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Jorg Interview Papi Chulo
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Interview : Jorg Verhoeven & Papi Chulo 9a+

  • 20/05/2024

Le grimpeur néerlandais Jorg Verhoeven partage le plus clair de son temps entre la Catalogne et la salle d’Innsbrück où il est coordinateur des ouvertures pour la fédération Autrichienne. A 38 ans, et 20 ans après son entrée dans le 9ème degré, Jorg vient de cocher son premier 9a+ avec la classique d’Oliana “Papi Chulo”, une ligne qu’il essayait en fil rouge comme voie d’entrainement (!) pour son projet en 9b, “Fight or flight”. L’ancien habitué des finales internationales revient pour nous sur sa performance, mais aussi sur son métier d’ouvreur, sa carrière de compétiteur ou encore sa vision des réseaux sociaux, des JO,… Interview exclusive ! Propos recueillis par Nicolas Durand.

– D’abord, où est-ce que t’en es de cette histoire de projet 9b ?
Aha. Pour l’histoire, j’ai commencé à chasser le 9b il y a assez longtemps quand je faisais encore de la compétition. A l’époque il n’y avait qu’un 9b+, et à ce moment-là je voulais savoir ce que c’était que le plus haut niveau en falaise, le top de la pyramide. On s’entrainait pour les compétitions et on allait en falaise, principalement en Espagne hors-saison et pas très fort. Je pensais que ce serait cool de vraiment s’entrainer pour la falaise. En 2018 j’ai arrêté la compétition après 15 ans de coupe du Monde, je voulais faire autre chose. Au début je voulais réaliser beaucoup de voies en 8c+, 9a, et ensuite je me suis posé la question sur mes capacités à grimper du 9b. A l’époque il y avait une dizaine de personnes dans le niveau, et je voulais voir si c’était possible pour moi. J’ai donc analysé des voies, et analysé les ingrédients nécessaires à la réussite, et j’avais créé un site internet pour documenter ma démarche. Au final, j’ai jeté mon dévolu sur “Fight or flight” car la voie m’a tout de suite plu. J’adore la falaise, c’est quasiment complètement naturel, c’est dans un style assez sympa à grimper, sans énormes repos, tu peux faire plusieurs essais à la journée…

Jorg Verhoeven Oliana interview
Photo : Williclimb

– Mais en ce moment tu grimpes aussi à Santa Linya par exemple, pourquoi pas projeter un 9b là-bas ?
J’essaie “Neanderthal” aussi mais c’est beaucoup bricolé. “Stoking” et “First round first minute” posent des problèmes à mes tendons en raison des monodoigts. Et puis quand tu réalises un projet à ton max, tu passes beaucoup de temps à la falaise. Santa Linya, c’est rigolo, mais c’est pas un bel endroit, tu es dans une cave, Oliana c’est plus joli.

– Après cette investigation sur le 9b, quels enseignements as-tu tirés, que devais-tu travailler, notamment pour “Fight of flight” ?
Du bloc, de la force max pure. J’ai beaucoup parlé avec Jakob qui a fait la voie, aussi avec Adam, et on était d’accord sur un point : c’est vraiment court, 25 mouvements en 9a+, puis un semi-repos correct et 12 mouvements en 8c pour la section sommitale. Du coup c’est pas vraiment conti, je me suis donc entrainé en résistance courte et en force max. Le problème c’est que j’étais proche des 35 ans et que je commençais à bosser avec 2 boulots, des engagements auprès de mes sponsors et j’avais du mal à tout concilier et à m’entrainer. En 2019, j’étais proche mais j’ai été affecté par le décès de David Lama donc je suis rentré. Ensuite il y a eu le Covid, et l’histoire a commencé à durer… J’étais dans ma routine de travail, et plus trop dans mon projet falaise. Et puis un jour d’ouverture, c’est pas un jour de repos, ni un jour d’entraînement, ça te casse physiquement…

– C’est très dur d’ailleurs d’être dans le coup pour ouvrir des voies de très haut niveau pour les meilleurs compétiteurs internationaux ?
C’est ça qui est rigolo, car à un moment je bossais tellement que je perdais en niveau car je ne m’entrainais plus trop, mais après il fallait tester des 9a, 9a+, cela devient difficile sans le niveau. Ma qualité d’ouverture de voies baissait parallèlement à mon niveau. Au final il y a assez peu de monde en voies qui est au haut niveau et ouvreur international, comme Jacopo Larcher par exemple. Pour des fédérations, ces personnes sont essentielles, notamment pour la difficulté, car le vivier est plus important en bloc, surtout avec le nouveau style où tu n’as pas forcément besoin d’un super haut niveau. Pour les voies, il faut serrer les prises.

