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L’Art de la décotation – Downgrading as an Art form

  • 23/07/2022

Deux propositions de décotation de voies dures en falaise ont récemment été annoncées, par Seb Bouin et Malik Schirawski, ce qui nous a conduit à nous poser des questions sur le “pourquoi faut-il décoter” quand une voie est jugée facile pour le niveau. Tentative d’éclaircissement sur comment le grimpeur doit prendre des pincettes avec la gestion de la cotation quand il médiatise ou rend publiques ses performances.

Tout auréolé après l’ouverture de “DNA” dans le Verdon ce printemps – qu’il a annoncé à 9c -, Seb Bouin est de retour à Flatanger sans réel objectif particulier. Le grimpeur pro français vient tout de même de réaliser la première répétition de “Iron Curtain”, une ligne courte ouverte en 2013 par Adam Ondra que le tchèque avait proposée à 9b. Pour l’histoire, l’assureur d’Ondra sur l’essai victorieux n’était autre que Seb, qui depuis avait gardé la voie dans un coin de sa tête. En 14 montées et 5 jours, la croix est faite et le Français propose de décoter à 9a+ étant donné son recours, au contraire d’Adam, à une genouillère, laquelle rend à ses yeux la voie clairement plus facile.

Comme souvent quand il propose une cotation à la baisse, Seb est parfaitement transparent sur la raison de sa décote, et cette déclaration fait écho à plusieurs prises de position de forts grimpeurs, dont Megos, concernant l’augmentation croissante du nombre de dévaluations de voies et blocs en raison de l’utilisation d’innovations technologiques qui ne sont pas souvent communiquées.

La présence de coincements de genoux faisant baisser le niveau d’une voie semble aussi être la raison du rabotage de “Pornographie” à Céüse, devenue très à la mode et essayée alors que les autres 9a de Céüse sont délaissés. Le fort grimpeur allemand Malik Schirawski, qui vient de la répéter en 5 séances, nous a contacté récemment pour partager un message qui lui semblait primordial :
“L’année dernière à Céüse la voie était à la mode, du coup j’ai pensé l’essayer mais je n’avais pas assez de temps. Cette année j’espérais donc m’y atteler et la faire en quelques jours. Pour moi la voie ne vaut clairement pas 9a (Alex Megos, le premier ascensionniste, l’a d’ailleurs décotée après l’avoir refaite avec une genouillère). Elle les vaut complètement sans genouillère, mais aujourd’hui presque tout le monde en utilise ; il y a un endroit où je peux lâcher les deux mains, et pourtant même sans la genouillère le repos est bon. Or la difficulté de la voie vient de l’endurance requise, parce qu’aucun des mouvements n’est dur, ils sont tous de la même difficulté, et donc le repos au milieu aide énormément.

À mon sens, cela écorche un peu Ceüse parce que par le passé, si tu faisais une voie dure à Ceüse cela voulait dire que tu avais réalisé une voie référence dans cette cotation (par exemple “Dures Limites”, “Le cadre nouvelle version”). Pour moi, laisser ici une voie qui est facile pour sa cotation (et surtout le neuvième degré, si spécial) porte atteinte aux autres voies en 9a de la falaise (“Le cadre”, “Lülü”) parce qu’elles sont beaucoup plus difficiles et les gens doivent vraiment s’investir pour les cocher.”

Symon Welfringer Pornographie 9a
Pornographie 9a – Photo : Damien Largeron

Symon Welfringer, dernier répétiteur de la voie avant Malik, fier d’annoncer son premier 9a, se sent le premier concerné par ce crime de lèse-majesté et tient à tempérer :
“Certains jugent “Pornographie” plus dure que “le Cadre” et la voie me semble plus difficile que les 8c+ de la falaise. “Pornographie” est pour moi un 9a, je me base sur ce que j’ai pu voir dans les autres voies dans le neuvième degré que j’ai essayées, et surtout je prends en compte qu’au sein d’une seule et même cotation il y a forcément certaines voies plus dures que d’autres, suivant le style qu’on affectionne et le type d’effort que la voie propose. Ainsi, au sein de la case 9a, je pense que “Pornographie” a bien sa place, elle est pour moi légèrement plus facile que “Le Cadre” mais aussi plus dure que d’autres 9a que j’ai essayés. J’ai également discuté de cette difficulté avec beaucoup d’autres grimpeurs et ce chiffre me semble juste. Actuellement dès qu’on a le sentiment que c’est soft on pense décote alors qu’on pourrait juste accepter que les cotations sont des intervalles. Après, ce débat vaut pour toutes les voies de la planète, notamment certains 9a espagnols qui mériteraient une plus ample enquête (ndlr : ou d’autres faciles pour le niveau : “Sang Neuf”, “La Cabane au Canada”, “Era Vella”…).

