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Seb Berthe Bon Voyage
Performances Sud Est-Alpes / South East-Alps Trad

Troisième ascension de Bon Voyage par Seb Berthe ! – 3rd ascent of Bon Voyage by Seb Berthe!

  • 26/03/2024

C’est au tour du grimpeur pro Seb Berthe de réussir l’ascension de “Bon voyage” à Annot, réputée être la voie de trad la plus difficile de France ! Ouverte par James Pearson et répétée récemment par Adam Ondra, c’est donc la 3ème réussite de la voie par le Belge. Seb commente :

“Vraiment content et fier d’avoir gravi “Bon Voyage” 9a trad (E12), 3ème ascension après James et Adam.
J’ai essayé pour la première fois “Bon Voyage” en avril 2023 après mon ascension flash de la classique “Les voillage forme la jeunaice” (aka “Le Voyage”). Je suis tombé tout de suite sous le charme de la voie, et j’ai décidé que ce serait un des mes objectifs principaux de 2024.

C’est pourquoi je suis revenu à Annot fin février de cette année, quelques jours après l’ascension éclair d’Adam Ondra, avec la ferme intention de m’attaquer à la voie ! Malgré une météo très capricieuse durant ce voyage, j’ai réussi à faire 3 sessions sur la voie. Dès la première séance, je me suis efforcé de grimper en tête pour m’habituer au placement des protections, aux chutes, etc. Ma progression dans la voie a été assez rapide, et à la troisième séance, j’envisageais de faire toute la section difficile en une seule fois. Malheureusement, je me suis blessé au petit doigt sur le mouvement clé de la voie, un grand mouvement vers la gauche à partir d’une toute petite prise à un doigt, un mouvement très agressif et particulier. En essayant d’enchaîner la section, j’ai ressenti une vive douleur et une secousse dans la main et l’avant-bras… Diagnostic : petite déchirure ou élongation des muscles lombricaux à l’intérieur de la main. Ce premier voyage s’est donc terminé brutalement, et c’est avec frustration et surtout avec une forte envie de revenir que j’ai quitté Annot !

Deux semaines plus tard, je suis de retour à Annot ! Mon doigt va un peu mieux, mais je ne suis pas encore complètement guéri. Je peux facilement grimper à quatre doigts, mais je ressens une douleur dès que l’annulaire et l’auriculaire sont séparés. J’hésite à me remettre si vite dans le bain, mais la tentation de retourner à “Bon Voyage” était trop forte : la voie me hante, et la météo des prochains jours est parfaite. Une voix intérieure me dit que je peux réessayer malgré la petite blessure, que je peux changer de méthode dans le mouvement du crux, utiliser un autre doigt, et que ça devrait aller pour les autres mouvements.

Seb Berthe Bon Voyage

Je passe deux séances à essayer de retrouver de bonnes sensations, à recalibrer les mouvements et à m’habituer à manager le début. À ma grande surprise, je parviens à enchaîner toute la partie difficile d’une seule traite, mais avec beaucoup de crainte, car la chute potentielle est non seulement longue mais aussi dangereuse, ce que j’ai du mal à estimer. Ensuite, après une journée de repos, je me sens prêt pour quelques runs “A muerte” !

Ce jour là, je fais un superbe effort et tombe au crux depuis le sol. Je me sens tout près de la réussite. Malheureusement, en revenant au sol, je m’aperçois que je me suis sévèrement déchiré la peau à cause de la prise du crux lors de ma tentative, ce maudit trou mono-doigt, et j’ai une profonde coupure. Impossible de réessayer… Je décide donc de prendre deux jours de repos et de tout faire pour guérir cette plaie le plus rapidement possible.

Le 19 mars 2024, je retourne à la falaise après deux jours de repos. Ma motivation est à son comble, j’ai hâte de m’attaquer à l’escalade ! Ma peau s’est à peu près refermée, mais je sens qu’elle ne tiendra pas longtemps. Pendant l’échauffement, je teste le mouvement sur une corde statique, mais je n’ose pas trop forcer car je sens que la plaie risque de s’ouvrir directement. À ce moment-là, je sais que je n’aurai peut-être qu’une seule chance. Il va falloir que je me donne à fond !

