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Rayu Berthe Vanhee
Big Wall Performances

Siebe Vanhee et Seb Berthe répètent Rayu à la journée ! – Free one day ascent of Rayu by Berthe and Vanhee

  • 31/08/2023

Déjà auréolé quelques jours plus tôt d’un 8c à vue, “Ajo Crudo” à la Cicera (La Hermida), voici qu’accompagné de Siebe Vanhee le polyvalent grimpeur belge Seb Berthe remet le couvert avec une ascension à la journée de “Rayu”, la grande-voie dure des frères Pou et de Kika Cerda aux Picos de Europa (Face Sud de la Pena Santa 2600m), à leur premier jour dans la voie ! Seb se paye le luxe de flasher la longueur clé, que Siebe réalisera au premier essai après un run à vue terminé en repérage. Impressionnant, d’autant que cette grande-voie est considérée comme la seconde grande voie la plus difficile du massif après le célèbre “Orbayu” ! Récit des intéressés !

“Le 19 août, Seb et moi avons fait équipe pour un objectif commun. Nous voulions faire l’ascension de “Rayu” en une journée en partant du sol, au premier jour dans la voie. “Rayu”, sur la face sud de Peña Santa (2596m), est ouverte par Iker, Eneko Pou et Kico Cerdá en 2020 et est connue comme la deuxième grande-voie la plus difficile des Pic de Europa après “Orbayu”, la tristement célèbre longueur 8c du Picu Urreillu (Narano). En 2020, j’avais déjà fait l’ascension libre d'”Orbayu”, il était donc tout à fait logique pour moi de retourner au Pic et d’essayer leur deuxième chef-d’œuvre.

Excités, nerveux et humbles, nous avons fait l’approche en 2 heures la veille et dormi dans une belle grotte près du Refugio Vega Huerta, à 20 minutes de la base de la Peña Santa. Les prévisions météorologiques pour le lendemain n’étaient pas très bonnes, quelques millimètres de pluie et du vent étaient annoncés. Nous avons décidé de voir cela d’un bon œil, étant donné la face Sud, nous aurions besoin de nuages pour pouvoir grimper avant 17 heures, heure à laquelle la voie se mettrait à l’ombre. Les quelques millimètres de pluie pourraient même survoler la montagne, nous croisons les doigts.

Après un départ matinal facile (à 8h30 au pied du mur) nous avons atteint l’énorme corniche centrale à 11h30, après avoir enchainé les 7 premières longueurs aventureuses. Rien de bien difficile mais une certaine concentration était déjà requise étant donné que les premiers ascensionnistes ont ouvert cette ligne avec style et sans beaucoup de points. Le temps s’est avéré excellent, venteux et nuageux, mais sans pluie. La pluie était annoncée pour l’après-midi, mais les nuages élevés passaient au-dessus de nos têtes et nous pouvions avoir de la chance et l’éviter.

Une petite collation et pas de temps à perdre, nous pourrions être malchanceux avec la météo. Nous avons tous les deux réussi le 7b+ et le 7b après la corniche et nous étions devant le crux de la voie. Les nerfs commencent à battre leur plein et nous sommes confrontés à un dilemme : “Qui partira en premier dans cette longueur clé ?”

Rayu Berthe Vanhee

Seb commente : “D’une certaine manière, même si l’idée est effrayante et peut-être un peu trop ambitieuse, nous pensons tous les deux qu’une tentative flash était faisable. Celui qui partira en premier échouera probablement la première fois à cause du manque de traces et d’informations, et devra bien sûr faire un travail besogneux : trouver les méthodes, brosser les prises,… et donc perdre de la peau et se fatiguer, ce qui est bien sûr la clé du succès dans une tentative de push en une journée.”

A mes yeux, Pierre-Feuille-Ciseaux serait une solution lâche évitant de faire un choix sincère.