– Et du coup, comment as-tu fait pour retrouver ton équilibre ?
Ma vie a été bouleversée à la fin du Covid, j’ai bougé un peu plus vers l’escalade, je me suis recentré aussi sur moi et après j’ai rencontré Svana Bjarnason (ndlr : la petite amie de Jorg). C’est elle qui m’a montré ce qu’il fallait faire : beaucoup de sacrifices. Elle se battait pour faire son premier 8c sans être dans le top mondial et avait tout sacrifié, elle était là tous les jours pour s’entrainer et taper des runs dans sa voie et cela m’a vraiment inspiré. Je n’étais pas très fier avec cela, je me disais “je fais tout ce que je peux pour faire mon projet” mais ce n’était pas du tout vrai. J’ai donc arrêté un de mes boulots, j’ai gardé l’ouverture car il faut bien gagner sa croûte mais je me suis davantage focalisé sur l’entrainement et sur cette voie.

– Justement, comment gères-tu tes entrainements ?
C’est pas facile, je suis entre deux lieux et j’ai quand même un boulot, je ne fais plus trop d’expés, de trad ou de bloc, et j’essaie de faire le boulot dans un style qui détruit pas. Avant je faisais deux semaines d’affilée avec des journées d’ouverture de 12 heures. Maintenant je prends soin de moi et je fais attention à ma forme. C’est très important de ne pas perdre le but, rester réaliste.

– Cette année, du coup tu as vu que tu reprenais de la force et ça allait mieux dans “Fight or flight” ?
J’ai essayé pendant 2 années, mais je galérais car je n’avais clairement pas assez de force. C’était dur d’organiser les entrainements. Maintenant j’ai trouvé un moyen pour faire des sessions concentrées d’entrainement, soit en Catalogne, soit à Innsbruck et j’ai aussi pu me trouver davantage de créneaux pour essayer la voie. Cela a bien marché, j’ai gagné en force de doigts. Le style moderne, c’est souvent du gros dévers et des grosses prises/ macros, mais il me fallait serrer des croûtes dans du 20°. J’ai changé mon style d’entrainement pour me rapprocher du style de mon objectif.

– À l’époque où tu t’étais lancé dans cette quête du 9b, tu n’avais pas réalisé 9a+ ?
En effet, cela fait 20 ans que j’ai réalisé mon premier 9a. En compétition, je n’étais souvent pas le plus fort, mais très souvent régulier dans un niveau de performance, dans le top 10 ou sur le podium. En falaise c’était un peu la même chose : je pouvais faire du 8c+ au 2e essai, mais faire des 9a+ je n’y arrivais pas.

Photo : Williclimb

– Mais tu essayais vraiment d’en faire ?
C’est vrai, j’essayais pas trop, j’avais plus de mal à réussir du 9a que de réaliser des 8c+ rapidement. Du coup j’ai dû faire des pelletées de voies en 8c 8c+, peut-être une cinquantaine, mais je n’ai même pas réalisé une dizaine de 9a. Cette année j’ai recommencé à taper des runs dans “Fight or flight” et je sentais que j’étais revenu assez proche du niveau que j’avais en 2019. Mais il me manquait un petit quelque chose. C’est assez frustrant de faire une saison dans la voie et de repartir bredouille. J’ai senti que j’avais besoin de projets à côté. J’ai fait 2-3 9a en projets secondaires, et je me suis dit que “Papi Chulo” c’est quand même génial. Je l’ai toujours utilisé comme voie d’entrainement, pour la section au milieu car c’est bien à doigts, très rési. Mais bon à un moment, je me suis dit qu’il fallait quand même la faire !