Avant ma tentative, je décide de mettre de la colle forte sur ma peau pour protéger la blessure et éviter qu’elle ne se rouvre plus tard. J’ai des papillons dans l’estomac, je suis stressé. Je sais que c’est possible, mais il faut que je sois bon, que je me surpasse ! Ma préparation est minutieuse, mon rack de protections est installé sur mon harnais dans les moindres détails. Je ne laisse rien au hasard et m’assure que tout est optimisé pour mon ascension.

Il y a beaucoup de monde à la falaise (James Pearson vient d’arriver pour travailler sur un nouveau projet à proximité), et l’ambiance est fantastique. Mais au moment où je m’élance, tout le monde s’arrête de grimper et se tait pour regarder mon run, la tension est à son comble. Je donne les dernières instructions à mon assureur, James Taylor, un anglais venu travailler “le Voyage”, et c’est parti !

Je franchis facilement et rapidement les premiers mètres de la montée. Je me sens bien et fort. Après quelques minutes d’escalade, je suis déjà sur le dernier repos, je fais le dernier placement de matériel, que j’ai longuement travaillé pour l’exécuter au mieux. Lorsque je me lance dans la section, je suis déterminé et prêt à tout donner. Les applaudissements se font de plus en plus forts au fur et à mesure que je progresse dans cette section difficile et engageante.

Je place mon majeur dans le fameux trou et je le tourne pour qu’il s’adapte le mieux possible. Je sens immédiatement toute la colle se détacher et la prise attaquer ma chair, mais pas le temps de s’y attarder ! Je lance mon corps vers la gauche et je réussis à attraper la prise suivante du bout des doigts. Et c’est là que la vraie bataille commence. Je sais exactement ce que je dois faire, je suis précis dans mes mouvements, mais je souffre, à chaque mouvement, je dois me battre. Mes amis en-dessous me poussent littéralement par leurs encouragements !

Là, je suis sur l’arête après une fameuse retraite dans le mouvement le plus “délicat” en termes d’engagement. Il faut maintenant rester concentré, même si je sais que c’est gagné. Je fais les derniers mouvements en criant de joie ! J’ai réussi ! Le soulagement et le plaisir d’avoir atteint le sommet de cette magnifique ligne m’envahissent.

Merci à tous ceux qui m’ont aidé et soutenu dans cette démarche : Soline, Jean-Elie, Mathieu (alias Michmich), James, Miguel, mes parents Rico et Coco, Magali et Gilles, Tonio Rhode, James Taylor, Franco Cookson, Jacopo Larcher, et tous les autres… Merci !

Un film original sur l’ensemble du processus et de l’ascension est en préparation, restez connectés !”

A 30 ans, Seb est un véritable touche à tout expérimenté : capable de réaliser du 8c à vue, comme de plier des voies dures en falaise avec des réalisations nombreuses en 9ème degré et une quête du 9b en cours, d’aller se frotter aux bigs walls les plus durs du Monde comme “Orbayu” ou le Dawn Wall ou réaliser de beaux faits d’armes en trad. Un grimpeur polyvalent, preuve de sa grande passion de l’activité ! A suivre !

Photos : Soline Kentzel

Seb Berthe Bon Voyage

Now it’s the turn of pro climber Seb Berthe to climb “Bon voyage” in Annot, reputed to be the most difficult trad route in France! Opened by James Pearson and recently repeated by Adam Ondra, this is the Belgian’s 3rd ascent of the route. Seb comments:

I spent more or less 8 sessions in total on the route. I first tried Bon Voyage in April 2023 for half an hour after my flash ascent of “Le Voyage”, I immediately fell in love with the route, and decided it would be one of my main goals for 2024.

That’s why I came back to Annot at the end of February this year, just a few days after Adam Ondra’s lightning-fast ascent, with a firm intention to tackle the route! Despite very erratic weather conditions during this trip, I managed to have 3 sessions on the route. Right from the first session, I pushed myself to lead climb the route to get used to the placement of protections, the falls, and so on. My progress on the route was quite rapid, and by the third session, I was considering doing the entire difficult section in one go. Unfortunately, I injured my little finger on the key move of the route, a big move to the left from a very small mono-finger hold, a very aggressive and particular move. While attempting to link the section, I felt a sharp pain and a jolt in my hand and forearm… Diagnosis: a small tear or strain of the lumbrical muscles inside the hand. So, this first trip ended abruptly, and it’s with frustration and, above all, a strong desire to return that I leave Annot!