Seb : “Après quelques minutes de discussion transparente et d’hésitation, Siebe prend la parole, déterminé : il passera en premier pour me donner les meilleures chances de flasher. C’est un vrai cadeau de sa part et je lui en suis très reconnaissant ! Flasher des grande-voies et des bigwalls est un jeu complexe et exigeant que j’apprécie particulièrement. Avoir l’opportunité réelle de faire une tentative de flash sur une grande-voie dure est rare et inestimable”.

Siebe : “Je savais que mes chances de flasher cette longueur étaient plus faibles que celles de Sébastien, alors je me suis dit que je pouvais faire une bonne tentative à vue avec l’option de tomber et de comprendre tous les mouvements pour une seconde tentative parfaite. De cette façon, je pourrais aussi marquer toutes les prises et trouver les méthodes pour flasher Seb le mieux possible !”

Seb : “Ses chaussures sont enfilées, c’est parti ! Son essai à vue est loin d’être mauvais. C’est assez impressionnant de voir comment Siebe passe le premier crux, puis le deuxième et comment il bataille dur sur le troisième, sans abandonner… jusqu’à ce que la gravité, finalement et malheureusement, le batte. Une vraie source d’inspiration !

Siebe, aussi perfectionniste qu’il puisse l’être, passe l’heure et demie suivante à essayer des mouvements, à travailler des méthodes, à marquer des prises. Je me gèle au relais, mais je sais qu’il fait ça bien, pour nous, pour moi !

Après son “travail”, il me rejoint au relais et m’explique les derniers détails. C’est mon tour ! Je suis stressé mais excité. La motivation entre nous est grande et le fier essai de Siebe me donne envie de me battre. Je commence à grimper et je sens son soutien, plus fort que jamais. J’ai l’impression qu’il le veut autant que moi. Je lutte dans le premier crux, je respire, je lutte encore dans le deuxième crux, je me concentre, je grimpe bien dans le troisième, je secoue mes avant-bras gonflés. Le long crux final est au-dessus de moi : Je sais exactement ce qu’il faut faire et je me lance. Je l’ai échappé belle : J’ai failli rater la prise, Siebe me crie dessus ! Maintenant, je me bats pour de vrai, encore trois mouvements ! Encore deux. Je me crie dessus, fort. Plus qu’un coup. Les coudes sont hauts, j’arrive à attraper la prise finale, in extremis ! Je n’arrive pas à croire que je suis encore sur le mur, en train de clipper la chaîne de ce que j’appellerais un bel “effort d’équipe flash”. Heureux, fier et reconnaissant.

Siebe : FLASH ! Il a réussi, j’étais super excité ! J’avais hâte de le descendre parce que j’avais envie de faire la même chose, j’étais tellement confiant. La pluie s’est arrêtée et le soleil est même sorti un peu, heureusement il était presque 17h et la voie était presque à l’ombre. Je me suis lancé, une escalade propre et parfaite, surfant sur les vibrations d’enchainement, m’a amené au relais.

Un grand cri de joie a résonné, accompagné par le rire de Seb et d’autres personnes au Refugio Vega Huerta qui suivaient le push et célébraient avec nous. Il était 17 heures et nous devions continuer vers le sommet. Deux longueurs plus aventureuses avec une protection trad nous ont posé quelques problèmes, mais nous avons réussi. Les caillou très abrasif et ses petites pointes ont rendu l’escalade assez lente et douloureuse. Nous avons atteint le sommet à 19h30 et sommes redescendus par le versant Nord de la montagne.

Grimper des grandes-voies lors d’un push le premier jour est particulièrement excitant. Seb est le maître de ce style et j’ai adoré relever ce défi moi aussi !

Un grand merci à Kico Cerda, Iker et Eneko Pou pour cette ligne incroyable et pour avoir partagé avec nous les informations logistiques. Ce fut un autre grand classique dans les Picos !”

A propos de la cotation (par Seb)

“L’incroyable crux de “Rayu” a été proposé en 8c par les premiers ascensionnistes. Nous avons eu le sentiment qu’elle pourrait être un peu plus facile… Malgré notre bonne forme physique, nous ne pouvons pas dire honnêtement que nous sommes capables de réussir une longueur 8c aussi rapidement aussi haut dans une grande-voie.
Comparé aux récentes voies sportives que j’ai réalisé, je me suis senti plus proche d’un 8b+. Les repos sont trop bons et les mouvements sont probablement trop faciles pour en faire un vrai 8c.