Parfois aussi, les décotations sont proposées car de nouvelles séquences ou prises ont été utilisées, ou car le répétiteur juge l’effort moins ultime que les précédents ascensionnistes, répétant la voie très vite par rapport à d’autres itinéraires du même niveau, ce qui a poussé par exemple Stefano Ghisolfi à décoter “Bibliographie” l’été dernier, s’étant investi pour la faire à égale proportion que pour d’autres 9b+ comme “Change” ou “Perfecto Mundo”. On retiendra aussi les premières répétitions de “Akira”, qui ont remis en question le premier 9b mondial, Martinez, Bouin et Fourteau s’accordant sur le 9a. C’est le jeu quand on essaie seul une voie lors d’une première ascension : on n’est pas à l’abri de passer à côté de méthodes plus faciles. Et puis bien évidemment rentrent aussi en compte les conditions de réalisation, l’état de forme, le côté morpho de certains passages, le style proposé, autant de paramètres à appréhender afin de se poser la question du niveau objectif de ce qu’on a grimpé. Art difficile quand les cotations sont basées sur un consensus de ressentis subjectifs… et que l’on est grimpeur pro soumis à la pression de résultat par les sponsors, avec un intérêt à faire parler de soi régulièrement en matière de haute-difficulté, quitte à esquiver toute démarche intellectuelle logique sur le niveau réel des performances réalisées (même si, nous le reconnaissons sans mal, toutes les analyses du monde ne rendront pas totalement “objective” une proposition par nature individuelle).

Seb Bouin dans Akira dans la grotte de Vilhonneur
“Akira”, premier 9b mondial, décoté à 9a 25 ans après

C’est justement le cheval de bataille de Lucien Martinez, rédacteur en chef chez Grimper, grimpeur passionné et grand amateur de débats concernant la haute-difficulté et les cotations.
C’est tout à fait logique qu’il y ait plus souvent des décotes que des recotes parce qu’en général c’est lié à des méthodes plus faciles qui sont trouvées. Dans l’autre sens ça ne marche pas : si tu fais une méthode plus dure que la méthode d’ouverture, c’est tant pis pour toi, ça va pas changer la cote. En gros, le seul moyen pour qu’il y ait une recotation à la hausse c’est que le premier ascensionniste ait sous-estimé le niveau (ou alors une prise qui casse mais c’est plus vraiment la même voie). Alors que pour une décote il peut suffire d’une nouvelle méthode ou d’un repos genou. Donc c’est logique et normal qu’il y ait beaucoup plus de décotes. Mais attention, une nouvelle méthode n’est pas synonyme de décote du tout, parfois cela rend le truc un poil plus facile mais ça change pas le niveau. Il faut jauger à chaque fois.
Il me semble important de signaler que dès lors qu’on communique sur nos performances ou que nos performances intéressent les gens, je pense qu’il y a un devoir éthique de s’imposer une petite réflexion sur la cotation. Par honnêteté envers tous ceux qui s’y intéressent de près ou de loin. J’ai remarqué aussi que même si on essaie de réfléchir là-dessus, le cerveau humain est tellement fort pour l’auto-persuasion qu’à de très très rares exceptions près, quand il y a des doutes, on trouve toujours le moyen de prendre la cotation qui nous arrange. Moi je me suis déjà surpris en train d’échafauder un raisonnement en sachant déjà à quelle cotation cet argumentaire devait me mener… Les cotations, c’est très imparfait comme système, il y a des dérives, ça détourne la pureté de la pratique et ça a plein de défauts. Mais à mon avis tout ça n’est pas très grave. En fait ça fait partie de notre culture et même ça contribue à sa richesse. Je pense qu’il ne faut pas renier les cotations, au contraire, mais il faut rester lucide sur leurs imperfections, relativiser et avoir du recul sur leur importance pour ne pas se faire manger le cerveau.