– Pourquoi ne pas parler justement énormément de toutes tes croix moins difficiles sur les réseaux ?
J’en parle, mais peut-être pas à chaque fois. J’ai un peu des problèmes avec les réseaux sociaux, c’est pas trop mon truc de tout le temps parler de moi. Peut-être cela change avec l’âge. Je me trouve peut-être pas aussi intéressant que ce que les gens pensent. C’est pas facile de médiatiser de manière intéressante ses performances constamment.

– Quel est ton regard sur les personnes qui sont justement super présentes sur les réseaux ?
Ah non, j’ai pas de problème avec cela. Si ils trouvent pertinents de poster pourquoi pas. Je trouve aussi des publications relativement intéressantes et pertinentes sur les réseaux. Mais me concernant, pas que pour parler uniquement de moi. J’ai essayé déjà de faire des publis pour parler des autres, mais elles ne marchaient pas du tout, les gens s’en foutaient (rires).

– Pourtant, cela reste quelque chose d’important aujourd’hui, notamment pour les marques. Quand tu vois que Petzl lâche Dani Andrada car il n’est pas assez présent sur les réseaux par exemple…
C’est assez dangereux car je ne fais que de l’escalade en falaise. Mais en général, je fais de la grimpe pure plutôt que de l’aventure. Pour les sponsors, j’étais bien plus intéressant quand je faisais des 6b en Tasmanie, que quand je m’entrainais pour faire du 9b en Espagne. De belles photos, de beaux vêtements, le matos se vend bien plus vite dans des contextes plus exotiques et différents. Il y a beaucoup de gens au final qui essaient de faire du 9b, c’est plus banal. Je ne raconte plus les mêmes histoires, ce n’est pas que cela veut dire que mon côté aventurier est définitivement enterré mais je ne poste pas aussi souvent, ce sont des choix que je fais. J’ai 38 ans. A 25 ans, je faisais un peu de tout, Yosemite, compétitions en coupe du monde, voyages, mais maintenant tu peux pas tout faire en même temps. Je réalise que si à 25 ans je m’étais concentré sur un seul aspect j’aurai pu être encore plus performant dans ce domaine-là. Car ça m’est arrivé souvent d’être en montagne la veille d’une coupe du Monde par exemple.

– Du coup, “Papi chulo”, une voie d’entrainement que tu as voulu concrétiser ?
Je me suis dit que la voie mérite un peu plus qu’être une voie d’entrainement. Pour moi “La Rambla”, “Biographie” et “Papi chulo”, c’est 3 voies en 9a+ parmi les plus esthétiques. Je voulais donc absolument la faire, j’avais juste peur que mon entrainement de rési courte pour “Fight or flight” ne soit pas suffisamment adapté pour “Papi chulo” où l’effort est plus long, avec 90 mouvements. Quand je m’entrainais dans “Papi chulo”, je gagnais aussi de la résistance longue que je perdais un peu quand je me focalisais dans “Fight”. Je me suis focalisé sur “Papi Chulo” cette fin de saison, j’ai regagné petit à petit cette conti assez spécifique essai après essai qui n’est pas vraiment pas ma tasse de thé à la base. Et puis faire cette voie m’apporte aussi mentalement : c’est important de savoir réussir dans des voies. Si tu t’entraines et que tu échoues tout le temps, c’est dur dans la tête. J’ai dû apprendre comment avoir la confiance en soi pour faire “Papi chulo”. Parfois les conditions étaient parfaites et je n’y arrivais pas. J’étais frustré, je doutais de mes capacités, faisais des erreurs. Ce processus mental va m’aider dans le futur.

