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Opinion Point de vue / Point of view

Neom Beach games, énième tranche de sportwashing – The Neom Beach Games, sportwashing at its finest

  • 23/11/2023

Ce n’est pas nouveau, les petits perdent toujours contre les grands, a fortiori dans les pays où “droits de l’homme” rime avec “Neom”. Neom, c’est le nom d’un méga-projet urbain archi-futuriste lancé en 2017 par le prince saoudien Mohammed ben Salmane. Son emplacement ? Un bout de désert du Nord-Ouest de l’Arabie Saoudite, habité principalement par la tribu Howeitat.

Mais où est le problème ? Nulle part, rassurez-vous. Un peu beaucoup d’expropriation forcée ici, un ou deux meurtres là, trois condamnations à mort en octobre 2022 : tout va bien, chers partenaires, il faut juste arriver aux 500 milliards de dollars d’investissement demandés. Eh oui, sinon pas de jeux d’hiver asiatiques en 2029 dans notre beau désert de sable !

Après la coupe du Monde de football l’hiver dernier au Qatar, on est habitué. En quoi cet énième resplendissant exemple d’inhumanité concerne-t-il l’escalade ? En ce que, à l’occasion de la seconde édition des Neom Beach Games, l’IFSC a décidé de faire l’autruche et d’y organiser un Masters de bloc et vitesse dans le cadre d’un festival multisport au pied de tours de grès magnifiques. “Pas vu pas pris”. Nul doute pour une jolie somme à la clef.

Photo: Francois Nel/Getty Images – IFSC

L’Arabie-Saoudite n’est pas le seul pays à jongler de façon experte entre violations répétées des droits de l’homme et attractivité sportive. À ce volet, la Chine occupe sans doute une place du podium (Peng Shuai, la joueuse de tennis “disparue”, barrage des Trois Gorges, traitement des Ouighours etc.), pourtant aucune organisation sportive ne semble avoir de scrupules pour y tenir pléthore d’événements sportifs internationaux. Wink Wink IFSC.

Donc cet article n’a pas pour ambition de faire plier notre chère Fédération Internationale à un semblant de morale dont si peu d’organisateurs font état de toute façon. Money rules, people don’t count, comme le dit la chanson. Là où nous pouvons peut-être agir, c’est sur l’information de la collectivité et sur l’individu. Pourquoi pas en vous faisant réfléchir, ou en questionnant les athlètes présents dans ces “Jeux de Plage” aux fondations éthiques on ne peut plus bancales ? Il est par ailleurs fort possible que certains des sportifs démarchés aient refusé d’y participer pour les raisons énoncées, malheureusement nous ne le saurons jamais. C’est le problème : le bon et le bien ne font pas de bruit.

Notre idée n’est pas pour autant de jeter la pierre aux participants. Certains ne savent peut-être pas. D’autres peut-être un peu, mais ils se demandent “qu’est-ce que ça changerait ?”. Et en effet, que change la prise de position d’un petit dans un monde où les grands font ce qu’ils veulent, quand ils veulent? Strictement rien. Il en va plutôt d’une question de miroir.

L’IFSC se targuera sûrement de l’importance d’organiser une compétition internationale en escalade au Moyen-Orient, où l’activité est très peu développée, afin de promouvoir la grimpe la veille d’une année olympique. On pourrait cependant également s’interloquer de l’absurdité de soutenir un tel projet qui semble démesuré et superflu à l’heure, entre autres, du réchauffement climatique. Nous ne pouvons que constater avec dépit que notre fédération internationale, en acceptant de figurer sur de tels événements, semble se détourner des valeurs originelles de notre pratique telles qu’elles ont été dépeintes dans la Charte éthique de l’escalade olympique qu’elle avait commandée : la conscience écologique et la prise en compte de la biodiversité à travers la comm’ sur ce projet démesuré et inutile, le respect d’autrui et notamment des autochtones et de l’environnement local à travers des liens d’amitié et de partage, les principes de liberté et de droits humains où on brosse dans le sens du poil un système et un régime qui s’apprêtent à éliminer ses expropriés mécontents…


Attention, à ce rythme-là, vous allez faire passer Red Bull pour des philanthropes verts !

Texte : Denis Lejeune et Pierre Délas – Photo de couverture : Yasmin Gahtani

neom beach games
L’affiche des Neom Beach Games

It’s no secret that the little guys always lose out to the big ones, especially in countries where “human rights” rhymes with “Neom”. Neom is the name of an über-futuristic urban mega-project launched in 2017 by Saudi Prince Mohammed ben Salmane. Its location? A stretch of desert in northwestern Saudi Arabia, inhabited mainly by the Howeitat tribe.

But where’s the problem? Nowhere, rest assured. A bit of forced expropriation here, a murder or two there, three death sentences in 2022: all’s well, dear partners, we just need to come up with the $500 billion investment required. Yes, otherwise there’ll be no Asian Winter Games in 2029 in our beautiful sandy desert!

After last winter’s soccer World Cup in Qatar, we’re used to it. But what does this umpteenth shining example of inhumanity have to do with climbing? Because, on the occasion of the second edition of the Neom Beach Games, the IFSC decided to organise a Bouldering and Speed Masters as part of a multisport festival at the foot of magnificent sandstone towers. ‘Not seen, not taken’. No doubt for a pretty penny.

Saudi Arabia is not the only country to expertly juggle repeated human rights violations with sporting appeal. In this sad championship, China is perhaps at the top of the podium (Peng Shuai, the ‘disappeared’ tennis player, the Three Gorges Dam, treatment of the Uighurs etc.), yet no sports organisation seems to have any qualms about holding a plethora of international sporting events there. Wink Wink IFSC.

So this article is not intended to bend our beloved International Federation to a semblance of morality, which so few organisers demonstrate anyway. ‘Money rules, people don’t count’, as the song goes. Where we can perhaps do something is in informing the community and individuals. Why not make you think about it, or plant a seed in the mind of some of the athletes involved in these “Beach Games” with their shaky ethical foundations? It’s also quite possible that some of the athletes canvassed refused to take part for the reasons aforementioned, but unfortunately we’ll never know. That’s the problem: the good doesn’t make a sound.

This is not meant to bedevil the participants. Some really don’t know. Others may know a little, but wonder “what difference would it make? And indeed, what difference does it make for a small person to take a stand in a world where the big guys do what they want, when they want? Absolutely nothing. It’s more a question of mirrors.

The IFSC will surely boast of the importance of organizing an international climbing competition in the Middle East, where the sport is in its infancy, in order to promote climbing on the eve of an Olympic year. However, one could also point at the absurdity of supporting such a project, which seems excessive and superfluous at a time of, among other things, global warming. In agreeing to take part in such events, our international federation seems to be turning away from the original values of our sport, as depicted in the Ethical Charter of Climbing it commissioned: ecological awareness through the communication about this disproportionate and useless project, respect for others and in particular for the indigenous people and the local environment through bonds of friendship and sharing, the principles of freedom and human rights supporting a system and regime that is preparing to eliminate its disgruntled population…


Be careful IFSC, at this point you’re going to make Red Bull look like green philanthropists!


Text: Texte : Pierre Délas and Denis Lejeunecover pic: Yasmin Gahtani

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