Les cotations d’antan, plus solides ?
Néanmoins, l’ancienne garde estime également que les cotations d’antan étaient plus serrées que celles proposées par la jeune génération, qui tourne peut-être moins régulièrement sur caillou en raison de l’omniprésence de salles et a du coup nettement moins d’expérience en milieu naturel, et de références pour proposer une cotation légitime. C’est par exemple ce que soulevait Alex Huber dans ce laïus consacré à “Action Directe” :
“Jusqu’en 1995, “Action directe” était considéré comme étant du 8c+ (ndlr : 11 UIAA, soit 8c+/9a) . Depuis, la cotation est devenue confuse, et cela a principalement été dû à la proposition de cotation 9b [i.e. pour Akira]. Ben Moon a essayé de convaincre la communauté que la proposition de cotation 9b était néfaste du fait qu’il n’existait pas alors de 9a confirmé dans le monde. Mais la rigueur s’est perdue de façon durable. À partir de 1995, la cotation est devenue de plus en plus facile… Cela a commencé doucement avec le changement de cotation de “Action directe” de 8c+ à 9a. Aujourd’hui, “Action directe” est la plus célèbre des voies en 9a, ce qui en fait la référence pour ce niveau. Le plus amusant est qu’aujourd’hui, “Action directe”, qui était initialement 8c+, est l’une des voies en 9a les plus dures du monde ! Cela montre juste à quel point la surcotation s’est développée au cours des années – je pense que 90 % des voies modernes de haut niveau sont largement surcotées si on les compare à la référence qu’est “Action directe”. En ce qui concerne mes réalisations personnelles, la surcotation a eu quelques effets : la plupart de mes ouvertures de ces années-là ont été recotées à la hausse, notamment “Weisse Rose”, de 8c+ à 9a/9a+, et “Open Air” de 9a à 9a+. Grâce à cela, “Open Air” (et peut-être même “Weisse Rose”) est devenue la première voie confirmée en 9a+. “

En effet, les standards actuels d’une cotation sont souvent les voies historiques, souvent délaissées par les jeunes pour leur style old-school et souvent retors comme les voies de Huber, “Hubble” (maintenant davantage refait après l’apparition d’un genou à l’entrée du crux), “Open Air”, “Weisse Rose”, “OM”… Mais cependant difficile de confirmer ou d’infirmer, car les voies old school étaient généralement plus à doigts et techniques mais moins exigeantes physiquement et longues. Il est cependant possible que de premières propositions extrêmes comme celles d’Alex Huber soient plus difficiles pour le niveau, car à l’époque annoncer une lettre ou un plus au-dessus des musts de l’époque ne se faisait pas, à en juger les polémiques qui ont entouré les réalisations d'”Akira” ou de “Chilam Balam” par exemple.
Il reste cependant aussi les voies iconiques comme les King Lines de Chris Sharma par exemple, rarement soumises à la décotation pour la plupart (peut-être hormis “Era Vella” et “El Bon combat”), auxquelles des cadors comme Seb Bouin font souvent référence comme étalon d’un niveau : “Biographie”, “Jumbo Love”, “Es Pontas”, “FRFM”, “Stoking the fire”… Des difficultés à prendre en compte quand on essaie d’y comparer des voies du même style.

Alex Huber – Open Air – crédit : Heinz Zack

L’intérêt du slash ?
Si on considère les cotations comme des intervalles, sur l’exemple de Symon Welfringer, le slash pour définir une borne inférieure et supérieure peut avoir son intérêt afin de se prononcer sur une difficulté en utilisant une échelle plus précise. Mais tous les acteurs ne sont pas d’accord, certains s’accordant à dire que le slash a été uniquement introduit historiquement pour désigner les passages morpho, comme par exemple 6c/7a pour une voie avec un grand mouvement, ce qui voulait dire plus proche du 6c pour les grands et du 7a pour les petits.
Lucien Martinez : “On a l’illusion que le slash va nous sauver dans l’indécision d’une zone de flou entre deux cotations, mais en fait, le seul truc que la généralisation du slash va faire, c’est introduire deux fois plus de zones de flou parce qu’il y aura alors deux fois plus de plages de cotations.”