– C’est intéressant, car tu as échoué alors que tu étais en super forme physique et qu’il y avait des conditions, et finalement tu enchaines quand tout n’est pas forcément au top.
Oui, fin avril il y a eu une semaine où il y a eu des conditions de fou, c’était venteux et froid, je volais sur les prises au début, mais je tombais en haut. Après une semaine de pluie, les conditions n’étaient pas parfaites, j’étais fatigué car je m’étais trop entrainé pendant la pluie, je n’ai pas eu beaucoup de bonnes sensations dans la voie, le début m’a semblé plus difficile, je suis arrivé au repos du milieu et j’ai failli abandonner car mes sensations étaient abominables et je n’y croyais absolument pas. J’ai continué mon run en me disant peut-être je vivrais une expérience de plus avec des infos qui vont m’aider… J’ai continué de grimper et ça a marché, avec une incroyable facilité dans la partie sommitale. Je pensais être assez intelligent et analytique sur le processus d’enchainer les voies, et de bien me connaître aussi après 25 ans d’expérience, et lors de l’enchainement j’ai encore été surpris !

Photo : Emile Pino

– Du coup la saison prochaine, à fond dans “Flight”, ou bien tu penses aller dans d’autres endroits ?
Non, je vais me focaliser sur “Fight” pour des raisons personnelles. Cette voie veut dire beaucoup de choses pour moi. D’abord j’ai été assez proche de la faire à un moment, et je trouve que quand tu es proche d’un truc, il faut continuer. Cette voie aussi, j’y suis allé à des moments où je n’allais pas bien et où j’étais vraiment déprimé et elle m’a aidé et m’a tiré vers le haut. “Papi Chulo” m’a en tout cas débloqué niveau confiance et aussi permis de mieux comprendre le processus de réussir dans des voies de ce niveau. Cela m’a donné la motivation de rester à un niveau physique le plus élevé possible pendant l’été, car je vais travailler pendant 2 mois sur les coupes du Monde. Je vais voyager beaucoup, c’est difficile de s’entrainer mais il faut absolument que je maintienne un certain niveau pour arriver en automne à m’entrainer encore plus haut pour la voie.

– Tu t’es beaucoup impliqué dans tout le nettoyage d’Oliana après l’incendie, pourquoi ?
D’abord c’était la falaise qui comptait beaucoup pour moi. Ca m’a étonné d’arriver là-bas avec des larmes dans les yeux. Au début c’était un peu égoïste, je voulais continuer à projeter la voie, alors il fallait agir. Et puis je me suis pris au jeu, j’ai équipé un peu partout, et cela fait plaisir de bosser avec des amis avec pour but de restaurer une falaise aussi connue et aussi importante pour la communauté internationale. Cela n’a pas été facile, nous nous sommes heurtés à des difficultés mais je trouve que le résultat en valait la peine.

– Quel est ton regard sur l’explosion de l’escalade avec les JO ?
C’est inévitable. Depuis que j’ai commencé l’escalade, le sport grandit. Maintenant avec les JO c’est exponentiel. Mais concernant la falaise, cela ne touche pas autant de monde je trouve. Je ne suis pas de ceux qui pensent que l’escalade va perdre beaucoup de valeurs. Les JO ne sont pas seulement un truc rigolo à regarder, mais aussi quelque chose de politique. Cela apporte des avantages, et des inconvénients, il faut les accepter et s’adapter. Personnellement, l’argent que je reçois pour mes ouvertures, c’est un peu grâce aux JO. Au niveau des sponsors, c’est beaucoup plus difficile car beaucoup de marques se sont tournées sur les JO, c’est un peu dangereux aussi car dans l’escalade il y a une grande façade outdoor. L’escalade ce n’est pas qu’en salle et en compétition !

– Justement, on a l’impression que peu de jeunes reprennent le flambeau de l’équipement par exemple…
Non, c’est normal je pense, on a vraiment vu une évolution comme je disais avant. Quand je faisais des compétitions, on était davantage en falaise, on faisait des voyages partout, des fêtes, on était sérieux, mais pas autant que les jeunes top grimpeurs d’aujourd’hui. On n’était pas que des grimpeurs de compétition. Maintenant le niveau est tellement haut que tu ne peux plus t’éparpiller. C’est naturel pour moi qu’il y ait des gens qui se concentrent sur la compétition, comme Mika Mawem par exemple. La falaise, ça ne l’intéresse pas, il est concentré sur le bloc new school. Il a gagné les championnats du Monde ! C’est logique qu’un jeune comme Mejdi Schalk ne prenne pas le perfo pour équiper des voies, il se concentre sur l’entrainement et c’est ce qu’il aime. A l’inverse, quelqu’un comme Dani Andrada a depuis son plus jeune âge dédié sa vie à la falaise. Jonatan Flor aussi. Cette spécialisation dans une direction est compréhensible de mon point de vue.