De plus, pour Siebe, la longueur du crux de “Rayu” semblait définitivement plus facile que la longueur du crux d’Orbayu (qui est plus ou moins confirmée comme 8c). Peut-être aussi est-il aussi devenu plus fort ?
Nous pensons que la difficulté de la section du crux dépend de la taille et de l’envergure, et qu’elle est probablement plus facile pour les personnes de grande taille. Siebe et moi avons utilisé une méthode assez accessible qui est probablement impossible pour les personnes de petite taille. Voyons ce que les futurs ascensionnistes en penseront, le temps nous le dira.

Voici mes impressions sur les différentes sections de la voie (basées sur l’algorithme darth-grader) : 7a+ (voie) – Repos moyen – 7A (bloc) – Bon repos – 6C – Mauvais repos – 6C – Repos moyen – 7A – 6C ⇒ l’algorithme donne 8b+.

Néanmoins, cette proposition de “décotation” n’enlève rien à la performance des frères Pou et de Kico Cerdá : ouvrir et grimper en libre cette longueur et cette voie en partant du sol avec ce style aérien est un exploit incroyable ! Respect total !”

Photos : Frank Kretschmann

Rayu Berthe Vanhee

Already on fire a few days earlier with an 8c on sight, “Ajo Crudo” at La Cicera (La Hermida), Belgian climber Seb Berthe striked again with a one-day ascent of “Rayu” joined by his teammate Siebe Vanhee. They climbed the hard multipitch route freed by the Pou brothers and Kika Cerda at Picos de Europa (South Face of Pena Santa 2600m), on their first day in the route! Seb had the luxury of flashing the key pitch and the route, which Siebe would complete on his first attempt after a run onsight finished by a beta scoping for Seb’s flash. Impressive, all the more so as this route is considered to be the second most difficult in the area after the famous “Orbayu”! Here’s a report from them.

On the 19th of August, Sébastien and I teamed up for a common goal we had. We aimed to climb “Rayu” in a one day push ground up push, first day on the route. “Rayu”, on the south face of Peña Santa (2596m), is opened by Iker, Eneko Pou and Kico Cerdá in 2020 and known as their second difficult multipitch in Pico’s de Europa after Orbayu, the infamous 8c multipitch on Picu Urreillu (Narano). In 2020 I had already made a free ascent of Orbayu so for me it made complete sense to return to the Pico’s and try out their second masterpiece.

Exciting, nervous and noble, we made the 2 hours approach the day before and slept in a beautiful cave near Refugio Vega Huerta, 20 minutes from the base of Peña Santa. The weather forecast for the next day didn’t look that great, few millimeters of rain and wind were predicted. We decided to see it as something positive, given the south face we would need the clouds to be able to climb before 5pm when the route would get into the shade. The few millimeters of rain might even fly over the mountain, fingers crossed.

An easy morning start: at 8h30am at the base of the wall we got towards the humongous middle ledge at 11h30am, after sending the adventurous first 7 pitches. Nothing too difficult but a certain amount of focus was already required given that the first ascensionists opened this line in style without many bolts. The weather turned out to be great, windy and cloudy but no rain. Rain was predicted in the afternoon but the high clouds raced over our heads so we could be lucky.

A little snack and no time to lose, we could be unlucky with the weather. We both sent the 7b+ and 7b after the ledge and were at the base of the crux of the route. Now the nerves started to kick in and we were facing a dilemma; “Who would go first?”.

Seb comments: “Somehow, even if the idea is scary and maybe a bit too ambitious, we both think that a flash attempt is doable. The one who will go first will most probably fail the first go due to the lack of chalk and info, and will of course have to do some substantial work: finding beta, brushing holds,… and therefore loose skin and get tired, which is of course a key for success in a single-day push attempt.”

In my eyes, Rock-Paper-Scissors would be a cowardly solution avoiding to make a sincere choice.