Conclusion
Les cotations font partie intégrante de notre activité, le nier ou ne pas y accorder d’importance quand on s’intéresse à la haute-difficulté serait mentir, donc le fait de proposer des décotations (ou parfois des recotations), bien qu’impopulaire, n’est pas forcément un acte mesquin et malveillant. L’escalade extrême propose de belles voies et de grandes expériences, de belles leçons de vie et c’est peut-être la chose la plus importante à retenir, au-delà des polémiques et batailles d’égo autour d’un niveau de difficulté donné. Sonnie Trotter l’avait bien résumé, en parlant des cotations anglaises :
“Personnellement, j’ai déjà assez de mal à comprendre les vagues différences entre 5.12d et 5.13a ou entre R et X, sans parler de ce que “l’estimation globale” peut être pour quelqu’un que je ne connais pas enchainant telle voie à vue. Je commence à me dire que notre esprit d’analyse exacerbé étouffe la belle simplicité de l’escalade.”
Nous devons nous rappeler que la collecte d’expériences est plus importante que la collecte de chiffres, car en fin de compte, presque tout ce qui concerne l’escalade est de toute façon subjectif : la taille, le poids, la taille du pied, la taille des doigts, la capacité mentale, le niveau de force, l’allonge, la détermination, la condition physique, l’âge, la combativité, la ténacité et si vous avez ou non un emploi à temps plein ou une famille. Toutes ces choses jouent un rôle énorme dans notre vie quotidienne en escalade et il est facile de devenir obsédé.

La réalisation d’une ligne unique est ce qui compte, pas la façon dont vous combinez les lettres et les chiffres à la fin de celle-ci et certainement pas lorsque vous essayez de comparer les uns aux autres. N’oublions pas de célébrer la nature unique de chaque ascension.”

Photo de couverture : Seb Bouin à Flatanger dans “Iron Curtain – crédit: Marco Müller

Seb Bouin dans “Change” part 1 9a+ – Photo: Marco Muller

Recently, the downgrading of two hard lines has been suggested, by Seb Bouin and Malik Schirawski, and it got us wondering about the spicy question: ‘why downgrade?’ when a route is adjudged to be easy for a given grade. Here is an attempt to highlight how careful a climber should be when doing so, especially when s/he spreads the news on social media and publicises their performance.

After sending his big project ‘DNA’ in the Verdon in the spring-which he proposed at 9c- Seb Bouin is back in Flatanger without proper objective, it seems. Nonetheless, the French climber made quick work of two Adam Ondra until-then unrepeated lines, inlcuding that of ‘Iron Curtain’, a short route opened in 2013 by the Czech, for which he proposed 9b. Funnily enough, the belayer on Ondra’s successful try was none other then Bouin himself, and the line stayed with him all these years. In 14 tries and 5 days of work, the Frenchman sent it and suggests a downgrade to 9a+ due to his use-contrary to Ondra-of a kneepad, which for him renders the route a fair bit easier.

As is always the case when he puts forward a downgrade, Seb is very clear about the reason behind it, and his latest announcement echoes a number of calls by some strong climbers, including Alex Megos, to be explicit about the technological advances used when a devaluation of routes or boulders is concerned. The possibility of milking a kneebar seems for instance to be behind the recent downgrade of ‘Pornographie’ in Ceüse, which has since gained in popularity even as the other 9a’s of the cliff are rather collecting dust. The German climber Malik Schirawski has just repeated it in 5 sessions, and contacted us to share a message that he feels is essential:

For me the route is definitely not 9a (also Alex Megos, the first ascensionist, downgraded it with the use of a pad), it for sure is 9a when you do it without a pad but these days most of the people have a pad and with one I could release both hands (also taped to my leg) but even without that the rest is still really good. And the whole difficulty of the route comes from its endurancey nature because none of the moves are hard but they are all roughly the same difficulty, and clearly a rest in the middle helps a lot.
For me it ruins Ceüse a bit because in the past if you did one of the harder routes in Ceüse it meant that you truly climbed the grade (for example: “Dures Limites”, “Le Cadre Nouvelle”). And now having a route which is really soft for the grade (and also the special 9th grade) damages the other 9a routes (like: “Le cadre”, “Lulu”) because they are way harder and people have to invest more time into them.

