Le falaisiste Haut-Savoyard Baptiste Dherbilly aime bien s’attaquer aux voies extrêmes oubliées, depuis quelques temps il en a fait sa marque de fabrique. “Mandallaz Drive ” 9a à Allonzier la Caille (une dizaine de kilomètres au nord d’Annecy) fait partie de ces lignes. Libérée en 2004 par Fred Rouhling, la voie offre une escalade soutenue sur prises minuscules, et n’avait jamais été répétée. On rappelle que Baptiste avait déjà signé la première répétition d’une autre voie extrême ouverte par Fred Rouhling, “Salamandre”. Dorénavant, parmi les premières ascensions de Fred Rouhling, seule “Empreintes” attend encore une répétition, peut-être la prochaine cible de Baptiste !
Voici les mots de l’intéressé.
“Ce fut tellement riche et intense, 3 ans d’investissement et de préparation pour vivre un moment unique. “Drive “, tout est dans le nom. Le chemin ne fut pas de tout repos. Je suis passé par toutes les étapes d’un voyage : de la joie, de la découverte, de la colère, de la tristesse, des déceptions mais surtout de l’apprentissage. J’ai tracé ma route au fil des saisons, des journées et des essais, je me suis trompé de cap puis je me suis adapté. Enfin j’ai réglé la mire afin de gravir cette voie aux micro-prises exigeantes. C’est aussi une satisfaction personnelle d’avoir persévéré et de connaître le goût de la réussite, si rare et si précieux à la fois.
Concernant le descriptif de la voie c’est assez court, 15 mètres. En gros tu as 12 mouvements autour de 8b bloc avec deux monos, des micros réglettes, ensuite tu arrives à une inversée mais pas trop de pied donc tu peux simplement délayer un coup chaque main et ensuite tu fais quelque chose comme 8b+/8c voie. Le fait que ce soit besogneux est assez facile à comprendre quand tu as vu la voie ! C’est très difficile d’entrée, les 12 premiers mouvements sont les plus durs. Donc tu es pendu dans le baudrier à 2 mètres du sol à essayer de trouver des solutions ! Comme si tu faisais du bloc mais tu es encordé.
Étant vraiment passionné d’escalade je voulais toujours en faire plus, essayer encore et encore, c’est dans ce sens que je me suis trompé de cap. Tu le sais tout comme moi que lorsque tu es à un niveau supra max il faut une stratégie, que tout s’aligne pour avoir une chance de réussite. Au départ j’en faisait beaucoup trop, j’allais 3 fois par semaine dans la voie comme on pourrait faire avec n’importe quelle voie. Mais avec celle-ci cela ne marche pas étant donné sa spécificité. Donc au fil des saisons je me suis adapté, j’ai mis ma fougue et ma volonté de grimper toujours plus un peu de côté pour faire plus de qualitatif spécifique. J’ai fait des séances où je ne faisais que du bloc dans le bas ! Puis après des séances de rési dans le haut pour essayer d’enchaîner le plus de fois possibles.”
Photo de couverture : Mathieu Pisaniello
The rock climber from Haute-Savoie, France, Baptiste Dherbilly likes to tackle forgotten extreme routes, to the point that it has become a trademark of sorts. “Mandallaz Drive” 9a in Allonzier la Caille is one of these lines. Freed in 2004 by Fred Rouhling, the route offers sustained climbing on seemingly non -extant holds, and had never been repeated. Remember that Baptiste had already claimed the first repeat of another of Fred Rouhling’s extreme route, “Salamandre”. As of today, among the first ascents by Fred Rouhling, only “Empreintes” is still awaiting a repeat, perhaps Baptiste’s next target!
Here, Baptiste breaks down the route and the fight for us.
“It was so enriching and full-on, 3 years of investment and preparation to experience a unique moment. It’s really all in the name, ‘Drive’.
The road was not easy. I went through all the stages of a process: joy, discovery, anger, sadness, disappointment but most of all learning. I mapped out my course through the seasons, the days and the attempts, I took the wrong course then adapted. Finally I set my sights right in order to climb this route with demanding micro holds. It’s also a personal satisfaction to have kept going regardless and to have experienced a taste of success so rare and so precious at the same time.
As regards a description of the route, it’s a fairly short one, 15m. And to summarise, you start with 12 moves around 8B with two one-finger pockets and minute crimps, then you get to an undercling but the feet are rather poor so you can only shake out very quickly before having to tackle the rest, which is around 8b+/8c. Its difficulty is pretty self-explanatory once you’ve seen the route! It’s really tough right off the bat: the first 12 moves are the hardest. As a result you’re hanging from the rope 2 meters off the ground, trying to find solutions! As if you were bouldering but on a rope.
Being passionate about climbing, I always wanted to do more, try and try again, and that’s how I went at it the wrong way. You know as well as I do that when you try something at the utmost limit of your game, you need a strategy, that all the planets align and then maybe you can send. At first I was overdoing it, I was going on it three times a week like you can on any other route. But for this one it doesn’t work due to its specificity. So, as time went by I adapted, I put all my energy and desire to ascend it to the side to focus on a specific training where effort quality was paramount. I did sessions where I only worked the bottom crux! And then other sessions where I only trained power endurance in the top, in order to be able to send the top over and over.”
Photo de couverture : Mathieu Pisaniello