Seb: “After a few minutes of transparent talking and hesitation, Siebe speaks up his mind, determined: he will go first in order to give me the best chance of flashing. This is actually a true gift from him and I feel really thankful! Flashing multipitches and bigwalls is a complex and demanding game that I particularly enjoy. Having the real opportunity to give a flash attempt on a hard multipitch is rare and priceless.”

I knew my chances to flash the pitch were lower than Sébastien’s so I figured I could give it a good onsight go with the option to fall and figure out all the moves for a perfect second go. This way I would also mark all the holds and find the betas for flashing Seb the best I could!

Seb: “His shoes are on, let’s go! His onsight try is far from bad. It’s quite impressive how he goes through the first crux, then the second one and how he is working hard on the third one, not giving up… until gravity, finally and unfortunately, beats him. Truly inspiring!
Siebe, as perfectionist as he can be, spends the next hour and a half trying moves, dialing betas, ticking holds. I am freezing down there at the belay, but I know he is doing it right, for us, for me!”

After his “work” go, he joins me back down at the anchor and explains to me the final bits of details. My turn! I feel stressed but psyched. Motivation between us is high and Siebe‘s proud try makes me want to fight hard. I start climbing and I can feel his strong support, stronger than ever before. I’ve the feeling he wants it as much as I do. I struggle in the first crux, breathe, I struggle again in the second crux, focus, I climb well in the third one, shake my pumpy forearms. The final long crux is above me: I know exactly what to do and I go for it. Close call: I almost missed the hold, Siebe is shouting at me! Now, I am fighting for real, three more moves! Two more. I shout myself, hard. One move left. Elbows are high, I manage to stick the final hold, in extremis! I can’t believe I am still on the wall, clipping the chain of what I would call a nice “flash- team effort”. Happy, proud and grateful.

FLASH! He did it, I was super psyched! I couldn’t wait to lower him because I felt the urge to do the same, I was so confident. The rain stayed away and the sun even came out a bit, luckily it was almost 5pm and the pitch was almost in the shade. I went for it, clean and perfect climbing, surfing on the sending vibes, brought me to the anchor.

A big scream of joy was accompanied by Seb’s load laughter and some more people at Refugio Vega Huerta celebrating with us. It was 5pm and we continued to the summit. Two more adventurous pitches with mobile protection caused us some challenges but we pulled it off. The sharp rock and micro spikes made the climbing very slow and painful. We reached the summit at 7:30pm and descended the North side of the mountain.

Climbing hard multipitches in a “one day – first day” push is exciting. Seb is the master in this style and I loved to take on this challenge as well!

Big thanks to Kico Cerda, Iker and Eneko Pou for this amazing line and sharing logistical information with us. It’s been another great classic in the Pico’s.

About the grade (from Seb)

Rayu’s amazing crux pitch was proposed as 8c by the first ascensionists. We had the feeling that it could be a bit easier though. Despite the reasonably good shape we are in, we can’t honestly say that we are able to send an 8c pitch that quick, high on a multipitch.
Compared to the recent sportclimbs I’ve done, it felt closer to 8b+. The rests are too good and the moves are probably too easy to make it a proper 8c.

Moreover, for Siebe, the crux pitch of Rayu definitely felt easier than the crux pitch of Orbayu (which is more or less confirmed as 8c). Maybe he got stronger as well?
We reckon that the difficulty of the crux section of the pitch definitely depends on size and height, and it is probably easier for taller people. Siebe and I used a quite reachy beta which is probably impossible for smaller people. Let’s see what future ascensionists will think about it, time will tell.

Here are my feelings on the different sections of the pitch (based on the darth-grader algorithm): 7a+ (route) – Medium rest – 7A (boulder) – Good rest – 6C – Bad rest – 6C – Medium rest – 7A – 6C ⇒ the algorithm gives it as 8b+.

Nevertheless, this “downgrading” proposition does not detract from the performance of the Pou brothers and Kico Cerdá: opening and freeclimbing this pitch and route ground-up with this airy style is an amazing feat! Full respect!

Pics: Frank Kretschmann

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