Les grimpeurs forts sont légion. Mais les grimpeurs forts avec un parcours de vie sortant de l’ordinaire sont plus rares. Didier Berthod en fait clairement partie. Maître ès-fissure depuis ses débuts, c’est lors du tournage de First Ascent et alors qu’il est proche de réussir la première de la fameuse ligne “Cobra Crack” à Squamish en 2006, que l’existence du Suisse prend un virage inattendu.
D’abord, au pied de la fissure même et sous les caméras, ses ligaments de genou rendent l’âme. Il vient également de découvrir que sa petite amie est enceinte. Jusque-là, rien d’exceptionnel. Mais quelques semaines plus tard, Didier Berthod entame une retraite monastique en Suisse qui durera près de 4 ans. S’ensuivent cinq années d’études de théologie dans un petit village, et trois de plus en vue de devenir prêtre, étape qu’il franchit en 2018. Il officie un temps dans le sud de la France, puis retourne en Suisse.
C’est depuis son ordination que Didier s’est remis à l’escalade. D’abord il tire au clou dans des 6b (aucune référence christique voulue…), puis de fil en aiguille la forme revient, et son appétit pour les fissures en particulier. L’année dernière le suisse de 43 ans ouvrait ainsi une nouvelle ligne majeure à Squamish, “The Crack of Destiny”, 8b+. Entre temps, Berthod quitte le sacerdoce et se rapproche de sa fille, grimpeuse talentueuse selon les dires de son père ; il s’installe au Canada, et vit dorénavant en famille avec elle et sa mère. Première boucle bouclée.
Sur place, Didier se frotte à nouveau au “king crack”, autrement dire le Cobra. Il avait perdu le premier round, et la première ascension (Sonnie Trotter) en 2006. L’année dernière, la fissure remportait le second round sur une autre blessure, cette fois une fracture du radius après une chute en sortie de toit et un heurt violent contre la paroi. Dans une publication Instagram de l’époque, il expliquait avec humour que malgré ce nouveau revers de fortune, il ne retournerait pas dans un monastère.
Mais Rocky Balboa se nourrit de la défaite, il s’entraine comme un mulet, “The Eye of the Tiger” en toile de fond — et Didier Berthod en fait de même.
C’est ainsi que finalement lux facta est : le suisse vient d’enchainer le grand adversaire de sa vie de grimpeur, “Cobra Crack”. Deuxième boucle bouclée, après 18 ans — l’âge de la majorité.
Grimpeur de l’élite mondiale, moine, prêtre, re-grimpeur de l’élite mondiale… Vous conviendrez avec nous que Didier Berthod n’a pas un parcours des plus communs.
Voici ce qu’il postait sur les réseau à la suite de son ascension :
“Je ne sais pas si c’est une fermeture ou une ouverture de chapitre. Mais ce qui est sûr c’est que ce que j’ai vécu hier va marquer un tournant majeur dans le cours de mon existence. J’ai (enfin) enchaîné Cobra Crack. Après de nombreux essais et doutes en tout genre. Mais hier c’est sorti, et ce jour restera gravé à jamais dans mon histoire.”
Photo de couverture par Pim Shaitosa, les autres provenant de divers articles en ligne.
Strong climbers are legion. But strong climbers with an unusual life story are rarer. Didier Berthod is clearly one of them. Master of cracks since his beginnings, it was during the filming of First Ascent and while he was close to bagging the first ascent of the famous “Cobra Crack” line in Squamish in 2006, that the Swiss’s existence took a turn for the unexpected.
First, at the foot of the crack itself and under the cameras, his knee ligaments gave up the ghost. He’d also just discovered that his girlfriend was pregnant. So far, nothing exceptional. But a few weeks later, Didier Berthod began a monastic retreat in Switzerland which would last 4 whole years. Five years of theology studies followed, and three more with a view to becoming a priest, a step he took in 2018. He officiated for a time in the south of France, then returned to Switzerland.
It is since his ordination that Didier returned to climbing. First he had to pull on gear on 6bs, then one thing led to another and his form returned, his appetite for cracks in particular. Last year the 43-year-old opened a new major line in Squamish, “The Crack of Destiny”, 8b+. In the meantime, Berthod left the priesthood and got closer to his daughter, a talented climber according to her father; he settled in Canada, and now lives with her mother and her. First loop completed.
In Canada, Didier once again rubbed shoulders with the “king crack”, aka the Cobra. He lost the first round-and the first ascent (Sonnie Trotter)-in 2006. Last year, the crack won the second round again due to another injury, this time a fracture of the radius after a fall coming off the roof and an awkward collision with the rockface. In an Instagram post at the time, he humorously explained that despite this new setback in fortune, he would not return to a monastery.
But Rocky Balboa thrives on defeat, he trains like a mule, “The Eye of the Tiger” in the background-and Didier Berthod does the same.
Which leads us to his lux facta est moment: the Swiss has just sent the great adversary of his climbing life, “Cobra Crack”. Second loop completed, after 18 years-the age of majority.
World class climber then monk, priest then again world class climber… You will agree with us that Didier Berthod does not have the most common background.
Here is what he posted after his successful send:
‘I don’t know if it’s a chapter closing or a chapter opening But what is certain is that what I experienced yesterday will mark a major turning point in the course of my existence. I (finally) sent Cobra Crack After many trials and doubts of all kinds But yesterday it went, and this day will remain engraved forever in my history’
Picture by Pim Shaitosa.