Symon Welfringer, the last repeater of the route before Malik, and proud to have ticked his first 9a, is one of the first to feel raw about this proposition, and brings in some nuance:

‘Some think that ”Pornographie” is harder than “Le Cadre” and the route itself feels harder to me than the 8c+s of the crag. “Pornographie” is a 9a for me, and for this I draw on the other 9th grade lines I’ve tried, but I also especially take into consideration that within the same grade some routes are harder than others, depending on the style we like and the effort needed. That is why I think that “Pornographie” holds its place among 9a lines, for me it’s a bit easier than “Le Cadre” but harder than some other 9as. I’ve also spoken about this with a lot of other climbers and the grade feels right. These days, as soon as we believe it’s a bit soft we think to downgrade, whereas we could as easily understand grades as spectrums. But in the end, this debate is valid for all the routes in the world, most notably certain Spanish 9as that would merit further questioning (note: as well as other easy 9as such as “Sang Neuf”, “La Cabane au Canada”, “Era Vella” and so on).

Symon Welfringer Pornographie 9a
Pornographie – Symon Welfringer – credit : Damien Largeron

Sometimes, dowgrades are proposed because the next repeaters found an easier beta or found the effort easier than proposed, climbing it quickly compared to other routes of the same difficulty. For example, last summer Stefano Ghisolfi proposed a downgrade of “Bibiographie”, thinking his time investment on it was equal to the ones he put into the working of “Change” and “Perfecto Mundo”. The first repeats of “Akira” and the controversy about the world’s first 9b also come to mind, with Martinez, Bouin and Fourteau claiming they climbed a 9a instead. It’s the game when you’re trying a first ascent alone, you may climb in a sub-optimal way. And of course the conditions for the send are important, as well as the shape of the climber, the possible size-dependency of the line compared to the ape of the climber, a lot of elements to consider when the question of giving an objective grade arises. A difficult art when grades are based on subjective feelings… And when you’re a pro climber living with a lot of pressure from the expectation of your sponsors, with an interest in creating a buzz around yourself with extreme ascents even if it means skipping a methodical reasoning around the real level of the routes climbed (even if, we recognise it without difficulty, all the analyses in the world won’t render an individual proposition completely objective).

It’s precisely one of the hobbies of Lucien Martinez, editor-in-chief at Grimper Magazine, passionate top climber and adept of debates concerning high difficulty and grading.

It’s quite logical that there are more downgrades than upgrades because in general it’s related to easier betas found. The other way around is not true: if you do a harder beta compared to the opening one, it’s on you, it won’t change the grade. The only way to get an upgrade is if the first climber underestimated the level (or a broken hold but it’s not really the same route anymore). Whereas for a downgrade, a new beta or kneebar rest may be enough. So it’s logical and normal that there are a lot more downgrades. But be careful, a new beta is not synonymous with a downgrade at all, sometimes it makes the thing a little easier but it doesn’t change the grade. You have to juggle with these every time.
It seems important to me to point out that when we communicate about our performance or when our performance is made public, we have an ethical duty to do some serious thinking about the grade. Out of honesty towards all those who are interested in it from near or afar. I’ve also noticed that even when we try to think about it, the human brain is so good at self-deceit that with very, very rare exceptions, when there are doubts we always find a way to ‘choose’ the grade that suits us. I have already caught myself constructing a line of thinking, already knowing which grade this argument should lead me to… Gradings are very imperfect as a system, they distort the purity of the climbing and have a lot of flaws. But in my opinion these drawbacks do not matter that much. In fact, it’s part of our culture and even contributes to its richness. I think we shouldn’t deny the grades, but we have to remain lucid about their imperfections, put things in perspective and keep their importance in mind so as not to lose our brains.”

