m’ont demandé du travail mais finalement j’ai réussi à les enchaîner assez rapidement. C’était logique d’aller s’essayer à potentiellement plus dur.

– Pourquoi avoir choisi “Eagle-4” comme projet ? Comment s’est passé le choix, la découverte de la voie et pourquoi avoir jeté ton dévolu là-dessus ? Il paraît que le caillou n’est pas un des meilleurs de la falaise ?
Je suis monté la première fois dans Eagle par curiosité, comme on visite sa première baraque j’imagine. Sans l’idée de vraiment l’acheter quoi !

Et en fait ça a été une révélation j’étais en transe. Pendant plus d’une heure j’ai essayé la traversée. Les mouvs que j’arrivais à déchiffrer étaient surmajeurs, basiques mais à la fois techniques et puissants. Que des mouvs 5* sur petites colos fines.

Il me manquait le bloc du bas tout entier, c’était un mystère ! Mais je croyais que le départ était commun avec un 8c. Je suis donc vite passé en me disant que je devrais pouvoir le faire et que j’avais dû rater quelque chose. Quant à la longue fin, je me souvenais que dans la vidéo d’Adam il parlait d’une fin beaucoup plus facile. Avec le recul je n’avais décrypté qu’une petite partie de la voie ce jour là. Je prenais tellement de plaisir que c’était une évidence de persévérer.

D’autre part la voie ne broute pas et ayant une peau pourrie, c’était un des critères de choix du projet: ne pas être limité par la peau ! Le fait que la voie ne soit pas traumatisante pour les doigts est la dernière raison qui m’a poussé. J’ai eu une sale blessures au doigt en travaillant Biographie il y a 2 ans et je refusais de prendre des risques de ce côté là.

Hugo, “Eagle-4” – Photo : Aurèle Brémond

– Comment décrirais-tu le style de la voie ? A quoi ressemble le crux et les difficultés de cette dernière ?
Je dirai que c’est 2 blocs empilés, séparés par 2 prises meilleures pour clipper et respirer. Sans doute 8B bloc puis 8A+ bloc ou 8A+ puis 8A+. L’enchaînement est très résistant. Environ 18 mouvements de mains et bon nombre de mouvements de pied extrêmes.

Le dernier mouvement qui me manquait était d’ailleurs un déplacement de pied dans le premier crux. Enfin il y a un long 8b de fin, pas facile je trouve.

– Comment s’est passé le processus de travail lors des différents voyages, les progrès ?
Le 10ème jour je suis allé voir la fin de la voie que je n’avais jamais repérée avant ; j’avoue que ne pas réussir à sortir la corde ce jour-là m’a laissé légèrement sceptique.

La voie était presque constamment mouillée; heureusement Romaric m’a appris la méthode du PQ pour détourner les résurgences ! Sans ça je serais encore à me faire arroser, pendu dans le baudrier.

À Noël, le lendemain d’une sale gastro, j’enchaînais le premier crux. Et le jour suivant le deuxième. Ensuite j’ai régressé pendant 10 jours. Mais je me suis fait à la rési. Au dernier trip tous les runs pouvaient être les bons.

Photo : Nolwen Berthier

– Que retiens-tu à chaud de cette réussite en terme d’expérience ?
Au-delà de tous les “tricks” que le travail de la voie m’a appris, je retiens qu’il faut savoir oser. Dans n’importe quel domaine si on pense être capable et que l’on y prend un certain plaisir, il faut tenter le coup. D’ailleurs j’aimerais remercier grandement Elie Morieux l’équipeur, pour l’expérience et les sensations que m’a procuré cette voie.

– Même si tu n’as pas beaucoup d’expérience dans le niveau, un mot sur le niveau. C’est la voie la plus dure que tu aies grimpée ?
Oui, de loin. 23 journées, 5 trips. Et un entraînement spécifique au pan du 8Assure ! “Eagle-4” est un vrai cran au-dessus de “La Moustache qui fâche”, si cette dernière est 9a+ alors 9b ça me semble cohérent.

– As-tu déjà derrière la tête d’autres idées de voies dures où tu aimerais t’investir cette année ?
La “Voie Petit” au Grand Capucin. Et pourquoi pas aller à la Ramirole pour essayer de faire une grande voie, et peut-être poser un devis dans des couennes.

– Habitant en région parisienne, patrie du bloc, qu’est-ce qui te motive à t’entraîner et concrétiser des belles choses plutôt en falaise ou en compétition de difficulté ?
J’ai toujours préféré la corde, j’aime les sensations que ça procure. La fluidité, les gros fights et le fait aussi de faire plus de mouvements qu’en bloc. Même si depuis l’an dernier j’ai redécouvert Fontainebleau et l’escalade de bloc et les apprécie maintenant à leur juste valeur.

– Comment gères-tu le haut niveau et les autres projets à côté ?
En 2ème année de kiné j’étale mes études ce qui me laisse plus de temps pour grimper, gérer ce qu’il y a autour de la grimpe et aussi vivre ma vie. Mais malgré cet aménagement il faut arriver à tout maîtriser, pas toujours facile et parfois stressant au quotidien. Je ne vais pas non plus me plaindre ! C’est stimulant et je crois que c’est même bénéfique pour la performance d’avoir une occupation prenante à côté.

J’ai aussi de forts soutiens de ma famille, ma copine, mon club le 8assure et de mes sponsors Arkose, Mountain Hard Wear, Petzl, Scarpa, Planetgrimpe.