Photo de couverture : Williclimb

Jorg Interview Papi Chulo

Dutch pro climber Jorg Verhoeven spends most of his time between Catalunya and Innsbrück, where he is the route setting coordinator for the Austrian federation. At 38 years old, and 20 years after entering the 9a club, Jorg has just climbed his first 9a+ the classic Oliana’s “Papi Chulo”, a line that he was climbing as part of his preparation for his 9b project, “Fight or flight”. He tells us about his performance, but also about his job as a route setter, his career as a competitor and his vision of social networks and the Olympics,… Exclusive interview! Interview by Nicolas Durand.

– First of all, where do you stand with this 9b project thing?
Aha. For the record, I started chasing 9b quite a long time ago when I was still competing. At the time there was only a 9b+, and I wanted to know what it was like to climb this top level. I trained for competitions and I climb outdoors, mainly in Spain in the off-season and each time arriving not very strong. I thought it would be cool to really train for a project outdoors. In 2018 I stopped competing after 15 years of World Cups, I wanted to do something else. At first I wanted to do a lot of routes in 8c+, 9a, and then I wondered about my ability to climb 9b. At the time there were about ten people in the level, and I wanted to see if it was possible for me. So I analyzed what mader a 9b route and what was required to succeed at this level, I even created a website to document my approach. In the end, I set my sights on “Fight or flight” because I liked the route right away. I love the cliff, it’s almost completely natural, it’s in a pretty nice style to climb, without huge rests, you can do several tries a day,…

– But at the moment you’re also climbing in Santa Linya for example, why not project a 9b there?
I tried “Neanderthal” too but it’s not all that natural. “Stoking” and “First round first minute” cause me problems for my tendons due to its monoss´. And then when you do a project at your best, you spend a lot of time on the cliff and for me Santa Linya isn’t such a nice place to hang out just being in a cave, Oliana is way nicer.

– After your investigation on 9bs, what lessons did you learn, what did you have to work on, especially for “Fight of flight”?
Bouldering, pure max strength. I talked a lot with Jakob who did the route, also with Adam, and we agreed on one point: it’s really short, 25 movements about 9a+, then a decent semi-rest and 12 movements about 8c for the summit section. So it’s not really so sustained, so I trained in short resistance and max strength. The problem was that I was close to 35 years old and that I was starting to work with 2 jobs, commitments to my sponsors and I had trouble reconciling everything and training. In 2019, I was close but I was very affected by the death of David Lama when I heard the news and I went back home. Then there was Covid, and the story started to drag on… I was in my work routine, and not so much focused on my outdoor project. And then a route setting day isn’t a rest day nor it is a day of training, it just breaks you physically…

– Is it very hard to be in the game to open up very high-level routes for the best international competitors?
That’s what’s funny, because at one point I was working so hard that I lost level because I wasn’t training too much, but then you had to test 9a, 9a+, it becomes difficult without being at that level. My quality of route opening was decreasing in parallel to my own level. In the end, there are very few people who climb routes and who manage to combine being at a high level and international setter, like Jacopo Larcher for example. For federations, these people are essential, especially for lead route setting, because the bouldering there are a lot more setters, especially with the new style where you don’t necessarily need a super high level. For lead, it’s a different game.

– And so, how did you manage to regain your balance?
My life was turned upside down at the end of Covid, I moved a little more towards sports climbing outdoors, I also refocused on myself and then I met Svana Bjarnason (editor’s note: Jorg’s girlfriend). She was the one who made me understand what you had to do: basically you need to make a lot of sacrifices. She was fighting to do her first 8c without being in worldclass and had sacrificed everything, she was there every day to train and hit runs in her route and that really inspired me. I realise I was kidding myself thinking “I’m doing everything I can to do my project” but really it wasn’t true at all. So I stopped one of my jobs, I kept the route setting you have to earn a living, but I focused more on training and on this route.