Seb Bouin de l'autre côté du ciel 9a
Seb Bouin – De l’autre côté du ciel – credit: Julien Nadiras

The grades of yesterday, more solid?
Nevertheless, the old guard also believes that the old grades were tighter than those offered by the younger generation, who may be playing less regularly on rock due to the omnipresence of gyms, and therefore have significantly less experience in actual rock climbing, therefore less references to propose a legitimate grade. This is, for example, what Alex Huber meant in this text, devoted to “Action Directe”:

“And it was up to 1995 that “Action Directe“ was considered to be 8c+. Since then grading became confuse and predominantly it had been created by the proposal of the grade 9b. Ben Moon still was there and he tried to convince the community that the proposal of the grade 9b is destructive as there hasn´t been even a confirmed 9a in the world. But the discipline was lost with a lasting effect. Beginning with 1995, the grading became softer, and softer, and softer… It slowly began with the change of the grade of “Action Directe” from 8c+ to 9a. Today, “Action Directe” is the most famous of all the 9a-routes and therefore it is the reference for that grade. The funny thing is that today “Action Directe”, which had been 8c+ originally, is one of the hardest 9a-routes in the world!!! It just shows, how far the overgrading went over the years – I guess that 90% of the modern high-end-routes are heavily overgraded if you compare these routes with the benchmark-route “Action Directe”. Regarding my personal climbing track record, the softening of the grading had some effects: most of my first ascents of the years got upgraded and amongst all the others “Weiße Rose” from 8c+ to 9a/9a+ and “Open Air” from 9a to 9a+. Thanks to today´s softer grading, “Open Air” or maybe even “Weiße Rose” became the first confirmed route of the grade 9a+.”

Indeed, the current standards for a given grade are often historical routes, often skipped by young people due to their old-school and often awkward style, like the routes of Huber or “Hubble” (now more often repeated after the discovery of a kneebar at the entrance to the crux), “Open Air”, “Weisse Rose”, “OM”… However it is difficult to confirm or deny, because old school routes were generally more fingery and technical but less demanding physically and long. It is however possible that the first extreme proposals like those of Alex Huber are more difficult for the level, because at the time announcing a letter or a plus above the last was not done, judging from the controversies that surrounded the first ascents of “Akira” or “Chilam balam” for example.
However, there are also iconic routes such as Chris Sharma’s king lines for example, which are for the most part rarely subjected to downgrading (maybe except “Era Vella” and “El Bon combat”), and to which top climbers like Seb Bouin often refer to as gold standards for a given level: “Biographie”, “Jumbo Love” , “Es Pontas”, “FRFM”, “Stoking the fire”… Issues to take into account when trying to compare routes of the same style.

The interest of slash grades?
If we consider the grades as intervals like Symon Welfringer, the use of slash grades to define a lower and upper limit can be interesting to decide on a difficulty via a more precise scale. But some climbers disagree, thinking that the slash was only introduced historically to cover morphological passages, such as 6c/7a for a route with a reachy move, which meant closer to 6c for tall climbers and 7a for small ones.
Lucien Martinez: “We have the illusion that the slash will save us from the indecision of a gray area between two grades, but in fact, the only thing that the generalization of the slash will do is introduce twice as many gray areas because then there will be twice as many dimension ranges.”

Conclusion
Grades are an integral part of climbing, to deny it or not to keep importance to it when one is interested in high level would be to lie, therefore to offer downgrades (or sometimes upgrades), although unpopular, is not not necessarily a malicious act. Extreme climbing offers beautiful routes and great experiences, beautiful life lessons and this is perhaps the most important thing to remember, beyond the controversies and ego battles around a level of difficulty given. Sonnie Trotter resumed this, speaking about E-grades:
Personally, I have a hard enough time trying to decipher the vague differences between 5.12d and 5.13a or R and X, let alone what the “combined effort” might be for someone I don’t know to get up the thing, onsight. I’m starting to feel that our over-analytical minds are what’s strangling the beautiful simplicity of climbing.

We need to remember that collecting experience is more important than collecting numbers, because at the end of the day, nearly everything about climbing is subjective anyway; height, weight, foot size, finger size, brain capacity, strength ratio, ape index, determination, fitness, age, survival skills, tenacity and whether or not you have a full time job or a family. All of these things play an enormous roll in our day-to-day climbing life and it’s easy to get obsessed.

The achievement of a unique line is what counts, not the way you combine the letters and numbers at the end of it and certainly not when you try to compare one to the other. Let us remember to celebrate each climb’s unique nature.

Cover pic: Seb Bouin – Flatanger climbing “Iron Curtain – credit: Marco Müller

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