– Des idées de voyages ? Un truc que tu rêverais d’accomplir en escalade ?
Pleins d’idées. Mais pas assez de temps pour tout faire. J’adorerais pouvoir aller grimper partout dans tous les styles et dans tous les niveaux. Ce serait mon rêve ultime. Il s’éloigne plus on s’en rapproche mais bon… c’est un rêve après tout.

Photo de couverture : Aurèle Brémond

Photo : Aurèle Bremond

Good vibes last Sunday in St-Léger du Ventoux, France, where Parisian Hugo Parmentier, 21, climbed his current project started last September with the first repeat of “Eagle-4” (ed: in French, sounds the same as “he shouts loud”) 9b. We asked him some questions.

– We all whitnessed your progression last year. Did you change something in your approach?
Investment! Before I didn’t manage to take fun when I was working some hard routes because I was climbing on rock only during holydays. For me, spending a whole week in only one route was too demanding mentally. For 2 years I’ve been more independent, I can steal my parent’s or friend’s car if I want to go climbing outside, so that I can return regularly in some places. I’m less scared to try one big project because I know I can go back. I am also interested in discovering the aspects of projecting only one route.

– You have few experiences in the 9th grade routes and you decided to focus on an 9b. How did you arrive to this audacious decision?
It’s true, it was quite snooty ^^ Since a while I was searching for a big project that will put me out of my comfort zone. I wanted to test my limits and how it was to spend a lot of time in a route. This Summer some projects took me some time but I finally climbed themt quite fast. So it was logical to try harder routes.


– Why did you choose “Eagle-4”? How was the discovering? Doesn’t it seem the best rock of the crag?
The first try I gave was just by curiosity, as if you visited your first house, I mean, without the idea to buy it… It was a revelation, I was in love! I tried the traverse moves during one hour. I was able to stick some moves which were quite obvious and beautiful, but also technical and powerful. 5 stars sequence on tiny tufas.

I was still missing the whole first crux, it was a mystery! But I was thinking it was a common start with an 8c, so I skipped these moves believing that it was doable and that I had not the right beta. In the end I only solved a little piece of the puzzle this first day. I was so pysched and it was an evidence I needed to come back.

The good fact is that “Eagle-4” doesn’t destroy the skin, and it’s very helpful because I have a shitty skin. It was something I was looking for: not having to focus on my skin! And also the route is not too painful for the fingers, so it was perfect. I had a bad finger injury while trying “Biographie” 2 years ago and I didn’t want to take any risk of injury again.

Photo : Laura Michelard

– How can you describe the route? What about the difficulties?
I would say it’s 2 boulder sections with 2 goods holds between for clipping the draw and for taking a breathe. It’s more or less an 8B boulder into an 8A+. The route is very resistant. Around 18 moves for the hands and an extreme footwork too.


– How was the working process and the different trips in the route?
On my 10th day on it I decided to climb the upper part of the route that I didn’t check before. I didn’t succeed to clip the anchor so I became a little bit sceptical. The route was all the time wet so my friend Romaric gave me the toilet paper beta for deflecting the water out of the tufas. Without this trick I think I would still be hanging in my harness, taking the shower in the route.
During my Christmas break, after having been sick, I finally climbed the first crux. And the day after I succeed to climb the second crux. But I struggled a lot the next 10 days. Finally I had gain enough resistance to climb the whole thing. During my last trip, every try was feeling possibly successful.


– What did you learn from this 9b experience?
I will remember the fact that you need to dare. Whatever the project, the key is to believe you can send. And have fun, of course. You need to give a try.

I would like to thank the bolter Elie Morieux for the experience and the feelings that the route brought to me.

– You have no experience in this level but what about the grade? Is “Eagle-4” the hardest thing you have climbed?
For sure. 23 days, 5 trips and a specific training in gym. “Eagle-4” is harder than “La Moustache qui fâche” (an 9a+ climbed by Hugo last Summer). If this one is 9a+, so 9b seems to me ok for “Eagle-4”.

Photo : Nolwen Berthier

– Have you other big projects in mind?
The Petit multipitch route in Grand Capucin, Chamonix. And why not something in Ramirole cave, multipitch route or an hard rockclimbing testpiece.


– You are living in Paris region where the bouldering scene is active and the rockclimbing scene is quite small. Why did you prefer lead climbing?
I prefer lead climbing because the feelings are mor fun for me. The flow, the big fights and the fact to climb during a long time with a lot of moves compared to bouldering. Last year I re-discovered Font and did a lot of bouldering, I like it too.


– How do you manage being an elite athlete and having other projects at the same time?
I’m in my second year of physiotherapist school, but still I have quite a lot of time for making my studies so I can climb, deal with all round climbing and having some time for me too. Even if I have some adjustments in my studies, isometimes the schedule can get a bit complicated and it can be daily stressful. But I don’t want to complain! It’s very challenging and also good to perform with another fascinating activity to focus on when you are not climbing.

I would like to thank all my family, my girlfriend, my gym and all my sponsors for the support.

– Some dreams for the future? Some trips? An achievement you want to do in climbing?
A lot of ideas. But time is missing. I would enjoy to climb everywhere in all styles and grades. I think it could be my ultimate goal. But the more I can touch this dream the more it seems disappear… After all, it’s a dream!


Cover pcture: Aurèle Brémond

Photo : Augustin Fort

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