Two weeks later, I’m back in Annot! My finger is a bit better, but I’m not fully healed yet. I can easily climb using four fingers, but I feel pain as soon as my ring finger and little finger are separated. I’m hesitant to jump back into the process so quickly, but the temptation to return to Bon Voyage is too strong: the route haunts me, and the weather for the upcoming days is perfect. A voice inside me tells me that I can try again despite the minor injury, that I could change my method in the crux move, use another finger, and that it should probably be okay for the other moves.

I spend two sessions trying to regain good sensations, recalibrating the movements, and getting used to leading the beginning. To my great surprise, I manage to link the entire difficult section in one lead, albeit with great fear, because the potential fall is not only long but also possibly dangerous, which I find hard to estimate. Then, after a day of rest, I feel ready for some goes “A muerte”!

That day, I put in a superb effort and fall at the crux from the ground. I feel quite close to sending it. Unfortunately, upon returning to the ground, I notice that I’ve severely torn my skin due to the crucial hold, that cursed mono-finger pocket, during my attempt, and I have a deep cut. Impossible to try again… So, I decide to take two days off and do everything to heal this wound as quickly as possible.

On March 19, 2024, I return to the crag after two days off. My motivation is at its peak; I’m eager to tackle the climb! My skin has more or less closed up, but I feel it won’t hold for long. During warm-up, I test the move on a static rope, but I dare not try too hard as I feel the wound might open up directly. Well, at that moment, I know I might only get one shot. I’ll have to give it my all!

Before my attempt, I decide to put strong glue on my skin to protect the injury and prevent it from reopening until later. I’m feeling butterflies in my stomach; I’m stressed. I know it’s possible, but I’ll have to be good, to surpass myself! My preparation is meticulous; my rack is set up on my harness in detail. I leave nothing to chance and ensure that everything is optimized for my climb.

There are many people at the crag (James Pearson has just arrived to work on a new project nearby), and the atmosphere is fantastic. But as I set off, everyone stops climbing and falls silent to watch my run; the tension is high. I give the last instructions to my belayer, James Taylor, an Englishman who came to work on the Voyage, and off I go!

I easily and quickly climb the first meters of the climb. I feel good and strong. After a few minutes of climbing, I’m already on the final rest; I make the last gear placement that I’ve worked on for a long time to execute it as best as possible. When I launch into the section, I am determined and ready to give it my all. The cheers grow louder and louder as I progress through the difficult and committing section.

I’m at the crux now; I place my middle finger in that famous pocket and twist it to fit as best as possible. I can immediately feel all the glue coming off, and the hold attacking my flesh, but there’s no time to dwell on it! I launch my body to the left and manage to grab the next hold with just my fingertips. And that’s when the real battle begins. I know exactly what I have to do; I am precise in my movements, but I am in agony; with every move, I have to fight. My friends below are literally pushing me with their encouragement!

There, I’m on the arete after a famous retreat during the most “delicate” movement in terms of commitment. Now I must remain focused, even though I know it’s won. I make the last movements, shouting with joy! I did it! The relief and pleasure of reaching the top of this magnificent line overwhelm me.
Thanks to all those who helped and support me with this process: Soline, Jean-Elie, Mathieu (aka Michmich), James, Miguel, my parents Rico and Coco, Magali and Gilles, Tonio Rhode, James Taylor, Franco Cookson, Jacopo Larcher, and all the others… Thank you!

An original film about the whole process and ascent is in preparation, stay tuned!

At the age of 30, Seb is an experienced all-rounder: able of onsighting 8c, as well as sending hard routes with numerous 9th degree routes and a quest for 9b in progress, climbing quiclky some of the hardest big walls climbs like “Orbayu”, or doing great achivements in trad climbing. A versatile climber, proof of his great passion for the activity! To be followed!

Photos: Soline Kentzel

Seb Berthe Bon Voyage

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