– Precisely, how do you manage your training?
It’s not easy, I’m between two places and I still have a job, I don’t do too many expeditions anymore, nor trad or bouldering, and I try to do my job in a way that doesn’t destroy as much. Before, I worked two weeks in a row with 12-hour opening days. Now I take care of myself and pay attention to my fitness. It’s very important not to lose the goal and be a realist.

– This year, you saw that you were regaining strength and you were better in “Fight or flight”?
I tried for 2 years, but I struggled because I clearly didn’t have enough strength. It was hard to organize the training. Now I’ve found a way to do concentrated training sessions, either in Catalunya or Innsbruck, and I’ve also found more windows to try the route. It worked well, I gained in finger strength. The modern style is often big slopers and big holds/macros, but I had to be able to crimp hard in a 20° wall. I changed my training style to get closer to my goal style.

– At the time you embarked on this quest for 9b, you hadn’t achieved 9a+?
Indeed, it had been 20 years since I achieved my first 9a but as in competition, I was not often the strongest, but very often consistent in a level of performance, in the top 10 or on the podium. Outdoors it is a bit the same, I can do 8c+ on the 2nd try, but I couldn’t do 9a+.

– But were you really trying to climb them?
It’s true, I didn’t try too hard, I had more trouble sending 9a than doing 8c+ very quickly. I did loads of 8c 8c+, maybe about fifty but I didn’t even do a dozen 9a. This year I started having runs again in “Fight or flight” and I felt that I was back close to the same level I had in 2019. But I still was missing some strength. It can be quite frustrating to dedicate a season on one route and leave empty-handed. I felt that I needed projects on the side. I did a few 9a as side projects, and I said to myself “Papi Chulo” is a gtreat route an deserves being climbed. I’ve always used it as a training route, for the section in the middle because it’s good for fingers resistance. At some point, I told myself that I had to give it a go!

Jorg Verhoeven dans The Flame
Tobias Lanzanasto

– Why not talk a lot about all your less difficult sends on social media?
I talk about it, but maybe not every time. I have a bit of problems with social media, it’s not really my thing to talk about myself all the time. Maybe it changes with age. Maybe I don’t think I’m as interesting as people think. It’s not easy to publicize your performances in an interesting way constantly.

– What is your view of the people who are precisely super present on social media?
I don’t have a problem with that. If they find it relevant to post why not. I do find relatively interesting and relevant publications on the social media. Buti struggle to just talk only about myself and make it interesting. I’ve already tried to make publications to talk about others, but they didn’t work at all, people didn’t care (laughs).

– Yet, it remains something important today, especially for brands? When you see that Petzl has let go of Dani Andrada probably because he is not present enough on social media for example…
It’s quite dangerous because I only do outdoor sport climbing now, I don’t go on expeditions anymore. For the sponsors, I feel I was much more interesting when I was doing 6b in Tasmania, than when I was training to do 9b in Spain. Beautiful photos, beautiful clothes, gear sells much faster in more exotic and different contexts. There are a lot of people in the end who try to do 9b, it’s a more common place. I don’t tell the same stories anymore, it’s not that it means that my adventurous side is definitely buried but I don’t post as often, it’s choices that I make. I am 38 years old. At 25, I was doing a little bit of everything, Yosemite, World Cup competitions, traveling, but now you can’t do everything at the same time. I realize that if at 25 years old I had focused on one aspect I could have been even more efficient in that area. Because it often happened to me to be in the mountains the day before a World Cup for example.

– So, “Papi chulo”, a training route that you ended up wanting to send?
I told myself that the route deserves a more than being a training route. For me “La Rambla”, “Biographie” and “Papi chulo” are 3 routes in 9a+ among the most aesthetic. So I absolutely wanted to do it, I was just afraid that my short resistance training for “Fight or flight” would not be suitable enough for “Papi chulo” where the effort is longer, with 90 movements. When I was training in “Papi chulo”, I was also gaining long resistance that I lost a little when I focused on “Fight”. I focused on “Papi Chulo” at the end of the season, I gradually regained this rather specific endurance, try after try which is not really my cup of tea on the onset. And then doing this route also lifts me up mentally: it’s important to know how to succeed on these routes. If you train and fail all the time, it’s hard for the mind. I had to learn how to have the confidence to do “Papi chulo”. Sometimes the conditions were perfect and I couldn’t do it. I was frustrated, I doubted my abilities, I made mistakes. This mental process I gained from this route will help me in the future.

– It’s interesting, because you failed when you were in great shape and there were perfect conditions, and finally you ended up sending when everything wasn´t necessarily at its best.
Yes, at the end of April there was a week where there were crazy conditions, it was windy and cold, I was literally flying on holds at the beginning, but I fell at the top. After a week of rain, the conditions were far from perfect, I was tired because I had trained too much during the rain, I didn’t have many good sensations in the route, the beginning seemed more difficult, I arrived at the middle rest and I almost gave up because my sensations were horrible and I absolutely didn’t believe it. I continued my try telling myself maybe I’d learn something from it that could help me for another go … I kept climbing and it worked, with incredible ease in the summit part actually. I thought I was quite smart and analytical on the process of sending routes, and I thought I knew myself well after 25 years climbing, but this send completely surprised me again!

Photo : Williclimb

– So next season, full focus on “Flight”, or do you think you’ll go to other places?
No, I’m going to focus on “Fight” for personal reasons. This route means a lot to me. First of all, I was quite close to doing it at one point, and I think that when you’re close to something, you have to keep going. Also I went at times on the route when I wasn’t doing well and when I was really depressed and it helped me and pulled me up. “Papi Chulo” has in any case unblocked me in terms of confidence and also allowed me to better understand the process of succeeding on routes at this level. This gave me the motivation to stay at the highest possible physical shape during the summer, because I will be working for 2 months on World Cups. I’m going to travel a lot, it’s difficult to train but I absolutely have to maintain a certain level to be able to train to reach an even higher fitness for the route in autumn.

– You were very involved in all the cleaning of Oliana after the fire, why?
First of all, it was the cliff that meant a lot to me. It surprised me to arrive there with tears in my eyes when I saw the devastation. At first, it was a bit selfish, I wanted to continue to project the way, so I had to act. And then I got caught up in the game, I cleaned and re-bolted many routes, and it’s nice to work with friends with the goal of restoring such a well-known cliff and so important for the international community. It wasn’t easy, we ran into difficulties but I think the result was worth it.


– What is your opinion on the explosion of climbing with the Olympics?
It’s inevitable. Since I started climbing, the sport has grown. Now with the Olympics it’s exponential. But as far as the outdoors is concerned, it doesn’t affect as many people I think. I am not one of those who think that climbing will lose many values. The Olympics are fun to watch, but also something highly political. This brings advantages, and disadvantages, which must be accepted and we have to adapt. Personally, the money I receive for my route setting is partly thanks to the Olympics. In terms of sponsors, it’s much more difficult because a lot of brands have turned all their focus on the Olympics, it’s a bit dangerous too because climbing has a big outdoor element to it. Climbing is not just indoor climbing and competition!

– Precisely, we have the impression that few young people are taking up the torch of bolting, for example…
No, it’s normal I think, we’ve really seen an evolution as I said before. When I was competing, we were more on the cliffs, we went on trips everywhere, parties, we were serious, but not as much as the young top climbers of today. We weren’t just competitive climbers. Now the level is so high that you can’t spread yourself too thin. It’s natural for me that there are people who focus on competition, like Mika Mawem for example. The outdoors doesn’t interest him, he’s focused on the new school bouldering and he ended up winning the World Championships! It’s logical that a young player like Mejdi Schalk doesn’t sacrifice his performance to bolt routes, he focuses on training and that’s what he likes. Conversely, someone like Dani Andrada has, from a very young age, dedicated his life to the outdoors and so did Jonatan Flor more recently. This specialization in one direction is understandable from my point of view.


Cover Pic: Williclimb









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